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Pologne. Les Pragmatistes de S.I. Witkiewicz. Spectacle

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Évènement

Titre

Pologne. Les Pragmatistes de S.I. Witkiewicz. Spectacle

Sous-titre

mise en scène Krystian Lupa

Date

1984-04-16

Date de fin

1984-04-20

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

16-20 avril 1984.
Théâtre Cyprian Norwid à Jelenia Gora. Directeur ' Alina Obidniak. Directeur- Adjoint ' Miroslaw Sienkiewicz. Conseiller littéraire ' Janusz Degler
Musique: variations sur le thème d'"Andaluze" d'Enrique Granados par Bogdan Dominik
Distribution:
Plasphodore Mimetyk : Wojiech Ziemianski
Mamalia, son amante : Zofia Bajno
La Momie Chinoise : Irmina Babinska
Femellon : Mariusz Prasal
Franz von Telek : Zdzislaw Sobocinski
Les gendarmes : Leszk Zentara; Wojciech Lugowski
Objets expérimentaux : Ewa Sobiech; Piotr Szulc
L'homme Mystérieux : Andrzej Nowak

1. LA PEUR, L'EXTASE, LE NEANT et L'ATTENTE
La vie quotidienne, dans le LABORATOIRE DE LA TRANSFORMATION.
Plasphodore poursuit sans espoir une série d'expériences en compagnie de sa maîtresse muette. Ce qu'il souhaite : fondre en un seul MOI, leurs deux MOI, créant ainsi une situation nouvelle pour parvenir à la CONNAISSANCE. Nous les trouvons plongés dans leur expérimentation : Plasphodore propose un thème à Mamalia qui s'efforce d'atteindre un paroxysme émotionnel en symbiose avec lui... ainsi le mur qui les sépare devrait se lézarder.
2. ECRIS, NOM DE DIEU DE CHAROGNE !
Découragé, Plasphodore interrompt ses recherches.
Mamalia exprime son désespoir et le désir de le consoler. Ses gestes sont l'occasion d'une nouvelle expérience, que Plasphodore entreprend sur le champ : la torture !
- "Ecris, nom de Dieu de charogne ! "
Par l'écriture automatique, Mamalia-médium doit faire surgir ce qui est secret. Elle écrit :
-"La torture stérile guide la main dans le gouffre des mots, là où le non-sens et le sens se rencontrent, et créent l'âme d'un être inexistant. Sois cette créature née du mot, qui n'existe pas parmi les vivants."
Elle poursuit :
- "Transforme- toi et moi en un seul mot inexprimable, qu'aucun être vivant ne pourra prononcer ..."
Tout cela n'a rien de neuf.
3. L'IRRUPTION
Soudain survient le Comte Franz Von Telek, frère de Mamalia, ancien ami de Plasphodore et son antonyme métaphysique
Quelques années auparavant, les deux amis ont rompu, à la suite d'une dispute. Néanmoins tout ce qu'ils ont entrepris à partir de ce moment-là n'a été que la continuation de leur dialogue interrompu. Tandis que Plasphodore s'est enfoncé dans l'isolement, Von Telek a parcouru le monde en participant à de suspectes aventures. Il cherche. Bien qu'espérée de chacun, leur rencontre est inattendue et les touche. Ils s'efforcent de masquer leur émotion par une conversation mensongère, astucieuse, indifférente en apparence.
4. LA GRANDE FOUGUE
Tension entre les deux amis. Paralysie de la volonté immobilisée par les excès successifs. Femellon veut profiter de cette situation pour trouver place dans la nouvelle constellation. Humilié par Plasphodore,, il essaie de le compromettre devant Telek en lisant les notes de Mamalia. En réponse, l'autre engage un jeu pervers. Il fait croître la tension, modifie les constellations. Telek surenchérit. Il suggère un passé incestueux avec Mamalia.
Nouvel excès : Mamalia s'efforce de persuader son frère de la tuer. Quand il renonce, elle le frappe à la poitrine avec un couteau.
Un instant plus tard, tout se fige dans une nouvelle constellation.
Mamalia embrasse convulsivement Plasphodore et Franz. Celui-ci, désireux de transgresser à tout prix ' et sans résultat - le jeu, se serre contre Femellon. La scène
s'achève par une crise de fureur de Plasphodore :
- "J'en ai assez ! J'ai bloqué pour toujours toutes les issues. Une seule mort : la sienne et la mienne, c'est cela ma seule issue."
5. IL Y A CINQ ANS A SAIGON
A présent, c'est Telek qui ne supporte plus la situation. Plus tôt qu'il ne l'avait prévu, il introduit son maître-atout : la Momie chinoise, médium qu'il a achetée à un charlatan. Maîtresse de l'insinuation. Elle apporte avec elle trois objets et suggère que ce sont là les débris -fétiches d'un passé oublié :
- "Te rappelles-tu cette nuit à Saigon ? Quand l'opium pénétra dans nos veines, et les enflammait du désir de l'inconnu ?..."
Ces débris ou plutôt leur combinaison, brise le scepticisme de Plasphodore. Il s'évanouit.
ACTE II
6. LA LETHARGIE
