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Maroc. Al-Âla, musique classique du Maroc. Spectacle

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Évènement

Titre

Maroc. Al-Âla, musique classique du Maroc. Spectacle

Date

2005-04-03

Artistes principaux

Direction musicale

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Dimanche 3 avril, 17H
Musiciens de l'Orchestre arabo-andalou de Fès
Mohamed Briouel, violon et direction
Mohamed Arabi Gharnaté, violon et chant
Mustapha Amri, alto et chant
Jamal Eddine Ben Allal, luth 'ûd et chant
Aziz Alami Chentoufi, tambour sur cadre târ et chant
Abdessalam Amri, tambour-calice darbuka et chant
Avec la participation de Françoise Atlan, chant

Le terme "musique arabo-andalouse" réunit tous les genres de musique classique du Maghreb. Cette appellation nous rappelle que la forme générale en fut définie à Cordoue au IXe siècle par Ziryâb. Ce musicien, également mathématicien et astronome, grandit à Bagdad où il fut l'élève puis le rival d'Ishâq al-Mawsilî. Obligé de quitter la capitale abbasside, il fut accueilli pour un temps à Kairouan, alors capitale de l'Ifriqiya (Tunisie), puis alla s'établir à Cordoue auprès de l'émir omeyyade Abd al-Rahman II. Il y fonda un conservatoire et mit au point les principes de la nûba andalouse : suite composée de récitatifs et de chants dans lesquels le texte est subordonné à la musique, contrairement aux règles qui avaient cours jusqu'alors. Aujourd'hui encore, ces principes sont respectés dans tous les répertoires maghrébins, qu'il s'agisse du mâlûf libyen, tunisien, constantinois, du san'a algérois, du gharnâti de Tlemcen ou de la âla marocaine.
On peut considérer aujourd'hui que les différents genres arabo-andalous sont le résultat d'une synthèse entre la nûba andalouse, rapportée en Afrique du Nord par les Arabes qui fuirent l'Espagne entre le XIIIe et la fin du XVe siècle et les genres musicaux qui s'étaient développés localement, notamment à Kairouan et à Fès considérées alors comme les capitales intellectuelles et culturelles du Maghreb.
Les traits communs aux genres arabo-andalous sont :
1. l'organisation du répertoire en suites vocales et instrumentales, appelées nûbat (sing. nûba) et fondées sur un mode musical principal (tab') auquel est associé un ethos spécifique ;
2. l'ordre des pièces à l'intérieur de chaque nûba est soumis à un ordre canonique ;
3. le chant est généralement choral, exécuté au Maroc par les instrumentistes eux-mêmes auxquels peuvent s'adjoindre un ou deux chanteurs solistes ;
4. les poèmes sont puisés dans le répertoire littéraire avec une nette préférence pour le mwashshah, forme post-classique créée en Andalousie vers le XIe siècle ; ces poèmes sont consacrés à l'amour, à la piété, à l'amitié, au vin ;
5. les ensembles instrumentaux se caractérisent par une nette prédominance des instruments à cordes et à percussions ;
6. le corpus musical et poétique est considéré comme la propriété de toute la communauté, patchwork d''uvres souvent anonymes, composées entre le XIIe et le XXe siècle et dont les poèmes ont été réunis en recueils par tel ou tel grand maître, par exemple le bey de Tunisie Muhammad al-Rashîd (d. 1759) pour le mâlûf tunisien ou le poète Ibn al-Hâyik au début du XIXe siècle pour la âla marocaine.
Si le monde maghrébin s'accorde à considérer Ziryâb comme le fondateur de la musique arabo-andalouse, les Marocains sont, quant à eux, très attachés à un autre poète-musicien, Ibn Bajja, né à Saragosse en 1070 et mort à Fès en 1138, et qui, mieux que tout autre, synthétisa les traditions musicales arabes, berbères et chrétiennes d'Andalousie pour forger un style arabo-andalou dont les Marocains se considèrent comme les principaux héritiers.
Musique de tradition orale, la âla marocaine n'a cessé d'évoluer depuis le XIe siècle pour se fixer dans sa forme actuelle au début du XIXe avec le recueil Kunnash compilé par le poète Ibn al-Hâyik.
Le répertoire de la âla marocaine se compose de onze nûbat, suites vocales et instrumentales, basées chacune sur un mode principal spécifique et un nombre variable de modes secondaires. Chaque nûba se divise en cinq mouvements ou mîzân correspondant respectivement aux cinq rythmes de base : basît, qâym wa nusf, btâyhî, darj et quddâm. Chaque mîzân respecte le principe de l'accélération progressive en trois phases : muwassal (large), mahzûz (relevé), insirâf (allant, rapide).
Outre la qasîda classique, le corpus poétique de la nûba comprend des muwashshahat construits sur une métrique distincte du 'arûd traditionnel, ainsi que des zajal andalous et des barwâla (poèmes en dialecte marocain). On a coutume d'appeler le poème chanté une san'a (métier, 'uvre d'art). Chaque san'a se compose d'un poème de deux à sept vers divisés en deux hémistiches et entrecoupés par des ritournelles instrumentales.
Une nûba complète dure, selon les 'uvres, de cinq à dix heures, mais elle n'est pratiquement jamais exécutée dans sa totalité, on se contente lors des fêtes ou des concerts d'en jouer des extraits. Selon la tradition chaque mîzân commence par un ou plusieurs préludes instrumentaux, bughya, mishâtiyya, tûshiya, suivis des san'a chantées en choeur sur un accompagnement instrumental. Parfois un ou deux chants individuels (mawwâl ou inshâd) peuvent s'intercaler entre deux san'a, ou se substituer aux préludes instrumentaux du mîzân.
Le style de Fès est reconnu au Maroc comme le plus pur, mais c'est aussi le plus virtuose, et les musiciens de l'Orchestre arabo-andalou de Fès dirigés par Mohamed Briouel, héritier des grands maîtres Hajj Abdelkrim Rais et Al-Brihi, en sont certainement les plus dignes représentants.
Pierre Bois

