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Europe. Chants Yiddish et Judéo-Espagnols. Spectacle

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Évènement

Titre

Europe. Chants Yiddish et Judéo-Espagnols. Spectacle

Sous-titre

Isi Hod ; Ari Laïch et Hannah Riber

Date

1986-06-16

Date de fin

1986-06-18

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

16-18 juin 1986
CHANTS YIDDISH
La littérature liturgique et poétique
La littérature prend ses racines dans la Bible et son exégèse, les légendes talmudiques et le midrach. Le canon liturgique juif fut fixé bien avant le développement de la littérature yiddish, ce qui explique le fait qu'il n'existe que très peu de prières et de poésie religieuse rédigées en cette langue. Dès le XVe siècle, on s'attacha essentiellement à traduire en yiddish des prières individuelles ou des rituels entiers. Le premier rituel de prières imprimé en yiddish date du XVIe siècle. À la même époque, on vit se développer également des poèmes composés en yiddish pour des cérémonies religieuses ou familiales, comme le shabbat, les repas de fêtes, le rituel du soir de Pâques (seder), les mariages ou les circoncisions. La caractéristique essentielle de cette poésie était le bilinguisme, mêlant l'hébreu et le yiddish. A la différence des piyyûtîm composés en hébreu (compositions savantes pour les jours de fêtes et certains shabbats particuliers, largement inspirées du midrach et rédigées à partir du VIe siècle dans une langue originale ; plus tard , les Cabalistes de Safed (XVIe siècle) y ajoutèrent encore certains éléments mystiques), les poèmes liturgiques composés en yiddish se caractérisent par une grande simplicité poétique et des descriptions vivantes, directement inspirées de la vie quotidienne de l'époque. Quant à sa structure poétique, la poésie liturgique en yiddish s'inspire de deux sources littéraires distinctes : le piyyût hébraïque, adapté aux spécificités linguistiques du yiddish et le genre poétique allemand, en particulier, la chanson populaire. Les poèmes en yiddish étaient très souvent accompagnés de mélodies populaires allemandes. Cette poésie se prêtait également au genre parodique, surtout à l'occasion de la fête de Pourim.

Tradition musicale
Les chants populaires yiddish d'Europe de l'Est remontent très loin dans le temps. Le premier recueil de chants populaires, avec accompagnement musical, a été imprimé à Prague, en 1927. Les chants populaires juifs d'Europe de l'Est ont été influencés par la musique locale et se sont développés au XVIe ' XVIIe siècle avec la venue des juifs d'Europe de l'Ouest, réfugiés en Pologne et en Russie. Dans les murs du ghetto, le chant populaire s'est épanoui avec une densité émotive qui a donné au chant yiddish sa dimension universelle. Le mouvement mystique du hassidisme, mouvement populaire apparu au XVIIIe siècle, est responsable de la renaissance du chant populaire juif. En effet, de par sa philosophie et son idéologie où la musique est le véhicule principal de l'expression ce dernier a donné son essor à la chanson populaire juive.
Depuis le XVIIIe siècle, le chant yiddish a développé des formes indépendantes distinctes du hassidisme, notamment sur le plan des textes : chants de caractère semi-religieux, bilingues ou trilingues (hébreu, yiddish, russe), un peu à la manière des Mastersinger du Moyen âge. Ces chants reflètent la nostalgie de Sion et s'inspirent des scènes de la vie quotidienne (berceuses, chants d'amour, mariage, deuil'), exprimant souvent l'angoisse et la crainte des pogromes et des persécutions. C'est dans ce domaine en particulier que l'élément féminin trouva son expression (les chants liturgiques et hassidiques étant en effet un domaine réservé aux hommes).
On y trouve également un répertoire de chants historiques, comme les chants de soldats du temps de Nicolas 1er, des chants de mendiants et même de brigands. Les musiciens populaires juifs formaient des troupes itinérantes, accompagnées de troubadours et de comédiens professionnels.
Parallèlement à ce patrimoine oral, transmis de génération en génération, s'est créée, à partir du XIXe siècle et jusqu'à la deuxième guerre mondiale, une musique populaire juive, intégrant des paroles et des mélodies composées à partir de textes poétiques rédigés en yiddish. Cette musique populaire, écrite à l'origine, est entrée à présent elle aussi dans le patrimoine oral.

