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Philippines. Musiciens, les Kalinga et les Maguindanao. Spectacle

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Évènement

Titre

Philippines. Musiciens, les Kalinga et les Maguindanao. Spectacle

Date

1988-06-14

Date de fin

1988-06-16

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

14-16 juin 1988
Les Philippines du nord au sud.
Plusieurs années après que Ferdinand Magellan eut accosté aux Philippines, en 1521, l'Espagne entama un processus d'occidentalisation qui dura jusqu'à la fin du XIXe siècle. A travers l'Espagne, ce sont les pensées chrétiennes et européennes (avec plus tard, la marque des U.S.A.) qui orientèrent les peuples des îles vers l'idée d'un système éducatif universel. Cette longue acculturation atteignit la grande majorité, environ 90% d'une population dépassant maintenant 50 millions d'individus. Avec les divers éléments dont ils disposaient, ils ont créé une littérature syncrétique et une musique originale, sans toutefois abandonner totalement, lorsqu'ils le pouvaient leurs traditions. C'est comme si l'expansion européenne et américaine avait produit, en Asie, une petite branche de culture gréco-latine isolée sur une base culturelle asiatique. Il y a à peu près cent langues distinctes aux Philippines, dont huit sont comprises et parlées par les locuteurs occidentalisés.. Les autres appartiennent aux groupes minoritaires composés de quelques centaines à quelques milliers de locuteurs. Ces minorités restent les gardiennes des traditions de l'Asie du Sud-Est et sont éparpillées dans les îles du Sud, de Mindanao, de Palawan, de Mindoro, ou concentrées dans une petite frange de la grande île de Luzon, au Nord. Leur fermeté et leur endurance à poursuivre l'exercice de leurs traditions, pendant des centaines d'années est une preuve de la force et de l'efficacité des pratiques anciennes.
La musique de ces cultures du Sud a des liens avec celle de l'Indonésie et de la Malaisie, tandis que celle des peuples du Nord de Luzon plus isolés semble avoir quelques affinités avec les peuples montagnards du Vietnam, bien que les instruments ressemblent à ceux des îles de l'Asie du Sud-Est.

La Musique des Kalinga
Dans le nord, un groupe de peuplement portant le nom générique de Igorot et comprenant plusieurs groupes linguistiques : Tinggian, Isneg, Kalinga, Bontok, Kankana-ey, Ibaloy, Karao, Ifugao et Ilonggot pratique la musique dite de la Cordillera. Ces peuples cultivent le riz grâce à un ingénieux système d'irrigation par terrasses, mis au point depuis des millénaires. Les montagnes en territoire Ifugao sont renommées pour la richesse des récoltes mais aussi pour la beauté des étagements des terrasses. Chez tous ces peuples, les rituels agraires concernant chaque phase du développement des récoltes et il n'est pas une prière, un chant, un instrument de musique, une danse qui n'y fasse référence.
Chez les Bontok, les chants : Charngek, Alloyen, Ayoweng sont accompagnés par des flûtes nasales, les Kalaleng et par des guimbardes de bambou, les Abellao. Ils sont exécutés pour alléger la fatique pendant les travaux des champs. Cette musique ne ressemble pas aux prières chantées Kapya par un groupe frappant sur des gongs plats Gangsa et brandissant des boucliers de bois Karasag au cours de rituels toujours liés à l'agriculture. Dans les fêtes qui suivent la récolte chez les Kalinga, un véritable spectacle ponctué par les gongs commence, avec la participation de diverses personnalités de la ville ou du village ; à chacune d'elle appartient le choix du gong qur lequel il doit exécuter plusieurs morceaux rythmiques. Chez les Ibaloy, les gens riches doivent donner plusieurs grandes fêtes au cours de leur vie. Au cours de la nuit de fête, le gong est battu continuellement en passant de main en main.
Chez les Kalinga, les chants du médium (généralement une vieille femme soignant un patient malade) sont accompagnés par une percussion tubulaire de bambou appelée Tongatong. Souvent la flûte nasale est jouée par un jeune garçon faisant la cour à une jeune fille. Il se rend le soir dans la maison séparée des jeunes filles célibataires et se fait accompagner par les Patanggog ou percussions de bambou dont la fonction est de chasser les mauvais esprits qui guettent les humains sur les sentiers de la montagne.
Aujourd'hui, la plupart de ces instruments servent pour des propos récréatifs et de simples fêtes après les moissons. C'est pendant cette période devenue très profane que se transmettent pourtant les chants responsoriels : Ballaguyos, Gasumbi, et les chants longs : Ullalim et Oggayam. Au cours de pactes interviennent de longues discussions pour le partage des terres, ponctuées par des chants spéciaux et se terminant par des Ading et des Dango destinés à valoriser la présence des hôtes et à les remercier pour leur participation au jugement.
Les gongs plats, faits de bronze ou de cuivre sont des instruments représentant un certain prestige et gardés par des membres importants d'une famille ou d'une communauté. Chaque groupe possède des compositions de gongs différentes. Les Ifugao en utilisent trois, les Kalinga, six, les Bontok, sept, doublant quelquefois le nombre lorsque plusieurs familles participent à l'événement. Les Ibaloy mêlent deux gongs et deux tambours coniques avec une paire de cliquettes métalliques. Les Tinggian posent sur le sol deux ou trois gongs qui servent de résonateurs à d'autres instruments.
Chez les Kalinga, il y a deux manières de jouer du gong plat : avec les mains, Topayya ou à l'aide de baguettes, Pattung. Dans le Topayya, six hommes jouent sur six gongs de différentes tailles. Ils forment une ligne dans le coin d'une cour du village et frappent sur les instruments dans une position semi-agenouillée. Les quatre plus grands gongs jouent simultanément. Dès qu'une main produit le son qui résonne, l'autre main frappe une série de petits coups redoublés. C'est le plus grand gong qui émet le premier son. Les trois autres gongs entrent en jeu, l'un à la suite de l'autre. Le cinquième gong produit un ostinato et le sixième une improvisation qui s'ajuste sur le 5ème. Dès que les premiers sons se font entendre, un couple de danseurs, une dame et son serviteur d'amour, dansent le Tadek une scène de séduction symbolisant un coq à la poursuite de sa proie. cette danse suscite une grande excitation du public, qui crie chaque fois que la dame échappe à l'étreinte de son ardent poursuivant par une série de petits pas chassés. Les couples formés d'abord par les notables de la société, changent sans arrêt, permettant ainsi à chacun de participer à la musique et à la danse.
Le Pattung ou musique de gong produite à l'aide de baguettes, révèle un son plus brillant, une plus grande liberté dans la disposition des musiciens et dans l'espace couvert par les danseurs. Six hommes ou plus jouent en même temps qu'ils dansent. Ils se déplacent en cercles, en demi-cercles et forment des figures. Ils suivent un chef de file qui impulse le mouvement depuis le début d'une file qui se constitue. Ces danses accompagnent les rituels de village et les sacrifices d'animaux. elles fonctionnent aussi avec les offrandes de nourriture et de vin, de riz et les discours prononcés en même temps à voix très forte, par les hommes, les femmes et les enfants.

