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Europe. La Hazzanout (musique synagogale) et les chants de tradition Samaritaine. Spectacle

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Évènement

Titre

Europe. La Hazzanout (musique synagogale) et les chants de tradition Samaritaine. Spectacle

Date

1986-06-19

Date de fin

1986-06-23

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

19, 22-23 juin 1986
LA HAZZANOUT (musique synagogale)
Les formes musicales fondamentales du chant synagogal, apparu après la destruction du Temple en 70 après. J.C. sont la psalmodie: lecture de la Bible selon certaines formules mélodiques et le chant sur un rythme libre qui se perpétuera aussi dans le plain-chant. Les mélodies, exécutées sans accompagnement, se sont transmises par la tradition orale. La structure modale est un autre caractère du chant synagogal. Il faut entendre ici le terme "mode" dans le sens d'un ensemble de formules mélodiques, qui se meuvent à l'intérieur d'une certaine échelle. C'est dans les modes de la cantillation biblique, qui constituent sans aucun doute la partie la plus ancienne du chant synagogal, ainsi que dans ceux des modes des prières ' qui furent calqués sur la cantillation biblique - que l'on retrouve une certaine parenté entre les diverses traditions occidentales et orientales, témoin, sans doute, d'une source commune plus ancienne. Il se peut que l'emploi des fioritures et longs mélismes, autre élément caractéristique du chant sémitique, que l'on rencontre souvent dans les prières, remonte aux origines du chant synagogal.

Le Moyen-Âge rabbinique jusqu'à la Renaissance (VIe ' XVIe siècle)
Les siècles qui suivront l'achèvement du Talmud (vers 500 après J.C) verront l'apparition de trois faits nouveaux qui marqueront le chant synagogal d'une empreinte durable.
Le cantillation biblique, tout d'abord, qui se trouvera une expression graphique dans l'élaboration des systèmes de notation des accents (te amim). Ces accents jouèrent un rôle considérable dans le maintien de la tradition musicale des diverses communautés. Leur emploi présuppose la connaissance des"modes" traditionnels, et leur graphie constitue un moyen mnémotechnique pour régler la succession des formules mélodiques à l'intérieur d'un "mode" donnée.
Les accents répondent dont parfaitement aux exigences d'une "modalités" caractérisée, non pas par une succession d'intervalles, mas par un ensemble de formules mélodiques.
La liturgie, d'autre art, connaîtra une impulsion nouvelle avec l'épanouissement des piyyûtîm, poésies religieuses. L'interdiction de l'exégèse homilétique dans la Synagogue, promulguée par Justinien 1er (553 après J.C.) est généralement considérée comme la cause immédiate de l'introduction de la poésie religieuse (Piyyûtîm), dont la forme devait camoufler le contenu homilétique dans l'office liturgique. La floraison des piyyûtîm devait considérablement influencer sur l'évolution du chant liturgique et paraliturgique. Elle devait d'abord favoriser l'introduction à la synagogue à côté des cantillations anciennes de structure entièrement libre, de chants dont le rythme et la forme s'appuient sur la structure métrique et formelle des piyyûtîm. Il faut mentionner ici la pratique courante d'indiquer en tête du piyyût, le timbre (en général l'incipit d'un autre piyyût dont la mélodie est bien connue) qu'il convient d'adopter pour le chant de ce piyyût. Ces rubriques dont l'emploi devait se perpétuer à travers le Moyen-Âge jusqu'à nos jours, n'indiquèrent d'ailleurs pas seulement des mélodies prises au répertoire traditionnel juif : on y trouve à côté de certains maqamat arabes, l'indication de mélodies espagnoles, provençales, italiennes et allemandes.
Enfin, dernier fait nouveau de la Synagogue verra l'institution du chantre (hazzan) devenir emploi professionnel. Le développement de la liturgie, en effet, dû à l'épanouissement de la littérature des piyyûtîm, incorporés selon les rites et les occasions à l'intérieur des prières de base, le goût de plus en plus prononcé pour les parties chantées de l'office ainsi que le déclin de la connaissance de l'hébreu parmi les fidèles, tous ces facteurs contribuèrent à l'institution du hazzan-officiant, employé professionnel de la synagogue. Le hazzan est un soliste vocal à qui il revient de synchroniser la prière de la congrégation en reprenant seul à voix haute les fragments successifs de l'office liturgique et pour certains fragments très importants, de les chanter entièrement en solo.

