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Chine. Muqâm Dolan. Musique ouïgoure du Xinjiang. Spectacle

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Évènement

Titre

Chine. Muqâm Dolan. Musique ouïgoure du Xinjiang. Spectacle

Date

2005-03-30

Date de fin

2005-03-31

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

30 mars 2005 à 21 heures Centre Culturel Jacques Duhamel, Vitré
31 mars au 2 avril 2005 Maison des Cultures du Monde, Paris

La région autonome du Xinjiang est la plus grande province de Chine. Située au nord-ouest du pays, cette vaste plaine de plus d'un million et demi de kilomètres carrés, bordée par les imposants massifs de l'Altaï, du Pamir et des monts Kunlun, offre un impressionnant paysage de déserts ' le Taklamakan ', de rivières et de glaciers.
Le Xinjiang est le berceau d'une très ancienne civilisation turque issue des Huns : les Ouïgours, dont l'existence est attestée sous la forme d'une confédération clanique dès le Ve siècle de notre ère. Tour à tour chamanistes, bouddhistes, manichéistes et enfin musulmans, les Ouïgours possèdent deux systèmes d'écriture, l'écriture manichéenne et l'écriture ouïgoure dérivée du sogdien. À ce titre, ils vont s'affirmer dès le IXe siècle comme les civilisateurs de leurs voisins turco-mongols, et l'empire gengiskhanide adoptera leur écriture pour rédiger son code législatif.
Attestée dès des temps très anciens dans des textes chinois, la musique ouïgoure donnera naissance au XVe siècle à une tradition classique, le muqâm, fortement influencée par la civilisation islamique. Le répertoire canonique ouïgour, appelé onikki muqâm, se compose de douze grandes suites vocales et instrumentales qui, de par leur forme et leurs principes modaux et rythmiques, s'apparentent à d'autres grandes traditions savantes : les maqâm persan, irakien, azerbaïdjanais et ouzbek-tadjik et, au-delà, aux traditions arabes du Proche-Orient, de Turquie et du Maghreb. On est là à l'extrême-orient d'une aire gigantesque, celle de la civilisation turco-arabo-persane où règnent en maîtres les principes de modalité, de cycles rythmiques complexes, et d'organisation des pièces composées ou improvisées en grandes suites vocales et instrumentales.
Mais au delà de ces ressemblances formelles, le muqâm ouïgour fait preuve d'une très grande originalité stylistique avec ses modes pentatoniques (qui ne doivent rien à la musique chinoise, car le pentatonisme est un des grands universaux de la musique ' les musiques celtiques par ex. sont pentatoniques), ses mélodies à grandes enjambées, ses rythmes à 5, 6, 7 ou 9 temps, et ses techniques vocales spectaculaires.

Le muqâm dolan
Le sixième Festival de l'imaginaire, en mars 2002, avait permis au public français de découvrir divers aspects savants et populaires de la tradition musicale ouïgoure. Le neuvième Festival de l'imaginaire lui permet de s'abîmer dans une autre tradition méconnue, celle des Dolan.
Des recherches récentes tendent à démontrer que les Dolan sont un sous-groupe ethnique des Ouïgours. Bien qu'ils peuplent une région parfaitement délimitée sur les marges du désert du Taklamakan, ils n'ont jamais fait l'objet d'un véritable recensement et il existe peu d'études sur leurs origines. Un mythe raconte cependant que leurs ancêtres formaient un clan mongol émigré au Xinjiang, ce qui serait confirmé par l'origine mongole de leur ethnonyme. Agriculteurs et éleveurs de moutons, ils ont un système social assez différent de celui des Ouïgours et leur parler est une variante dialectale de la langue ouïgoure. Ils revendiquent enfin une tradition musicale spécifique, le muqâm dolan, qu'ils considèrent comme très différente du muqâm ouïgour. Du reste, les traditionalistes préfèrent au terme muqâm qu'ils jugent trop savant, celui de bayawan (littéralement : désert) qui rend mieux compte de l'enracinement de cette musique dans leur culture minoritaire et leur environnement.
Cinq grandes caractéristiques distinguent en effet le muqâm dolan du muqâm ouïgour.
1. Il est en grande partie dansé.
2. Les suites sont beaucoup plus courtes que les suites ouïgoures (6 à 10 minutes au lieu d'une à deux heures).
3. L'interprétation vocale et instrumentale est très libre en ce sens que chaque musicien interprète à sa manière la mélodie commune, il en résulte un effet de discordance (hétérophonie) qui est le résultat d'un véritable choix esthétique, d'une recherche d'épaisseur sonore, et pas du tout d'un manque de compétence des musiciens. Ce principe hétérophonique qui prévalait encore au début du XXe siècle dans beaucoup de cultures musicales du monde islamique et qui s'est altéré, sans doute, au contact des musiques occidentales, reste donc ici le témoignage bien vivant d'une culture attachée à ses valeurs esthétiques.
4. Le onikki muqâm ouïgour se fonde sur l'utilisation de douze modes musicaux, le muqâm dolan en utilise neuf ou dix fondés sur des échelles de cinq, six ou sept degrés.
5. Enfin, si la musique classique ouïgoure témoigne déjà d'une vigueur et d'un dynamisme rythmiques étonnants elle ne fait pratiquement pas usage des tambours ; les Dolan au contraire utilisent plusieurs tambours sur cadre (dap) et portent cette énergie à un véritable paroxysme, ce qui conduit des musicologues locaux à comparer le muqâm ouïgour à la musique classique et le muqâm dolan au jazz, allant parfois jusqu'à le surnommer "jazz ouïgour".
C'est que le muqâm dolan est avant tout une musique de fête et de réjouissance.
Traditionnellement, les muqâm dolan sont joués lors des grandes fêtes mashrap qui jalonnent la vie de tous les Ouïgours. Malgré les distances importantes entre les villages, leurs habitants n'hésitent pas à parcourir de longues distances pour participer à ces mashrap qui peuvent rassembler plusieurs centaines de personnes à l'occasion d'un mariage, d'une bonne récolte ou de tout autre événement heureux.
Chaque muqâm dolan se présente donc sous la forme d'une suite vocale et instrumentale en cinq parties qui sont enchaînées sans interruption :
- Muqäddimä, courte introduction vocale non mesurée.
- Chäkitmä, cette pièce jouée sur un rythme 6/4 ouvre la danse.
- Sänäm, pièce en 4/4.
- Säliqäs, pièce en 4/4 dans laquelle les danseurs évoluent sur un grand cercle.
- Serilma, en 4/4 ou 5/8, conclue la suite avec une danse tournoyante.
Les poèmes chantés ont généralement pour thème l'amour dans toutes ses phases : séduction, déclaration, jalousie, et aussi dans quelques cas amour impossible et séparation.
Les chanteurs sont accompagnés par un petit ensemble instrumental qui comprend le rawap dolan, un luth à manche long qui, outre ses cinq cordes de jeu, possède douze cordes sympathiques ; un ghijak dolan, vièle à table d'harmonie en peau et à une corde en crin de cheval à laquelle est ajoutée sept ou huit cordes sympathiques ; le qalun, grande cithare trapézoïdale comportant seize doubles cordes de métal pincées de la main droite avec un long plectre en corne, tandis que de la gauche les ornements, vibrati et glissandi sont réalisés en faisant glisser sur la corde la clef d'accordage ; enfin des tambours sur cadre dap, équipés de petits anneaux sur la face interne du cadre, complètent l'ensemble et assurent le soutien rythmique.

