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Lettonie. Ojars Felbergs "Dialogue avec la pierre". Aija Zarina "Voyage dans un espace peint". Exposition

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Évènement

Titre

Lettonie. Ojars Felbergs "Dialogue avec la pierre". Aija Zarina "Voyage dans un espace peint". Exposition

Date

1992-09-30

Date de fin

1992-10-31

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Exposition

Description de la pratique

30 septembre-31 octobre 1992 à la Galerie du Rond-point

La Galerie du Rond-Point présente dans le cadre de la Saison Balte deux artistes lettons Ojars Feldbergs, sculpteur et Aija Zarina, peintre, exposés pour la première fois en France ainsi que le photographe Gérard Rondeau pour "Capitales oubliées - Vilnius, Tallin, Riga".
La Galerie du Rond-point, nouveau lieu d'exposition à Paris accueillera tout au long de l'année des artistes étrangers contemporains n'ayant jamais exposé individuellement en France.
Ces artistes sont sélectionnés par un comité composé de Michel Nuridsany, Olivier Kaeppelin et Gérard Guyot.
Le choix des pays d'origine des artistes est lié aux grands thèmes de la programmation du Théâtre du Rond-point.

Ojars Feldbergs
Ojars Feldbergs est né en 1947 à Riga en Lettonie où il vit et travaille.
En 1966, il termine son cycle d'études à l'Ecole Technique de Construction. Sept ans plus tard, il commence à participer à des expositions en Lettonie et à l'étranger avant de terminer en 1976 ses études à l'Académie des Beaux- Arts dans le domaine de la sculpture.
Lauréat de plusieurs prix accordés aux jeunes artistes baltes, il expose régulièrement sur place et de nouveau à l'étranger (1990 en Allemagne, 1991 en Suède ...). Riga accueille depuis dix ans déjà ses expositions personnelles. En 1991, Ojars Feldbergs reçoit le Premier Prix Henry Moore au Japon.
Ojars Feldbergs, sculpteur panthéiste.
La nature est partout présente dans son oeuvre, elle est son Dieu et provoque en lui la pensée. Dans sa maison- atelier, entouré de nature, avec l'aide de quelques ouvriers, il taille, scie, coupe, troue, entre en dialogue avec les pierres. Certaines sont entourées de bois, d'autres d'inspiration plus japonaise reposent sur des lits de sable travaillé au râteau, il a même voulu en suspendre au-dessus du vide, bercées par le vent. Ojars Feldbergs passe sa vie en osmose avec la pierre qu'il considère comme un être vivant qui diffère par son image individuelle, sa mentalité et son caractère.
Les pierres dans le mouvement.
Les pierres exposées viennent toutes du même endroit. Feldbergs les a arrachées à la terre, caressées, coupées, trouées, ouvertes jusqu'à leur coeur pour nous les montrer de façon inhabituelle. Elles sont ensuite surlignées symboliquement à l'aide de peinture : le vert rappelle l'herbe,le bleu le ciel et le jaune le soleil. En les posant sur de longs tubes noirs, soulignant la verticalité universelle, il recrée la situation mystique des contes, mythes et chants de son pays.
Ces pierres volumineuses sont en relation avec l'espace, on les regarde en tournant autour d'elles sans se pencher, découvrant ainsi leurs secrets et leurs contours généralement cachés. Feldbergs souhaite ainsi libérer l'esprit de la pierre et lui transmettre l'éternel désir humain de voler.

