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Russie. Chant sacré. Ensemble Sirin de musique ancienne russe. Spectacle

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Évènement

Titre

Russie. Chant sacré. Ensemble Sirin de musique ancienne russe. Spectacle

Date

1992-09-29

Date de fin

1992-10-17

Artistes principaux

Direction artistique

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

29 septembre-17 octobre 1992
Direction artistique, Andrei Nikolaievitch Kotov
avec
Irina Georgievna Baigulova
Olga Georgievna Baigulova
Serguei Alexandrovitch Barannikov
Valentina Pavlovna Georgievskaia
Oleg Vicheslavovitch Elisseev
Vladimir Victorovitch Zotov
Ekaterina Nikolaievna Zotova
Lada Vadimovna Kondrachkova
Pave1 Vsevolodovitch Kounich
Oleg Anatolievitch Kourkov
Arkadii Vladimirovitch Sagaidak
Directeur, Georges Georgievitch Polichenko

L'histoire de la musique savante en Russie présente un caractère très différent de celle des pays d'Europe occidentale. Alors que très tôt en France, en Italie, en Allemagne, musique sacrée et musique profane se côtoient et s'influencent mutuellement, la musique religieuse va demeurer longtemps la seule expression musicale savante de Russie.
Plusieurs facteurs concourent à cette situation :
- Une christianisation rapide et massive décidée par le souverain Vladimir au Xe siècle accompagnée d'un cortège de transformations socio-culturelles
- La concentration jusqu'à une époque tardive, de tous les moyens de diffusion de la connaissance dans les structures ecclésiastiques
- La position centrale qu'occupe la musique dans le rite byzantin fixé au IVe siècle par St Basile et St Jean Chrysostome.
Parce qu'elle est aussi exécutée par le peuple et pas seulement la chasse gardée des ecclésiastiques, la musique devient un enjeu religieux, artistique et politique.
L'évolution de la musique liturgique russe peut être considérée en deux phases qui coïncident avec deux grandes périodes de l'histoire de la Russie.
La première (Xe - XVIe siècles) est la phase byzantine : la Russie vit en étroites relations avec Constantinople dont elle devient l'héritière spirituelle après la chute de l'empire byzantin en 1453 et l'invasion de la Bulgarie par les Turcs. Le chant, hérité de Byzance, est marqué par un certain caractère oriental : monodies, ornementation riche (mélismes), rythmes soumis à la métrique poétique.
La deuxième phase (XVIIe - XIXe siècles) est celle de l'entrée de la Russie dans le monde occidental, de l'introduction de la polyphonie et de l'ouverture de la musique sacrée aux influences germaniques et italiennes.

