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Philippines. Mindanao. Musiques traditionnelles des Tboli, des Bagobo et des Yakan. Spectacle

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Évènement

Titre

Philippines. Mindanao. Musiques traditionnelles des Tboli, des Bagobo et des Yakan. Spectacle

Date

1994-05-16

Date de fin

1994-05-20

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

16-20 mai 1994.

Située au sud des Philippines, à 350 km à l'est de la Malaisie, Mindanao est l'une des plus grandes des 7000 îles de l'archipel. Couverte de volcans et de haut plateaux, creusée de rpofondes vallèes, elle abrite près d'une vingtaine de minorités d'origine proto-malaise et malaise.
Vers le XIVe siècle des guerriers musulmans venus de Malaisie pénètrent dans l'île et convertissent une partie des habitants à l'islam, repoussant les populations rétives à leur prosélytisme vers les hauteurs.
Ces guerriers fondent au XVe siècle le Sultanat de Maguindanao qui dominera une grande partie de l'île jusqu'au début du XIXe siècle et dont la résistance acharnée à l'envahisseur espagnol permettra à nombre de groupes ethniques de conserver jusqu'à maintenant leur langue, leur religion et leurs traditions.

Les Tboli
Les Tboli vivent dans la province du Sud-Cotabato sur les hautes terres de Tiruray. Agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, les Tboli vivent dans des hameaux sur pilotis construits en bambou, en rotin et en palmes et qui s'échelonnent sur les rives paradisiaques des lacs Sebu, Siluton et Lahit. Aujourd'hui encore, il vivent dans une relative autarcie, se méfiant des touristes et se gardant bien d'améliorer les cent km de piste cahoteuse qui conduisent au Port de General Santos.
La musique des Tboli est étroitement associée à leur vie collective et religieuse. Nombreuses sont les cérémonies accompagnées de jeux de gongs et de danses. La principale est le mariage dant les étapes s'échelonnent de l'enfance à l'âge adulte. La première consiste à s'accorder sur le prix de la fiancée qui sera versé par la famille du garçon à celle de la fille et sur la dot qui constituera plus tard le patrimoine de l'épouse. Cette fête qui peut durer de trois à sept jours se déroule chez les parents du garçon et s'accompagne de nombreuses festivités. Un peu plus tard, les parents de la fillette organisent une seconde fête, tout aussi fastueuse, au cours de laquelle est fixée la date du mariage. Enfin, quelques années plus tard, après la puberté des fiancés, on organise le mariage proprement dit qui se déroule dans la maison de la fiancée par une nuit de pleine lune.
C'est l'occasion de combats de chevaux, de joutes chantées disputant la beauté respective des époux ou le montant du prix de la fiancée, de chants épiques consacrés au héros Todbulol et de danses. Le lendemain, le couple se rend dans la maison du garçon où une nouvelle fête est organisée. Ces fêtes peuvent ainsi se répéter chaque année pendant deux à six ans et durer chaque fois de deux à cinq jours.
Parmi les instruments de musique tboli, les gongs occupent une place prépondérante. Objet de valeur, car de tous temps importé de l'extérieur, notamment de Malaisie, le gong fait partie des échanges matrimoniaux. On trouve d'une part les agong, jeu de gongs suspendus de 25 à 50 cm de diamètre sur lesquels sont frappées des combinaisons rythmiques complexes, d'autre part le klintang, jeu de huit petits gongs disposés horizontalement sur un cadre, et sur lequel l'exécutant peut interpréter une mélodie accompagnée. Outre la flûte de bambou sloli, la guimbarde kubing et la cithare tubulaire en bambou sludoy, les Tboli utilisent un grand luth à deux cordes de fibre de bananier, le hegelong. Selon les Tboli, la musique du hegelong permet plus que tout autre de transmettre des idées, des émotions, de raconter une histoire. Il n'est pas rare lorsqu'elle joue, qu'une femme se lève et se mette à onduler avec grâce ; cette danse appelée kadal hegelung a la réputation de bercer un coeur brisé.
Les danses, on l'a vu, sont surtout associées au mariage. La plus appréciée est le tao soyow dans laquelle deux garçons, dont l'un se déguise en fille, miment avec humour les disputes entre belles-familles, d'autres contrefont des mouvements d'animaux, singes ou oiseaux, ou encore évoquent un combat.