Le Kulintang des Magindanaon.
La musique qui caractérise le mieux la culture aborigène du Sud est produite par l'ensemble de kulintang et consiste en deux catégories de gongs : des gongs suspendus et des gongs tenus horizontalement par des hommes en rang, auxquels s'adjoint un tambour. Ce genre d'ensemble peut être le plus souvent entendu dans l'Ouest de Mindanao, le long de la rivière Cotabato et près du lac Lanao, surtout chez les Magindanaon et chez les Maranao, et dans les îles Sulu chez les Taosug, les Sama et les Yakan.
Contrastant avec la musique des groupes de l'intérieur de Mindanao et de Luzon, le Kulintang n'est pas nécessairement lié aux fêtes des moissons. Il s'agit d'une musique de sociétés déjà urbanisées, islamisées par l'organisation des sultanats et de leur longue histoire, atteignant un point culminant au XVIIe siècle au moment de l'expansion économique et des relations commerciales avec les îles Molluque. Une telle puissance conditionna de nouvelles stratifications sociales composées par des fonctionnaires munis de charges, des employés, des navigateurs, des artisans, des commerçants, des esclaves. C'est dans ce type de société islamisée que se développa la musique de Kulintang. Cinq instruments la composent :
-le Kulintang qui donne la mélodie
-le Agung, le Gandingan, le Babendil, trois types de gongs suspendus qui produisent l'ostinato
-le Debakan ou tambour
Cette instrumentation s'oriente vers un concept d'orchestration qui se réalise non pas en terme de tonalités mais en termes de timbre ou de couleur.
Deux styles coexistent : le Danden ou style ancien et le Binalig ou nouveau style.
Les huit gongs du Kulintang produisent une gamme pentatonique avec des demi-tons.
Le Kulintang de Taosug, de Sama et de Yakan dans l'archipel des Sulu diffère par les caractéristiques et les noms des gongs suspendus. Les deux styles disparaissent. Le gong le plus aigu de la série des huit est utilisé par un musicien qui joue un rôle indépendant des autres. Une paire de castagnettes de bois : Bolabola ainsi qu'un tambour à deux peaux ; le Gandang accompagnent l'ensemble des gongs.
Les autres instruments de musique des montagnards de Mindanao sont les flûtes à anneau, les flûtes fendues, les cithares, les vièles à une corde, les ensembles de tambours et les percussions suspendues.
Le luth à deux cordes, le Kudyapig de Magindanaon est semblable aux autres luths de Mindanao et de Palawan : Faqlung, Kudlung. Ils possèdent le même nombre de cordes mais le corps de l'instrument prend des formes différentes. Chez les Tiboli, seules les femmes jouent du Kudlung et dansent en tenant l'instrument. Alors qu'une musique semi- courtoise est centralisée dans les communautés de Mindanao et de Sulu qui cultivent le son instrumental des luths, des flûtes, des violons et des xylophones, les peuples des montagnes dispersés en groupes épars gardent la pratique d'instruments inconnus des premières communautés et plus primitifs dans leur facture : les vièles, à une corde, les ensembles de tambours, les cithares tubulaires, les percussions de bambou suspendues.
Cette vue générale très contrastée des ensembles musicaux constitue la base de la musique de Kulintang.
D'après José Maceda.



