Ressource précédente
Ressource suivante

Russie. Crime et Châtiment, de Fiodor Dostoïevski. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Russie. Crime et Châtiment, de Fiodor Dostoïevski. Spectacle

Sous-titre

Par le Théâtre de la Taganka

Date

1994-01-19

Date de fin

1994-02-06

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

19-22 janvier; 2-6 février 1994
Spectacle en russe sous-titré en français.
DISTRIBUTION
BORIS GODOUNOV, CRIME ET CHATIMENT
Mise en scène et Direction artistique YOURI LIOUBIMOV
Décorateur : David Borovski
Boris Godounov : Vitaly Chapovalov
Le faux Dimitri : Valery Zolotoukhine
Marina Mnichek : Alla Demidova
Chouiski : Youri Beliaev
Pimene : Ivan Bortnik
Le Patriarche : Alexandre Trofimov
Vorotinski, Pouchkine : Youri Smirnov

Accompagnés par les comédiens de la "Taganka"
Felix Antipov, Alexei Grabbe, Ekatenna Grabbe, Taissia Dodina, Konstantin Jeldine, OIeg Kaznatcheyev, Natalia Kovaleva, Elena Manicheva, Serguei Savtchenko
Tatiana Sidorenko, Alexandre Foursenko,Stanislas Kholmogorov, Igor Pekhovitch
Larissa Maslova, Marat Fattakhov, Serguei Istchenko, Anna Agapova, Eiena, Bobilieva, Anastassia Kolpikova, Renata Sotinadi, Svevclod Sobolev,

Décorateur David Borovski
Compositeur Edison Denissov
Assistant metteur en scène Youri Pogrebnitchko

Raskolnikov : Alexandre Trofimov
La mère : Alla Demidova, Tatiana Sidorenko
Dounia : Anna Agapova
Sonetchka : Anastassia Kolpikova
Svidrigaïlo : Vitaly Chapovalov
Loujine : Stanislas Kholmogorov
Marmeladov : Felix Antipov
Catherine : Natalia Kovaleva
Lebeziatnikov : Oleg Kazantcheyev
Razoumikhine : Alexei Grabbe
Zametov : Youri Smirnov
La vieille : Larissa Doudina
Lisabeth : Marina Politzeimako
Nastassia : Ekaterina Grabbe
Mikolka : Serguei Istchenko
Porfiry Petrovitch : Vsevolod Sobolev, Konstatin Jeldin
L'inconnu : Youri Beliaev
L'intellectuel à la hache : Serguei Savtchenko
Le prêtre : Youri Beliaev
Les prostituées et les femmes Kobiliatnikova : Tatiana Sidorenko, Renata Sotiriadi, Elena Manicheva
L'officier de ravitaillement à la retraite : Youri Beliaev
Amalia Ivanovna : Taïssi Dodina

Ecrite en 1866, Crime et Châtiment est l'oeuvre d'un penseur Dostoïevski qui lie en un tissu indissociable, intrigue romanesque, étude psychologique et contenu philosophique.
Le personnage central, Raskolnikov, est plein de bons sentiments, mais l'exercice faussé de sa raison le conduit au crime et le crime sans repentir lui rend la vie intolérable. Jusqu'au jour où, amené par l'amour à l'aveu il entrevoit sa résurrection.