La momie domine la situation. Elle s'éprend de son rôle et de son sacrifice. Elle se délecte au tragique de son amour d'autrefois qui n'existe plus, et tire Plasphodore de son état léthargique. En vain, Mamalia essaie- t- elle de la tuer avec un pistolet chargé à blanc'
S'est- il passé quelque chose pendant le sommeil de Plasphodore ? '
La cage d'expérimentation est découverte. Tout autour gisent des vêtements éparpillés' Femellon rampe de sa cachette comme un somnambule et cherche en vain l'apaisement de l'obsession qui le ronge. Franz Von Telek, lui aussi, tourne avec inquiétude autour de son jeu qui semble lui échapper.
7. L'EVEIL ET LES SYNCOPES
Sorti de sa léthargie, Plasphodore ne parvient pas à revenir à la réalité. "Saigon" palpite en lui et le trompe. Rien ne peut changer cette situation : ni la fureur, ni la découverte des mémoires de Telek avec ses projets secrets sur Plasphodore :
-"'Alors, nous pourrions faire avec ce couple de cinglés, une tournée dans le monde entier'"
L'apathie omniprésente se transforme en sentiment d'échec. Eclate l'absurdité des recherches passées.
Plasphodore n'est pas seul à vivre l'échec.
La momie, amoureuse de lui, perd elle aussi tout espoir. En effet, voici le petit Plasphodore, fatigué, qui demande à Mamalia de s'approcher de lui:
-"Tu es pour moi comme une mère pour un fils malade, qui jadis, peut- être dans une autre existence, a cependant été un titan."
Repoussée, elle s'enfuit avec une réflexion amère:
-" Les chevaliers se produisent dans les cabarets et c'est la populace titrée qui gouverne les nations."
Telek, qui se sent rejeté par cette situation qu'il ne comprend pas et qui le dépasse, lutte en vain avec la Momie pour reprendre ses droits. Femellon, humilié par les deux hommes et- de plus- repoussé par Franz, ne rêve plus à sa grande réalisation sexuelle'
Construction pyramidale du désespoir.
Seule, Mamalia semble attendre quelque chose, avec grande attention.
8. ENFERMES DANS UNE BOULE DE VERRE
Plasphodore reste seul avec Mamalia. Il lutte contre le sommeil et le sombre abîme de Saigon. Il combat, se maintenant dans un état de veille fiévreuse, passant à plusieurs reprises de la décomposition extrême du sens, à la proximité de l'illumination extatique :
-"Enfermé dans une boule de verre, nous roulons parmi les mondes fracassés en mille morceaux."
9. LA BOULE DE VERRE
Lendemain matin. Saigon se tapit. Folie secrète.
Plasphodore se défend en contemplant obstinément la boule de verre. Il fait front, ainsi, aux attaques de Franz qui essaie de le gagner à son idée de CABARET DU DELIRE COLLECTIF.
-"Ce n'est pas par l'isolement que l'on peut venir à bout et triompher de la vie actuelle. C'est en elle-même qu'il faut créer des foyers d'infection qui la détruiront. Des foyers d'inflammation de toute la société qu'aucun inventeur de bonheur généralisé ne pourra anéantir.
Soudain, Mamalia intervient. La voilà qui écrase le larynx de son frère avec une incroyable force. A présent, les événements se déroulent avec la rapidité de la foudre. Femellon se jette au secours de son amant manqué pour, un instant plus tard, périr de sa main. Cette mort écarte les derniers obstacles invisibles devant l'irruption de "Saigon" omniprésente.
Une nouvelle idée de Plasphodore accélè son arrivée : il fait croître l'inquiétude intérieure en restant couché, totalement immobile.
10. LE VOYAGE
Le soir, le LABORATOIRE DE LA TRANSFORMATION est entièrement envahi par une réalité nouvelle. Trois objets fétiches, d'où émane un éclat phosphorique, veillent sur sa survie. La porte, jusqu'à présent fermée est ouverte. Dans l'obscurité du couloir, un personnage vêtu de noir, une colombe à la main, invite au VOYAGE'
"Saigon" se réalise en actes magiques, où les énergies secrètes et les tensions entre les participants trouvent de nouvelles expressions.
Les mots prononcés subissent une transformation. Même la phrase désespérée de Telek reste suspendue et change de signification : - "Moi, je rêve d'une vie magnifique, dans laquelle l'humanité brillerait encore une fois du feu terrible d'une création sauvage, avant de descendre dans le gouffre grisâtre qui l'attend...''
Plasphodore et Mamalia acceptent l'invitation. Conduits par la Momie, ils passent par la porte ouverte et disparaissent dans l'abîme du couloir...
11. EPILOGUE
Les gendarmes arrivent. Ils trouvent le Comte Von Telek évanoui entouré de divers ustensiles. Cependant, ils ne remarquent aucune trace des autres. La porte de gauche débouche sur un faux couloir. Ni le peigne, ni le petit tuyau, ni la balle rouge -trois objets soigneusement placés sur la petite table- ne leur parlent. Cette nature morte est pour eux sans importance, et tout à fait fortuite.