Les Bagobo
Les Bagobo vivent au sud de l'île, dans le Golfe de Davao. D'origine récente, ce peuple résulte du métissage des populations locales avec des immigrants hindouistes venus s'établir à Mindanao au XIVe siècle, à l'époque du grand royaume javanais de Modjopahit.
En raison de leur situation géographique privilégiée, les Bagobo vivaient essentiellement du commerce entre les Sultanats musulmans, les ethnies des hautes terres et les Chinois. Mais leur proximité de la mer leur valut aussi de subir plus fortement la colonisation espagnole puis américaine.
En dépit de la présence espagnole et de la christianisation forcée qui s'ensuivit, les Bagobo sont parvenus à préserver une partie importante de leur religion traditionnelle, fondée sur un panthéon de divinités et l'observance d'un culte régulier et quotidien sous la forme de petits autels disposés le long des chemins et dans la forêt. Diverses cérémonies marquent les semailles, le repiquage du riz et la moisson, et sont accompagnées par les jeux de gongs.
L'instrument de musique principal des Bogobo est le carillon de gongs tagungguan. Les instrumentistes se transmettent leur savoir de père en fils mais ne sont pas forcément propriétaires des instruments, car ceux-ci circulent dans la communauté au gré des échanges matrimoniaux.
Le tagungguan comprend dix ou onze gongs disposés en triangle sur un cadre de bois. Tout en dansant, un musicien frappe les gongs mélodiques tandis que l'autre bat la pulsation sur le dernier. Des clochettes fixées à leur ceinture les protègent des esprits néfastes. Le tagungguan accompagne les cérémonies agraires, les mariages, les funérailles. Certaines formules mélodiques ont un rôle de signalisation, elles annoncent un décès, déclarent une guerre. Enfin pour leur plaisir, les musiciens peuvent aussi jouer des mélodies de cour d'amour.

Les Yakan
Les Yakan vivent dans la petite île de Basilan, située à l'extrémité occidentale de Mindanao. Autrefois soumis à l'autorité du Sultanat de Sulu ils devaient lui payer un tribut annuel et furent islamisés.
Agriculteurs et éleveurs, les Yakan ont une économie communautaire basée sur un système d'échange de corvées collectives. L'autorité était autrefois assurée par un notable datu nommé par le Sultan de Sulu mais dont le pouvoir était limité par celui du pakir (imam) dont les fonctions religieuses pouvaient s'étendre à l'exercice de la justice.
L'islam yakan, comme chez presque tous les peuples islamisés, est fortement emprunt de croyances et de pratiques pré-islamiques : culte des esprits et des ancêtres, rites funéraires, etc.
La loi coutumière ou adat reconnaît diverses sortes de mariages : le mariage par consentement parental, le mariage forcé, la fuite du domicile parental, et le rapt. La cérémonie dure 3 jours et est accompagnée de musique (gongs) et de danses.
La musique yakan et ses instruments témoignent de l'importance de l'agriculture dans cette société. Ainsi le daluppak est une cliquette montée sur un bâton à fouir, le kulintangan kayu est un ensemble de poutres accordées et frappées juste après les semailles pour favoriser la germination, il peut également accompagner la danse mangalay, dans laquelle on mime la récolte du miel sauvage.
Le kulintangan est un ensemble de gongs de bronze utilisé lors des cérémonies de mariage ou plus simplement le soir pour se reposer après le travail. Contrairement aux Tboli qui dissocient leur jeux de gongs les Yakan les utilisent sous forme d'ensembles. La mélodie principales est jouée sur le kilintang (jeu de gongs horizontaux) et l'accompagnement mélodique et surtout rythmique sur les grands gongs. Lors des mariages le kulintangan accompagne la danse guerrière tumahik. Vêtus de leurs plus beaux atours, les danseurs tiennent un épieu et un grand bouclier et se livrent à un combat imaginaire.

Origine géographique

Philippines

Mots-clés

Date (année)

1994

Cote MCM

MCM_1994_PH_S2

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Titre Localisation Date Type
Saison 1994 1994