Bosnie. Chants soufis de Sarajevo. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Bosnie. Chants soufis de Sarajevo. Spectacle
Sous-titre
Ensemble Nesidu-l-Huda
Date
1999-03-25
Date de fin
1999-03-26
Artistes principaux
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
25-26 mars 1999.
Mensur Varaki
Fariz Pecar
Mehmed Bajraktarevic
Mensud Basic
Samir Varaki
Mirsad Varaki
Eniz Ahmespahic
Nihad Zukorlic
Zijad Hadzifejzovic
Mehdija Bugari
Sulejman Bugari
L'ensemble vocal Nesidu-l-Huda a été fondé en 1985. Pour des raisons dues aux circonstances politiques de l'époque, il était alors présenté comme un choeur de la jeunesse de Sarajevo. Cela a duré jusqu'à la chute du communisme, en août 1990, qui a été suivie de la réouverture officielle de Tabatchki Mesdzid, la mosquée de Tabatchki, à Sarajevo, où les membres du groupe ont reçu leur formation et où ils se réunissent régulièrement. C'est alors que le choeur prit son nom actuel : Nesidu-l-Huda, qui signifie "instruction divine" ou "annonce de Dieu". Ce nom a été choisi en référence à un ilahi arabe transmis par Hâfiz Senad Podojak, réputé comme l'un des meilleurs chantres et connaisseurs du Coran en Bosnie.
Seuls deux des membres fondateurs font encore partie de l'ensemble aujourd'hui : Mensur Varaki, principal dépositaire du répertoire, et Fariz Pecar, fin connaisseur du contexte historique et culturel de l'islam en Bosnie. Quant aux autres, soit ils sont morts pendant la guerre, soit ils ont quitté le groupe. C'est à partir des années 1990 que les autres chanteurs ont rejoint le groupe. D'autres membres y ont adhéré ensuite durant la guerre.
L'essentiel du répertoire de Nesidu-l-Huda a été transmis par les frères Varaki, dont le grand-père était un derviche rufa'i ; leur père lui aussi fréquentait assidûment la tekiyye, mais sans être lui-même derviche, tant les exigences d'un tel engagement devenaient peu compatibles avec le climat social d'une époque marquée par le communisme. Comme leur père, les frères Varaki disent ne pas être des derviches dans le sens propre du terme, même s'ils ont suivi la formation dispensée à la tekiyye pendant plus de vingt ans et qu'ils chantent les textes du répertoire depuis dix-huit ans.
Depuis la fin des hostilités, l'ensemble a été plusieurs fois invité à présenter son répertoire à l'étranger : tout d'abord au Festival de Téhéran en Iran en 1995 et, l'année suivante, au Festival de La Bâtie à Genève, puis au Caire et au Festival de musique sacrée de Fès au Maroc. Nesidu-l-Huda entend ainsi témoigner d'une dimension importante de la culture bosniaque, fondée sur sa tradition spirituelle islamique et son héritage culturel occidental.
CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
Le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine correspond à peu près à ce qu'il était au temps de l'empire austro-hongrois (1878-1918). Il fut ensuite rattaché au royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis, en 1929, au royaume de Yougoslavie. Proclamée en 1946, la République populaire fédérale de Yougoslavie restitue à la Bosnie'Herzégovine ses limites historiques en faisant d'elle une de ses six Républiques populaires constituantes. Mais ce n'est qu'à la fin de la guerre de 1992-1995 que la Bosnie'Herzégovine, amputée de la partie occupée par les Serbes de Bosnie, retrouve son indépendance.
Les quatre siècles de domination turque sur la Bosnie-Herzégovine (1463-1878) ont entraîné l'islamisation d'une très grande partie de la population, tant rurale que citadine. Ils ont également laissé une empreinte profonde sur sa culture : l'orfèvrerie, le tissage des tapis et les métiers du cuir s'y sont beaucoup développés, de même que l'architecture et l'urbanisme, en particulier la construction de nombreuses mosquées, de tekiyye (de l'arabe takiyya et du turc tekke : couvent, lieu de réunion des derviches), d'écoles et de bibliothèques dont celle, fameuse, de Sarajevo.