Sources biblio-discographiques :
Chine, Turkestan chinois - Xinjiang : musiques ouïgoures.
enreg. et notice : Sabine Trébinjac et Jean During. Double CD Ocora C 559092/93
Asie centrale : Musique des Ouïgours, traditions d'Ili et de Kachgar
enreg. Pierre Bois, notice Jean During. CD INEDIT/Maison des Cultures du Monde W 260113
Pour en savoir plus, lire :
Sabine Trébinjac, Le pouvoir en chantant, Nanterre, Société d'ethnologie, 2000, 412 p.
Remerciements à Mademoiselle Mukadas Midjit, à Messieurs Ismaïl Ghupur, Razak Nur et Zhou Ji, à Madame Anne Collonnier, Madame Catherine Lhôpital et à toute l'équipe du Centre Culturel Jacques Duhamel.

Programme détaillé

Muqâm Bash bayawan
Muqâm Zil bayawan
Muqâm Bom bayawan
Intermède musical Ushaq phada accompagnant les jeux oyun
Jeux du service du thé (tshai tutush) et de l'époussetage (pota oyini) qui symbolisent un échange amical ou amoureux. Lors des mashrap, ces jeux sont exécutés par les participants à la fête.
Muqâm Ëtang bayawan (également appelé muqâm ongamet)
Muqâm Sim bayawan
Muqâm Jula
Suite de morceaux populaires accompagnés de danses

Présentation des artistes

Yusuyun Yahya muqâmqi (chanteur principal) et tambour dap
Hasan Nurer vièle ghijak
Ruzi Abduljlil cithare qalun
Ahat Tuhti luth rawap
Supi Turdi chant, tambour dap et danse
Muhammad Mutallip chant, tambour dap et danse
Islam Zunun chant, tambour dap et danse
Nurbahar Nadir danse

Les musiciens sont originaires du village de Yantak, situé dans le district de Mäkit, dans le quart nord-ouest du Taklamakan, et ont tous été formés à l'école de la tradition, en dehors de toute structure académique. Les deux frères Yusuyun et Hasan, tous deux âgés d'une soixantaine d'années, baignent depuis plus d'un demi-siècle dans l'univers du muqâm dolan.
Yusuyun est le chanteur principal (muqâmqi) et Hasan joue de la vièle ghijak dolan.
Ruzi Abduljlil, 73 ans, tient la cithare qalun ; il est également facteur de qalunet de rawap.
Ahat Tohti joue du rawap depuis l'âge de 12 ans.
Supi Turdi chante et joue du dap, il appartient à la quatrième génération d'une grande famille de muqâmqi.
Muhammad Mutallip chante et joue du dap, il est également directeur du site culturel de Yantak et 'uvre depuis de longues années à la défense du patrimoine culturel dolan.
Islam Zunun est à la fois chanteur et danseur.
La danseuse Nurbahar Nadir représente la septième génération d'une famille de danseurs de muqâm dolan.

Auteur du programme

Origine géographique

Chine

Mots-clés

Date (année)

2005

Cote MCM

MCM_2005_CN_S1

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Titre Localisation Date Type
9e Festival de l'Imaginaire 2005
Titre Localisation Date Type
Chine. Instruments de musique ouïgoure du Xinjiang Chine 2005-01-01 Collection d’objet