Né en 1954 dans la région de Fès, Mohamed Briouel entreprend dès 1963 l'étude de la musique aux côtés de Hadj Abdelkrim Raïs, l'un des maîtres incontestés de la musique andalouse au Maghreb. Il est le premier Marocain à recevoir le premier prix de solfège et le prix d'honneur en musique andalouse.
En 1986, il obtient le Prix du Maroc pour la publication de son ouvrage d'étude, Musique Andalouse Marocaine : Nûba Gharîbat al-Husayn, dans lequel est retranscrite en notation occidentale et pour la première fois, l'une des onze nûbat andalouses.
De 1989 à 1991, il participe comme premier violon à l'enregistrement par Hadj Abdelkrim Raïs et l'Orchestre de Fès de quatre nûbat complètes dans le cadre de l'Anthologie Al-Âla publiée par la Maison des Cultures du Monde et le Ministère de la Culture du Maroc.
À la mort de Hadj Abdelkrim Raïs en 1996, Mohamed Briouel lui succède à la tête de l'Orchestre de Fès et à celle du Conservatoire de Musique de Fès où il enseigne également le solfège.
Ces dernières années, Mohamed Briouel se produit au Maroc et à l'étranger avec l'Orchestre arabo-andalou de Fès, interprétant aussi bien le répertoire de âla que de la musique séfarade en compagnie d'artistes de traditions juives tels que Albert Bouhadana, Emil Zrihan et Françoise Atlan, fidèle en cela à cette vieille tradition marocaine d'ouverture et de tolérance.

Programme :

Tawashi al-Istihlâl
La nûba al-Istihlâl est la cinquième des onze nûbat marocaines dans la classification établie par Ibn al-Hâyik au début du XIXe siècle. On entendra ici une suite d'interludes appelés tûshiya (pl. tawashi).

Nûba al-Hijâz al-Kebîr
La nûba al-Hijâz al-Kebîr est la huitième dans la classification d'al-Hâyik. Elle est fondée sur le mode principal hijâz al-kebîr qui lui a donné son nom et sur deux modes secondaires : al-msharqî al-saghîr et mujannabu al-dhîl. Contrairement à beaucoup d'autres nûbat marocaines dont les modes sont strictement diatoniques, celle-ci a un caractère plus oriental marqué notamment par la présence de l'intervalle de seconde augmentée (fa dièse ' mi bémol) qui caractérise l'échelle du mode hijâz al-kebîr. Son titre d'ailleurs, que l'on peut traduire par "le grand Hijâz", fait directement référence à cette célèbre province de la péninsule arabique.
Dans sa version intégrale enregistrée en 1990 par l'Orchestre Al-Brihi de Fès sous la direction de Hadj Abdelkrim Raïs pour la collection INEDIT/Maison des Cultures du Monde, elle dure environ sept heures et demie. Mais comme il a été dit plus haut, que ce soit lors des fêtes ou des concerts, elle n'est jamais jouée dans sa totalité.
On en entendra donc ici les parties suivantes :
-Un extrait du premier mouvement, le mîzân basît qui se compose d'un prélude instrumental non mesuré bughya, d'un prélude instrumental rythmé tûshiya, suivis de plusieurs san'a chantées où l'on pourra apprécier l'accélération progressive du tempo.
-Un chant solo inshâd, appelé également bitayn (litt. "deux maisons") car il se compose de deux vers dont la mélodie est improvisée par le chanteur.
-Un extrait du deuxième mouvement, le mîzân qâym wa nusf, qui se compose d'un prélude instrumental non mesuré bughya, d'un prélude instrumental rythmé tûshiya, suivis de plusieurs san'a chantées.
-D'un chant improvisé dans le style mawwal sur un poème en arabe dialectal.
-Un extrait du cinquième mouvement, le mîzân quddâm.

Une gazelle arabe a ravi mon âme
ses cheveux illuminant son front.
Elle parle avec l'autorité
de Moïse prêchant dans le Sinaï.
La beauté a inscrit sur la joue :
"Notre victoire est complète".
Ô mon coeur, si tu penches vers un autre,
tu feras fausse route.
(exemple de san'a extraite du Quddâm)

Contributeurs

Origine géographique

Maroc

Mots-clés

Date (année)

2005

Cote MCM

MCM_2005_MA_S1

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Maroc. Al-Âla, musique classique du Maroc. Vidéos Maroc 2005-04-03 Vidéo numérique
Titre Localisation Date Type
9e Festival de l'Imaginaire 2005