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Europe. Le Golem, Théâtre chanté de Moni Ovadia. Spectacle

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Évènement

Titre

Europe. Le Golem, Théâtre chanté de Moni Ovadia. Spectacle

Date

1993-02-02

Date de fin

1993-02-07

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

2 au 7 février 1993
Première à paris. En français, italien, yiddish, allemand
Coproduction C.R.T Artificio Milano ' Le Rond-Point

Dans la tradition hébraïque, le Golem est le gigantesque humanoïde d'argile, crée par le rabbin Löw au XVIe siècle, et utilisé pour défendre le guetto contre les persécutions. Le Golem mis en scène par Moni Ovadia et Danièle Abbado, est avant tout une histoire à écouter. La musique envahit la pièce et lui transmet son énergie jusque dans les moindres sons, car la langue même, qu'elle soit yiddish, française ou italienne, est musique.
Dramaturgie et mise en scène Daniele Abbado et Moni Ovadia
Musique originale d'Alessandro Nidi
Musique traditionnelle yiddish Maurizio Deho et Gian Pietro Marazza
Chorégraphie Elisabeth Boeke
Décors et costumes Pierluigi Bottazzi
Lumières Gigi Saccomandi
Avec
Moni Ovadia Jehuda Löw, le rabbin
Giuseppe Zambon Contre tenor et voix récitante, l'ombre
Olek Mincer Abraham Chajim, le serviteur de la synagogue
Maria Colegni, Benedetta Laurà,
Roberta Zanuso Rahamim, la miséricorde
Elsa Brambilla Dveirle, l'enfant
et Klezmorim Le peuple du ghetto
Et les musiciens
Riccardo Crotti, contrebasse, Maurizio Deho, violon, Mario Fragiacomo, trompette, Alfredo Lacosegliaz, percussions, Gian Pietro Marazza, accordéon, Patrick Novara, hautbois et clarinette, Michele Fedrigotti piano, Marcello Sirignano, violon et Luigi Negretti, violoncelle.

La légende du Golem
L'histoire du Golem est très ancienne. La version la plus connue est la légende du rabbin Löw, une grande figure de la communauté juive de Prague au XVIe siècle.
On raconte qu'il a insufflé la vie à un géant d'argile au moyen de la parole juive "emet" qui signifie "vérité" en hébreu. Cet humanoïde, qu'on appelle le Golem, a pour mission de servir la synagogue et de protéger le ghetto juif contre les persécutions.
Le jour du Shabbat, jour saint par excellence, il est sensé être de repos. A l'aide de rituels et de formules kabbalistiques, on retire l'aleph (première lettre de l'alphabet juif) du mot "emet", parole magique qui l'anime. "Met" voulant dire "mort", le Golem devient inerte.
Un vendredi soir, le rabbin oublie d'exécuter ce rituel. La rage du Golem se tourne alors contre son propre peuple et la rabbin Löw se voit obligé de faire face au pouvoir dévastateur de son ambition et d'admettre que sa créature redevienne argile.

Origines et sources d'inspiration
Le terme "Golem" apparaît pour la première fois dans le psaume 139,16 de David. Il est traditionnellement attribué à Adam. Son étroite relation avec la Terre symbolise son premier contact avec la Vérité. On retrouve le même concept en Méditerranée avec les légendes du Sefer Yetsira, livre de la Création, texte énigmatique, que les origines du Cosmos, que certains font remonter au VIIIe siècle, d'autres au IIIe siècle ou au IVe.
Mais c'est au poète et dramaturge yiddish, Leivik que l'on doit l'histoire du Golem à proprement parler. L'érudition et le caractère historique du personnage du Rabbi Juda Löw, communément appelé le "Maharal de Prague", suscitèrent autour de lui un foisonnement de légendes, que Leivik se chargea de transcrire.
Gustav Meyrink s'en inspirera pour écrire son roman Der Golem. Paul Vegener sortira également un film intitulé Golem qui annoncera le Docteur Mabuse, Nosferatu...
La création de Moni Ovadia s'inspire donc de ces sources qui ont influencé l'oeuvre de nombreux auteurs dont Rainer Maria Rilke et Franz Kafka. Cosmopolite et polyglotte, comme le peuple juif, cette pièce met l'accent sur le mélange et la variété des combinaisons linguistico-sonores.