L'islamisation de la Bosnie a favorisé l'implantation de plusieurs ordres soufis dès la fin du XVe siècle. Contraintes à une semi-clandestinité pendant la période communiste, ces confréries de derviches sont demeurées relativement actives jusqu'à aujourd'hui. Les plus importantes sont les Rufa'i (en arabe : Rifâ'iyya), les Kadiri (Qâdiriyya), les Nakshbandi (Naqshbandiyya) et les Mevlevi (Mawlawiyya).
La langue parlée par les Bosniaques est le serbo-croate ; elle se distingue légèrement de celle de leurs voisins par l'adoption d'un grand nombre de mots et de locutions d'origine turque, mais aussi arabe et persane ; quant à l'écriture, l'alphabet cyrillique servait dans le passé pour la correspondance privée, alors que les caractères arabes étaient employés pour la rédaction de textes littéraires et poétiques. Ce n'est que depuis 1930 que l'écriture latine s'est généralisée.
Le répertoire soufi : ilahiya et kasida
Dans le passé, les Bosniaques musulmans partageaient avec leurs voisins chrétiens le goût pour la poésie épique chantée et jouée par les bardes sur une vièle monocorde. Quant à la poésie mystique, elle appartient au répertoire classique des confréries soufies implantées en Bosnie depuis le XVe siècle. Ces congrégations étaient jusqu'à une époque récente des milieux relativement clos, au sein desquels ce répertoire se transmettait de bouche à oreille d'une génération à l'autre, de façon sélective et relativement secrète.
Les derviches l'interprètent régulièrement dans les lieux saints lors de cérémonies collectives de zikr (de l'arabe dhikr : remémoration, invocation). Certaines parties d'une séance sont pratiquées par les derviches seuls, d'autres par toute l'assemblée des fidèles, qui bénéficient ainsi de leur enseignement et de la bénédiction que procure leur fréquentation. Les compositions des grands poètes persans Rûmî et Hâfiz, chantées en persan ou en turc voisinent avec celles d'anonymes arabes, de mystiques turcs et d'auteurs bosniaques ou albanais. Mais elles respectent toutes le canevas poétique, mélodique et rythmique imposé par les formes classiques.
Les ilahiya et les kasida sont interprétés par un ensemble vocal masculin, à l'unisson, sous forme responsoriale. Certains chants sont même exécutés en hétérophonie (superposition de lignes mélodiques ou de chants différents). Ce dernier style d'interprétation, loin d'être une expérience moderniste, et que l'ensemble Nesidu-l-Huda est le seul à pratiquer, renoue en fait avec une tradition qui avait perduré jusque dans la première moitié de ce siècle en Bosnie, puis disparu pendant le régime communiste. En effet, les ilahiya et kasida qu'interprète l'ensemble Neshidu-l-Huda furent transmis sous le manteau durant la période communiste (1946-1990), où la répression à l'encontre des confréries soufies était forte, même si le gouvernement de l'époque ne savait pas clairement ce qu'elles recouvraient.
Le seul accompagnement instrumental autorisé pour le répertoire religieux est celui des tambours, dont le battement contribue à créer l'ambiance extatique recherchée.
Ces tambours sur cadre, battus à mains nues, sont de trois types : le kudum, dont le cadre mesure de 40 à 60 cm de diamètre, le kudum-basa, plus grand et plus grave, et le bimbir halka (litt. "mille anneaux"), dont la partie intérieure du cadre est parsemée de petits anneaux qui se mettent à cliqueter lorsqu'il est battu ou secoué.
Ce n'est que récemment que ces chants ont commencé à sortir de la tekiyye où ils étaient auparavant confinés. Bénéficiant d'une autorisation spéciale, Nesidu-l-Huda est un des rares groupes ' peut-être même le seul ' à les interpréter de façon quasi professionnelle en dehors des cérémonies de zikr.
