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Iran. Hamid Khezri, musiques et légendes du Khorassân (Paris). Spectacle

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Évènement

Titre

Iran. Hamid Khezri, musiques et légendes du Khorassân (Paris). Spectacle

Date

2006-03-31

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Jeudi 31 mars
Hamid Khezri, Chant et luths à manche long dotâr
Le Khorassân, «Terre du soleil levant » en français, perpétue ce formidable brassage culturel qui caractérisa l'Asie intérieure tout au long de son histoire. Dans cet ancien carrefour des routes de la soie, Kurdes, Persans, Turkmènes et autres Turcs se côtoient, se marient, contribuant ainsi à la préservation d'une culture à la fois diverse et métissée dont la musique, qui ne va pas sans la poésie même lorsqu'elle est instrumentale, est peut-être l'un des symboles et le luth dotâr l'instrument-roi.
Cette diversité se manifeste tout d'abord d'une région à une autre. À l'est et au sud, fleurissent chants soufis et pièces instrumentales d'inspiration religieuse jouées lors des séances mystiques de zikr ou encore ces dits de sagesse appelés nasihat. Le nord, quant à lui, est réputé pour sa tradition de bardes bakhshi et d'épopées ' on se souviendra peut-être du barde khorassani, Rowshân Golafrûz Bakhshi, qui lors du neuvième Festival de l'Imaginaire consacra son concert au récit musical des aventures de deux amants : Tâher et Zohre.
Le barde est généralement initié dans le cadre familial, par exemple son père ou son oncle. Son apprentissage comprend l'acquisition de la technique instrumentale et du répertoire des maqâm. Contrairement à la tradition savante turco-arabo-persane, le terme maqâm ne désigne pas ici le mode musical mais plutôt des mélodies-types empreintes d'un caractère spécifique : joie, mélancolie, tristesse, lyrisme, héroïsme, et qui servent à illustrer le récit. L'art du barde consiste à les enrichir avec des ornements et des passages improvisés et à les placer judicieusement dans le déroulement du récit. Vient enfin la mémorisation des récits proprement dits, les dastan, qu'il doit également apprendre à adapter en fonction des réactions de son public.
Le dotâr n'est pas propre au Khorassan, on le retrouve un peu partout en Asie centrale, notamment entre les mains des bardes turkmènes, ouzbeks, tadjiks et jusqu'au Xinjiang, le Turkestan chinois. D'une région ou d'une culture à une autre, sa facture varie légèrement, mais dans tous les cas il s'agit d'un luth à manche long et à la caisse piriforme sur lesquels sont tendues deux cordes (litt. do = deux, târ = corde) qui étaient autrefois en soie ou en boyau et le plus souvent aujourd'hui en acier. Le dotâr du sud du Khorassân est légèrement plus long et plus volumineux que celui du nord (env. 115 cm au lieu de 100). La caisse et la table d'harmonie sont généralement façonnées dans du bois de mûrier et le manche dans de l'abricotier. Les cordes sont pincées directement avec les doigts, sans plectre ni onglet, et la virtuosité du jeu se trouve aussi bien dans les ornementations de la main gauche que dans la technique de la main droite et notamment des riz (roulements, tremblements).