Dévotion ou blasphème ?
"J'ai choisi d'oublier la philologie pour suivre une autre voie, en proclamant que cette musique transcende ses coordonnées spatio-temporelles "scientifiquement détermnées" pour nous parler des profondeurs de l'homme, de son âme blessée, de ses sentiments absolus, de ses rapports avec le monde naturel et social, de son être "saint" de sa possibilité de se dresser face à l'univers, faible mais sublime."
Moni Ovadia

Le spectacle de Moni Ovadia et Daniele Abbado est imprégné du mysticisme dialectique, issu des célèbres entres de la culture hébraïque (Padoue, Vilna, Varsovie, Amsterdam, Prague, Berlin...). Miroir de ce bloc culturel, à la manière du cinéma expressionniste, le Golem exprime une quête d'absolu.
Le rabbin, tel Dieu, est omnipuissant : il est en contact avec les forces du Bien et du Mal. Comme Dieu dans la Genèse, il crée à partir d'argile rouge un être à l'image de l'homme. Cette imitation du geste créateur divin revient à une transgression et voue son oeuvre à l'occultisme et à 1'ésotérisme. Le Golem a la forme de l'idole et s'anime grâce à la magie. Il est à lui seul un paradoxe qui hésite entre dévotion et blasphème. Les rapports qu'entretiennent le créateur et sa créature débouchent tantôt sur la collaboration tantôt sur la destruction. Le mythe illustre magnifiquement l'illusion anthropocentrique de l'homme et nous rappelle que la vérité, pour le peuple juif, n'est pas à connaître comme chez les grecs, mais à construire, puisqu'il s'agit avant tout d'une relation entre Dieu et les hommes. Le Golem est aussi la mémoire du peuple juif : il est écrasé par les ruines de l'Histoire qui se confirme dans le présent et s'annonce dans l'avenir.

Vers un théâtre total
Un peu comme les lamentations du chanteur de la synagogue qui ont quelque chose d'à la fois utopique et impuissant, dans leur insistance à vouloir rappeler 1'Eternel sur terre, l'idée du Golem est provocatrice. Exil, apparitions, ombres, souvenirs, messages et contradictions défilent métaphoriquement devant nous.
Monologues, dialogues et trilogues se croisent et s'entrecroisent dans un effet d'ensemble étonnant. Ils sont comme le noeud de cette dramaturgie où les personnages s'animent comme par magie. Le rabbin, le Golem, le serviteur de la synagogue muet mais loquace, le Peuple du ghetto, l'ombre qui émerge du monde de la Création et qui s'exprime avec les mots de Kafka, l'enfant et le Messie lui-même envahissent tour à tour la scène, le temps d'une danse, d'un mouvement, d'une mélodie. Car l'agitation musicale agit dans ce spectacle comme le levain avec la farine : il l'empêche de se reposer.
Le monde de Chaplin et celui des expressionnistes allemands hantent le récit de cette pièce, curieusement visuelle et sonore. Energie concentrée, elle est source de joie et de tourment. Du détail le plus anodin à 1'é1ément révélateur pourtant insoupçonné on passe du rire à la tragédie, de la peur la piété, de l'utopie au nihilisme. Malgré la diversité du propos, on est frappé par l'unité de pensée, de style et de rythme.
Moni Ovadia réussit son projet : celui de s'approcher d'une forme d'art la plus complète qui soit. Enigmatique, brûlant d'émotions et de beauté visionnaire, on ne sort pas de ce spectacle indemne.

Débat sur le Golem avec Raphaël Cohen, Maître en juidaïsme, exégète et écrivain, Tosine Grinberg-Cohen, Professeur de pensée et d'histoire juives. 7 février 1986.
Thèmes abordés :
Le Haut Rabbi Löw, son époque et son 'uvre
- Le golem dans la tradition hassidique et dans la littérature
Le Golem, selon les sources kabbalistes
- La force créatrice du langage
- La capacité humaine d'infléchir la réalité
- La place du savant dans le monde et par rapport à Dieu
- La conception messianique juive sur le devenir de l'homme.

Composition musicale, arrangements

Chorégraphie

Mise en scène

Décors et costumes

Régie

Origine géographique

Europe

Mots-clés

Date (année)

1993

Cote MCM

MCM_1993_EUR_S1

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Europe. Le Golem, Théâtre chanté de Moni Ovadia. Photos Europe 1993-02-02 Photo numérique
Europe. Le Golem, Théâtre chanté de Moni Ovadia. Affiche Europe 1993-02-02 Affiche
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Saison 1993 1993