Certains d'entre eux ont été mués en chants de combat et de résistance pendant la guerre (1992-1995), avant de retourner à leur fonction première dès le retour à une paix relative.
Avec l'aimable autorisation de Laurent Aubert
Ateliers d'Ethnomusicologie et Archives internationales de musique populaire (Genève).
discographie
Bosnie. Neshidu'l'Huda. Chants soufis de Sarajevo
Archives internationales de musique populaire - AIMP
Musée d'ethnographie, Genève
un disque compact VDE CD'927
PROGRAMME DU JEUDI 25 MARS 1999
' Nesidu-l-huda, ilahi arabe.
' Moga srca seher, ilahi turc de Sih Esrev K.S. chanté en bosniaque dans la confrérie Nakshbandi.
' Fi kitabillahi, ilahi arabe.
' Seher Vakti, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Naredeno slusajmo, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Nemdehul hadi, ilahi arabe chanté dans les confréries Nakshbandi, Kadiri'
' Dersi delum, ilahi turc de Sih Kudusi K.S. La mélodie de ce chant est celle d'un chant de marche de l'armée de Sultan Fateh, dont beaucoup de soldats appartenaient à la confrérie Bektashi.
' Canu dilden, ilahi turc.
' Mevlana, ilahi turc de Dinleyin Buneyin K.S. chanté dans la confrérie mevlevi.
' Za caj (cérémonie du thé) accompagnée de Kif bil hudu, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
' Od aska si bolestan, ilahi turc de Seih Selim Sâmi K.S. (mystique turc ayant vécu au Kosovo), traduit en bosniaque et chanté surtout dans la confrérie Kadiri.
' Envarul husejni, ilahi arabe chanté dans la confrérie Rufa'i.
' Hej dervisu, ilahi bosniaque de Seih Mejli K.S., chanté dans la confrérie
Nakshbandi.
' Ah mori ljulja, ilahi turc de Yunus Emre K.S. traduit en albanais, chanté dans toutes les confréries.
' Ej sem mudam est, ilahi persan de Shams de Tabriz K.S., chanté dans la confrérie Mevlevi.
' Esubhubeda, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
PROGRAMME DU VENDREDI 26 MARS 1999
' Nesidu-l-huda, ilahi arabe.
' Moga srca seher, ilahi turc de Sih Esrev K.S. chanté en bosniaque dans la confrérie Nakshbandi.
' Fi kitabillahi, ilahi arabe.
' Naredeno slusajmo, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Nemdehul hadi, ilahi arabe chanté dans les confréries Nakshbandi, Kadiri'
' Dersi delum, ilahi turc de Sih Kudusi K.S. La mélodie de ce chant est celle d'un chant de marche de l'armée de Sultan Fateh, dont beaucoup de soldats appartenaient à la confrérie Bektashi.
' Buji Muhammed Amed, ilahi persan.
' Mevlana, ilahi turc de Dinleyin Buneyin K.S. chanté dans la confrérie mevlevi.
' Za caj (cérémonie du thé) accompagnée de Kif bil hudu, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
' Od aska si bolestan, ilahi turc de Seih Selim Sâmi K.S. (mystique turc ayant vécu au Kosovo), traduit en bosniaque et chanté surtout dans la confrérie Kadiri.
' Envarul husejni, ilahi arabe chanté dans la confrérie Rufa'i.
' Hej dervisu, ilahi bosniaque de Seih Mejli K.S., chanté dans la confrérie Nakshbandi.
' Ah mori ljulja, ilahi turc de Yunus Emre K.S. traduit en albanais, chanté dans toutes les confréries.
' Kutbi dzihan, ilahi turc de Sih Naksbandi K.S., chanté dans la confrérie
Nakshbandi.
' Geldum sana, ilahi turc de Sih Esrari K.S., chanté dans la confrérie Nakshbandi.