La période byzantine
La Russie (Royaume de Kiev) se convertit officiellement au christianisme byzantin en 988-989. Diverses chroniques rapportent que le prince Vladimir hésitait entre le catholicisme, l'orthodoxie et l'islam envoya des missions un peu partout pour étudier ces religions. Or ses émissaires furent émerveillés par l'accueil qui leur fut réservé à Constantinople : "Là, contemplant l'éclairage magnifique de la fête et écoutant les chants harmonieux, nous restions éblouis et sans voix".
Les Bulgares, convertis un siècle auparavant et qui pratiquaient une liturgie
traduite du grec en slavon, jouèrent un rôle décisif dans la christianisation du peuple russe. A la demande de Vladimir ils envoyèrent Michaïl qui devint le premier métropolite russe, quatre évêques, des prêtres, des diacres et des chanteurs. Ces derniers formèrent les Russes à l'écriture slavonne mise au point un siècle plus tôt par St Cyrille et St Méthode et leur enseignèrent les notations complexes du système musical byzantin.
Michaïl voyagea beaucoup, il baptisa, fonda des églises, organisa les choeurs et fixa le règlement de l'Eglise. Il ouvrit des établissements religieux destinés à former les prêtres, les diacres et les chanteurs.
La période du XIe au XVe siècle est celle du pur chant byzantin. Byzance tente d'ailleurs au début d'exercer un contrôle sur le chant russe en envoyant des choeurs et des solistes auprès de la Cour de Russie.
Les notations musicales sont neumatiques, c'est-à-dire écrites au moyen de signes diacritiques placés au-dessus des syllabes du texte sacré. La mélodie, toujours chantée à une seule voix, est exécutée soit par un choeur soit par un soliste et un chanteur en alternance, voire même par deux choeurs alternés.
Après la chute de Constantinople en 1453 et l'occupation turque de la Bulgarie, la Russie devient la dernière forteresse des Chrétiens orthodoxes en Europe orientale. La musique liturgique russe se met dès lors à évoluer indépendamment du monde greco-byzantin. Les systèmes de notation neumatiques toujours plus complexes font apparaître des signes nouveaux. Le chant lui-même fait l'objet d'une ornementation vocale de plus en plus riche, particulièrement dans les parties solistes. C'est ainsi que vers la fin du XVIe siècle des formes nouvelles comme le bolchoï raspev et le znamenyi raspev (voir programme).
Si la première réforme de la langue russe (XIVe - XVe siècle) a peu d'influence sur le chant religieux, il n'en va pas de même de la seconde (XVIIe) : la suppression de certaines voyelles et de syllabes, le déplacement des accents entraînent la nécessité d'une réforme du système musical. A la même époque, Nicon, Patriarche de Moscou, tente un rapprochement avec les Grecs. Ceux-ci envoient l'hiérodiacre Meletij pour enseigner le chant grec aux diacres et sous-diacres russes. Mais dans une Russie qui commence à s'ouvrir à l'Occident et découvre avec délices le chant polyphonique venu de Pologne, cette collaboration tardive se solde par un échec. Pour faciliter l'harmonisation des mélodies, on commence alors à les simplifier. Privées des mélismes vocaux qui tels des arabesques ornaient certaines syllabes, figées dans un cadre rythmique bien symétrique, les mélodies perdent définitivement leur caractère byzantin pour servir, comme en Occident, de cantus firmus à la polyphonie.
Seuls quelques irréductibles perpétuent sous le nom de Vieux Croyants, la
liturgie traditionnelle.

Le chant polyphonique
Les textes les plus anciens faisant référence au chant polyphonique datent du milieu du XVIe siècle.Déjà à cette époque, le chant populaire faisait usage de formes polyphoniques et certains musicologues suggèrent que les premières polyphonies sacrées furent bâties sur le modèle du chant populaire, comme semble l'indiquer la fréquence de lignes mélodiques parallèles et l'usage d'intervalles dissonants (voir Dimiestvenyi raspev dans le programme). Sans doute, le goût généralisé (peuple, clergé et aristocratie confondus) pour le chant à plusieurs voix facilite l'introduction des règles de la polyphonie classique, par la Pologne et l'Ukraine et ce sont ces deux courants, classique et populaire, qui imprègneront les nouvelles compositions liturgiques russes.
Dès 1700, la notation neumatique qui ne répond plus aux nouveaux besoins est remplacé par la notation occidentale sur portées. Les oeuvres nouvelles présentent de nombreuses analogies avec le chant choral allemand (Schütz, Bach) ; c'est le cas notamment des kant, dont l'inspiration et la forme puisent dans le choral luthérien. Apparaissent aussi de vastes compositions polychorales à 8, 12, voire 48 voix !
Le XVIIIe est aussi le siècle du goût italien, particulièrement à la Cour de Russie qui n'a de cesse d'attirer des musiciens italiens àSt Petersbourg. Les services religieux sont alors l'occasion de véritables concerts où le public se rend comme à l'opéra pour écouter les "concerti à plusieurs parties" du célèbre Bortnyansky. Après Turchaninov (1779-1856), dernier compositeur dans le style italien, les successeurs de Bortnyansky semblent plutôt marqués par le romantisme allemand. Fyodor Lvov et son fils Alexeï Lvov en puisant leurs thèmes dans les mélodies populaires, à la manière du lied allemand, contribuent à la naissance de l'Ecole de St Petersbourg, qui dominera la musique liturgique russe jusque vers 1880.
La fin du XIXe siècle voit enfin émerger une nouvelle école dite de Moscou, et qui réunit autour du Choeur Synodal de Moscou les plus grands compositeurs du temps, parmi lesquels Rakhmaninov dont la Liturgie de St Jean Chrysostome passe pour l'un des derniers chefs-d'oeuvre de la musique religieuse russe.