Évolutions ultérieures du chant synagogale en Europe de l'Est et de l'Ouest
En Europe de l'Est: Les persécutions des Juifs de l'Europe de l'Ouest amenèrent, à partir du XIe siècle, des vagues successives d'immigrants, pour la plupart d'origine allemande vers les pays de l'Europe de l'Est. Ces migrations auront pour conséquence, surtout à partir du XVIe 'XVIIe siècle, la création, dans ces pays de centres juifs, qui formeront, jusqu'à leur extermination massive au cours de la deuxième guerre mondiale, le centre de gravité du judaïsme mondial.
Les premiers juifs allemands trouvèrent à leur arrivée des communautés d'origine et de tradition orientales, tradition qui fut vite supplantée par celle des immigrants allemands, tout comme la langue judéo-allemande devait devenir la base des différents dialectes du yiddish, langue courante de ces communautés. Mais le chant ashkénaze de l'Est a sans doute absorbé à son tour, à côtés de nombreux éléments du chant slave, des éléments caractéristiques du chant oriental. La gestation de ce chant synagogale semble avoir abouti à sa forme définitive au XVIIIe siècle. Le chant synagogal en Europe de l'Est deviendra un véritable chant populaire. L'emploi du hazzan professionnel connaîtra en Europe de l'Est une impulsion particulièrement vivante. Son rôle sera de donner une expression artistique,"savante", au chant synagogal traditionnel, tâche dont il s'acquittera en créant un style remarquablement personnel, les principaux caractères étant d'abord la qualité de la voix ' une sorte de ténor lyrique, à sonorité nasale ' l'improvisation et une ornementation extrêmement poussée et raffinée, dans le mode des coloratures.
À côté du chant proprement liturgique, on verra en Europe de l'Est, vers le milieu du XVIIIe siècle, l'épanouissement d'un chant religieux populaire, le chant hassidique, qui marquera la dernière étape créatrice dans le domaine de la musique juive avant la renaissance du chant populaire dans l'Israël contemporain.
En Europe de l'Ouest : Le chant synagogale en l'Europe de l'Ouest, marqué par le processus d'assimilation de la musique européenne, sera, à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, le champ d'une activité intense. On verra un nombre de plus en plus important de hazzanim consigner par écrit les mélodies employées par eux à l'office. À de rares exceptions près, on y trouve aucune trace des modes traditionnels du chant ashkénaze. Ces hazzanim cherchent à introduire, autant que possible, de nouvelles mélodies de leurs propres cru, imitant parfois le style, souvent instrumental, du XVIIIe siècle allemand.
Au XIXe siècle, le combat pour l'émancipation entraîne aussi l'assimilation du chant synagogal à la musique chorale de l'époque, avec, dans certaines régions, accompagnement d'orgue. L'institution du choeur à quatre voix sera fondée en 1822 à Paris. Depuis cette époque, une bonne partie de la musique synagogale est composée dans les styles européens modernes, leur rattachement à la tradition restant une problématique constante.

Les chants religieux de tradition samaritaine
Historique:
Jusqu'au milieu du XXe siècle, il était établi que les Samaritains descendaient d'une fusion entre les populations vivant en Samarie (contrée de Palestine, entre la Judée et la Galilée inférieure) et les colons que les rois d'Assyrie y installèrent après la conquête de ce pays au VIIIe siècle avant J.C., en remplacement des tribus déportées. Deux types de sources viennent éclairer l'histoire des Samaritains : les Livres des Chroniques samaritaines d'une part, des sources scripturaires, non-samaritaines d'autre part. D'après leurs Livres des Chroniques, les Samaritains se proclament les descendants directs des tribus de Joseph, Mannassé et Ephraïm. Ils ont des grands prêtres descendant d'Aaron. Ils se présentent donc comme une entité religieuse distincte en Israël et ce, à travers l'époque des Rois, puis les diverses dominations.
Le terme même de "Samaritains" apporte peu d'éclaircissement. La Bible emploie le mot : "Shomronim" qui signifie "habitants de Samarie", plutôt que "Samaritains".
Les "Samaritains" quant à eux, se dénomment les "observants, les gardiens de la vérité", appliquant le mot "Shomronim" aux habitants de la ville de Samarie édifiée par Omri (capitale du Royaume du Nord jusqu'à sa conquête par les Assyriens ; c'est sur son emplacement que sera édifiée par Hérode le Grand la ville de Sébaste).
A la création de l'Etat d'Israël la communauté samaritaine se divisa en deux centres : le premier à Sichem (Naplouse), et le second en Israël. En 1949, l'Etat d'Israël reconnut aux Samaritains le statut de citoyens israéliens
Actuellement, les Samaritains sont toujours partagés en deux centres distincts : Naplouse-Sichem et Holon-Tel-Aviv, et comptent environ cinq cents âmes (soit le double d'il y a trente ans).