Théâtre Cyprian Norwid à Jelenia Gora.
Jelenia Gora - ville dont l'histoire remonte selon la légende au XIIe siècle - fut restituée à la Pologne après la IIe guerre mondiale. Située aux pieds de la chaîne montagneuse des Karkonosze, Jelenia Gora compte 100 mille habitants et elle est un important centre touristique, industriel et culturel de la région dont, dès 1974, elle est devenue la capitale.
Son théâtre, qui porte le nom du grand poète polonais de l'époque romantique - Cyprian Norwid (1821-1883), joue un rôle de premier ordre dans la vie culturelle de la ville. En août 1985, le théâtre fêtera le quarantième anniversaire de son existence. En effet, il fut le premier théâtre fondé sur les territoires de l'Ouest revenus à la Pologne après la IIe guerre mondiale.
Le 23 août 1945 il inaugura son activité avec la représentation de "Zemsta" (La Vengeance) d'Aleksadre Fredro, auteur des meilleures comédies polonaises, dans la mise en scène de Stefania Domanska, premier directeur du théâtre. La troupe se composait à l'époque de tout jeunes acteurs qui commençaient à peine leurs carrières artistiques, dont certains devinrent ensuite de célèbres metteurs en scène, comme Adam Hanuszkiewicz ou Kazimierz Dejmek. Dès les premiers jours de son existence, le théâtre faisait des tournées dans des dizaines de bourgs et de villages de la Basse Silésie, en accomplissant ainsi une importante mission nationale, éducative et culturelle. Il a fortement contribué à l'intégration sociale de la nouvelle population venue de toute la Pologne.
En 1950 le théâtre passe sous la gestion de l'Etat et doit augmenter le nombre des tournées (en 1953 seulement, 917 spectacles dont 734 en tournées), ce qui se répercute négativement sur la qualité artistique des représentations. Leur qualité s'améliore et la troupe réussit à se stabiliser sous la direction de Tadeusz Kozlowski (1966-1973). Mais le théâtre connaît son véritable essor à partir de septembre 1973, lorsque Alina Obidniak devient sa directrice.
Rapidement on procède à la restauration et à la modernisation du bâtiment théâtral. Ou ouvre le Club de l'Acteur et l'une des salles est aménagée pour les besoins de la scène expérimentale. Sur cette scène, appelée Scène d'Etude, on monte des spectacles plus difficiles. Elle permet aux créateurs de jouer librement avec l'espace théâtral et aux acteurs elle ouvre un contact direct avec les spectateurs. On a représenté sur cette scène les pièces de Norwid, de Wyspianski, de Witkacy, de Sartre, de Mrozek, d'Andreiew, de Maeterlinck, de Goethe, de Beckett (la première polonaise de sa pièce "Pas moi"). L'activité de la Scène d'Etude a beaucoup contribué au prestige du théâtre.
Grâce à l'existence de la Scène d'Etude, la Grande Scène (550 places) a pu s'orienter vers un répertoire et une mise en scène différents, destinés à un large public : spectacles exigeants de grands moyens scéniques et techniques, soirées des poésies et même des shows musicaux.
De nombreux créateurs polonais célèbres travaillent avec le théâtre de Jelenia Gora. Henryk Tomaszewski, fondateur et directeur du Théâtre Pantomime de Wroclaw, y a réalisé "Peer Gynt" d'Ibsen (en 1974), "Songe d'une nuit d'été" de Shakespeare (en 1976), "Androclès et le lion" de Shaw et enfin "Protesilas et Laodamie" de Wyspianski (en 1979).
Le grand scénographe Krzysztof Pankiewicz a fait ici ses preuves en tant que metteur en scène. Sur la Scène d'Etude, il a monté "Dans le petit manoir" de Witkacy et "Huis clos" de Sartre, et sur la Grande Scène "La Vengeance" de Fredro et "Don Juan" de Molière. C'est aussi dans notre théâtre qu'Adam Hanuszkiewicz a présenté sa célèbre adaptation scénique du poème "Beniowski" de Slowacki, ainsi que le spectacle évoquant la jeunesse d'Adam Mickiewicz (en 1977).
Les jeunes metteurs en scène sont régulièrement invités par la direction à coopérer avec notre théâtre. Nombreux sont ceux qui, connus aujourd'hui dans la vie théâtrale polonaise, ont débuté sur les scènes de Jelenia Gora (entre autres Grzegorz Mrowczynski, Mikolaj Grabowski, Krystian Lupa). Ainsi, Krystian Lupa, l'un des plus intéressants metteurs en scène de la jeune génération, collabore depuis 1977 avec notre théâtre où il a réalisé "La vie d'homme" d'Andreiev (la première mise en scène depuis 1945), "Les grâces et les épouvantails" de Witkacy ( la première dans le théâtre professionnel), deux spectacles d'auteur: "La chambre transparente" et "Le dîner", "La Mère" de Przybyszewski, "Les Pragmatistes" de Witkiewicz, "A pied" de Mrozek, "Le Mariage" de Gombrowicz.