Aija Zarina
Aija Zarina est née en 1954 en Lettonie. De 1976 a 1982 elle étudie à l'Académie des Arts Appliqués et est l'élève de Boris Berzins. Dès 1981 elle participe à des expositions à Riga puis en Allemagne, Suède, New York ...
Elle fait partie de ce groupe naissant d'artistes lettons tels qu'Ojars Feldbergs, et malgré des conditions de travail difficiles et le manque de matériel elle est devenue l'artiste la plus vendue du pays.
Les opéras fabuleux dYAija Zarina.
Un atelier, Aija n'en a pas. Il lui faut toujours trouver de nouveaux lieux afin de s'exprimer. Cette artiste fantasque intervient in situ, autrefois dans la rue, aujourd'hui dans des lieux généralement vastes qui permettent à son imaginaire de s'exprimer à merveille.
On marche sur sa peinture, on entre en entier dans des tableaux éclatant de couleur dans lesquels se promènent avec nous des animaux, des êtres humains et des objets quotidiens.
Aija se définit comme figurative même si ses huiles tendent plutôt vers l'abstrait. Une force intérieure inconnue la guide; son inconscient devient image.
Influencée par l'art africain, aborigène, les icônes russes, l'envergure de l'architecture rurale et Picasso, Aija Zarina conserve tout de même en elle l'héritage letton des légendes d'autrefois.
Ce qui distingue l'art moderne letton des chansons traditionnelles sont ses contradictions, tensions, luttes intérieures qui font de l'art un dialogue de l'artiste avec lui même.
Ainsi, elle nous transmet toute son énergie et son art devient magie.

Catalogues
Deux catalogues comportant des textes originaux de Michel Nuridsany, commissaire de l'exposition, seront édités à cette occasion.

Gérard Rondeau
Reporter et portraitiste, amateur d'histoire construite et d'ensembles cohérents, Gérard Rondeau travaille avec la presse française et étrangère. Expositions, livres, presse, il procède presque toujours par séries et aime les rencontres : des Champenois à Viallat ou à Garouste, de la Roumanie aux jardins de Port Royal (commande pour les musées de France), des cafés de New York au parc de Kronvald à Riga, avec toujours une rigueur attentive aux secrets des lieux et des êtres.
Il collabore avec l'Agence VU.
Nombreuses expositions personnelles en France et à l'étranger.
Réalisations de nombreux clips vidéographiques à partir de travaux photographiques pour la télévision.
"Capitales oubliées Vilnius, Riga, Tallin.
Capitales baltes passées sous silence depuis près d'un demi-siècle, ces trois villes affirment à travers les images de Gérard Rondeau leur identité. Forgées par une histoire aujourd'hui trop souvent oubliée de l'Europe Occidentale, confrontées à un destin imposé à l'issue d'une guerre mondiale, Vilnius, Riga et Tallin ont su préserver leur mémoire. Sans jamais tomber dans l'expressionnisme lyrique ou dramatique, le photographe Gérard Rondeau a saisi la beauté architecturale de la Lettonie, de l'Estonie et de la Lituanie, des compositions empreintes de poésie marquées au noir de la tragédie. Grâce à lui, ces trois capitales recouvrent aujourd'hui une réalité tangible.
Un ouvrage.
A cette occasion les éditions Vilo et le Département des Affaires Internationales publient le livre "Capitales oubliées, Vilnius, Riga, Tallin", premier ouvrage d'une série ("Capitales oubliées") qui permettra de revisiter ces villes de l'ex-URSS, de l'Extrême-Orient, de l'Afrique ou d'ailleurs.
Les photos de Gérard Rondeau sont accompagnées d'une préface de Danièle Sallenave : "La photographie ne raisonne pas, ne juge pas, elle décrit, elle constate. Elle ne fait pas d'hypothèses. Elle ne dit jamais "peut-être" mais toujours "c'est ainsi". Voici, dit-elle muettement, les figures du monde qui se sont imposées aux hommes, comme un destin, sans qu'ils les aient choisies".
"Capitales oubliées, Vilnius, Riga, Tallin", photographies de Gérard Rondeau, préface de Danièle Sallenave. 88 pages - 21 x 27 cm, 77 photos.