Religion et coutumes
Les Samaritains ne reconnaissent que le Pentateuque et le Targoum samaritain (Memar Markah). Ils possèdent une littérature riche et diverse : livres de Chroniques, livres d'exégèse du Pentateuque, poésie liturgique.
Leurs croyances reposent sur six articles de foi : croyance en un Dieu unique, reconnaissance du Pentateuque, reconnaissance de Moïse en tant que seul et unique prophète, sacralité du Mont Gerizim, lieu du sanctuaire, croyance en la résurrection des morts, croyance en celui qui rétablira l'ordre du monde au jour dernier. L'importance des grands-prêtres est une caractéristique essentielle de la vie religieuse des Samaritains : interprètes de la loi et gardiens du secret du calendrier qui régule les fêtes.
Les Samaritains ne reconnaissent pas le Talmud. Leur système législatif se fonde sur l'interprétation directe des commandements bibliques. Ils ne possèdent pas, par conséquent de Halakhah semblable à la halakhah juive. Les Samaritains respectent les fêtes juives traditionnelles,le shabbat et accomplissent le sacrifice rituel de Pâques sur le Mont Gerizim. Le code législatif samaritain permet les mariages avec les Juifs, sur autorisation du grand-prêtre à condition que le conjoint se convertisse et s'il en est déclaré apte par le grand-prêtre.
Les Samaritains, en effet, considèrent les Juifs comme le peuple qui a dévié du droit chemin mais qui y retournera "au jour de la vengeance et de la récompense"

Littérature et liturgie
Tout au long de leur histoire, les Samaritains ont eu quatre langues: l'hébreu, le grec, l'araméen et l'arabe. L'hébreu langue liturgique renaît au XIVe siècle. Cet hébreu tardif est mêlé d'aramaïsmes. Seuls quelques fragments en grec subsistent de l'époque hellénistique. L'araméen semble avoir été utilisé dans leurs écrits dès le début de l'époque romaine jusqu'au XIe siècle. L'arabe fut la langue parlée pendant plusieurs siècles. Le Pentateuque samaritain, le Targoum et certains ouvrages d'exégèse, présentent un texte en trois colonnes: hébreu, araméen et arabe. L'ouvrage le plus ancien est donc le Pentateuque, au centre de la vie religieuse. Puis vint le Targoum, fidèle traduction du Pentateuque en araméen (1-IVe siècle après J.C.). Enfin, un rituel de prières, le Defter. La littérature araméenne est entièrement centrée autour du Pentateuque et de la vie religieuse de la communauté. La littérature liturgique,"halakhique", midrachique, grammaticale, lexicographique, philosophique, ainsi que les Livres des Chroniques, est tout entière tendue vers un but unique: faire comprendre à la communauté le sens et l'intention du Livre révélé et lui apprendre à accomplir ses commandements.

La tradition musicale.
La musique samaritaine est sans conteste très archaïque, ce qui s'explique aisément par l'extrême conservatisme et exclusivisme religieux de cette communauté. La musique liturgique samaritaine se présente sous la forme d'un organum, en intervalles parallèles, souvent dissonants, notamment la seconde. Le registre dans lequel ces mélodies sont chantées est extrêmement limité et n'excède souvent pas la tierce. Il existe, en outre, des bourdons, notes tenues au-dessus desquelles s'élabore cet organum parallèle.


