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Grèce. Musique populaire des villages et des villes. Traditions Dimotiki et Laiki. Spectacle

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Évènement

Titre

Grèce. Musique populaire des villages et des villes. Traditions Dimotiki et Laiki. Spectacle

Date

1987-05-12

Date de fin

1987-05-17

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

12-17 mai 1987

I. La tradition Dimotiki dont les origines remontent à Byzance, essentiellement orale, s'est différenciée au cours de quatre siècles d'occupation ottomane pour donner naissance à des musiques qui portent l'empreinte de chaque terroir grec. Ceci est dû aux musiciens ambulants transmettant dans leurs longs périples d'une contrée à l'autre les musiques et les textes et permettant ainsi que s'élabore une tradition "nationale" grâce à la prédominance de certains rythmes répandus dans toute la Grèce: tsamikos 6/8 et syrtos 4/4, par l'utilisation d'instruments du même type (violon, clarinette, laouto, tambourin, touberleki) et la similitude de la structure des textes, en dépit des variantes de circonstance (utilisation du décapentasyllabique ' 15 pieds ' comme mètre et du distique comme forme poétique).
Le décapentasyllabe est un mètre à la fois très maniable ' en raison de sa longueur, qui lui permet de contenir une phrase entière ou une image, et riche, car, suivant les césures et les accentuations, son rythme se modifie. Il est le mètre prédominant dans tous les genres de la poésie Dimotiko (épique, lyrique, des chants narratifs et même des comptines) et le fondement du distique.
Le distique, qui est la clef de voûte de la tradition orale grecque, est un ensemble formé de deux vers décapentasyllabiques ; il constitue un énoncé complet, une unité de sens autonome. À ce titre, il peut donc se retrouver dans des chants très différents les uns des autres et s'adapter aux circonstances locales.

Ainsi s'explique le fait que, du Nord au Sud de la Grèce, se retrouvent les mêmes "formules" pour décrire des évènements et des situations.
Combinaison d'invariants (les mots qui en constituent le sens) et d'éléments mobiles (les mots qui sont liés à un contexte précis), le distique était l'expression privilégiée des Grecs qui pouvait le manier et le composer en toutes circonstances. En effet, utilisant la somme de "formules" qui leur était léguée par les générations précédentes, ils faisaient assaut d'éloquence et d'esprit en les modifiant et en les actualisant, les meilleures improvisations venant enrichir chaque fois le fonds culturel ' bien entendu anonyme ' dans lequel puisaient groupes et individus.
Cette tradition multiple et florissante jusqu'au début du XXe siècle, qui sut exalter l'esprit de combat contre les Turcs, glorifier les faits et gestes du héros, commença à s'étendre d'abord dans les villes, puis dans les bourgs et villages, pour n'être actuellement ' dans le meilleur des cas ' qu'une musique de musée bien conservée, mais ayant perdu sa spontanéité ou ' au pire ' un mélange de rythmes et d'harmonies venant de tout horizon et exécutés par des instruments hétéroclites.
Les musiciens de cet ensemble, fils et petits-fils de musiciens traditionnels sont parmi les rares apôtres de cette musique reçue en héritage à la conserver non seulement pure, mais aussi vivante.
Le programme choisi méticuleusement par eux fait apparaître à la fois la diversité des richesses régionales et leurs points communs. Ainsi il débute par des chants "panhelléniques" et continue avec des musiques des régions suivantes: Dodecanèse, Épire, Péloponèse, Thessalie, Macédoine et Thrace' et comporte des chants très connus mais joués dans leur version d'origine: "un bateau venant de Khios", "Samarina", "Les routes de Norias sont fermées", ainsi que des pièces "oubliées"que seuls quelques anciens connaissent encore: "Palamidi de Nauplie" (Palamidie était la prison où étaient enfermés les héros de la résistance contre les Turcs), "Tselios", "Pourquoi t'ai-je aimée?"

Kyriakos KOSTOULAS clarinette
Vassilis KARADANIS violon
Vassilis KATRAKOS laouto
Yorgos GUIEVGUELIS touberleki (percussion)
Athanase SINIS chant

II. La tradition Laïki est née dans les cités et les faubourgs de la nouvelle Grèce, libérée des Turcs. Création sui-generis, même si ses racines plongent dans la tradition Dimotiki, elle reste très différente de cette dernière, tant par le rythme et les instruments que par le mètre et la forme poétique des textes.

