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Europe. Kasbek, Musique d'Europe orientale et Klezmer. Spectacle

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Évènement

Titre

Europe. Kasbek, Musique d'Europe orientale et Klezmer. Spectacle

Date

1996-02-08

Date de fin

1996-02-13

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

8-13 février 1996
Frieder Breitkreutz (violon), Andreas Karpen (balalaïka), Uwe Sauerwein (guitare, chant), Christian Muller (balalaïka basse).

Klezmer, contraction des termes hébreux klez et zemer, signifie littéralement le "chant des instruments". Il recouvre toutes les musiques juives des shtetl d'Europe orientale et s'applique donc à une culture qui n'existe pratiquement plus là où elle est née.
Si le klezmer a survécu, on le doit donc aux communautés qui, pour échapper aux persécutions, émigrent aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Ces communautés se rassemblant autour d'une langue commune, le yiddish, mirent en commun leurs diverses pratiques musicales et constituèrent ainsi un vaste répertoire mêlant des morceaux et des danses d'origines diverses (Roumanie, Hongrie, Pologne, Russie et Ukraine, Balkans').
De même, les petits ensemble instrumentaux kapelyes se transformèrent, donnant un rôle de plus en plus important à la clarinette. Dès la fin des années 10, les compagnies de disques américaines virent le parti qu'elles pouvaient tirer du marché musical juif. Entre 1905 et 1942, ce ne sont pas moins de 700 morceaux qui furent publiés par des klezmorim célèbres, tels qu'Abe Schwarz, Harry Kandel, Naftule Brandwein, Dave Tarras'À la même époque, se développa aussi le théâtre yiddish de Broadway dont Aaron Lebedeff fut l'une des figures légendaires.
Après la guerre, le klezmer tomba dans l'oubli, supplanté par le jazz et le rock. Cependant à partir des années 70, le travail de recherche, de compilation et de réédition de vieux 78 tours, mené notamment par Henry Sapoznik (créateur des Archives Sonores de l'Institut de Recherches Juives de New York) provoqua une nouvelle prise de conscience de la communauté juive américaine. Les enregistrements réédités suscitèrent l'intérêt de musiciens juifs aussi bien que non-juifs, et en 1984 on assista à une renaissance du klezmer avec des musiciens de réputation internationale comme Sid Beckerman, Howie Lees, Max Epstein, Giora Feidman, Joel Rubin ou les Klezmatics. Peu de temps après, cette renaissance du klezmer produisit ses premiers effets en Europe, notamment en Allemagne de l'Ouest chez les jeunes générations apparemment désireuses de surmonter une culpabilité historique. Mais ce phénomène fut aussi le résultat de la vitalité du klezmer et de la fascination qu'il exerce jusqu'à aujourd'hui.
Si les matériaux du klezmer sont largement empruntés aux musiques traditionnelles des régions dans lesquelles vivaient les juifs, on constate aussi que des mélodies typiquement juives ont effectué le trajet inverse, les klezmorim, tout comme les musiciens tsiganes et parfois avec eux, étant souvent engagés par des goym pour animer les fêtes profanes.
Le klezmer comprend des genres très divers tels que le kazachok, la kolomyjka, la krakowiak, la polka, la hora, la sirba, la czarda, la valse et même le tango.
Mais les plus prisés sont la bulgar, musique de danse à 8 temps qui s'inspire d'une pièce d'origine roumaine dansée bulgareasca (c'est-à-dire "à la Bulgare"), les danses rapides freylekh ou encore les sher, sortes de quadrilles typiquement juifs, que l'on peut enchaîner sous forme de suites.
De même, plusieurs chants yiddish ont leurs équivalents dans les musiques des populations non-juives, par exemple dans la musique russe d'inspiration populaire du siècle dernier et en particulier dans ce qu'on appelle les romances tziganes russes qui figurent aussi au répertoire de Kasbek. En raison de ces similitudes, on peut donc parler de musique judéo-russe. Néanmoins la plupart des chansons yiddish, tout comme le klezmer, ne sont pas nées sur le territoire de la grande Russie, mais au sein des traditions musicales très diversifiées de l'ouest de l'Ukraine (Galicie), de la Bessarabie, de la Roumanie et dans une certaine mesure des pays balkaniques situés plus au sud.

