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Arménie. Samvel et Jiora, musiciens de la vallée d'Alaverdi (Lori), Benik et Zaven, musiciens du Tavush. Spectacle

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Évènement

Titre

Arménie. Samvel et Jiora, musiciens de la vallée d'Alaverdi (Lori), Benik et Zaven, musiciens du Tavush. Spectacle

Sous-titre

Benik et Zaven, musiciens du Tavush

Date

2002-03-19

Date de fin

2002-03-20

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

19-20 mars 2002
A travers deux groupes originaires du nord et du nord-est de l'Arménie, ce concert propose un large éventail de la musique populaire arménienne telle qu'elle se joue encore aujourd'hui dans son contexte traditionnel : fêtes, mariages et enterrements, ainsi que des compositions classiques des grands bardes (goussan et achough) arméniens. En raison de la situation géographique de l'Arménie et de l'histoire cosmopolite du Caucase, la musique populaire arménienne fait partie des musiques moyen-orientales. Elle s'est toutefois constitué une identité très caractéristique, fruit de l'histoire atypique de ce peuple. Le groupe de Benik Abovian et Zaven Azibekian originaire de la région du Tavush, limitrophe de l'Azerbaïdjan, et celui de Samvel Davtian et Jiora Gharibian qui vient de la vallée d'Alaverdi, illustrent précisément cet héritage multiple auquel ils apportent en outre la marque de leurs personnalités. Ces artistes accomplis ont acquis par leur enracinement régional une réputation incontestable dans les vallées du nord de l'Arménie.
Tout au long de son histoire, la musique populaire arménienne s'est nourrie des traditions pastorales, du chant religieux et de l'art citadin des bardes, les goussans.
Aujourd'hui, elle offre deux visages bien distincts : d'une part la musique rurale, associée au travail et aux festivités villageoises, et d'autre part la musique citadine inspirée des mélodies religieuses médiévales et des chants épiques et lyriques des goussans. Les musiciens populaires arméniens revendiquent aujourd'hui cet héritage multiple, qui s'est considérablement enrichi au cours des XIXe et XXe siècles.

L'apport des prêtres savants du Haut Moyen-Âge
La transformation politique et culturelle majeure qu'a connu l'Arménie lors de l'adoption du christianisme au IVe siècle, a eu des effets spectaculaires sur la musique grâce aux travaux de grands auteurs médiévaux comme Khatchatour Taronetsi, Nercès Chenorhali le "gracieux", Mesrop Machtots l'inventeur de l'alphabet arménien, et surtout Grigor Narekatsi (951-1003), qui passa toute sa vie au monastère de Narek près du lac de Van. A la fois prêtres, philosophes, poètes, musiciens, ces intellectuels ont apporté aux monodies spirituelles, les taghs, et aux chants religieux, les charakans, un niveau de lyrisme et de dramaturgie inégalé. Lors de chaque fête religieuse, on chante une suite de charakans, dont le corpus intégral a été rassemblé en un recueil appelé Charaknots. Le Livre des chants tragiques de Grigor Narekatsi, 'uvre visionnaire et violente, constituera le point culminant de la créativité musicale religieuse en même temps qu'un tournant important dans l'histoire arménienne. Également théoriciens, ils ont contribué à fixer les règles modales des taghs.

L'art des troubadours : les Goussans et les Achoughs
De la fin du Moyen-Âge jusqu'au XVIIIe siècle, la musique populaire est profondément marquée par la tradition des goussans, ces fameux troubadours caucasiens dont la figure principale est Haroutioun Sayatian, dit Sayat Nova (1712 ?-1795). Tous les musiciens arméniens considèrent les goussans comme leurs maîtres à penser, et tout musicien qui se respecte conserve chez lui un portrait peint ou sculpté de Sayat Nova.
Les goussans oeuvrèrent au développement de la musique citadine, explorant les espaces délaissés par la religion : l'amour romantique, la philosophie, l'épopée et la poésie lyrique. Dans la tradition des bardes médiévaux, l'art des goussans se transmettait de maître à élève par un enseignement oral long et individuel. Les plus grands furent souvent musiciens de cour, attachés aux différents royaumes du Caucase. Sayat Nova, qui passa une grande partie de sa vie à Tiflis (aujourd'hui Tbilissi), le grand centre intellectuel du Caucase, composait ses poèmes chantés en arménien, en géorgien, en perse et en turc. Si Sayat Nova reste la référence obligée, deux goussans plus récents peuvent être considérés comme les pères du chant populaire arménien contemporain : Chèram (1857-1938) et Djivani (1846-1909). Leurs compositions sont aujourd'hui jouées dans la plupart des fêtes arméniennes, en particulier lors des mariages.

Achough ou goussan ?
Cette question divise les experts. Au XVIIe et XVIIIe siècles, le mot goussan fut remplacé
par celui d'achough, même s'il recouvre sensiblement la même réalité. Le mot goussan, typiquement arménien, dérive du nom de Guissané, fils de Mouranée (mère des Arméniens). Le mot achough vient de l'arabe 'ashiq que l'on peut traduire par "amant" ou "passionné" et qui recouvre un sens mystique très fort, notamment dans le soufisme ; les bardes anatoliens sont également appelés as'k.