CHANTS JUDÉO-ESPAGNOLS

Historique
En 1492, l'Espagne décidait d'expulser les Juifs qui refuseraient la conversion. Les juifs espagnols emportèrent avec eux la langue de la fin du XVe siècle, langue commune à l'ensemble des Espagnols, musulmans, chrétiens ou juifs. Cette langue ne connut pas de changements péninsualires ultérieurs. Elle continua à être parlée comme en 1492. Elle connut ensuite sa propre évolution : emprunts à l'italien, au grec, au turc, à l'hébreu' et plus tard au français. Ainsi est né, à partir de l'espagnol péninsulaire, le judéo-espagnol vernaculaire ou djudezmo (judaïsme). Les judéo-allemands en ont fait autant en appelant leur langue yiddish ("juif" en allemand). Ce judéo-espagnol vernaculaire acquerra des caractères nouveaux dans chacune des régions de l'Empire Ottoman où les juifs se trouvaient en exil et s'individualisera en variétés marquées par les modes et les nationalismes des nations qui se détacheront du dit Empire : ainsi le judéo-espagnol du Maroc (haketiya) qui se recastillanise au contact du voisin espagnol, en 1860, à partir de l'occupation de Tetouan par les troupes espagnoles. Ainsi était établie la jonction entre l'espagnol de 1492 et celui de la Péninsule. Recastillanisation au Maghreb, francisation intense plus tard au Levant, expressions d'influences politiques similaires, seront la maladie déculturante des judéo-espagnols. En revanche, le judéo-espagnol calque, ou ladino, langue liturgique, ne sera pas atteint par ces changements et restera le ciment sacré et linguistique de la nation judéo-espagnole.

Le latino ou judéo-espagnol calque, langue pédagogique et liturgique
Les juifs d'Espagne chrétienne étaient hispanophones et ignoraient pour la plupart l'hébreu, langue liturgique. Les rabbins eurent recours à une traduction littérale des textes bibliques et liturgiques, hébreux et araméens, en un Espagnol qui semble remonter au XIIIe siècle. C'était utiliser les ressources de la langue de tous les jours, alors appelée ladino (ou romance ou Espagnol), pour calquer la langue sacrée et en produire le miroir sous habillage espagnol. Ainsi ce ladino importé des juiveries espagnoles se perpétua-t-il jusqu'à nos jours. Sa fonction devint pédagogico-liturgique. Aujourd'hui, la confusion entre ces deux modalités du judéo-espagnol, la modalité vernaculaire ou djudezmo d'une part, la modalité calque, ou ladino, d'autre part, est presque générale, pour diverses raisons, le terme ladino l'emporte pour désigner globalement le fait linguistique judéo-espagnol.

Le romancero
Outre la langue, les juifs espagnols emportaient également avec eux toute une littérature orale d'un intérêt considérable : proverbes, contes et romansas. Ces dernières étaient chantées et s'inspiraient des ballades populaires espagnoles traditionnelles. Les mélodies, qui accompagnaient ces romansas et qui permettaient ainsi de les mémoriser plus facilement, contribuèrent à leur conservation et à leur transmission, du XVIe siècle à nos jours, à travers toutes les communautés sépharades orientales et d'Afrique du nord. Le romancero judéo-espagnol perpétue, en l'adaptant, le romancero espagnol du Moyen-Âge et de la Renaissance. Les thèmes varient selon la distance d'une communauté séfarade donnée de la Péninsule Ibérique : ainsi les romansas d'Afrique du nord sont-elles très différentes de celles de l'Ancien Empire Ottoman, sur le plan des textes. Leur caractéristique commune cependant est ce que l'on pourrait appeler la "déchristianisation" du romancero espagnol traditionnel ; les juifs s'efforcèrent d'éliminer des romansas toute allusion aux croyances chrétiennes. Le romancero judéo-espagnol est de tradition essentiellement orale.

Le romancero et sa tradition musicale.
À l'époque de l'Exil, les juifs espagnols et portugais possédaient une musique traditionnelle profane où l'on trouvait des genres populaires nationaux, comme la villancico ou romance. Les juifs qui s'exilèrent vers l'Ouest perdirent toute trace de leur passé traditionnel hispanique. On ne retrouve donc l'héritage culturel de la diaspora séfarade qu'en Afrique du nord (Tanger, Tétouan, Larache et Oran) et sur le pourtour de la Méditerranée orientale (Sarajevo, Salonique, Istanbul, Izmir, Rhodes et Jérusalem). Le romancero représente un des premier stade de développement de la ballade hispanique, dans ces caractéristiques du XVe siècle, notamment la conservation d'un certain nombre de thèmes courants dans le genre épique de la Castille médiévale tardive. On y trouve également des sources françaises, des événements de l'histoire espagnole, des thèmes variés de la bible et de l'Antiquité classique et, une grande variété d'aventures qui entremêlent des éléments narratifs et lyriques. C'est ainsi que le romancero judéo-espagnol traditionnel a en commun nombre de thèmes avec la ballade pan-hispanique, c'est-à-dire espagnole, portugaise et catalane. Il faut souligner que le nombre de ballades, qui nous sont parvenues aujourd'hui, se compte par milliers. Les études menées sur ces musiques montrent différentes catégories stylistiques, selon qu'elles viennent d'Europe de l'Est ou d'Afrique du nord. Il est évident que divers éléments des pays dans lesquels elles se sont développées s'y sont infiltrés. Dans de nombreuses communautés séfarades, des poètes composaient des poèmes liturgiques ou semi-liturgiques en hébreu, modelés sur les mélodies des ballades, utilisant celles-ci comme des timbres. Cette tradition remonte déjà à l'âge d'or hispano-hébraïque. Ces romanceros ont trait au calendrier liturgique ou intègrent les différents aspects de la vie profane: berceuses, chants d'enfants, chants d'amour, de mariage, lamentations de deuil' certaines fêtes (circoncision, bar-mitsvas, Pâques, Hannoucah ou Pourim), admettent même des chants profanes en rapport avec l'événement.
Ainsi s'est créé un style original, qui prenant les mélodies des ballades espagnoles comme point de départ, y a greffé des paroles en rapport avec la vie juive dans tous ses aspects, y compris certains aspects religieux, liturgiques ou semi-liturgiques.






