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Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Papous à Paris. Melpa, Mudmen, Chambri, Trobriands, musiques et danses. Spectacle

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Évènement

Titre

Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Papous à Paris. Melpa, Mudmen, Chambri, Trobriands, musiques et danses. Spectacle

Date

1990-06-20

Date de fin

1990-06-25

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Description de la pratique

20-22, 25 juin 1990
Curieusement, la Nouvelle-Guinée a toujours effrayé les explorateurs et est demeurée largement inconnue ' à l'exception de ses côtes ' jusqu'en 1950. Longtemps cette terre inhospitalière a eu pour nom Terre des mauvaises Gens, bien que Bougainville, Cook, Dumont d'Urville et La Pérouse en aient relevé la position sur les cartes et mentionné l'embouchure de certains fleuves. Plus que le mystère de la forêt, les maladies, et les barrières naturelles, c'est la réputation terrible des Papous qui a rejeté les voyageurs occidentaux à l'extérieur de l'Île.
L'agressivité justifiée des Papous, redoutables chasseurs de têtes, est soutenue par une dimension religieuse. Le crâne d'un guerrier abattu représente une force talismanique. Les qualités du défunt se transmettront au possesseur du crâne en priorité et à ceux qui mangeront sa chair en second lieu. La pratique de couper les têtes et le cannibalisme s'expliquent par cette transmission rituelle sans laquelle aucune vie clanique et aucune organisation sociale n'est possible. En outre, la virilité des guerriers semble croître avec leur agressivité. C'est pourquoi ils sont souvent poussés au meurtre cérémoniel par les femmes jeunes ou vieilles qui maintiennent ainsi la fécondité et la force physique au sein de chaque microsociété. Ainsi, toutes les expressions rituelles, dansées et chantées restent-elles en rapport étroit avec ses pratiques qui paraissent inacceptables aux occidentaux. Même si ces pratiques ont actuellement disparu, leur motivation demeure, et des détournements se sont opérés ces dernières années. Si le défi et la compétition doivent subsister, ils passent désormais par :
-le souvenir des hauts-faits sanglants re-dramatisés en épopées chantées et scandées,
-les danses guerrières frénétiques,
-les maquillages et masques extravagants sièges de créations sans cesse renouvelées, qui ressuscitent les esprits des morts,
-le souvenir des crânes exposés dans les maisons puis sur-modelés et peints,
-le sport traditionnellement associé aux rites guerriers et qui a donné lieu à des processus de récupération culturelle étonnants : le cricket dans sa version britranique en Papouasie, et dans une version corrigée par la tradition dans les îles Trobriand.
Lors de leurs cérémonies, les Papous ont deux publics : celui des ancêtres qu'ils cherchent à apaiser et celui des humains du sexe opposé qu'ils veulent conquérir.
Si la danse, la musique, la décoration corporelle plaisent aux esprits, les ancêtres viennent se joindre à la danse et assurent ainsi une récolte abondante et une bonne croissance des enfants et du bétail (cochons).
Les Melpa et les Mudmen du Chimbu vivent dans les montagnes du centre de la Papouasi-Nouvelle Guinée. Les Chambri vivent au nord de l'île sur les rives du cours moyen du fleuve Sépik, à proximité du lac Chambri. Les Trobriandais vivent dans un archipel situé à l'est de la Nouvelle Guinée.

LES MELPA
Les Melpa, au nombre de 70 000, constituent l'un des groupes les plus importants de Papouasie et se répartissent autour de Mount Hagen. Devenus célèbres par l'organisation des fêtes d'échanges économiques et rituels Moka, ils tirent des revenus substantiels et beaucoup de prestige.
Traditionnellement, le Moka consiste en un échange de cochons et de coquillages dans lequel le donateur doit offrir plus qu'il n'a reçu, le principe étant qu'un individu gagne en importance, non pas parce qu'il possède une large fortune mais par sa générosité de distributeur entraînant ainsi une attitude de soumission de la part de ceux qui deviennent ainsi ses débiteurs.
Glorifiant l'échange déséquilibré, le moka met encore l'accent sur celui qui sera, en outre, le meilleur orateur, le meilleur danseur, celui qui aura le plus d'épouses. L'homme valorisé dansera le mirl, chorégraphie essentiellement masculine, accompagnée par des percussions de bambou, de longs tambours-calices, des cliquettes et des bâtons de rythme. Les femmes invitées par les hommes à entrer dans la danse ne participent que si le partenaire du moment les séduit.
Une autre danse, le kenanbu, exécutée par les femmes, prend place dans le moka. Les textes des chants soulignent l'importance des échanges, le nombre des cochons et les exploits de compétitivité.
Les jeunes filles dansent encore le milei, à la gestuelle harmonieuse et sexuellement provocante, accompagné par le rythme de troncs d'arbres évidés dont l'une des extrémité est recouverte de peau de lézard ou de marsupial.
Autre danse de séduction, l'amb kenan met en scène un jeune homme se prosternant devant une jeune fille tandis qu'une flûte de bambou soutient un choeur de chanteuses.