PROGRAMME


1- HAZANOUT KURDE
Hazan (chanteur) : Ezra Mordehai

a) Kol Nidré
Prière de Yom Kippour (en hébreu)
Maqam (mode) : Bayat

b) Passage de la Thora lu pendant le shabbat
Maqam : Bayat

c) Psaume de David "heureux l'Homme" en hébreu
Maqam : Hosni

d) Dror Ikra - chant du Shabbat -
Chanté à la table de la famille (en hébreu)
Maqam : Hijaz

2- HAZANOUT PERSAN
Hazan : Moché Nissan

Dror Ikra - Chanté à la table de la famille (en hébreu)
Maqam : Hijaz


3- HAZANOUT IRAKIEN
Hazan : David Habba
Qanoun (Zithare trapézoïdale) : Avraham David Cohen

a) Prière (en hébreu)
Maqam : Ziga

b) Prière (en hébreu)
Maqam : Ziga

c) Prière (en hébreu)
Maqam : Bayat

d) Prière (en hébreu)
Maqam : Bayat


4- HAZANOUT SAMARITAIN (en langue samaritaine)
Avraham et Yefet Tsedaka, Avraham Chodorov

a) Extrait de la "Paracha" de la semaine
Lecture hebdomadaire de la bible en famille.

b) "El chaar ha Chamayin" (vers la porte des cieux)
Cantique du XIVe siècle pour l'office du Kippour. Des séries d'onomatopées interviennent dans le texte.

c) "Az Yachir Moché" (cantique de la mer)
Chanté pendant l'ascension du mont Grizim à Pâques.


5- HAZANOUT ASHKENAZE
Hazan : Chalom Rakovski

a) "Ana avda" (en hébreu)
Prière chantée au moment de la sortie des rouleaux de la Loi.

b) Prière du Kippour (en hébreu)

c) Cantique du shabbat chanté à la table du Rabbin.


6- HAZANOUT DE BOUKHARA
Mordechaï Rachaminov, Elie Balchiyof, Avner Babaiof

a) Lecture du "zohar" de Rabbi Chimone
Bar Yohai à l'occasion des commémorations funéraires. Les juifs de Boukhara chantent ce texte dans sept mélodies différentes (en araméen).

b) "Tefilat Hamida" (en hébreu)
Prière du Kippour

c) Cantique pour le repas de shabbat
(En persan et hébreu)


7- HAZANOUTSYRIEN ET EGYPTIEN
Hazan : Chelomo Cohen Arazi

a) Prière du Kippour (rite syrien, en hébreu)
Maqam : Hijaz

b) Prière du Kippour (rite syrien, en araméen)
Maqam : Bayat

c) Cantique du shabbat (rite égyptien, en hébreu)
Maqam : Kurdi

d) Prière pour le shabbat et le Kippour (rite égyptien, en hébreu)
Maqam : Hijaz


8- HAZANOUT MAROCAIN
Hazan : Mordehaï Bouzaolo
Violon ' Kemanché : Yossef Shriki

a) Prière de synagogue (en hébreu)
Maqam : Iraqi

b) Prière du Kippour (en hébreu)
Maqam : Maia

c) Prière du Kippour (en hébreu)
Maqam : Maia

d) Prière du vendredi soir (en hébreu)
Maqam : Ziga

e) Chant pour les fêtes heureuses
Maqam : Maia


9- HAZANOUT SEPHARADE DE JÉRUSALEM
Moché Nissan, Elie Balkiov, Avner Babaiov, Chelomo Cohen Arazi

a) Cantique des Cantiques (en hébreu)
Chanté au début du Shabbat pendant la période de l'Omer
Maqam : Hosni

b) "El Méleh Yochev" (en hébreu)
Prière du Kippour ponctuée dans sa phase finale par le son du "Choufar" (Corne de bélier)
Maqam : Bayat

c) Cantique du shabbat pour la maison, chanté pendant la période de septembre à avril.
Maqam : Rast
NB : Le rite sépharade de Jérusalem tend à s'imposer comme le rite dominant dans la liturgie des juifs d'Orient en Israël.

Origine géographique

Europe

Mots-clés

Date (année)

1986

Cote MCM

MCM_1986_EUR_S2

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Titre Localisation Date Type
La Hazzanout (musique synagogale) kurde, persan, irakien, ashkenaze, de Boukhara, syrien et egyptien, marocain, sépharade et les chants de tradition Samaritaine. Photos Europe 1986-06-19 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1986 1986