- En ce qui concerne la musique:
' Le Klassapilos 2/4 et le Zeïbekikos 9/8 remplacent le Tsamilos et le Syrtos.
' Le Bouzouki devient l'instrument principal à la place de la clarinette.
' La guitare et le Baglamas succèdent au Laouto.
' Les percussions (tambourin et Touberleki) sont abandonnées pendant un certain temps pour être remplacés par la batterie
' Il arrive qu'un accordéon complète l'orchestre, remplacé par la suite par un piano.

- En ce qui concerne les textes:
' Le mètre décapentasyllabique est cassé; le vers est plus court, le rythme plus rapide; le distique devient complet et le style épique et narratif qui caractérisait la poésie "Dimotiki" laisse la place au style lyrique et personnel. Le héros commence à parler en son nom au lieu d'être décrit et loué. Il cesse d'accomplir des prodiges pour vivre le quotidien.

Tradition orale et anonyme à ses débuts (fin du XIXe siècle et premières décennies du XXe siècle), elle devient à la fois "disque" et "propriété privée" dans les années 1930, avec la création d'un studio d'enregistrement. Elle réussit pourtant à sauvegarder son identité et son authenticité pendant près de quarante ans. Compositeurs, musiciens, autodidactes et poètes populaires font preuve de créativité et d'originalité. Miroirs de la société néo-hellénique, leurs chants expriment la transformation des mentalités et l'évolution des valeurs aussi bien que la permanence de certains principes et croyances. Par conséquent, alors que les attitudes face à l'amour ou à l'argent se sont totalement modifiées, renversant les modèles de l'Homme et de la Femme, en un demi-siècle, l'image de la mort et les relations avec elle sont restées pratiquement inchangées jusqu'à ces dernières années.
Toutefois, la situation a changé depuis 1970, peut-être à cause de la mort des Grands de cette tradition ou à cause de la transformation de la société grecque. Les chants Laïka deviennent chaque jour un peu plus "objets de commerce" dans les mains des grandes compagnies de disques. Les quelques compositeurs de l'âge d'or, toujours vivants (A. Kaldaras, Th Derveniotis, S. Kiromytis, G. Mitsakis, G. Mouflouzelis Bayaderas'), ne parviennent pas à inverser le courant. Le public Grec, gavé de productions aussi triviales qu'éphémères, revient inlassablement aux "anciens" quand il n'abandonne pas la musique Laïki au profit de la musique dite moderne.

Le programme établi par les musiciens de cet ensemble rend hommage aux noms prestigieux des compositeurs les plus aimés. Vassilis Tsitsanis ; Markos Vamvakaris ; Apostolos Kaldaras ; S. Khrissinis ; Yannis Papaioannou.

Les musiciens de la tradition Laïki sont:

Christos KONSTADINOU bouzouki
Yannis DEDES guitare
Nikos KHATZIDIAMADIS baglama
Dimitri TSAOUSAKIS, chant
Rena STAMOU chant

Notes de Tatiana Yannopoulos



À l'occasion de ces concerts la Maison des Cultures du Monde édite son 6e disque dans sa collection INEDIT

L'ENSEMBLE "DIMOTIKO"
Pouvoir d'évocation, pouvoir de fascination de cette musique dont l'origine se perd dans un passé très lointain et l'évolution se confond avec l'histoire de l'Épire, voire celle de la Grèce:
- Chants épiques relatant de manière plus ou moins romancée les événements qui ont marqué la vie de la région
- Chants lyriques dont Amour, Exil et Mort se partagent équitablement le répertoire.
- Musique instrumentale pour danser ou pour pleurer.
Cette tradition orale a survécu grâce aux musiciens populaires ' le plus souvent gitans sédentarisés depuis des générations ' qui l'ont transmise de père en fils et l'ont gardée vivante, ou presque, jusqu'à cette moitié du 20e siècle.
Obligatoirement présents dans toutes les manifestations de la vie collective des villages, qu'elles soient privées (naissance, mariage, deuil) ou publiques (fêtes religieuses et villageoises), ces musiciens occupent une place à part dans la société rurale: admirés, adulés en tant qu'artistes, ils sont en même temps objet de méfiance sinon de mépris dans la vie quotidienne.