Réflexions sur Dostoïevski et Crime et châtiment par Youri Lioubimov
Crime et châtiment dont j'avais fait l'adaptation avec Youri Karaguine fut créé à Budapest en 1978, et joué à la Taganka pour la première fois en février 1979, dans un nouveau décor. Edison Denissov en avait composé la musique et David Borovski réalisé la scénographie. Un élément du décor d'une remarquable simplicité synthétisait plusieurs thèmes du roman : Borovski avait imaginé une porte mobile dont les mouvements à travers le plateau rythmaient le jeu des acteurs; C'était tout à la fois la porte du réduit de Raskolnikov, et la porte devant laquelle l'usurière et la jeune Lisaveta trouvent la mort. C'est aussi une puissante métaphore de la schizophrénie et du dilemme du héros, dont l'âme est écartelée entre l'horreur de son acte et la pauvreté de ses justifications, entre le crime et son châtiment.
Dostoïevski est mon compagnon de route depuis des années et je peux certes comme Pouchkine pester contre "ce Diable qui me leurre et me fait tourner en rond", mais en réalité, j'ai toujours trouvé dans ses romans et ses nouvelles un havre de calme et de sérénité. Je n'étais pas seulement attiré par ses convictions morales ; la matière même de ses oeuvres me semblait particulièrement théâtrale : tourbillons, état de transe, personnages fantasmagoriques. Enfin son style m'inspirait : réaliste dans les détails fantastiques dans l'écriture et la construction, avec une perception extraordinairement aigue des personnages qu'il fait apparaître devant nos yeux dans les moindres détails de son récit; Tout son genre est là.
Très vite l'idée m'était venue de monter tout un cycle Dostoïevski quand je tombai un jour par hasard sur le cahier d'un écolier. Ce que je lus me laissa absolument atterré. Dans sa dissertation, l'élève avait écrit : "Raskolnikov a eu raison de tuer la vieille usuriere ; son seul tort est de s'être fait prendre". Dans les écoles soviétiques, il ne faut pas oublier que Dostoïevski n'était permis dans les programmes scolaires que depuis 1969, et l'acte du héro de Crime et châtiment y est interprété de la façon suivante : ce n'est pas un dérèglement de son esprit malade, mais un juste sentiment de révolte, une pulsion quasi révolutionnaire qui le pousse à fracasser le crâne de la vieille d'un coup de hache.
Dostoïevski à mon sens n'écrivait pas du tout de ce point de vue là. Je pris la décision d'entamer mon travail par ce premier roman. Réfléchissant à la dissertation de cet élève, je laissai de côté l'influence de l'environnement du système éducatif soviétique et m'interrogeai plus gravement : la confusion dont nous parle Porphyre aurait-elle saisi nos esprits au point d'y confondre le bien et le mal ?
Je puise cependant dans l'oeuvre de Dostoïevski un réconfort et une force extraordinaire. Il sait faire briller dans cette nuit si noire, la lueur d'un espoir et d'une certitude morale. Ce n'est pas sans ironie que l'auteur dans cette oeuvre fait de l'inspecteur- philosophe, son porte-parole. Ses paroles sont des paroles de vérité. Dans une scène superbe, Porphyre dit un peu plus tôt à Raskolnikov : "Moi aussi, je suis convaincu que le monde doit changer. Mais il faut commencer par soi-même : le reste n'est que conséquence".
J'admire le courage de l'artiste, j'admire la foi du croyant qui lui permettent de réaliser un tel prodige. Dostoïevski dit ce que nous n'osons plus nous dire. Dans son roman Les Possédés, le héro évoque l'horreur de son crime et la tentation de se tirer une balle dans la tête : "l'idée n'est pas nouvelle, précise-t-il, mais quand celle-ci me vint à l'esprit, elle m'inspira ce sentiment - car une idée vous inspire un sentiment."
Seul Dostoïevski pouvait exprimer comme il l'a fait, la dimension et la difficulté de ce paradoxe. Il y réussit magistralement, non par le seul instrument d'une froide intelligence, mais grâce aux ressources de son être tout entier. Quelle leçon pour un homme de théâtre!
Propos tirés du livre : Youri Lioubimov - Le feu sacré -
Souvenirs d'une vie de théâtre, Fayard, 1985

CRIME ET CHATIMENT DE DOSTOÏEVSKI Synopsis
On connaît le canevas de ce roman célèbre : Raskolnikov a tué une vieille usurière. Personne ne le soupçonne. Il vit dans un milieu de misère, mais dévoré de volonté de puissance, il se croit tout permis. Dostoïevski nous montre l'approche subtile du juge d'instruction Porfiri qui finit par lui faire avouer son crime. Cette situation n'est que le support d'une oeuvre dont la richesse psychologique, philosophique et sociale demeure aujourd'hui inépuisé. Voici la lecture qu'en fait Youri Lioubimov :

Deux criminels sur la croix. L'un fut sauvé l'autre ... (Il cherche un mot de sens opposé) maudit ... Samuel Beckett.

Prologue - Le lieu du crime.
L'homme à la hache : "Un crime et cent bonnes actions : affaire de mathématique."

ACTE l
Scène 1 - Le criminel (Raskolnikov) : "Rien n'existe nulle part... seul existe un maître, un seul, le reste est pygmées, vermines, esclaves, déchets, immondices, fumier. Il faut oser franchir le pas. J'ai osé". Le journal : "Horrible crime en plein jour".

Scène 2 - Le pardon. Sonia absout Raskolnikov. Au cabaret. Marmeladov, fonctionnaire déchu et ivrogne, raconte que pour subvenir au besoin de la famille, sa fille Sonetchka a été réduite à se prostituer.

Scène 3 - Raskolnikov reçoit une lettre de sa mère. "L'essentiel est qu'il ne se produise rien, alors tout se produira." Raskolnikov est pris entre la compassion et l'image de Sonetchka, "ce puits auquel tous vont boire sans payer l'octroi" et le désir de se libérer de tout devoir envers sa famille.

Scène 4 - La lettre a appris à Raskolnikov que sa soeur Dounia va épouser Loujine sans amour pour sauver la famille de la misère. Puis les pensées du jeune homme prennent un autre tour ;"Qu'ils s'entre-dévorent' Chaque année il en part un certain pourcentage au diable... Comment faire pour être de l'autre pourcentage ? "Au fond de lui, il se sait condamné mais il veut survivre à tout prix.