Lettonie, situation 1par Michel Nuridsany
Le centre de Riga est sinistre avec ses rues poussiéreuses et grises, ses magasins vides, vieux, ses vendeuses fonctionnaires, son économie de pénurie. Mais si l'on s'éloigne un peu, si l'on va du côté du fleuve, le marché avec ses quatre grandes halles, son animation presque joyeuse, ses couleurs et ses produits nombreux, la vision qu'on avait change complètement. Il y a là même du poisson, une rareté dans cette ville pourtant portuaire. Il faut se méfier de ses premières impressions et des clichés.
Les artistes de Riga se plaignent beaucoup de leurs conditions de travail, de la qualité médiocre du matériel qu'on trouve en Lettonie et, pour étayer leurs dires, ils vous montrent que l'unique revue d'art mensuelle, "Maskla", n'a pas paru depuis Mars, faute d'argent, faute de papier. Certes tout cela est vrai. Et dommage. Et difficile à vivre sans doute. Mais les artistes sont relativement moins à plaindre que la plupart de leurs compatriotes : presque tous disposent d'un vaste et bel atelier et, les différences de niveau de vie aidant, il leur suffit de vendre une ou deux oeuvres à l'étranger pour vivre pendant un an. Modestement.
L'étranger pour les artistes, les galeristes lettons, c'est avant tout l'Allemagne, comme pour à peu près tous les pays dits de l'Est. C'est aussi la Suède, la Finlande, le Danemark proches, et le Canada où vit une importante minorité lettone, paraît-il. La France pour eux n'existe pas, comme la Lettonie pour les artistes et les galeristes français n'existe pas. Que vas-tu faire là bas ?, m'a-t-on dit d'un air interloqué lorsque j'ai annoncé à Paris que j'allais à Riga. Pour la France, les Pays baltes c'est la Lituanie, catholique. La Lettonie est protestante.
Dommage car ce pays est artistiquement parlant, lorsqu'on le connaît, aussi intéressant que la Hongrie ou la Tchécoslovaquie, pays à la mode, dont on fait si grand cas aujourd'hui. Ne manque même pas la grande figure emblématique, nécessaire à la fois morale et artistique, Boris Berzins.
La soixantaine corpulente, vigoureuse mais ménager de ses gestes et de ses mots, toujours un peu sur la réserve, celui-ci jouit d'un respect général. Il n'a jamais dévié dit de lui Aija Zarina, une de ses élèves les plus douées. Il ne s'est jamais conformé en effet à l'idéologie dominante, ni à celle de l'Etat, ni à celle des contestataires officiels, qui exigeaient d'être abstrait par réaction. Soucieux de sa liberté, il l'est encore aujourd'hui, considérant tout le processus de libéralisation actuel d'un �il oblique, vendant peu et ne cherchant pas à vendre plus, si ce n'est aux musées, avide de reconnaissance pourtant, vivant de rien ou presque, de son salaire de professeur dans son petit appartement vieillot encombré de toiles qui s'empilent dans les moindres recoins et jusque sur des armoires qui n'en peuvent plus. Toiles brunes et dorées où l'influence des icônes et des peintures de la Renaissance enchante une peinture puissante, équilibrée, rayonnante, remarquable par la splendeur de la matière et la lumière sourde des feuilles d'or. Grande peinture que celle-là.
Il dit que le dessin est l'essentiel et que c'est dans la peinture d'hier qu'il trouve la force d'être moderne aujourd'hui.
Ojars Feldbergs qui habite une vaste demeure de bois assez en dehors du centre, dans un quartier très agréable au bord de l'eau, ou un certain nombre de sculpteurs ont décidé de s'implanter, ne parle pas beaucoup plus. Tout autant que Berzins il est attentif aux forces vitales qui transitent par son �uvre. Architecte de formation, il travaille de gros blocs de pierre qu'il polit, coupe, troue et peint. Situant son activité dans une sorte d'osmose légendaire avec la nature.
Cette présence des légendes, des contes, des traditions est impressionnante lorsqu'on parle de manière un peu approfondie avec les artistes lettons. Façon d'affirmer son individualité, son identité sans doute, face à l'oppresseur.
