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Maroc. Chants judéo-espagnols et judéo-arabes. Spectacle

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Évènement

Titre

Maroc. Chants judéo-espagnols et judéo-arabes. Spectacle

Sous-titre

Françoise Atlan, chant et musiciens de l'Orchestre arabo-andalou de Fès

Date

2005-04-04

Artistes principaux

Direction musicale

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

LUNDI 4 AVRIL, 20h30
Mohamed Briouel, violon et direction
Mohamed Arabi Gharnaté, violon
Mustapha Amri, alto
Jamal Eddine Ben Allal, luth 'ûd
Aziz Alami Chentoufi, tambour sur cadre târ
Abdessalam Amri, tambour-calice darbuka

En 1492, lors de leur expulsion d'Espagne, les Juifs espagnols (sefardim) se disséminent dans tout le bassin méditerranéen et maintiennent leur langue, notamment dans le nord du Maroc et dans l'Empire ottoman qui est alors en pleine expansion. Ils emportent avec eux une riche tradition de chants, de contes et de proverbes. Ils vont notamment conserver au long des siècles un répertoire de romances qui pendant ce temps disparaît définitivement de la péninsule et préservent ainsi tout un pan de la culture espagnole du XVe siècle. Leur patrimoine comprend aussi un large répertoire de chants profanes, historiques, lyriques, ainsi que des chants liturgiques et paraliturgiques. À l'exception des chants liturgiques réservés aux hommes, ce répertoire est généralement chanté par les femmes.
Selon les régions où les communautés de Sefardim s'établissent, ils vont s'imprégner profondément des traditions musicales de leur nouvelle terre d'accueil. Les communautés juives de l'empire ottoman vont adopter le langage musical turc fondé sur le système modal du makam, tandis que celles d'Afrique du nord reprendront à leur compte le langage musical arabo-andalou et contribueront ainsi à sa préservation tout en lui apportant un style d'interprétation original et ouvert aux influences extérieures. Nombre de musiciens marocains considèrent en effet que sans les communautés juives du Maroc, qui lors de certaines périodes de rigueur islamique assurèrent la transmission du répertoire arabo-andalou, la âla ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
Outre les chants liturgiques et paraliturgiques, on compte tout un répertoire de chants populaires judéo-arabes qui se développa aussi bien dans les grands centres urbains du Maroc que dans des régions plus reculées comme l'Atlas ou le sud. Ces genres populaires sont au nombre de quatre : melhûn et qasîda chantés par les hommes (on les retrouve également dans les milieux musulmans), et 'arubî et mawwâl chantés par les femmes. Le 'arubî est celui qui a la plus grande faveur. Les femmes le chantent lors des réunions, des mariages, des circoncisions. Ce sont des poèmes de cinq décasyllabes qui sont adaptés à un corpus de mélodies. Les thèmes en sont l'amour, la beauté de la nature, la solitude, des chroniques. Les femmes chantent également des berceuses, des chants de mariage et des chants de deuil.
Les chants populaires judéo-espagnols de la communauté du nord du Maroc se répartissent en trois genres distincts : les romances (terme espagnol masculin qui n'a rien à voir avec la romance française), les coplas et les chants lyriques.
Des trois, le romance est considéré comme le plus ancien. C'est une ballade comprenant des éléments lyriques et épiques. La musique s'appuie sur quatre phrases comprenant chacune deux vers de seize syllabes. Le romance marocain présente de nombreuses similitudes avec celui de la Méditerranée orientale : échelles diatoniques, ambiguïté entre le majeur et le mineur, et structures rythmiques combinant le binaire et le ternaire.
Les coplas sont des chants strophiques traitant de sujets propres à la communauté juive tels que les fêtes ou des événements historiques. Ils sont de facture plus récente que le romance et la musique y est strictement soumise au texte chanté.
Dans les chants lyriques, on voit apparaître l'influence du dialecte judéo-espagnol marocain, haketia, et celle des coutumes locales. Ils sont généralement chantés lors des fêtes familiales, notamment les mariages. Ce répertoire est celui qui témoigne de la plus grande richesse mélodique. La mélodie se compose généralement de deux ou quatre phrases qui se combinent de manière variable et alternent parfois avec un refrain. Là encore, on retrouve cette ambiguïté des rythmes binaires et ternaires.
Ces chants révèlent encore aujourd'hui des traits communs avec nombre de chants populaires espagnols. Il ne faut cependant souligner que, par un curieux effet de retour, lorsque les Espagnols conquirent Tétouan en 1860, puis pendant toute la période du protectorat (1912-1956) où les Juifs fréquentaient les écoles espagnoles, le chant judéo-espagnol subit une nouvelle influence espagnole. Ainsi y trouve t'on aujourd'hui des traces de flamenco, d'airs de zarzuela, ou de comptines enfantines, tout comme des airs de tango argentin véhiculés par la radio et le disque.