Scène 5 - Dialogue philosophique entre Loujine et Razoumovski (ami de Raskolnikov) sur la nature russe : "Voici deux cents ans qu'on nous a désappris à agir", "Le désir du bien est un enfantillage". "Des filous, nous en avons des multitudes, mais du savoir-faire, nous n'en avons aucun. Nous sommes une tribu de ratés". "Des idées utiles au lieu de nos vieux rêves romantiques. C'est ça le progrès. On m'a dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même. J'ai partagé mon manteau en deux et nous sommes restés à moitié nus l'un et l'autre. C'est mathématique." Raskolnikov intervient : "Donc, le meurtre est permis." Puis les choses tournent tout à fait à la russe : dès leur première rencontre, des gens qui ne se sont jamais vus se prennent aux cheveux.

Scène 6 - Marmeladov, renversé par un cheval, est ramené mourant chez lui. "Dieu est miséricordieux" dit le prêtre à Catherine qui répond : "Mais Dieu n'a pas la tête à nous." Mameladov meurt en demandant pardon à Sonetchka. Raskolnikov exige que sa soeur renonce à son mariage avec Loujine.

Scène 7 - Chez Raskolnikov dont la chambre est "un tombeau sans air". Sa soeur aussi croit aux réalités mathématiques. Sonetchka vient inviter Raskolnikov au repas de funérailles de son père.

Scène 8 - Tout comme le papillon vole vers la flamme. Raskolnikov s'est rendu chez Porfin. Thème philosophique : le crime existe-t-il ? "L'âme vivante est rétrograde suspecte. Une charogne ne se révolte pas. L'éternel mystère tient en deux feuillets. Que celui qui possède une conscience souffre. C'est cela, outre le bagne. le châtiment Et je ne me suis jamais considéré comme Napoléon."

Le rêve de Raskolnikov - C'est un rêve de pouvoir où Porfiri apparaît sous les traits de Napoléon. Raskolnikov a soif de crime, soif de solitude. Pour le criminel, le Dieu bon est un Dieu mort. L'image de la Croix s'impose à lui avec l'idée du crime et du châtiment de l'expiation.

Scène 9 - Le riche Svidrigaïlo dont la femme vient de mourir a fait de Dounia sa maîtresse. "Je ne suis pas assez bon parce que je ne suis pas assez mauvais", dit-il, et Raskolnikov ressent pour lui une étrange affinité.

Scène 10 - Dounia s'explique avec Loujine. Querelle. Chez Sonetchka. Raskolnikov lui baise les pieds : "Ce n'est pas devant toi que je me prosterne, mais devant toute la souffrance humaine. Qu'est-ce que Dieu te donne en échange de tout cela ?", "Tout". En tuant la vieille, Raskolnikov a aussi tué Lisabeth, témoin gênant Il l'évoque à présent.

ACTE II
Scène 11 - Chez Porfiri. "Il est déjà ma proie. Il ne partira ni a l'étranger ni dans la Russie profonde où il n'y a que des moujiks barbares. Un homme moderne préfère la prison plutôt que la compagnie de pareils "étrangers". Il ne s'enfuira pas. Le papillon vole vers la flamme. Alors que Raskolnikov est sur le point d'avouer, une surprise sidère les deux hommes ; Mikolka s'accuse du crime.

Scène 12 - Le repas de funérailles de Marmeladov. Au milieu de divers propos, "je ne suis venu que pour contester." "Mes père et mère, je leur assènerai ma contestation." "Porter les cornes ? c'est une erreur", Loujine accuse Sonetchka de lui avoir volé cent roubles. Catherine refuse de le croire. Un voisin déclare avoir vu Loujine glisser cet argent à la jeune femme pour pouvoir l'accuser. La logeuse jette toute la famille Marmeladov à la rue.

Scène 13 - Raskolnikov avoue à Sonetchka que c'est lui qui a tué la vieille et Lisabeth. "Il n'y a pas, lui dit Sonetchka, plus malheureux que toi au monde. Avoue à haute voix et Dieu t'enverra une nouvelle vie". "Je veux m'absoudre moi-même". "L'homme ne peut pas se donner l'absolution à lui-même."

Scène 14 - Catherine devient folle et meurt. Svidrigaïlov dont Dounia a refusé l'argent, consacre cette somme à l'enterrement de la mère et aux besoins des enfants. "Tous les hommes ont besoin d'air, d'air, d'air."

Scène 15 - Porfiri mène ouvertement son interrogatoire , tout en se demandant en homme de coeur : "Le bien est-il le bien ? On peut plaindre un criminel, on ne peut appeler le mal le bien. Ne dédaignez pas la vie. Mettez-vous en plein soleil, que tout le monde vous voit."

Scène 16 - Affrontement entre Raskolnikov et Svidrigaïlov. Déclaration cynique de ce dernier qui fait l'apologie de la débauche. Dounia refuse de le suivre. Elle a deviné qu'il a empoisonné sa femme.

Scène 17 - Rêve et suicide de Svidrigaïlov.

Finale - Raskolnikov passe chargé de chaîne: il est condamné à huit ans de bagne. Sa mère l'attendra.

Textes

Mise en scène

Origine géographique

Russie

Mots-clés

Date (année)

1994

Cote MCM

MCM_1994_RU_S3

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Saison 1994 1994