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Tunisie, Le Stambali de Dar Barnou, rite de possession. Spectacle

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Évènement

Titre

Tunisie, Le Stambali de Dar Barnou, rite de possession. Spectacle

Date

2001-03-23

Date de fin

2001-03-24

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Cérémonie, rituel

Description de la pratique

23-24 mars 2001.
Le stambali est un culte afro-tunisien de possession dont les officiants sont des descendants d'anciens esclaves noirs. Tout comme les gnawa du Maroc, ils considèrent Bilal, l'esclave noir affranchi par le Prophète, comme le fondateur de leur confrérie. Cela relève plus du mythe que d'une réalité historique, mais s'explique du fait de leur présence au sein d'une société musulmane et de la nécessité que cela engendre de se donner une certaine légitimité. Toujours est-il qu'on les désigne parfois par le terme de "bilaliens".
Comme le diwan en Algérie ou les gnawa au Maroc, le stambali de Tunisie a des origines subsahariennes. Les études qui ont été faites sur le stambali le font remonter au culte des bori dans la société Hausa.
De cette origine négro-africaine, le stambali a conservé deux traits spécifiques essentiels : la pratique de la possession rituelle, c'est-à-dire quand les adeptes en état de transe incarnent des entités surnaturelles, et la divination médiumnique qui lui est étroitement associée. A ce culte des divinités bori se sont juxtaposées d'autres croyances et d'autres pratiques propres au Maghreb, comme le culte des saints dans la tradition populaire musulmane.
On a fini par appeler stambali non seulement le rite public de possession mais l'ensemble des pratiques thérapeutiques dont il constitue en fait la dernière étape.
Toutefois, la signification et l'origine même du terme "stambali" n'est pas claire. On dit que c'est en référence à Istanbul, car un personnage important de la cour du bey de Tunis a particulièrement protégé la communauté noire. Mais le rituel du stambali en lui-même n'a rien à voir avec la culture ottomane.
Le culte du stambali s'agence autour de trois cycles
Le premier cycle correspond à une activité de recrutement de nouveaux adeptes, lors des rituels publics de tesmih.
La conversion de ces adeptes va s'opérer par l'initiation à travers le dispositif thérapeutique des rituels privés qui se déroulent sous forme de commandes négociées entre les familles de patients et les groupes de guérisseurs. C'est le second cycle de rituels.
Vient ensuite le moment du moussem où tous les membres, adeptes et officiants se rassemblent pour célébrer leurs cultes dans les sanctuaires de leurs saints patrons. Ce dernier cycle de rituels représente à la fois l'aboutissement, la consécration et l'achèvement des cycles précédents.
Les cérémonies rituelles thérapeutiques sont animées par un groupe de musiciens guérisseurs. Ils interviennent à la demande de la famille dont un membre est atteint par un génie noir. Chaque groupe compte une ou plusieurs arifa (voyante et prêtresse), un maâllem (maître), et plusieurs joueurs de chkachek (crotales).
Maître de la cérémonie, le maâllem occupe toujours le centre de l'orchestre. Son instrument caractéristique est le gembri, un luth à trois cordes, mais il peut aussi jouer du tambour tbal lors des préludes. Il établit un contact musical avec l'univers des esprits par la musique et les incantations, mais il ne communique pas directement avec ces entités. En revanche, il doit connaître les variétés de parfums et leurs propriétés, comme il doit pouvoir interpréter la transe d'un initié en révélant ses liens avec l'entité surnaturelle invoquée.
Son gembri est investi d'un pouvoir sacré qui lui est révélé au moment où il en atteint la maîtrise parfaite. De même, le gembri a un pouvoir d'attraction sur les esprits sans égal. Ses vibrations les font irrésistiblement "descendre" parmi les fidèles.
L'initiation du maître comporte l'apprentissage des enchaînements musicaux, la maîtrise de l'instrument et des rites sacrificiels. L'accès au statut de maâllem n'est possible que par la succession et sa notoriété dépend de la richesse de son répertoire.
Les joueurs de chkachek (crotales, l'instrument le plus caractéristique de la musique du stambali), peuvent être au nombre de deux ou plus, et sont installés à la gauche et à la droite du maâllem. Leur statut requiert peu de connaissances rituelles, mais en revanche une grande maîtrise des rythmes. A la droite du maâllem se tient le meilleur joueur de crotales. Plus proche du "corps" du gembri, donc plus réceptif aux variations mélodiques, il dirige les autres percussionnistes.
Le statut de la arifa est équivalent à celui du maître. Considérée comme la prêtresse du culte, celle qui détient le savoir, elle a le pouvoir de communiquer avec les génies.
Elle occupe le plus haut rang parmi les initiés. C'est elle que les patients vont consulter en premier pour qu'elle leur révèle l'origine surnaturelle de leur maladie. Au cours des cérémonies, elle incarne les divinités pour prédire l'avenir des fidèles.
La musique
La musique occupe une place importante dans les cérémonies. L'invocation des génies s'effectue par des chants et des enchaînements musicaux de noubas qui provoquent la transe des adeptes. Les noubas font "descendre" les génies pour les réconcilier avec les humains et guérir les malades.
La progression des chants dans un ordre établi et immuable est un principe essentiel dans la pratique thérapeutique. Elle est nécessaire pour atteindre un ou des génies particuliers, supposés être à l'origine de la maladie. Cette progression s'effectue toujours selon l'ordre hiérarchique descendant des entités surnaturelles : les esprits blancs ou les- saints de l'islam populaire, les Gens de la Mer et ensuite les esprits Noirs. À chaque entité surnaturelle correspond une couleur, l'adepte en transe de possession se recouvrira d'un tissu de la couleur de l'esprit qu'il incarne.
Le chant qui accompagne la nûba est un appel répétitif vantant les mérites de l'esprit invoqué. Ces vers sont scandés par le maâllem et repris en refrain par le reste de la troupe. Le chant est moins important que les rythmes et les mélodies.
Longtemps interdit par Bourguiba, le stambali est devenu un événement rare et secret.
L'ordre du rituel
Sont invoqués en premier les esprits blancs. Les rythmes sont relativement lents. La silsila ou "chaîne" des blancs comprend Sidi Abdelkader, Sidi Mansour, Sidi Ameur, Sidi Saad, Sidi Frej. Ce sont tous des marabouts c'est-à-dire des saints de l'islam populaire.
Dans la silsila des gens de mer, ou les esprits bleus, on invoque Yarima et son frère Sarki N'Gari. Les rythmes sont plus rapides que ceux des esprits blancs.
Dans la silsila des esprits Noirs dont les rythmes sont les plus rapides on invoque Sidi Marzoug, Baba Kouri.
Cet ordre idéal peut ne pas être suivi. Il peut y avoir des inversions. Les esprits n'attendent pas forcément leur tour et se manifestent parfois avant d'être appelés'
ARWAD ESBER
d'après Ahmed Rahal: La Communauté Noire de Tunis, thérapie initiatique et rite de possession,
Paris, L'Harmattan, 2000.

Contributeurs

Origine géographique

Tunisie

Mots-clés

Date (année)

2001

Cote MCM

MCM_2001_TN_S1

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