Pierre Bois (d'après Edwin Seroussi)

Françoise Atlan est reconnue depuis une quinzaine d'années comme une des plus grandes interprètes des patrimoines vocaux de la Méditerranée. Qu'elle chante en judéo-espagnol les romances séfarades des communautés juives d'Afrique du Nord ou de la Méditerranée orientale, en occitan les antiques complaintes des troubadours, en arabe les mélodies arabo-andalouses, cette remarquable chanteuse qui fit le choix de vivre au Maroc, s'affirme avant tout comme une femme de la Méditerranée, cette mer du partage.
Sa voix de soprano très malléable et de solides études musicales classiques lui ont aussi permis de travailler le registre contemporain avec l'ensemble Musicatreize de R. Hayrabedian. En plus de son orchestre habituel, "Andalussiyat", où se retrouvent musiciens juifs, arabes et persans, Françoise Atlan se produit dans des registres très variés, avec le guitariste de Flamenco Juan Carmona, Dominique Vellard et l'Ensemble Gilles Binchois de musique médiévale et plus récemment dans le répertoire arabo-andalou avec le chef de l'Orchestre de Fès, Mohamed Briouel.
En 1989 son enregistrement des Cantiguas de Maurice Ohana obtient le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. En 1998, elle obtient le Prix de la Villa Médicis Hors les Murs, pour ses recherches sur la tradition poétique et musicale judéo-marocaine. Au cours de longs séjours à Fès, elle rencontre les derniers représentants de la tradition juive du Maroc, s'imprégnant de l'esprit particulier de cette communauté profondément ancrée dans son histoire spirituelle. En 2003 elle se produit au Carnegie Hall en compagnie de l'Orchestre de Fès dirigé par Mohamed Briouel et obtient un autre Prix de l'Académie Charles Cros pour son disque Andalussyat (Buda musique).

Programme :

"La princessa y el caballo" romance séfarade, tradition de Salonique.

"Scalerica de oro" canto de boda, chant de noces de la tradition de Tanger.

"El Duque de Gandia" romance séfarade, tradition d'Istanbul.

"Tahia bikum" improvisation istikhbar dans le style gharnâti, tradition arabo-andalouse de Tlemcen (Algérie)
"Allahu" en arabe et en hébreu dans le style âla de Fès.

"Dice la nuestra novia"
"La novia remilgada"
canto de boda, chants de noces de la tradition de Tétouan.

"Hamavdil" chant liturgique séfarade en hébreu et en judéo-espagnol (Turquie)
"La qod jara'" répertoire arabo-andalou âla de Fès.

"Abi Adi" chant de mariage en arabe des communautés juives marocaines.

"Peoulot" baqqasha judéo-marocaine en hébreu
"Anta el falak" répertoire arabo-andalou âla de Fès.

"Yashuar nuevo"
"Yo me levantaria un lunes..."
canto de boda, chants de noces de la tradition de Tétouan.

"Nanni" berceuse répertoire séfarade de Salonique.

"Las escuegras" canto de boda Turquie
"La mujer de Terah" chant liturgique séfarade de Turquie.

Improvisation dans le genre mawwal en arabe et en hébreu
"Elohim sheba shamaim" chant liturgique séfarade d'Istanbul.

"Allah" chant liturgique en arabe dans le style arabo-andalou de Fès, alterné avec
"Deror yqra" chant liturgique en hébreu.

"Shalom Alekhem" chant liturgique matrouz en hébreu, en arabe et en judéo-espagnol, tradition de Turquie.

Contributeurs

Origine géographique

Maroc

Mots-clés

Date (année)

2005

Cote MCM

MCM_2005_MA_S2

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Titre Localisation Date Type
9e Festival de l'Imaginaire 2005