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Yémen. Danses et musiques de l'Arabie Heureuse. Spectacle

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Type de document

Évènement

Titre

Yémen. Danses et musiques de l'Arabie Heureuse. Spectacle

Date

1994-12-17

Date de fin

1994-12-18

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Description de la pratique

17 -18 décembre 1994
Le Yémen, surnommé "l'Arabie Heureuse" dans l'Antiquité, se situe au sud-ouest de la péninsule arabique. Ses habitants vivent dans leur majorité au-dessus de 2500 m d'altitude tandis qu'à l'ouest, les côtes plates et sablonneuses abritent des populations métissées venues de l'Afrique toute proche.
Jusqu'au Moyen-Age, le Yémen, pivot commercial important, était le point de départ de la route de l'encens. Il alimentait aussi bien l'Inde et l'empire de Persépolis que la Mauritanie, l'Afrique, les pays méditerranéens et l'Europe en gomme arabique, encens, myrrhe, aromates, or, perles et pierres précieuses. Deux puissants royaumes (Hadramaout et Saba) contrôlaient la production, les systèmes bancaires, les routes, les barrages. Balkis, la reine de Saba, qui rendit visite au roi Salomon à la tête d'une immense caravane chargée de richesses et domina le monde animiste et juif au Xe siècle avant J-C., avait fait construire une digue audacieuse près de Marib et l'eau rendait le pays verdoyant et ombreux. A l'Est de Marib s'étend le Rub'al-Khali (le "quart-vide"), un désert pratiquement inexploré.
Au XVe siècle, les Yéménites subissent un déclin à cause de l'ouverture de nouvelles routes vers l'Asie et de querelles tribales. Ils construisent toutefois de superbes demeures (à Sana'a, la capitale, à Al-Hajarayn, à Kaukaban et à Marib) et développent une culture raffinée, fruit d'échanges avec leurs voisins arabes, les Indiens et les Africains. Cette culture est un subtil mélange de thèmes ruraux, guerriers, montagnards, et de thèmes citadins, apanage de nombreux lettrés.
Le Yémen du Nord accède à l'indépendance dans les années 60 et le Yémen du Sud en 1967. En 1991, les deux Etats sont réunifiés.
Le programme du spectacle yéménite porte sur quatre régions, très différentes les unes des autres. Le groupe se compose de plus de quarante artistes et présente des formes de Sana'a et de sa région (la montagne), de Zabid sur la côte de la Mer Rouge, de Lahaj tout près d'Aden, sur le rivage de l'Océan Indien, et de l'oasis de l'Hadramaout.
Sana'a et sa région
Dès qu'a retenti l'appel à la prière de midi, les rues se vident. Après un léger repas, les Sana'ani s'installent dans les mafrej, les salons de détente, et commencent une séance de mastication de qât qui durera entre trois et six heures, selon les occupations ou les loisirs de chacun.
Le mafrej des hommes est situé à l'étage supérieur de la maison. Dans la pièce rectangulaire la mieux éclairée et la plus aérée du logis, une soixantaine d'entre eux peuvent se réunir. Le mafrej des femmes est à l'étage au-dessous. C'est là que se dit la poésie, si chère à tous les Arabes, que se préparent les unions de clans, de familles et les mariages, que jaillissent les discussions, que s'ébauchent les affaires et que les plus belles musiques de la région sont jouées par les participants ou par des musiciens professionnels invités pour la circonstance.

Takia et les chants et danses de femmes
Takia est une des plus grandes chanteuses du Yémen et son mafrej est célèbre. De sa voix profonde et modulée, elle chante un répertoire de poésie populaire qui comprend aussi bien des morceaux datant du XVIIIe siècle que des improvisations faites la veille par elle ou ses amis, les poètes de Sana'a et de Kaukaban. Elle s'accompagne d'un tabl, petit tambour à deux peaux. Une femme, assise à ses côtés, frappe un sîniyya, simple plateau de cuivre. Quand elle développe une suite de mélismes, ses compagnes crient d'enthousiasme ou reprennent la phrase musicale. Citadin, policé, ce chant populaire des villes appartient certes à la famille de la musique arabe, mais il se démarque nettement de celui que l'on peut entendre à Damas, à Alep ou au Caire.

Chant et luth yéménite
Souvent, les hommes invitent dans leur mafrej le chanteur Mohamed Zamari, un des trois ou quatre derniers joueurs de cûd yamani. Son répertoire, qui appartient au style classique ghina sanacani (le chant de Sana'a), comprend de grands poèmes du XVIIe siècle et de courtes pièces du début de ce siècle évoquant l'amour, la beauté des montagnes, le courage des guerriers et la dure époque ou le cûd, interdit d'usage, fut symboliquement pendu à une potence dressée devant Bab al-Yaman. Ce luth, très différent du cûd oriental, se caractérise par un son plus sec résultant d'une facture plus archaïque.