Maquillés de couleurs voyantes, coiffés de volumineuses perruques de cheveux et de poils entremêlés en forme de bicornes de pirates, la tête ondoyant sous les plumes de casoar et d'oiseau de paradis, les reins ceints de branches fraîches formant des queues de volatiles agressifs, les Melpa organisent une réunion intertribale.
Dans la société papoue, les manifestations culturelles, artistiques, ont lieu devant les vivants mais aussi devant l'esprit des morts (les Ancêtres). C'est pour cette raison que les femmes et les hommes se livrent à une transformation : vêtement spécial, ornements, maquillage. Le maquillage vient après la fabrication de vêtements (confectionnés à partir de végétaux), après la pose des ornements de cou et de perruques. Il dure quatre à six heures. Pendant cette longue période où personne ne manifeste la moindre impatience, les protagonistes boivent ou fument et se mettent soudain à siffloter : ils sont déjà entrés dans un temps sacré.
Les Sing'Sing ou grandes réunions inter-tribales interviennent, en général, une ou deux fois par an. Elles servent à sceller des alliances ou des traités de paix entre les clans et surtout deviennent le prétexte pour organiser des Moka. Le Moka ou échange permet aux individus, par une sorte de transcendance artistique et esthétique de se procurer les produits dont ils ont besoin mais aussi de valoriser en faisant étalage de ses richesses et surtout en suscitant des dettes chez les autres, dans le but de devenir un Big Man. L'individu métamorphosé devient un ancêtre et peut ainsi par le chant et par la danse, qui lui sont dictés de l'au-delà, du monde des morts, imposer sa volonté et en quelque sorte réunifier le clan.

Comment devenir un Big Man ?

Chaque homme possède une ambition qui motive entièrement son comportement : devenir un Big Man (un grand homme). Un Big Man peut posséder beaucoup de femmes, de cochons, de conques de nacre, de coquillage divers, de plumes d'oiseau, mais la notion essentielle ne réside pas dans la richesse. Elle se situe dans la quantité et qualité des dettes que les membres du clan auront envers cet homme. Ainsi il s'obligera à offrir pour que les autres lui deviennent à chaque instant redevables. Pour pouvoir disposer des biens matériels et des pouvoirs cachés, le Big Man doit être initié.

Un an dans la brousse : une victoire sur la peur et les désirs.

L'initiation consiste à s'isoler pendant un an dans la forêt sous la conduite d'un maître. Il faut alors lutter contre la solitude, la faim, les dangers, la peur, le désir sexuel. Si la période d'isolement est rompue, le jeune homme ne deviendra jamais un Big Man.

Le maquillage chez les Melpa.

Les hommes s'appliquent du charbon et de l'argile blanche.

Les hommes portent une barbe et une moustache et s'en servent comme supports de l'application de la couleur. Les hommes Melpa cherchent à se donner un aspect effrayant. Après s'être revêtus du costume et des ornements, ils s'enduisent le visage d'huile de l'arbre aux ancêtres et déposent directement avec un doigt la poudre noire très fine provenant de charbon broyé puis appliquent la pâte d'argile blanche. Ils terminent par la décoration des yeux en y apportant un soin extrême.

Les femmes sont peintes de rouge et de bleu.

Les femmes Melpa utilisent la couleur rouge comme base et se couvrent entièrement le visage. Elles procèdent en répartissant elles aussi la poudre fine avec un doigt une fois le visage graissé à l'huile. Elles dessinent deux points blancs sur le nez et s'entourent l('il de blanc). Elles cernent ces éléments blancs, un fois sec avec du noir. Aujourd'hui elles préfèrent le bleu dur, ce qui représente une transformation récente de la tradition.
Chez les Melpa de haut rang (pour les hommes aussi bien que pour les femmes) il est indispensable de ponctuer le maquillage par un ornement de nez circulaire, de cinq à sept centimètres de diamètre, en os ou en coquillage scié et limé.
C'est la personnalité de l'Ancêtre qui donne la signification des couleurs. Ainsi le blanc est la couleur de la mort. Le rouge qui symbolise le sang devient la couleur de la vie et par extension de la fécondité et de la fertilité. C'est pourquoi les femmes l'utilisent très souvent. Les Papous considèrent le noir comme la couleur de l'initiation.
Une fois parées comme les hommes, les femmes changent de comportement et même de morphologie. Ces paysannes un peu lourdes cambrent les reins sous le poids des ornements redressent la tête et tendant le cou. Elles parlent le moins possible et gardent le visage immobile pour éviter que le masque peint ne craque. Ainsi elles deviennent des reines hiératiques, dont la ligne du regard ne balaie plus que les zones hautes. Le comportement des homes est le même, si bien qu'avant le chant et la danse, ces êtres se métamorphosent en statues vivantes, au regard ardent d'impatience.