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Né en 1969 à Quchân dans le nord du Khorassân, Hamid Khezri s'est initié au dotâr dès son plus jeune âge. Ceux qu'il considère comme ses maîtres sont Hajj Hoseyn Yegâne et son fils Mohammad Yegâne, bardes turcs originaires de Quchân, Rahim Khân Bakhshi de Shirvân (kurde kurmanji) et Ali Bakhshi Golafruz originaire de Geliân (près de Shirvân).
Hamid Khezri est de ces musiciens que l'ouverture et l'intégrité artistique conduisent à renouveler le langage instrumental sans renoncer pour autant à la tradition qui les a nourris. Au contraire, en travaillant sur le rythme, l'accentuation, les silences, le toucher et l'ornementation il ambitionne de rendre à cette musique populaire ses lettres de noblesse, et faire du dotâr l'égal des deux luths de la tradition savante : le târ et le setâr. Il en résulte une élégance dans l'intention, une virtuosité dénuée d'esbroufe et surtout une finesse de la ligne mélodique qui sont les marques d'un vrai maître.
Le programme réunit quelques maqâm instrumentaux mais surtout des maqâm qui illustrent un récit ou une légende et sont donc joués dans leur contexte narratif afin de permettre au public d'en apprécier la profondeur et l'envergure.
Programme
1- Bayât, maqâm (nord du Khorassân)
Bayât est un des maqâm turcs anciens, fondamental dans le répertoire des bardes du Khorassân du Nord.
Il est parfois accompagné du chant.
2- Gerayli, maqâm (nord du Khorassân)
Certains bakhshi expliquent ce titre par la contraction de gerye (pleurs) et de Leyli en faisant référence à l'histoire d'amour malheureuse de Leyli et Majnun. Pour d'autres bardes, ce titre fait référence à une tribu turque éponyme du Khorassân.
3- Torqeh, maqâm kurmanji (nord du Khorassân)
Ce maqâm conte l'histoire de Torqeh, l'alouette, qui s'enivre d'amour le printemps venu, volant et virevoltant dans le ciel jusqu'à ce qu'elle périsse de la morsure d'un cobra' Le cobra, à son tour ivre d'amour, s'égare et périt lui aussi' Mais ses os, pour d'autres animaux, sont un mets recherché' Et ainsi de suite, celui qui périt fait le bonheur d'un autre'
4- Ata Margân, maqâm kurmanji (nord du Khorassân)
Ce maqâm s'inspire de la légende d'Ata Margân le chasseur, qui selon la règle, doit se séparer de son fusil après avoir abattu mille proies.
5- Oshtor Khojow ou La légende de Pirow (sud du Khorassân)
Pour certains bardes, ce maqâm Oshtor (chameau) Khojow (alerte) s'inspire de la marche du chameau et du mouvement de la caravane dans le désert. Pour d'autres bardes, Oshtor Khojow se rapporte à la légende de Pirow, une jeune femme en quête d'un mari qui se déguise en homme. Celui qui découvrira son secret sera l'élu de son coeur.
6- Le chemin du roi : Shâh Yuli (nord du Khorassân)
Shâh Yuli signifie en turc la voie ou le chemin du roi.
Au Khorassân, ce maqâm s'intitule également Râh-e Shâh. Il s'inspire de la marche joyeuse d'un père qui se rend auprès de sa fille pour lui annoncer la demande en mariage tant attendue'
7- Légende d'Abbâs Bakhshi
composée de trois maqâm : Ayla Ayesh - Morad Cholâq - Shabdiz/Qaradali (nord du Khorassân et Khorezm)
Abbâs Bakhshi est un barde du Khorassân dont le fils unique a été enlevé par des Turkmènes. Accompagné de son dotâr, Abbâs Bakhshi se rend auprès du Khân pour obtenir la libération de son enfant. Le Khân décide d'organiser une joute entre Abbâs Bakhshi et ses propres bardes' Le Khân pourrait peut-être libérer son fils si Abbâs Bakhshi sortait victorieux de la joute. Le Khân demande d'abord aux bardes de composer un air qui évoque les sonnailles de l'harnachement d'or et d'argent de son cheval (Ayla Ayesh). Il leur commande ensuite un air qui s'inspire du galop du cheval boiteux
Morad Cholâq. Le troisième air, Shabdiz ou Qaradali, est originaire du Khorezm (Ouzbékistan).
Cloé Drieu et Pierre Bois

e-mail : hkhezri@free.fr
http://www.hamid-khezri.com/

Contributeurs

Origine géographique

Iran

Mots-clés

Date (année)

2006

Cote MCM

MCM_2006_IR_S3

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Titre Localisation Date Type
Iran. Hamid Khezri, musiques et légendes du Khorassân (Paris). Vidéos Iran 2006-03-31 Vidéo numérique
Titre Localisation Date Type
10e Festival de l'Imaginaire 2006