Programme:
Parmi les quelque vingt peuples vivant aux Philippines, les Kalinga (de l�Ile de Luzon au nord) et les Maguindanao (de Maguindanaon au sud) présentent deux formes de cultures aborigènes.
Les ensembles des Kalinga de Tanglag et des Maguindanao peuvent être présentés à paris grâce à la collaboration du Dr. José Maceda.

Les kalinga

1- BODONG Réunion tribale pour un serment de paix
Balingbing résonateur de bambou
Saggeypo, Salidummay flûtes de bambou
Ullalim, Surwa-i chants longs de bienvenue et de remerciements adressés au public
Dango, Surwa-i chant de célébration du serment de paix
Binnayattan et Salip gongs
Palpaliwat chant racontant les combats intertribaux
Palpaliwat chant racontant les combats intertribaux
Patatag xylophone à lames de bambou (dispersées)
Ginnapor et Sagni gongs et danse ( sur musique de percussions)
2- INNAYOM musique de séduction
Les garçons du village avec leurs instruments de conquête devant la maison des jeunes filles.

Paldong flûte de bambou à embouchure fendue
Kulibaw guimbarde de bambou
Kolitong cithare de bambou
Tongali flûte nasale en bambou

3- TUGTUGAW mariage

Patanggok percussion tubulaire de bambou, en forme de large plume, dont la fonction est de chasser les mauvais esprits (frappée sur une petite pièce de bois tenue dans la main gauche).
Uggayam chants longs exprimant des v�ux de bonheur éternel aux futurs époux
Tupayya et Salip ;
El-Lalay ; Tet-Eway gong plat frappé par les mains
Pattong gong plat frappé avec des baguettes

4- TAMBI danse aux cithares de bambou aux lamelles frappées et non-pincées

Noms des Kalinga
Messieurs Benecio Sokkong � Jaime Pumakis � Fidel Tayawa � Damaso Balway � Paulino Dayag � Inocencio Damagon � David Dangwiles.
Mesdames Lucia Sokkong � Constancia Sokkong � Consuelo Pangosban � Rosalinda Jacinto

ENTRACTE

Les Maguindanao
La musique qui caractérise le mieux la culture aborigène du sud est produite par l�ensemble de Kulintang et consiste en deux catégories de gongs ; les gongs suspendus et les gongs tenus horizontalement par des hommes en rang, auxquels s�adjoint un tambour.

1- ENSEMBLE DE MUSIQUE TRADITIONNELLE

MODE DUYOG
Kulintang série de huit gongs bombés, placés horizontalement (accordés parfois selon l�échelle pentatonique avec un demi-ton d�écart entre chaque gong)
Debakan tambour
Gandingan gongs suspendus bombés, à petit bord.
Babendil Gong bombé frappé par un bâton
Agong gongs suspendus à larges rebords, bombés et qui produisent l�ostinato (musique généralement jouée à l�occasion de la fête des moissons).

MODE SINULOG
Kulintang � Debakan � Gandingan � Babendil � Agong

MODE TIDTU
Kulintang � Debakan � Agong � Babendil


2- INSTRUMENTS TRADITIONNELS EN SOLO
Solo de Kulintang solo exécuté sur un rythme rapide par le maître Amal Lumuntud.
Solo de Tumpong flûte de bambou (respiration circulaire) par Karatuan Kalanduyan
3- ENSEMBLE DE MUSIQUE ACTUELLE DES VILLES

MODE BINALIG
Kulintang � Gandingan � Debakan - Babendil

MODE SINULOG
Kulintang � Gandingan � Debakan - Babendil

4- SAGAYAN � danse rituelle d�origine chamanique
Kulintang � Debakan
Danseur : Usop Tanggo

Noms des Maguindanao
Messieurs Usop Tanggo � Karatuan Kalanduyan � Musib Kamensa � Amal Lumuntud
Madame Aga Mayo Butocan (Kulintang)

Origine géographique

Philippines

Mots-clés

Date (année)

1988

Cote MCM

MCM_1988_PH_S1

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Titre Localisation Date Type
Philippines. Musiciens, les Maguindanao. Photos Philippines 1988-06-14 Photo numérique
Philippines. Musiciens, les Kalinga. Photos Philippines 1988-06-14 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1988 1988