Le théâtre de Jelenia Gora anime, dans une grande mesure, la vie culturelle de la ville et de toute la région. Dans le cadre de l'Université Théâtrale, il organise des cours et des conférences sur la théorie et la pratique du théâtre. Il aide les troupes d'acteurs- amateurs. En collaborant avec des écoles supérieures (l'Université de Wroclaw entre autres), le théâtre organise des congrès et des colloques. Un séminaire pour les étudiants en théâtrologie de toute la Pologne consacré aux problèmes du théâtre moderne a eu lieu en 1977. Ensuite, en mars 1978, s'est tenu le colloque sur l'art dramatique de Witkacy avec la participation des spécialistes et des traducteurs des oeuvres de cet écrivain venus de plusieurs pays du monde (Alain van Crugten de la Belgique et le professeur Daniel Gerould des USA, parmi d'autres). Le centenaire de la mort de Norwid (mai 1983) a été commémoré par un colloque, ainsi que par des expositions et des manifestations théâtrales. Les actes des colloques consacrés à Witkacy et à Norwid ont été publiés.
Notre théâtre entretient de nombreuses relations avec les théâtres étrangers. Au cours des Rencontres Théâtrales, organisées à Jelenia Gora en septembre de chaque année, on peut voir à côté des troupes polonaises, aussi des troupes étrangères (de Barcelone, de Caracas, de Veszprém, de Bologne, de Bogota, de Rekyavik, de Paris, de Moscou, de Tokyo) arrivées ici pour présenter les spectacles les plus intéressants de la saison. Invité par la Fédération des Festivals Américains, le théâtre de Jelenia Gora fait une tournée en Amérique Latine en mai 1976. Pendant le IIIe Festival International de Théâtre à Caracas il donne la représentation de "Don Juan" de Molière dans la mise en scène de Pankiewicz. Il inaugure avec cette pièce des Festivals Internationaux de Théâtre à Bogota, à Panama et à San José. Le spectacle obtient le prix spécial discerné à toute la troupe par les critiques dramatiques accréditées auprès du Festival à Costarica. En avril 1980 le théâtre de Norwid fait avec la pièce "Les Grâces et les Epouvantails" de Witkacy, une tournée en Italie du Nord. Il donne également maintes représentations en RDA, en Hongrie et en Tchécoslovaquie.
Notre théâtre eut plusieurs occasions d'accueillir des créateurs célèbres et des troupes connues. En juin 1980 il voit arriver Eugenio Barba avec son Odin Teater qui présente ses derniers spectacles. A deux reprises, la troupe de Roy Hart Théâtre joue sur notre scène et ses membres animent pendant plusieurs jours des stages théâtraux. Une coopération régulière s'établit entre notre théâtre et le professeur Jean Pradier. Tout en conduisant de différents exercices d'art théâtral avec nos acteurs, il a préparé la réalisation de "Phèdre" de Racine sur la Scène d'Etude.
Ces contacts étrangers ont permis l'organisation de deux grandes manifestations culturelles à caractère international.
En septembre 1979 notre théâtre organise le colloque sur les aspects scientifiques du théâtre, au cours duquel plusieurs chercheurs venus des pays occidentaux ont présenté leurs communications, ainsi René G. Busnel, directeur de L'Ecole des Hautes Etudes ("Réflexions sur certains aspects biologiques de la danse"), Henri M. Laborit, directeur du Laboratoire d'Eutonologie de l'Hôpital Boucicaut, Paris ("Le théâtre du point de vue de la biologie des comportements"), Abraham A. Moles, directeur de l'Institut de Psychologie Sociale à l'Université de Strasbourg ("Théorie des actes et de l'espace théâtral"), Alain A. Barsacq du Centre Georges Pompidou ("Espace de la projection de l'Institut I.R.C.A.M"), de même que Jerzy Grotowski, Eugenio Barba, Roberto Bacci et autres.
En août 1983 Jelenia Gora accueille le Ier Festival International des Théâtres de Rues qui rassemble une trentaine des troupes venus de nombreux pays d'Europe et d'Amérique. Le théâtre Norwid veut organiser un festival pareil en 1984.
C'est le Centre de Recherches et de Pratiques Culturelles en train de se former auprès du théâtre Jelenia Gora, qui s'occupera dans l'avenir aussi bien des problèmes théoriques et pratiques ayant rapport à l'art du théâtre que des questions d'organisations techniques de telles manifestations dépassant le cadre traditionnel de l'activité théâtrale.

