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Iran. Rituel du Zâr et chants Bâssanak de l'Île de Qeshm. Spectacle

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Évènement

Titre

Iran. Rituel du Zâr et chants Bâssanak de l'Île de Qeshm. Spectacle

Date

2006-03-04

Date de fin

2006-03-05

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Cérémonie, rituel

Description de la pratique

4-5 mars 2006 Théâtre Équestre Zingaro
Avec Issac Ghaderi Dokht, Baba ou maître de cérémonie
Mohammad Porkhoo
Ameneh Darvish Poor
Hassan Izadshenas
Ahmad Telendeh
Maryam Safazadeh
Zahra Karegar
Fatemeh Biabani
Reza Khoshvar
Jabrieh Niaei Salaghi
Fatemeh Safari
Mahdi Hassan Zadeh

Le détroit d'Ormuz, dont le nom évoque avant tout les conflits et les grands pétroliers, abrite dans ses eaux une île qui recèle encore bien des richesses à découvrir : l'île de Qeshm. On accède à cette terre aride qui s'étend sur 125 kilomètres au large des côtes persanes au départ de la ville de Bandar Abbas. Les côtes de l'Arabie ne sont pas très éloignées et Dubaï n'est qu'à quelques petites heures de bateau. Cette position géographique stratégique est propice à un métissage particulier. Pour ce 10e Festival de l'Imaginaire, deux aspects de la culture vivante de l'île de Qeshm seront présentés.
Chants Bâssanak À Qeshm, la cérémonie du mariage revêt une importance primordiale. Elle dure trois jours au moins, durant lesquels les mariés sont séparément préparés à la nouvelle vie qui les attend. Chez les femmes, le long moment nécessaire à la pose du henné (Hanabandan) sur les mains de la mariée est accompagné de chants. Ces chants, dits Bâssanak, sont entonnés par quatre femmes de la famille des mariés. Assises deux par deux, elles se font face et leurs chants responsoriaux disent la joie de la mère qui voit la mariée si belle, la tristesse de cette dernière qui va quitter sa famille, la naissance du premier enfant, les bonheurs de la vie à deux'