Samvel et Jiora : trente années de complicité
Duo inséparable depuis plus de 30 ans, Samvel et Jiora offrent une complémentarité rare entre la voix chaleureuse du premier et la maîtrise du duduk du second. Rôdés aux ambiances de mariages et d'enterrements, ils connaissent parfaitement tout le répertoire de la musique populaire urbaine, notamment celui des achoughs contemporains comme Cheram, Djivani ou Artem Méjinian. Accompagnés jusqu'en 1988 par un musicien azéri, ils animaient les mariages dans tout le nord de l'Arménie, en Géorgie et en Azerbaïdjan, et même jusqu'en Ukraine, en Russie ou en Asie Centrale.
Autodidacte, Samvel a trouvé en Jiora, à la fin des années 60, son mentor et son plus fidèle associé. Jiora a acquis une solide formation musicale à l'Ensemble d'instruments à vent arméniens, pour avoir notamment suivi les cours du grand dudukiste Vatche Hovsepian (1925-1978).

Benik et Zaven : une réexploration des mélodies classiques
Benik est un des derniers achoughs du nord de l'Arménie où ses compositions sont particulièrement réputées, notamment sa chanson patriotique sur Erebuni (l'ancienne Erevan). Il est également réputé comme zurniste et a participé à ce titre à la plupart des mariages et grandes fêtes du Tavush depuis le début des années 50, lorsqu'il fut démobilisé de l'Armée Rouge. Benik fait partie d'une famille de musiciens ; enfant, il a commencé à jouer du pku (sorte de petit duduk) en faisant le tour des villages pendant la guerre pour récolter quelques sous. Benik s'est associé à un musicien exceptionnel : Zaven, formé à l'Ensemble d'instruments à vent traditionnels, qui a notamment travaillé à l'Orchestre de la Radio Nationale d'Arménie.
Benik et Zaven pratiquent la technique ancestrale du dam, c'est-à-dire la tonique tenue en bourdon. Le mot dam a une origine persane qui signifie "le son durant". Le damkiash (celui qui fait le dam) tient sa note tout au long du morceau grâce à la technique de respiration circulaire. En donnant ainsi au soliste une référence tonale permanente, il lui permet d'exploiter au mieux toutes ses ressources d'improvisateur.
Traditionnellement, la musique instrumentale arménienne repose en grande partie sur des duos de duduks ou de zurnas, éventuellement accompagnés au tambour dhol.
Associé à Benik, le dam accentue le jeu jubilatoire du zurna. Associé à Zaven, il donne une profondeur romantique aux plaintes du duduk.
Leur répertoire comprend les taghs et charakans du Haut Moyen-âge, des mélodies rurales (comme les choraguials), et les compositions des grands goussans classiques (Sayat Nova notamment). Par ailleurs, Benik compose des mélodies et des chansons.

Les instruments
Komitas considérait le sring comme le plus "arménien" des instruments traditionnels.
Instrument par excellence des bergers, il s'agit d'une flûte oblique construite généralement en abricotier ou parfois en roseau voire même en métal.
Le duduk a acquis désormais une réputation hors des frontières de l'Arménie. Ce hautbois tourné dans du bois d'abricotier est en effet capable de produire une grande variété de timbres allant du nasal au caractère déchirant jusqu'à la rondeur solide.
L'instrument de plein air par excellence est le zurna, un hautbois à perce conique et à huit trous de jeu dont la sonorité est particulièrement puissante et stridente. Il s'agit d'un instrument très ancien et répandu dans de nombreux pays du Moyen-Orient ; le style de jeu arménien, très mélismatique, est un des plus raffinés que l'on connaisse sur ce type de hautbois.
Ces instruments à vent sont généralement accompagnés par un instrument de la même famille qui tient la tonique en bourdon (dam) et, dans les pièces rythmées, d'un petit tambour à deux faces : le dhol, ou davul.
Antoine Chaudagne et Artashès Hovhannisian

Samvel Davtian, chant et dam à l'accordéon
Jiora Gharibian, duduk
Mher Davtian, dhol
Benik Abovian, zurna et chant
Zaven Azibekian, duduk, sring et zurna
Kamo Nazarian, dam (zurna, duduk)
Albert Harutyunian, dhol

compact discs
Arménie
BENIK ABOVIAN et ZAVEN AZIBEKIAN
Musiciens traditionnels du Tavush
CD INEDIT W 260106

Arménie, musiques de tablées
SAMVEL et JIORA
CD ARION ARN 64574

Remerciements à Antoine Chaudagne, Stéphanie Boyer, Artashès Hovhannisian.

Contributeurs

Origine géographique

Arménie

Mots-clés

Date (année)

2002

Cote MCM

MCM_2002_AM_S1

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Arménie. Benik et Zaven, musiciens du Tavush. Photos Arménie 2002-03-19 Photo numérique
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