Le Zamel et la Barâ
Près de Sana'a, le village de Wadi Dahar, collé au pied d'une falaise abrupte, devient, chaque vendredi, le théâtre de rassemblements populaires ; lendemains de mariages et souvenirs de fêtes. Sur la surface presque horizontale du plateau, les hommes se groupent tandis que les femmes se tiennent au loin, à l'écart, enveloppées dans leurs longs voiles noirs.
Une mise en scène informelle met en valeur les meilleurs danseurs d'un groupe, puis ceux de la région toute entière. Elle est annoncée par des roulements de tambours et des cris gutturaux qui jaillissent de derrière un piton rocheux. Les hommes enturbannés, vêtus de longues robes droites ceinturées, le jambiyya (poignard recourbé) sur le ventre, forment un zamel ou cortège musical. Ils sont précédés par les joueurs de timbales marfac, les joueurs de tambour d'alarme tassac et les joueurs de trompe nafîr.
Les barâ ou danses du poignard sont des manifestations symboliques du Yémen. Exécutées presque dans tout le pays, ces danses d'hommes sont connues du monde entier.
Cette joute commence avec une vingtaine de danseurs qui se placent à l'intérieur du cercle des spectateurs et se termine par un duo, les danseurs les moins lestes ou habiles s'éliminant d'eux-mêmes. La danse évolue sur un rythme rapide marquant les pas sautés et glissés. Les têtes très mobiles s'orientent vers certains points de la foule, chaque exécutant voulant se faire reconnaître, soit par son allure, soit par la force de son geste. Puis les danseurs se détachent et brandissent la jambiyya sortie du fourreau et tenue à bout de bras, prolongeant le geste du danseur et marquant sa qualité de guerrier.

Les côtes de la Mer Rouge
Zabid, près de la Mer Rouge est un des plus vieux centres islamiques de la Péninsule. C'est dans cette ville que se rassemblent des sociétés de danseurs issus des classes très populaires ; anciens esclaves, affranchis, serviteurs, journaliers agricoles. Chaque réunion, sur la terrasse de la maison, commence par une hakfa ou danse de bienvenue. Les danseurs avancent vers l'assemblée dans un mouvement élastique, les genoux pliés, pour mieux rebondir à la verticale, suivis par un groupe de tambourinaires jouant des timbales marfaca et dum duma, et des maasta et marad (tambours d'origine africaine à deux peaux qui constituent les instruments principaux des régions de la Mer Rouge et de la Côte Sud).
Autre danse, le djel est une joute chorégraphique. Les deux danseurs tournent l'un autour de l'autre en brandissant de lourdes épées de fer ; ils miment un affrontement vigoureux, ponctué d'esquives gracieuses. Celles-ci surtout sont saluées par les cris des spectateurs.
Le mansarî fait aussi appel à un jeu d'épée. Les danseurs, par trois ou par cinq, manient l'arme, de façon à mettre en valeur les gestes circulaires du torse et de la tête ainsi que les moulinets des bras.
Le shanab, exécuté en solo, est accompagné par le son du chalumeau shabbâba et les tambours. Pendant une vingtaine de minutes, l'exécutant reste ramassé sur lui-même, presque accroupi. Cependant, sa mobilité est extrême et il doit faire preuve de beaucoup d'agilité en maniant deux épées ou une épée et un couteau. Celui qui, tout en restant près du sol, donne une impression d'élan, voire d'envol est décrété maître-danseur pour cette paradoxale appartenance à la terre et au vent.

La région d'Aden
Lahaj est un gros bourg de la Côte Sud à une trentaine de kilomètres d'Aden. Là encore, la culture locale se colore d'influences soudanaises, kenyane ou tanzanienne. Elle révèle néanmoins une forte originalité.

La danse Al-Murraka
Il s'agit d'une danse de femmes exécutée au cours des mariages, des réunions claniques ou familiales. Tandis que les hommes assis sur un rang jouent des tambours hajar et mirwâs, les femmes se présentent voilées d'une mousseline qu'elles soulèvent à bout de bras et font gonfler devant elles ; elles glissent les pieds et se livrent à des déhanchements suggestifs. La tête virevoltant rythmiquement vers chaque épaule produit un effet de désarticulation.

La Tambûra
Appelée aussi simsimiyya, l'instrument est une lyre à cinq ou six cordes tendues entre deux supports, fichés en V dans une caisse de résonance en bois recouverte de peau de chameau. Les cordes de boyau ou de métal sont pincées avec la pointe d'une corne de taureau.
Le nom de tambûra est à la fois celui de l'instrument et de la forme musicale. Il s'agit d'un chant invocatoire accompagné, destiné à déclencher l'extase en vue d'une fusion avec le divin ou d'une guérison.