' Esubhubeda, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
Mensur Varaki
Fariz Pecar
Mehmed Bajraktarevic
Mensud Basic
Samir Varaki
Mirsad Varaki
Eniz Ahmespahic
Nihad Zukorlic
Zijad Hadzifejzovic
Mehdija Bugari
Sulejman Bugari
L'ensemble vocal Nesidu-l-Huda a été fondé en 1985. Pour des raisons dues aux circonstances politiques de l'époque, il était alors présenté comme un choeur de la jeunesse de Sarajevo. Cela a duré jusqu'à la chute du communisme, en août 1990, qui a été suivie de la réouverture officielle de Tabatchki Mesdzid, la mosquée de Tabatchki, à Sarajevo, où les membres du groupe ont reçu leur formation et où ils se réunissent régulièrement. C'est alors que le choeur prit son nom actuel : Nesidu-l-Huda, qui signifie "instruction divine" ou "annonce de Dieu". Ce nom a été choisi en référence à un ilahi arabe transmis par Hâfiz Senad Podojak, réputé comme l'un des meilleurs chantres et connaisseurs du Coran en Bosnie.
Seuls deux des membres fondateurs font encore partie de l'ensemble aujourd'hui : Mensur Varaki, principal dépositaire du répertoire, et Fariz Pecar, fin connaisseur du contexte historique et culturel de l'islam en Bosnie. Quant aux autres, soit ils sont morts pendant la guerre, soit ils ont quitté le groupe. C'est à partir des années 1990 que les autres chanteurs ont rejoint le groupe. D'autres membres y ont adhéré ensuite durant la guerre.
L'essentiel du répertoire de Nesidu-l-Huda a été transmis par les frères Varaki, dont le grand-père était un derviche rufa'i ; leur père lui aussi fréquentait assidûment la tekiyye, mais sans être lui-même derviche, tant les exigences d'un tel engagement devenaient peu compatibles avec le climat social d'une époque marquée par le communisme. Comme leur père, les frères Varaki disent ne pas être des derviches dans le sens propre du terme, même s'ils ont suivi la formation dispensée à la tekiyye pendant plus de vingt ans et qu'ils chantent les textes du répertoire depuis dix-huit ans.
Depuis la fin des hostilités, l'ensemble a été plusieurs fois invité à présenter son répertoire à l'étranger : tout d'abord au Festival de Téhéran en Iran en 1995 et, l'année suivante, au Festival de La Bâtie à Genève, puis au Caire et au Festival de musique sacrée de Fès au Maroc. Nesidu-l-Huda entend ainsi témoigner d'une dimension importante de la culture bosniaque, fondée sur sa tradition spirituelle islamique et son héritage culturel occidental.
CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
Le territoire de l'actuelle Bosnie-Herzégovine correspond à peu près à ce qu'il était au temps de l'empire austro-hongrois (1878-1918). Il fut ensuite rattaché au royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis, en 1929, au royaume de Yougoslavie. Proclamée en 1946, la République populaire fédérale de Yougoslavie restitue à la Bosnie'Herzégovine ses limites historiques en faisant d'elle une de ses six Républiques populaires constituantes. Mais ce n'est qu'à la fin de la guerre de 1992-1995 que la Bosnie'Herzégovine, amputée de la partie occupée par les Serbes de Bosnie, retrouve son indépendance.
Les quatre siècles de domination turque sur la Bosnie-Herzégovine (1463-1878) ont entraîné l'islamisation d'une très grande partie de la population, tant rurale que citadine. Ils ont également laissé une empreinte profonde sur sa culture : l'orfèvrerie, le tissage des tapis et les métiers du cuir s'y sont beaucoup développés, de même que l'architecture et l'urbanisme, en particulier la construction de nombreuses mosquées, de tekiyye (de l'arabe takiyya et du turc tekke : couvent, lieu de réunion des derviches), d'écoles et de bibliothèques dont celle, fameuse, de Sarajevo.
L'islamisation de la Bosnie a favorisé l'implantation de plusieurs ordres soufis dès la fin du XVe siècle. Contraintes à une semi-clandestinité pendant la période communiste, ces confréries de derviches sont demeurées relativement actives jusqu'à aujourd'hui. Les plus importantes sont les Rufa'i (en arabe : Rifâ'iyya), les Kadiri (Qâdiriyya), les Nakshbandi (Naqshbandiyya) et les Mevlevi (Mawlawiyya).