Le chant populaire d'expression religieuse
On a vu la place exclusive qu'occupait la musique liturgique dans la musique savante russe jusqu'au XVIIIe siècle. On a vu également quel fut l'apport probable du chant populaire dans l'élaboration de la polyphonie liturgique. Mais que peut-on dire de la tradition populaire elle-même, tradition orale par essence et dont l'absence de sources écrites rend l'étude difficile?
On peut supposer que la tradition populaire du fait de son contexte sociologique et de son oralité n'était pas soumise à l'emprise institutionnelle de l'Eglise. Elle put donc évoluer en toute liberté et permettre la coexistence de chants profanes et religieux utilisant indistinctement les mêmes formes musicales : monodies a
cappella, monodies accompagnées, choeurs responsoriaux à une ou plusieurs voix. La vie du paysan russe comme dans toutes les sociétés agricoles était profondément marquée par le calendrier agraire et les étapes importantes de la vie (naissance, mariage, mort). C'est pourquoi le répertoire populaire est très riche en chants de Noël dans lesquels la célébration de la Nativité ne dissimule pas complètement les rites du solstice d'hiver, en chants de deuil et de commémoration, en chants de carême et en prières d'intercession adressées à la Vierge et aux grands saints patrons. La plupart de ces chants sont parvenus jusqu'à nous grâce aux collectes qu'effectuèrent les musiciens et les folkloristes du XIXe siècle.

Programme
Première partie: chants liturgiques du XVIe au XVIIe siècle
- Znamenyi raspev : psaume 102 de David, début des Vêpres (XVIe s.)
- Znamenyi raspev : chant conventuel dédié à la Vierge (XVIe s.).
- Raspev à la gloire de la Vierge par lequel s'achevait la liturgie conventuelle (XVIe - XVIIe s.).
- "Sainte-Vierge, réjouis- toi", chant conventuel célébrant l'Annonciation (attribué au Couvent de la Résurrection à Moscou, fin XVIIe).
- Chant des Vêpres dédié à la Vierge (milieu XVIIe)
- Dimiestvenyi raspev (raspev polyphonique) extrait du Manuscrit du
Tsar Alexis (fin XVIIe).
- Dimiestvenyi raspev consacré à la Nativité (milieu XVIIe).
- Raspev harmonisé dans le style polonais et ukrainien (milieu XVIIe). L'un des onze chants évangélique exécuté à l'office du dimanche.
- Raspev harmonisé dans le style polonais et ukrainien (milieu XVIIe). Cet "hymne des anges" accompagne le Mystère divin (transsubstantiation du pain et du vin) au milieu de la liturgie.

entracte

Deuxième partie: chants populaires d'expression religieuse
- Lamentations de Joseph, fils de Jacob, vendu comme esclave par ses frères. Chant traditionnellement exécuté par des musiciens aveugles sur les parvis des églises et accompagné à la vielle à roue. (soliste : Andreï Kotov)
- Chant de funérailles évoquant un dialogue entre l'âme et le corps au moment de la mort. (soliste : Valentina Georgieskaïa)
- Chant des Vieux Croyants. (Une fraction des orthodoxes russes qui au XVIIe siècle refusa la réforme musicale et conserva l'ancienne liturgie).
- Chant de commémoration exécuté les 9e et 40e jours après un deuil
(région de Smolensk).
- Prière chantée pendant le carême et appelant à la bénédiction de Dieu. (soliste : Ekaterina Zotova)
- Un extrait de la Passion du Christ dans la tradition des musiciens aveugles.
- Chant dédié à Ste- Marie d'Egypte, dont les textes apocryphes rapportent qu'après s'être rendue à Jérusalem pour rencontrer la Vierge, elle passa vingt années dans le désert en méditations (soliste : Valentina Georgieskaïa)
- Chant en vieux slavon à la gloire de St- Georges terrassant le dragon, tradition ukrainienne de la fin du XVIIIe siècle et harmonisé au XIXe.
- Chant de louange à la Vierge, traditionnellement exécuté après la liturgie lors des fêtes consacrées à la Vierge.
- Christos slavie, chants de procession et de quête exécutés à Noël

Contributeurs

Origine géographique

Russie

Mots-clés

Date (année)

1992

Cote MCM

MCM_1992_RU_S1

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Russie. Chant sacré. Ensemble Sirin de musique ancienne russe. Photos Russie 1992-09-29 Photo numérique
Russie. Chants liturgiques. Affiche Russie 1992-09-29 Affiche
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Saison 1992 1992