La vallée de l'Hadramaout
Large oasis, située au Sud-Est du pays, vallée fertile ayant abrité les grandes civilisations de Saba et de Shibwan. Sayun, l'actuelle capitale de la région, voisinant les extravagantes villes aux gratte-ciels de terre de Shibam et de Tarim, possède des formes musicales et dansées très particulières. Les populations sont composées depuis l'antiquité de grands propriétaires mais aussi de marchands et de bédouins jouissant largement de leur situation au carrefour des routes de l'encens. Plusieurs modes de vie se superposant ou se développant en parallèle, il en résulte la coexistence d'expressions diverses.

Danse Al-Gotnî
D'origine bédouine, cette danse mixte (une des seules du pays) fait appel à la séduction de la femme tout en rendant un culte à la fécondité. Elle se pratique dans les milieux populaires au temps des récoltes, pour les mariages ou après les fêtes de l'antilope ibex (dont le trophée est considéré par les habitants d'un village comme source de bénédictions).
Les musiciens prennent place en un quart de cercle : joueurs de clarinette mizmâr et de tambours hajar et mirwâs. Le cercle se ferme avec les hommes qui accompagnent la musique de complexes claquements de mains. Seule au milieu du cercle, une femme, le visage dévoilé, la tête couverte de bijoux, s'avance et décrit une courbe en glissant vite à pas minuscules. Sa tête tourne comme un pivot jusqu'à ce qu'elle décide d'inviter un homme à danser. Happé hors du cercle, il se joint à elle et accomplit, à ses côtés, plusieurs tours rapides. Les bras de chacun tracent dans l'espace de gracieuses arabesques. Brusquement la femme s'écarte. L'homme comprend et rentre dans le rang. Après une attente, un autre prend sa place et accompagne la femme dans sa course giratoire.

Suite de danses zirbadî
Le zirbadî, style caractérisant une musique et une danse, fait partie de la culture aristocratique de l'Hadramaout. Il s'agit d'une manifestation d'hommes destinée à signifier l'appartenance à un clan et à montrer les talents de certains membres d'une grande famille. Elle a lieu au moment des célébrations religieuses ou bien parfois pour les circoncisions.
Assis sur un tapis en ligne, les musiciens jouent du nây (flûte), des hajar, des mirwâs et claquent rythmiquement dans leurs mains. Tous ensemble produisent des rythmes dont chacun porte un nom et qui prend place dans une suite bien précise : al-hajrî, al-hadrî, al-kuwaitî et al-sawt al-tarab (« le cri de l'émotion »)'
Les danseurs au nombre de deux ou trois se lèvent, s'approchent des musiciens et leur font face après s'être inclinés. Ils exécutent des pas compliqués, croisant une jambe devant l'autre, ployant le buste, étendant les bras, glissant vers l'arrière, puis s'accroupissant brusquement avec un léger sursaut. Ils avancent et reculent, toujours parallèles par rapport à la ligne des musiciens. Certains rythmes impairs soulignent de grandes finesses chorégraphiques. La danse, sophistiquée, est encore exécutée par certains hommes âgés et de moins en moins par les jeunes gens.
Françoise Gründ.

Programme

Les danseurs de Sana'a
-Zamel
-Barâ Harithiyya
-Barâ Hamdaniyya
-Khûbanî

Chants populaires de Sana'a : Takia

Danses de Zabid
-Hakfa (danse de bienvenue)
-Djel (danse des sabres)
-Shaniyya (danse des bâtons)
-Mansarî (danse du bâton et de l'épée)
-Shanab (danse des poignards)

Musiciens et danseuses de Lahaj
-Tambûra - 3 chants
-Murrakah (danse de femmes)
-Chahr (danse de femmes)
Mohamed Zamari, luth yéménite

Danses de l'Hadramaout
-Suite de danses zirbadî : Madkhal (procession) ; Hajrî (danse des vieillards) ; Mûzi'î ; Bandarî (danse des jeunes)
-Banî Mighrah (danse de retour de chasse)
-Gotni (danse bédouine mixte)
-Shâhib (danse bédouine mixte)

Origine géographique

Yémen

Mots-clés

Date (année)

1994

Cote MCM

MCM_1994_YE_S1

Auteur val

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Titre Localisation Date Type
Yémen. Danses et musiques de l'Arabie Heureuse. Photos Yémen 1994-12-17 Photo numérique
Yemen. Musiques et Danses. Affiche Yémen 1994-12-17 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1994 1994