Zâr
Les Portugais s'arrêtèrent à Qeshm au XVIIe siècle et y construisirent un fort. Ils amenaient avec eux des esclaves, arrachés à la côte Est de l'Afrique. Ces esclaves ont apporté avec eux un rite de possession, le Zâr qui, pour avoir emprunté des traits aux cultures persane et arabe, n'en est pas moins resté fidèle à son origine africaine.
L'adaptation progressive des Africains au mode de vie iranien entraîna des modifications dans le déroulement de ce rituel sacré. Les effets de ce métissage sont multiples, les paroles de certaines chansons ont été traduites en arabe ou en persan, la facture des instruments a changé, substituant au style africain l'ornementation iranienne. Ces changements, cependant, ne sont que des détails et le rite du Zâr est resté fidèle à son esprit d'origine. Le rituel du Zâr permet de guérir par exorcisme ceux qui sont possédés par les génies ou les êtres invisibles appelés Bâd. Étymologiquement, Bâd signifie "le vent". En effet les Bâd habitent dans l'air, et leurs adeptes ainsi que les gens qui ont été possédés au moins une fois par un Bâd sont appelés "Les Gens de l'Air". Les Bâd jouent un rôle essentiel à l'équilibre des adeptes et sont présents aussi bien dans la vie économique que dans la vie quotidienne ou encore dans les relatirelations sociales.
Zâr est le nom du rituel, mais il existe aussi un groupe de Bâd qui s'appelle Zâr. Les Bâd se divisent en : Zâr, Mashayekh, Nouban et Leywa et chaque groupe a ses caractéristiques distinctives. Les raisons pour lesquelles on est susceptible d'être possédé par une entité invisible (génie, djinn, bâd, Zâr ') sont extrêmement diverses : transgression d'un interdit, filiation paternelle, amitié, haine... Les Bâd se manifestent de diverses manières. En général, ils causent chez le malade un désordre physique (maux de tête, maux de ventre') ou mental (dépression, tristesse'). Le malade commence par consulter un médecin. S'il ne se sent pas guéri après quelques traitements, c'est qu'un Zâr l'a possédé. En effet, les adeptes considèrent que toute maladie scientifiquement incurable est le symptôme d'une possession par un génie Zâr. Le cas doit alors être soumis, au cours d'une séance de diagnostic, au chef de rituel, nommé le Baba si c'est un homme, ou la Mama si c'est une femme. Le Baba doit d'abord déterminer si l'état du malade est bien dû à un génie puis identifier, le cas échéant, le génie qui le possède pour pouvoir l'exorciser. Une première rencontre silencieuse, appelée Mojarradi, et un peu d'encens suffisent pour savoir si la maladie est causée par un Zâr. Mais pour que le Bâd dise son nom, il faut l'invoquer au cours d'une cérémonie et le sommer de se présenter.
Le Baba demande donc à ses propres Bâd de lui accorder le temps de préparer une séance de Zâr qui est appelée "jeu" : bazi guereftan ou madjless guereftan et dure de trois à sept nuits. Le rituel commence au coucher du soleil et se déroule à l'endroit décidé par le Baba, appelé Meydân (la place). De nos jours, n'importe qui est autorisé à assister aux séances ; les Gens de l'Air aussi bien que les Sâfi, les "gens lisses", qui n'ont jamais été possédés. Pour les femmes du voisinage, c'est l'occasion de briser la monotonie de la vie quotidienne familiale.
La cérémonie commence : les participants fument un narghilé au tabac et discutent jusqu'au moment où les Dohol (tambours ordinaires, purifiés et décorés au henné) se mettent à jouer. L'assistant du Baba commence à faire des oblations d'eau de rose et à purifier l'espace avec des encens très parfumés qui s'appellent Guéshté. Ensuite tout le monde fume un narghilé non plus au tabac, mais au Gorakou, un mélange de pâte plutôt fluide (Bokhour) à base de dattes et d'un autre ingrédient que les non-initiés doivent ignorer et qui, en principe, a pour effet de faciliter la transe. Les hommes et les femmes s'assoient dans une partie du Meydân, sans se mélanger bien qu'il n'y ait pas de frontière précise entre eux. Le malade s'agenouille au milieu du Meydân. Le Baba commence à chanter des chansons dont chacune porte le nom d'un Bâd pour faire réagir le génie et l'identifier. Au rythme des Dohol. le malade toujours à genoux exécute des mouvements répétitifs, le corps légèrement penché en avant et les deux mains posées à plat par terre.
Par les mouvements rythmiques, les Zâr prennent possession du corps du malade.
Selon l'expression vernaculaire, on dit que le Zâr monte sur son cheval ou que son Zâr a commencé à danser et c'est à ce moment là que le malade entre en transe. On couvre alors le malade avec un grand drap ou tchador, généralement blanc, parce qu'on dit que quand le Zâr s'incarne son visage change, et il ne veut pas être vu. Interrogé à plusieurs reprises, le Zâr exige généralement des offrandes, un sacrifice (Ghorbâni), un kheyzarân (baguette d'osier), un tchador bien orné et propre, une bague, une séance de Zâr.
La séance du dernier jour commence l'après-midi et l'on procède normalement au sacrifice ce jour là. Tous ceux qui sont entrés en transe boivent le sang de l'animal, chaud et frais, avec l'eau de rose et le safran. En réalité, ce n'est pas la personne possédée qui boit le sang de l'animal sacrifié mais son génie qui en tire une énergie vitale.
C'est le moment le plus étonnant et le plus touchant de la séance. Presque tous les Zâr sont invoqués et chaque participant est hors de lui, en liesse, comme un cheval fou.
Pendant quelques secondes, les Bâd s'incarnent et deviennent visibles. Puis le Bâd quitte enfin sa monture et la laisse en paix, n'exigeant plus rien que sa présence intermittente aux séances pour pouvoir s'incarner à nouveau de temps à autre. Enfin, un dîner collectif préparé avec la viande du sacrifice incite les convives à oublier pour quelques heures les tracas de la vie quotidienne.
Le possédé ne se souviendra de rien, mais l'on peut dire qu'il s'est accompli spirituellement par ce rite, dans la mesure où il maîtrise désormais sa relation avec le monde surnaturel ou invisible, qui était auparavant de l'ordre de la possession "sauvage". Certes il reste possédé, mais à présent il connaît son génie, il sait son nom et ses habitudes, et il s'agit donc d'une relation claire et bien définie.
Maryam Gharassou

Contributeurs

Origine géographique

Iran

Mots-clés

Date (année)

2006

Cote MCM

MCM_2006_IR_S1

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10e Festival de l'Imaginaire 2006