PROGRAMME


CHANTS JUDÉO-ESPAGNOLS
Isi Hod



1. AVRE TU PERTA CERRADA - OUVRE TA PORTE
Sérénade du XIVe siècle, d'origine italienne.
2. UNA PASTORA YO AMI - J'AI UNE BERGÈRE
Romance du XIVe siècle, d'origine espagnole, influence italienne. L'amoureux chante son amour pour la bergère dont il a perdu la trace.
3. DURME, DURME - DORS, DORS
Berceuse du XVIe siècle, Italie. La mère raconte ses malheurs à son enfant endormi.
4. LA ROSA ENFLORECE - LE ROSIER EN FLEURS
Turquie, XVIe siècle. À l'origine, chanson de marins, devenue mélodie d'une célèbre prière en hébreu : tsour michelo achalnou.
5. TU MADRE QUANDO TE PARIO
Italie XVIIIe siècle. L'amoureux déçu, quitte sa bien-aimée et se prépare déjà à une nouvelle aventure. Verdi a utilisé cette mélodie pour une aria de la Traviata.
6. LA PETITE A ROUGI
7. LES TROIS MERVEILLEUSES
8. JE REGARDERAIS VERS LA FENETRE
6, 7, 8, trois chansons judéo-espagnoles du XIVe siècle, chantées ici en hébreu Traditionnellement ces airs étaient chantés en Espagne à l'occasion des mariages.
9. YIGDAL ELOHIMHAI - mélodie originaire de Turquie
Au XVe ou XVIe siècle, chant traditionnel de la fin de l'office du shabbat. À l'origine, ce chant énumérait les fondements de la foi juive selon Maimonide. Devenu chant populaire et chanté en dehors des offices religieux.

10. YEN DOME PARA MARSILIA - EN PARTANT POUR MARSEILLE
Turquie XIX siècle. Chansons de marins, la mélodie serait d'origine arabe.

11. PUNCHA, PUNCHA LA ROSA - PIQUE, PIQUE LA ROSE.
Turquie XVIIe siècles. Influences européennes.
12. AVRICH MI GALANICA - OUVRE-MOI, MA BELLE
Turquie XVIe siècle. Comment endormir la grand-mère pour qu'elle permette aux jeunes amoureux d'être ensemble.
13. LA CARDILLO
En italien, XIXe siècle. Romance célèbre.


CHANTS YIDDISH
Ari Laïch et Hannah Riber

1. OIFN PRIPITCHIK - DANS LA CHEMINÉE
Le rabbin dit aux enfants : "au-delà des lettres de l'alphabet, vous comprendrez les souffrances du peuple juif".

2. GOT FUN AVRAM - LE DIEU D'ABRAHAM
L'enfant ne veut pas que le shabbat s'achève.

3. A ZEMMERL - UNE PETITE CHANSON
Qu'est-ce que du pain, du poisson, de la viande, demande-t-on au rabbin. "Cela dépend pour qui..."

4. FREGT DIE WELT AN ALTE CACHE - LE MONDE POSE UNE ANTIQUE QUESTION
Satire de l'exégèse.

5. UNTER DIE GRININKE BAIMELEKH - SOUS LES GENTILS ARBRES VERTS
Chanson du grand poète Bialik.

6. A MAIDELE IN DIE YOREN - LA JEUNE FILLE SANS DOT SE PLAINT D'ÊTRE ABANDONNÉE

7. MELAKHA, MELUKHA - LE TRAVAIL EST UN ROYAUME
L'artisan dit sa fierté pour son travail.

8. YANKELE
La mère endort son bébé et l'encourage à devenir un grand homme.

9. SCHLOF, SCHLOF - BERCEUSE
Papa nous apportera une oie de la ville.

10. A HAZAN OIF SHABBES - UN HAZAN POUR LE SHABBAT
Trois artisans louent le chant de leur hazan : "Il est comme le son du marteau dit le cordonnier, comme les chevaux au galop, dit le cocher, comme un fils de soie, dit le tailleur".

11. MOTELE-LE
Le père reproche à son fils de ne pas étudier. L'enfant préfère admirer le vol des colombes en liberté.

12. SCHNEIDER LIEDER - CHANSONS DE TAILLEURS

Origine géographique

Europe

Mots-clés

Date (année)

1986

Cote MCM

MCM_1986_EUR_S1

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Titre Localisation Date Type
Europe. Chants Yiddish et Judéo-Espagnols. Photos Europe 1986-06-16 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1986 1986