Andris Breze, 34 ans, en convient, lui dont l'oeuvre est hantée par les rituels de l'enfance. Il raconte que lorsqu'il était petit, il jouait à creuser des trous dans la terre. Il mettait dedans un objet (oiseau mort, feuille séchée, vieux chiffons, bouton), posait une plaque dessus, recouvrait le tout de terre. L'enfant savait que là il avait un secret. Au véritable ami, il indiquait le lieu où il avait enfoui son trésor : il partageait son secret. L'art de Breze fonctionne selon cette magie, dans des caisses à pain plates avec des collections d'objets intimes. Et c'est superbe.
Quant à Aija Zarina c'est une personnalité étrange, marginale et centrale pourtant, qui intervient sur place, peignant au sol, au plafond et sur les murs, de grandes surfaces violemment colorées s'inspirant de l'art africain, de l'art aborigène et de l'ancien art letton. C'est une femme. Il y a beaucoup de femmes artistes à Riga. Toutes peintres.
Aija Zarina est aussi l'artiste la plus vendue dans ce pays où le marché est encore plus qu'embryonnaire mais où les prix flambent depuis un an.
Ceci dit qui achète ? Quelques rares collectionneurs, mais surtout les étrangers, essentiellement américains et suédois.
Des galeries de Riga on dit qu'il s'en crée une chaque jour. C'est trop dire, naturellement.
La plus connue, Kolonna, est d'un niveau assez moyen. Créé il y a deux ans, elle présente des expositions personnelles toutes les trois semaines, donnant à voir à côté d'artistes contemporains de qualité variable, des céramiques (pour gagner de l'argent), s'épatant de gags qui ont du poil au dent comme d'exposer la galerie vide trente ans après Klein et Iris Clert, et tenant sur le marché des discours où alternent dans une même phrase l'analyse la plus perspicace et les dérives les plus aberrantes. Comme sont aberrants les prix pratiqués par les galeries. Lorsque l'on sait qu'un professeur d'université gagne 5 000 roubles par mois, que signifient les 170 000 roubles affichés pour une sculpture de Feldbergs ou les prix encore supérieurs demandés pour une toile de Blumbergs ou une oeuvre de Aija Zarina ? La responsable de la galerie semi- privée Bastejs (60 m2) qui existe depuis un an, qui va s'agrandir un peu, bientôt et qui vend surtout des gravures, d'ailleurs fort belles, prétend pourtant avoir vendu dix oeuvres à plus de 100 000 roubles en un an, refusant de préciser si c'était à des étrangers ou aux deux collectionneurs lettons qui achètent régulièrement dit - elle, des oeuvres dans sa galerie.
Toutes les galeries, en fait, ne fonctionnent qu'en rapport avec l'étranger. Est- ce un hasard si elles déposent des dépliants alléchants (avec des plans situant la galerie) dans le hall des grands hôtels où descendent les Allemands et les Américains. Les étrangers vers qui se tournent tous les regards ont même un musé: le musée des beaux-arts étrangers.
Quant aux foires, les lettons n'en ont pas. Ils n'ont qu'une fête mais dont l'importance fut jusqu'à aujourd'hui considérable, la fête des arts, en avril, devant la cathédrale. Ce fut, sous l'ancien régime, la seule ouverture possible, le seul lieu où l'on pouvait montrer des oeuvres intéressantes contre l'idéologie dominante. On faisait passer cela pour de l'art décoratif et ça allait. Les autorités se contentaient de minimiser l'événement. C'est seulement la fête disaient-ils. Mais l'avant-garde était là. Personne ne s'y trompait. De la mêm faço, les élèves les meilleurs se retrouvaient non pas à l'Ecole des Beaux Arts trop en pleine lumière mais à l'Ecole des Arts Appliqués, un peu négligée, voire méprisée.
Non loin de la cathédrale à l'ombre de laquelle se déroulait la fête des arts, des barricades dressées au bout d'une rue pour défendre le parlement sont demeurées en l'état. On peut y lire "Red army go home", ou "Freedom for Baltic".
En anglais. La Lettonie vit toujours sous le regard de l'étranger.

Présentation des artistes

Origine géographique

Lettonie

Mots-clés

Date (année)

1992

Cote MCM

MCM_1992_LV_E1

Contributeur

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Titre Localisation Date Type
Lettonie. Aija Zarina (peintre). Ojars Feldbergs (sculpteur). Affiche Lettonie 1992-09-30 Affiche