STANISLAW IGNACY WITKIEWICZ (1885-1939)
Stanislaw Ignacy Witkiewicz (pseudonyme "Witkacy") - peintre, théoricien d'art, dramaturge, romancier, photographe, philosophe, est né le 24 février 1885 à Varsovie. Il passe sa jeunesse à Zakopane (station climatique aux pieds de la chaîne montagneuse de Tatry) dans le milieu littéraire et artistique de la Jeune Pologne. Son père - Stanislaw Witkiewicz, peintre et critique d'art éminent exerce une grande influence sur la formation de sa personnalité et le développement de ses capacités précoces. A l'âge de 7 ans il écrit inspiré par Shakespeare et Maeterlinck, quelques courtes formes dramatiques, et âgé de 17 ans environ, il fait ses début comme peintre à une exposition à Zakopane. Un an plus tard, il écrit son premier traité philosophique. Dans les années 1904-1908, il fait quelques voyages à l'étranger (l'Autriche, l'Italie, la France) au cours desquels il apprécie la peinture contemporaine européenne. Il admire les oeuvres de Gauguin et, plus tard, celles de Picasso. En 1905, il s'inscrit à l'Académie des Beaux- Arts de Cracovie, mais un an plus tard, sous la pression de son père partisan de la théorie que chaque système d'éducation tue l'individualité, il arrête ses études pour prendre des leçons particulières chez un ami de Gauguin, un excellent peintre - Wladyslaw Slewinski. En 1908, il se réinscrit à l'Académie qu'il quitte définitivement en avril 1910. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance d'Irena Solska, comédienne connue, liée avec le milieu de bohème artistique de Cracovie. Cette connaissance se transforme bientôt en liaison orageuse qui dure jusqu'à 1912 et devient le canevas du premier roman de Witkiewicz, "Les 622 chutes de Bungo ou la femme démoniaque" (publié qu'en 1972). En 1911, il voit à Paris une exposition célèbre des cubistes, il rend visite à Slewinski à Doléan en Bretagne (il y fait une série de paysages sur l'océan), ensuite il va à Londres, invité par son ami Bronislaw Malinowski plongé dans ses recherches anthropologiques qui bientôt le rendent célèbre. Il se rend régulièrement chez son père qui, à partir de 1908, suit une cure à Trieste. En août 1913, Witkiewicz expose à Cracovie toutes ses oeuvres (82 toiles).
Le 21 février 1914, la fiancée de Witkiewicz, Jadwiga Janczewska se suicide dans la montagne de Tatry. Choqué par cet événement tragique, Witkiewicz décide de participer, comme dessinateur et photographe, à l'expédition scientifique pour la Nouvelle- Guinée organisée par Bronislaw Malinowski. Début juin, ils partent à bord d'un bateau de Londres pour l'Australie, en s'arrêtant au Ceylan. Les échos de ce voyage reviennent souvent dans les oeuvres de Witkiewicz (l'action de ses quelques pièces théâtrales est située au sud-ouest de l'Asie et en Australie, on retrouve également des motifs indiens et orientaux dans sa peinture). L'expédition de Malinowski est interrompue par le déclanchement de la guerre. Brouillé avec son ami, Witkacy décide de retourner en Europe. A la fin d'octobre 1914, il arrive, dans un état de grande dépression nerveuse, à Pétersbourg où il entre à l'école militaire, considérant comme son devoir la participation à la guerre contre les Allemands et espérant pouvoir entrer plus tard dans l'une des troupes polonaises que l'on voulait organiser. En mars 1915, il termine l'école militaire dans le grade de sous-lieutenant et grâce à la protection de son oncle, il entre au célèbre régiment