LES CHAMBRI

À travers marécages et prairies, le fleuve Sépik trace son parcours de 1100 kilomètres et laisse sur ses rives des régions vierges qui sont encore de nos jours d'accès difficile. Les Chambri se répartissent sur une trentaine de villages bâtis entre le lac Chambri et la rive sud du cours moyen du Sépik.
Les clans Chambri font subir une initiation à leurs adolescents afin de leur apprendre les mystères entourant les flûtes de bambou, reservées aux seuls initiés et jouées en hoquet, à résister à la souffrance, à assumer leurs responsabilités en tant qu'hommes et à prendre conscience de leurs devoirs et leurs privilèges. Cette initiation est acte symbolique qui dure des mois et qui se termine par l'initiation à l'art de la guerre.
La maison des hommes devient l'habitation des jeunes initiés. On y apprend que tels bruits liés à telles pensées sont les voix des esprits produits par la flûte de bambou secrète.
Si les habitants sépik des hauts plateaux se distinguent par leurs ornements corporels, ceux du bassin du fleuve, et parmi eux les Chambri, ont fait fleurir un art développé de la sculpture sur bois, englobant des masques, des barques peintes, de grandes effigies représentant les ancêtres et décorant la maison cérémonielle qui est le foyer des esprits, ainsi que divers objets d'usage quotidien.
De même que les Melpa, les Chambri pratiquent également les échanges économiques de prestige.
Leur maquillage beaucoup plus simple que celui des Melpa consiste à se peindre la moitié du visage en blanc et à se recouvrir tout le corps de points blanc et orangé.
Autour d'immenses crocodiles mannequins, de coiffures d'écorces peintes, de masques animaliers (révélant certains points de leur religion : le totémisme), de coiffures de plumes, ils témoignent leur joie ou leur désapprobation dans des mascarades mouvementées.

LES MUDMEN

Les Narku du clan Numbaku vivent dans les régions marécageuses du Simbu. Ceux des environs du village de Mindima se servent d'une arme de guerre bien spéciale au moment des affrontements ou pour célébrer les anniversaires des victoires sur un peuple adverse. Ils s'enduisent le corps de vase et sculptent directement sur leur propre tête une hure énorme et grise avec l'argile des marais. La bouche et les yeux béants, le volume mal dégrossi, forment un masque primitif et effrayant. Les épaules couvertes de ce heaume, les doigts prolongés de griffes de roseaux trempées dans la boue fétide, ces hommes de guerre avancent nus et dansent lourdement, faisant reculer l'adversaire saisi d'une peur muette.
La légende rapporte qu'autrefois les peuples du Simbu étaient faibles et régulièrement soumis aux exactions des populations voisines venues razzier leurs jardins. Un jour, lors d'un combat, un homme tomba dans un marais et en sortit couvert de boue. Effrayés par l'apparition de ce qu'ils prirent pour un esprit hostile et malfaisant, les envahisseurs se sauvèrent à toutes jambes.




LES TROBRIANDAIS

Une des grandes caractéristiques des Trobriandais est d'avoir su intégrer le jeu de cricket, introduit dans l'archipel par les missionnaires anglais en 1903, à leur système socioculturel traditionnel. En reprenant les règles originales et en les adaptant aux coutumes sportives traditionnelles kayasa, associé aux traditions guerrières, ils ont ainsi su faire échec au processus de déculturation britannique, et retourner cet apport étranger au profit de l'enrichissement de leur propre culture. Chaque match se déroule entre deux clans. Les joueurs, en nombre variable, sont vêtus de leurs costumes de guerre et jalonnent le match de chants et de danses qui, destins à provoquer l'adversaire et à célébrer les points gagnés, témoignent d'une créativité en perpétuel essor.




PROGRAMME DU 25 JUIN
CHAMBRI DU SEPIK
Danse de cérémonie des échanges de prestige
Danse de victoire
Chant de mariage
Chant en l'honneur des ancêtres

MUDMEN
Danse de guerre accompagnée par la flûte secrète des Chambri

TROBRIANDS
Danses d'actions de grâce après la récolte :
Ronde
"Danse des trois hommes"
Danse en ligne




PROGRAMME DU 21 JUIN
MELPA de Mount Hagen
Kanaan, danse d'entrée
Weld, danse des femmes mariées
Mor, danse des hommes

TROBRIANDS
Danses d'actions de grâce après la récolte :
Ronde
"Danse des trois hommes"
Danse en ligne

MELPA
Danse de cour d'amour.

Contributeurs

Origine géographique

Papouasie-Nouvelle-Guinée

Mots-clés

Date (année)

1990

Cote MCM

MCM_1990_PG_S1

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Titre Localisation Date Type
Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Papous à Paris. Musique et danse des Sepik. Photos Papouasie-Nouvelle-Guinée 1990-06-20 Photo numérique
Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Papous à Paris. Musique et danse des Mudmen. Photos Papouasie-Nouvelle-Guinée 1990-06-20 Photo numérique
Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Papous à Paris. Musique et danse des Melpa. Photos Papouasie-Nouvelle-Guinée 1990-06-20 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1990 1990