La langue parlée par les Bosniaques est le serbo-croate ; elle se distingue légèrement de celle de leurs voisins par l'adoption d'un grand nombre de mots et de locutions d'origine turque, mais aussi arabe et persane ; quant à l'écriture, l'alphabet cyrillique servait dans le passé pour la correspondance privée, alors que les caractères arabes étaient employés pour la rédaction de textes littéraires et poétiques. Ce n'est que depuis 1930 que l'écriture latine s'est généralisée.
Le répertoire soufi : ilahiya et kasida
Dans le passé, les Bosniaques musulmans partageaient avec leurs voisins chrétiens le goût pour la poésie épique chantée et jouée par les bardes sur une vièle monocorde. Quant à la poésie mystique, elle appartient au répertoire classique des confréries soufies implantées en Bosnie depuis le XVe siècle. Ces congrégations étaient jusqu'à une époque récente des milieux relativement clos, au sein desquels ce répertoire se transmettait de bouche à oreille d'une génération à l'autre, de façon sélective et relativement secrète.
Les derviches l'interprètent régulièrement dans les lieux saints lors de cérémonies collectives de zikr (de l'arabe dhikr : remémoration, invocation). Certaines parties d'une séance sont pratiquées par les derviches seuls, d'autres par toute l'assemblée des fidèles, qui bénéficient ainsi de leur enseignement et de la bénédiction que procure leur fréquentation. Les compositions des grands poètes persans Rûmî et Hâfiz, chantées en persan ou en turc voisinent avec celles d'anonymes arabes, de mystiques turcs et d'auteurs bosniaques ou albanais. Mais elles respectent toutes le canevas poétique, mélodique et rythmique imposé par les formes classiques.
Les ilahiya et les kasida sont interprétés par un ensemble vocal masculin, à l'unisson, sous forme responsoriale. Certains chants sont même exécutés en hétérophonie (superposition de lignes mélodiques ou de chants différents). Ce dernier style d'interprétation, loin d'être une expérience moderniste, et que l'ensemble Nesidu-l-Huda est le seul à pratiquer, renoue en fait avec une tradition qui avait perduré jusque dans la première moitié de ce siècle en Bosnie, puis disparu pendant le régime communiste. En effet, les ilahiya et kasida qu'interprète l'ensemble Neshidu-l-Huda furent transmis sous le manteau durant la période communiste (1946-1990), où la répression à l'encontre des confréries soufies était forte, même si le gouvernement de l'époque ne savait pas clairement ce qu'elles recouvraient.
Le seul accompagnement instrumental autorisé pour le répertoire religieux est celui des tambours, dont le battement contribue à créer l'ambiance extatique recherchée.
Ces tambours sur cadre, battus à mains nues, sont de trois types : le kudum, dont le cadre mesure de 40 à 60 cm de diamètre, le kudum-basa, plus grand et plus grave, et le bimbir halka (litt. "mille anneaux"), dont la partie intérieure du cadre est parsemée de petits anneaux qui se mettent à cliqueter lorsqu'il est battu ou secoué.
Ce n'est que récemment que ces chants ont commencé à sortir de la tekiyye où ils étaient auparavant confinés. Bénéficiant d'une autorisation spéciale, Nesidu-l-Huda est un des rares groupes ' peut-être même le seul ' à les interpréter de façon quasi professionnelle en dehors des cérémonies de zikr.
Certains d'entre eux ont été mués en chants de combat et de résistance pendant la guerre (1992-1995), avant de retourner à leur fonction première dès le retour à une paix relative.
Avec l'aimable autorisation de Laurent Aubert
Ateliers d'Ethnomusicologie et Archives internationales de musique populaire (Genève).
discographie
Bosnie. Neshidu'l'Huda. Chants soufis de Sarajevo
Archives internationales de musique populaire - AIMP
Musée d'ethnographie, Genève
un disque compact VDE CD'927
PROGRAMME DU JEUDI 25 MARS 1999
' Nesidu-l-huda, ilahi arabe.