de la garde impériale où font leur service militaire les jeunes aristocrates. Il combat au front et il est gravement blessé dans la bataille de Witonez. Pendant la révolution de février 1917, les soldats désignent Witkiewicz dans la garde du drapeau de leur bataillon en reconnaissance de son attitude humaine envers ses subordonnés. Après la révolution d'octobre, il est obligé de se cacher. Le séjour en Russie devient décisif dans la biographie de Witkiewicz. Les expériences de la guerre, du service militaire et, avant tout, de la révolution changent complètement son système de valeurs, sa vision du monde, de l'homme et de l'histoire. Ces expériences stigmatisent une fois pour toutes sa création artistique où revient le leitmotiv de la révolte des masses, de la révolution, des coups d'Etat. Elles donnent le caractère définitif à ses idées historiosophiques et deviennent la cause principale de sa vision pessimiste et catastrophique du monde. Pendant son séjour en Russie il fait de la peinture, des expérimentations photographiques et prépare le fondement de son système philosophique et esthétique.
En juin 1918, il revient dans son pays où il poursuit son activité créatrice. Pendant 6 ans, il a écrit plus de 30 pièces théâtrales, a publié trois livres dans lesquels on retrouve les principes de sa théorie de la peinture, du théâtre ainsi que ses idées sur le développement de la culture : "Les formes nouvelles en peinture et les malentendus qui en découlent" (Varsovie, 1919), "Esquisses esthétiques" (Cracovie, 1922), "Théâtre. L'introduction à la théorie de la Forme Pure au théâtre" (Cracovie, 1923). Il appartient à un groupe des Formistes dont il devient le principal théoricien. Il participe aux plusieurs expositions.
En 1927 il publie "L'Adieu à l'Automne" et en 1930 "L'Inassouvissement". En 1925, il ouvre un atelier des portraits qu'il nomme la Maison des Portraits de Stanislaw Ignacy Witkiewicz. Il organise à Zakopane le Théâtre Formiste (dans les années1925-26).
Dans les années trente, il se consacre presque entièrement à la philosophie. Il publie quelques dizaines d'articles où il présente ses idées philosophiques et fait des polémiques contre des conceptions de Carnap, de Russell et de Wittgenstein. Dans son ouvrage publié en 1935, "Idées et théorèmes impliqués par la notion de l'Existence", il formule son système philosophique nommé le "monadisme biologique". La création artistique ne devient qu'une partie marginale de ses curiosités. Dans les années 1931-32, il écrit la première partie du roman "La seule Issue" qu'il ne termine jamais. En 1932, il publie un livre sur la nocivité des stupéfiants (nicotine, alcool, cocaïne, peyotl, morphine, éther) et un essai "De la forme pure". En 1936, il termine "Les Cordonniers". En 1936, il écrit une étude psychologique, sociale et des moeurs, "Les Ames mal lavées" où il présente son opinion sur l'histoire de la Pologne et analyse les défauts nationaux (publié en 1975).
En septembre 1939, il veut entrer dans l'armée comme officier de réserve mais il est démobilisé à cause de son âge et de son état de santé. Le 4 septembre, il quitte Varsovie avec un flot de réfugiés et, accompagné de son amie Czeslawa Okninska, il se dirige vers l'Est. A mi-septembre, ils arrivent dans un bourg Jeziory, en Polésie, ou Witkacy se suicide le 18 septembre. Il est enterré au cimetière local à Jeziory.
Les principales éditions dans la langue française: voir le programme papier.