L'ensemble "DIMOTIKO" présente trois catégories de musique traditionnelle: musique funéraire, Miroloï, musique de chant et chants de table.
Les deux premières catégories font appel à des formations instrumentales: le Miroloï est exécuté par une clarinette, un violon et un luth, auxquels s'ajoute, pour la musique de danse, un tambourin qui en souligne la structure rythmique.

Pour l'exécution des chants de table, on a recours à une seconde clarinette qui remplace en partie la première puisque, dans ce répertoire, le premier clarinettiste se transforme en chanteur.
La musique funéraire Miroloï consiste en un seul morceau tout en demi-teintes, empreint d'une grande sérénité. Il s'agit de l'adaptation instrumentale d'une tradition, à l'origine vocale, celle des pleureuses : on y reconnaît, par moments, l'imitation stylisée des plaintes, surtout dans la partie du violon.
La pièce se présente comme un dialogue entre la clarinette et le violon qui élaborent tout à tour des improvisations sur plusieurs brefs motifs disséminés et s'accompagnent mutuellement.

ENSEMBLE "DIMOTIKO"
Kyriakos KOSTOUXAS, clarinette
Vassilis KARADANIS, violon
Vassilis KATRAKOS, laouto
Yorgos GUEVGUEXIS, tambourin ' darbuka
Oayassis SINIS, chant

BOUZOUKI avec l'ensemble "LAIKO"

À la ville, le Bouzouki domine? Luth à long manche, à caisse périforme et à trois cordes d'origine orientale, autrefois destiné à l'accompagnement du chant, il est aujourd'hui un instrument de musique "classique"

ENSEMBLE "LAIKO"

Christos KONSTADINOU bouzouki
Yannis DEDES guitare
Nikos KHATZIDIAMADIS baglama
Dimitri TSAOUSAKIS, chant
Rena STAMOU chant


PROGRAMME
Des compositions et des chants de:

TSITSANIS Vassilis
VAMVAKARIS Markos
PAPAIOANNOU Yanis
KALDARAS Apostolos

Les soli de bouzouki sont de :
Christos KONSTADINOU


PARTIE 1

PANHELLENIQUES
Skaros (chant d'ouverture de fête)
Petit canard (chant d'amour)

DODECANESE
Flotille des pêcheurs en haillons (chant des pêcheurs)
Instrumental de Rhodes

EPIRE
Miroloï (chant funèbre)
Samarina (danse sur trois mesures)
Petit citronnier (chant d'amour)

MACÉDOINE
Pourquoi t'ai-je aimée (chant d'amour)
Maintenant qu'on commence la danse (chant de fête)

PELOPONESE
Les routes de Meria (Péloponèse) sont barrées (chant de résistance contre les Turcs)
Si j'avais une orange amère à jeter (chant d'amour)
Soleil (instrumental)

DODECANESE
La barque du pêcheur (chant des pêcheurs)
Balos (instrumental)

THESSALIE
Tselios (chant épique)
L'Olympe et le Kissavos (chant épique)

THRACE
Dans l'air de battage du blé (chant de fête)
Air des foulards (instrumental)

PARTIE 2
- Allegro (instrumental)
- J'ai pris la route'(chant d'amour)
- Aube et crépuscule (chant d'amour)
- Le chapelet noir (chant de solitude)
- Ne me dis pas pourquoi j'oublie (chant d'amour)
- Le pacha (chant des suppliques)
- Solo instrumental
- Regarde, monde, ce corps là (chant d'amour)
- Dimanche en nuages (chant de tristesse)
- Instrumental
- Je suis sorti du droit chemin pour toi (chant d'amour)
- Le petit moine (chant de solitude)
- Guiul Bakkar (chant d'amour)
- Je me suis fiancé très jeune (chant ironique)
- Comme un déshérité (chant d'immigré)
- Instrumental

Origine géographique

Grèce

Mots-clés

Date (année)

1987

Cote MCM

MCM_1987_GR_S1

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Grèce. Musique populaire des villages et des villes. Traditions Dimotiki et Laiki. Photos Grèce 1987-05-12 Photo numérique
Grèce. Musique populaire des villages et des villes. Traditions Dimotiki et Laiki. Affiche Grèce 1987-05-12 Affiche
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Saison 1987 1987