' Moga srca seher, ilahi turc de Sih Esrev K.S. chanté en bosniaque dans la confrérie Nakshbandi.
' Fi kitabillahi, ilahi arabe.
' Seher Vakti, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Naredeno slusajmo, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Nemdehul hadi, ilahi arabe chanté dans les confréries Nakshbandi, Kadiri'
' Dersi delum, ilahi turc de Sih Kudusi K.S. La mélodie de ce chant est celle d'un chant de marche de l'armée de Sultan Fateh, dont beaucoup de soldats appartenaient à la confrérie Bektashi.
' Canu dilden, ilahi turc.
' Mevlana, ilahi turc de Dinleyin Buneyin K.S. chanté dans la confrérie mevlevi.
' Za caj (cérémonie du thé) accompagnée de Kif bil hudu, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
' Od aska si bolestan, ilahi turc de Seih Selim Sâmi K.S. (mystique turc ayant vécu au Kosovo), traduit en bosniaque et chanté surtout dans la confrérie Kadiri.
' Envarul husejni, ilahi arabe chanté dans la confrérie Rufa'i.
' Hej dervisu, ilahi bosniaque de Seih Mejli K.S., chanté dans la confrérie
Nakshbandi.
' Ah mori ljulja, ilahi turc de Yunus Emre K.S. traduit en albanais, chanté dans toutes les confréries.
' Ej sem mudam est, ilahi persan de Shams de Tabriz K.S., chanté dans la confrérie Mevlevi.
' Esubhubeda, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
PROGRAMME DU VENDREDI 26 MARS 1999
' Nesidu-l-huda, ilahi arabe.
' Moga srca seher, ilahi turc de Sih Esrev K.S. chanté en bosniaque dans la confrérie Nakshbandi.
' Fi kitabillahi, ilahi arabe.
' Naredeno slusajmo, ilahi turc de Yunus Emre K.S. (XIIIe siècle) chanté dans toutes les confréries.
' Nemdehul hadi, ilahi arabe chanté dans les confréries Nakshbandi, Kadiri'
' Dersi delum, ilahi turc de Sih Kudusi K.S. La mélodie de ce chant est celle d'un chant de marche de l'armée de Sultan Fateh, dont beaucoup de soldats appartenaient à la confrérie Bektashi.
' Buji Muhammed Amed, ilahi persan.
' Mevlana, ilahi turc de Dinleyin Buneyin K.S. chanté dans la confrérie mevlevi.
' Za caj (cérémonie du thé) accompagnée de Kif bil hudu, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
' Od aska si bolestan, ilahi turc de Seih Selim Sâmi K.S. (mystique turc ayant vécu au Kosovo), traduit en bosniaque et chanté surtout dans la confrérie Kadiri.
' Envarul husejni, ilahi arabe chanté dans la confrérie Rufa'i.
' Hej dervisu, ilahi bosniaque de Seih Mejli K.S., chanté dans la confrérie Nakshbandi.
' Ah mori ljulja, ilahi turc de Yunus Emre K.S. traduit en albanais, chanté dans toutes les confréries.
' Kutbi dzihan, ilahi turc de Sih Naksbandi K.S., chanté dans la confrérie
Nakshbandi.
' Geldum sana, ilahi turc de Sih Esrari K.S., chanté dans la confrérie Nakshbandi.
' Esubhubeda, kasida arabe de l'Imam Busiri K.S., chantée en solo dans toutes les confréries.
Contributeurs
Origine géographique
Bosnie Herzégovine
Mots-clés
Date (année)
1999
Cote MCM
MCM_1999_BA_S1
Ressources liées
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Titre | Localisation | Date | Type | |
---|---|---|---|---|
Bosnie. Chants soufis de Sarajevo, l'ensemble Nesidu-l-Huda. Photos | Bosnie Herzégovine | 1999-03-25 | Photo numérique |
Titre | Localisation | Date | Type | |
---|---|---|---|---|
3e Festival de l'Imaginaire | 1999 |