DU KLEZMER AVEC DES BALAÏKAS ?
La balalaïka n'est certes pas l'instrument typique du klezmer. En fait, c'est aux Etats-Unis qu'elle s'y est introduite timidement, tout comme la clarinette aujourd'hui presque incontournable. L'instrumentation originale de la plupart des kapelyes, les orchestres-types, réunissait deux violons (un pour la mélodie et un pour l'accompagnement), un petit cymbalum, une batterie portable et parfois une flûte. Elle ne se distinguait donc pas des kapella carpato-ukrainiennes, polonaises ou biélorusses ni des ensembles slovaques, hongrois ou roumains. La balalaïka en revanche, luth archaïque à trois cordes, était directement issue de la tradition villageoise de la grande Russie. Modifiée vers 1885 par l'aristocrate Vassili Andreïev, elle conquit le public d'Europe occidentale, notamment à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900 à Paris. La qualité, l'intensité et la pureté de ses sons avaient atteint une telle perfection qu'en Russie on commença à réaliser le rêve que caressait Andreïev : créer des orchestres de balalaïkas de cinq tailles différentes pour lesquels était transcrit tout le répertoire de la musique européenne.
Les orchestres de balalaïkas qui se constituèrent par la suite aux Etats-Unis et en Europe visaient un autre but : évoquer le souvenir nostalgique du pays natal perdu. S'ils jouaient rarement de la musique classique, ils privilégiaient en revanche les mélodies sentimentales de l'ère pré-révolutionnaire, souvent empreintes de scepticisme et de résignation, celle-là même que les apparatchiks combattaient en raison des valeurs "bourgeoises et décadentes". Scepticisme, mélancolie et ironie sont également présents dans nombre de chansons judéo-russes.
Elément rapporté, souvenir de la patrie russe, la balalaïka a donc trouvé sa place dans l'émigration russe et dans certains ensembles de musiques juives. D'instrument d'accompagnement, elle est devenue un instrument soliste capable de jouer des pièces instrumentales russes, ukrainiennes ou polonaises.

KASBEK
Le nom de l'ensemble ne vient ni du mont Kasbek dans le Caucase, ni de la célèbre marque de cigarette soviétique, mais du titre d'un morceau, version instrumentale d'un chant d'inspiration caucasienne de la Vieille Russie. Enregistré sur "cires" dans différentes versions par de petits et grands orchestres de balalaïkas, on pouvait encore l'entendre dans les restaurants russes des années 50.
Dans les années qui suivirent l'érection du Mur (1961), Berlin-ouest n'a d'oreilles que pour les musiques d'outre-Atlantique. Même le folk, très à la mode à cette époque, est dominé par des musiques anglo-américaines. Les fondateurs de Kasbek, alors étudiants, entreprennent donc d'ajouter une bonne dose "d'est" à la vie musicale berlinoise. Le succès de leurs premiers concerts de rues se confirme dans les Folk-Lokale et les pubs musicaux de la ville, suivi de tournées en Allemagne et en Europe. Leur répertoire, essentiellement composé de chants et de danses des peuples de l'Union Soviétique et des Rom va s'élargir grâce à de nombreux contacts avec des musiciens des Balkans. En 1984, Kasbek est à la recherche d'un nouveau chanteur et porte son choix sur Uwe Sauerwein qui se produisait dans des tours de chants et d'histoires yiddish. À dater de ce moment, Kasbek consacre la majeure partie de son répertoire au klezmer, ce qui lui vaut d'être le seul ensemble local à invité à se produire aux journées de la culture juive (Berlin) aux côtés de star internationales comme Brave Old World, le clarinettiste Giora Feidman ou les Klezmatics.
Kasbek remporte le deuxième prix au concours Musica Vitale organisé en 1995 par le Verkstatt der Kulturen in Berlin. Chérif kaznadar, membre du jury, décide de les inviter à Paris et de leur consacrer un CD dans la collection INEDIT/Maison des Cultures du Monde.

Frieder Breitkreutz (violon), est né en 1944 dans la ville aujourd'hui polonaise de Gubin, et a grandi à Berlin; il est pasteur. Après avoir appris le violon classique dans son enfance, il se tourne vers les musiques traditionnelles et participe à des orchestres et ensembles de musique des Balkans.

Andreas Karpen (balalaïka), né en 1943 à Berlin, est médecin. Musicien autodidacte, il joue depuis l'âge de seize ans. Il découvre la musique populaire russe auprès de ses parents et de la communauté russe émigrée. Il parle le russe et plusieurs langues slaves ainsi que le rom. Il participe à de nombreuses formations musicales d'Europe de l'Est et du Sud-Est.

Christian Müller (balalaïka basse), né en 1945 à Berlin, est architecte. Il découvre les musiques d'Europe orientale grâce à des organisations de jeunesse, des orchestres d'immigrants et des voyages à l'étranger. Guitariste et joueur de balalaïka il découvre son instrument actuel chez un brocanteur. Il participe à des orchestres de musique populaire grecque, azerbaïdjanaise, turque et russe.

Uwe Sauerwein (chant et guitare), né en 1959, a grandi à Gießen près de Francfort-sur-le-Main, il est journaliste. Acteur de seconds rôles au théâtre, il se rend à Berlin en 1980 pour y étudier la musicologie. Il participe à divers orchestres folk, monte des spectacles de chants et d'histoires yiddish, et se produit en concerts avec des klezmorim américains.

Avec le soutien du Verkstatt der Kulturen in Berlin et de l'International Institue for Traditional Music (Berlin)
Le concert est enregistré par Radio France et sera diffusé sur France Musique le 11 mars à 24h.

Contributeurs

Origine géographique

Europe

Mots-clés

Date (année)

1996

Cote MCM

MCM_1996_EUR_S1

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Titre Localisation Date Type
Saison 1996 1996