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Russie. Katia Medvedieva. Exposition

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Évènement

Titre

Russie. Katia Medvedieva. Exposition

Date

1994-01-06

Date de fin

1994-02-06

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Exposition

Description de la pratique

6 janvier-6 février 1994
Des caves de Moscou aux Champs-Elysées, exposition d'une grande primitive russe.

A la suite du "Mouvement de l'Ermitage" en 1979, Moscou, une sorte de nécessité d'autodéfinition surgit parmi les plasticiens qui exposent leurs oeuvres, plusieurs fois par an, en semi-clandestinité, dans une cave de H.L.M sur la perspective Profsoyuznaïa à la périphérie de la ville. L'art officiel qui ne permet pas les écoles, et à plus forte raison les déviances, interdit, jusque là, une terminologie de désignation.
Avec Léonide Pourigine et d'autres, Katia Medvedieva constitue le groupe des "Nouveaux Mystiques". Ce nom, attribué par la jeune critique de Moscou, (qui, elle aussi, fait ses premiers pas dans l'exercice de l'expression), correspond au rejet d'une certaine idéologie de l'art et un retour vers des valeurs non exprimables depuis la Révolution de 1917.
Dans les contenus comme dans les techniques, Katia Medvedieva oriente l'attention vers une délivrance de l'oeil (elle-même, ayant toujours été marginale, n'éprouve pas le besoin de libérer sa peinture). Cet acte d'affirmation d'identité par rapport à Katia correspond à un nouveau regard sur l'art populaire et a sa réhabilitation. En effet, si, pendant la période du Réalisme Socialisme, l'art populaire n'a cessé de se perpétuer, il a été, soit considéré comme un art mineur et indigne de figurer dans des expositions organisées par les autorités, soit totalement rejeté à cause du message véhiculé par les peintres d'images saintes ou d'icônes naïves.
Katia Medvedieva, sans famille, recueillie dans un orphelinat d'Azerbaïdjan puis dans les fermes du Caucase, puis dans la campagne russe, n'a eu, sous les yeux, que des couleurs et des contours inscrits dans des objets populaires. Le monde de la représentativité ne lui est apparu que sous la forme des supports de l'artisanat (broderies, peintures sur bois, icônes, etc ...) et de l'outil ou de la chose fonctionnelle. Sa fréquentation d'un système de vision de l'immédiat et d'un code symboliste n'a pas manqué de laisser de fortes marques dans sa peinture. Ses contacts avec les éléments graphiques épars mais signifiants, du monde islamique (en Azerbaïdjan et avec les inscriptions chargées des pays du Caucase, chrétiens orthodoxes mais encore teintes d'animisme (planches sculptées, destinées à éloigner le mauvais sort, formules de protection inscrites dans la pierre des maisons ou brodées, talismans ciselés dans les bijoux, etc'), placent naturellement sa peinture dans la ligne d'une expression magique. Elle lance sur la toile des cercles colorés, entoure des visages d'un double trait, écrit des phrases et ponctue les corps de pointillés, sans se préoccuper du sens précis, mais en ayant conscience de faire naître un objet protecteur.
Cependant l'artiste est avant tout une coloriste et sa sensibilité réagit à la juxtaposition d'aplats. Les premières oeuvres, sur carton ou lambeaux de draps, forment des suites de vibrations intenses, même si elle injecte un contenu narratif et parfois moralisateur.
C'est sans doute son séjour d'adolescente dans une région où règne la calligraphie musulmane qui lui forme le goût de l'écriture étroitement mêlée à l'image.
La fréquentation du seul art populaire jusqu'au geste créateur donne aussi le ton à la composition de ses toiles. L'absence permanente d'échelle de perspective, de centrage, confère à l'ensemble un caractère dansant et reflète, à cause du mouvement, une joie de vivre.
Les anges, Pouchkine, Gorki, Gogol, les Saintes Femmes, les oeufs de Pâques, les coupoles des églises, les musiciens errants jaillissent sous les pinceaux de Katia Medvedieva, puissamment animée par un sentiment du religieux assez diffus pour créer, par une chaotique ferveur mystique, un involontaire surréalisme ; par exemple, l'Ange Gabriel chevauche devant les bâtiment du Soviet Suprême, ou bien Pouchkine erre dans une gare et les femmes du peuple partagent les gâteaux de fête à la table des Saints.
Un peu hâtivement après sa rencontre avec Chagall, la critique russe a fait de Katia une "naïve". Chagall n'avait-il pas écrit sur un petit carnet, à la suite d'une visite à "l'Ermitage" : "A Katia, une grande primitive russe ." ?
Katia Medvedieva renonce aux modèles, aux prototypes, généralement utilisés dans l'art naïf. Elle exerce avec une soif inextinguible l'expression de sa liberté.
Françoise Gründ



En 1968, Elvira Semionovna Kunina, Directrice de la Maison des Arts Traditionnels de Russie à Moscou, rencontre Katia Medvedieva qui vit alors de ménages dans les fermes des environs de la capitale. Elle lui achète ses premières oeuvres et l'encourage en lui fournissant du matériel.
Après plusieurs passages du peintre à "l'Ermitage", Elvira Semionovna Kunina lui organise quelques expositions puis présente son travail à des visiteurs étrangers.
A une époque où les artistes étouffent en Union Soviétique elle lui permet ainsi de survivre et de s'affirmer comme artiste.

- Expositions collectives
Moscou, "Ermitage" 1972- 1973- 1974.
Moscou, Maison des Arts Traditionnels de Russie,
1973- 1975- 1976- 1980- 1982.
Paris, Maison des Cultures du Monde, 1988.
Nîmes 1988

- Expositions personnelles
Berlin, 1984.
Moscou, 1985.
Francfort, 1988.
Paris, Galerie du Rond-point, 1993.

Présentation des artistes

Origine géographique

Russie

Mots-clés

Date (année)

1994

Cote MCM

MCM_1994_RU_E1