WITKACY, texte de Janusz Degler
"Créateur comme l'étaient ceux de la Renaissance" - cette formule revient souvent sous la plume des critiques définissant Stanislaw Ignacy Witkiewicz, la richesse de son talent et de son oeuvre, l'étendue de ses curiosités. Formule qui semble juste car elle donne la mesure de l'individualisme de Witkacy, de son exceptionnelle personnalité et de ses possibilités créatrices. Il était peintre, auteur dramatique, romancier, publiciste, critique et théoricien d'art et de culture, philosophe. Mais en même temps on sent toute l'inadéquation de cette formule en songeant à la nature de l'oeuvre de l'auteur des "Cordonniers". Minée par l'inquiétude, pleine de contrastes et de dissonances, épatant par des procédés souvent trop primitifs, l'oeuvre de Witkacy est une négation criante de tout ce que désigne couramment le terme de "renaissance". En comparant cette oeuvre à un peloton de laine embrouillé, le critique Konstanty Puzyna écrivait: "Son dynamisme explosif boue sous la pression des tensions contradictoires. On y voit s'affronter, interférer , et s'entremêler presque tous les problèmes artistiques de l'avant-garde du XXe siècle auxquels se joignent les questions d'ordre politique, philosophique et sociologique, ou d'excellents diagnostics et hypothèses ont fusionné avec les obsessions naïves, le sérieux avec la parodie ou avec le fantasme délibéré".
Rien d'étonnant alors que dès le début, l'oeuvre de Witkacy suscitait des polémiques et des discussions. Nul écrivain polonais n'a été l'objet de tant d'opinions et de jugements contradictoires. Aucun n'a été attaqué avec autant d'acharnement et de brutalité avec un tel déploiement et de railleries et de diffamations. Dans les années 1918-1939, Witkacy a eu contre lui presque toute la critique. On lui reprochait de propager le non-sens, on l'accusait de cynisme, on le soupçonnait d'avoir pour seul but la volonté de se moquer du public.
D'ailleurs ce n'est pas seulement l'oeuvre de Witkacy qui fut à l'époque le grand sujet de controverses. C'est aussi sa personne qui soulevait l'indignation. L'opinion publique était choquée par les ragots sur les scandales qu' il provoquait, par ses canulars et ses extravagances, son alcoolisme et l'usage de la drogue. De là naquit le mythe de Witkacy, perpétué ensuite par de nombreux souvenirs et mémoires. Mythe de drogué et d'alcoolique, d'héroïnomane et de maniaque, de cabotin et de pitre.
De ce mythe, aujourd'hui, ne restent que des miettes. Notre optique a complètement changé avec le temps. Au cours des dernières décennies Witkacy devint un classique : on lit ses textes à l'école, on les analyse à l'Université,on leur consacre des dizaines d'articles et de thèses, on joue ses pièces dans tous les théâtres. Il fit en même temps une carrière mondiale. Durant les quinze dernières années, il est devenu l'écrivain polonais le plus souvent traduit, commenté et joué. Les traductions en 18 langues de ses pièces dramatiques, de ses romans et de ses traités théoriques, sont parus dans 20 pays. Ses pièces ont eu 140 premières environ dans les théâtres de19 pays. Witkacy est devenu - à côté de Sienkiewicz - non seulement l'écriva

Composition musicale, arrangements

Textes

Mise en scène

Origine géographique

Pologne

Mots-clés

Date (année)

1984

Cote MCM

MCM_1984_PL_S1

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Titre Localisation Date Type
Pologne. Les Pragmatistes de S.I. Witkiewicz. Photos Pologne 1984-04-16 Photo numérique
Pologne. Teatrim Cypriana Norwida. Les Pragmatistes de S.I. Witkiewicz mise en scène Krystian Lupa. Fedra de Jean Racine mise en scène de J.M. Pradier. Affiche Pologne 1984-04-16 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1984 1984