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Iran. Litanies soufies et chants du Nouvel An de la province de Gilân. Spectacle

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Évènement

Titre

Iran. Litanies soufies et chants du Nouvel An de la province de Gilân. Spectacle

Sous-titre

Chantres naqshbandi de Rezvanshahr. Nowruz khâni de Tâlesh Dulâb

Date

2007-03-22

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Jeudi 22 mars 2007 à 20h
LITANIES SOUFIES ET CHANTS DU NOUVEL AN DE REZVANSHAHR ET DE TALESH DULAB - PROVINCE DE GILAN, IRAN
lendemain de la fête de Nowruz, le Nouvel An persan
Luth tanbûr, Fariborz Rostami Jaliliyân

MOWLUDI KHÂNI
Chants de la cérémonie de mowlud célébrant l'anniversaire du prophète Muhammad.
Salavat nameh, salutations.
Versets de mowludi khâni.
Lecture du récit de la naissance du prophète.
Tabâraka, invocation de la grâce divine (en arabe).
Jân e man (en turc).
Marhaba, chant de bienvenue au prophète.

ZIKR DE PIR NAQSHBANDI
Litanies du rituel de zikr selon la tradition de l'ordre soufi de la Naqshbandiyya de Rezvanshahr.

NOWRUZ KHÂNI D'ASALEM
Chant du Nouvel An, Nowruz, dans la tradition d'Asalem. par les chantres naqshbandi de Rezvanshahr : Firuz Amâni, Tâleb Amâni, Leysollâh Nowruzi.

NOWRUZ KHÂNI DE TALESH DULAB
Deux chants du Nouvel An, Nowruz, dans la tradition de Talesh Dulab. par Moharramali Nowruzi et Qesmat Khâni.

DASTUN
Chants religieux alternés. par Firuz Amâni, Tâleb Amâni, Leysollâh Nowruzi, Moharramali Nowruzi et Qesmat Khâni.


Litanies de la naqshbandiye
L'ordre de la naqshbandiye a été fondé au XIVe siècle à Boukhara par le maître Bahâ'eddin Muhammad Naqshband-e. C'est un des grands courants du soufisme, la mystique de l'islam. Le sens lexical du terme naqshbandi est "peintre" ou "miniaturiste" ; un second sens, mystique, est fondé sur la croyance que le nom d'Allah vint se graver sur le coeur de Bahâ'eddin tant il mettait d'ardeur dans ses invocations.
Cet ordre se répandit rapidement au Khorasan ainsi que dans d'autres régions de la Transoxiane. Au début du XIXe siècle, il gagna les régions kurdes de l'Iran, d'Irak, de Turquie et de Syrie sous l'impulsion d'un grand mystique, Khaled Zoljanâheyn, aujourd'hui enterré dans le quartier de Salhiyye à Damas et auquel on attribue 400 successeurs ou califes qui transmirent sa parole ainsi que le rituel dans tout le Kurdistan.150 ans auparavant, à l'époque de la dynastie persane des Qâjâr, un émissaire de Sheikh Serâj-oddin-e Naqshbandi, grand maître du Kurdistan, fut envoyé chez les Tâlesh, une tribu de la province de Gilân, sur la rive sud-ouest de la Mer Caspienne. La naqshbandiye connut un immense succès dans cette région, y compris au sein de l'élite de l'époque, d'où émergèrent plusieurs maîtres de l'ordre, notamment Sâdeq Khân-e Tâlesh et Shahâb-oddin.
Au début du règne de Reza Shah Pahlavi dans les années 20, le petit-fils de Khaled Zoljanâheyn, Sheykh Kâmel-e Naqshbandi, partit du nord du Kurdistan pour les Indes et passa par Tâlesh. Mais le gouvernement de l'époque surveillait les chefs spirituels et restreignait considérablement leur activité. Sheykh Kâmel se vit donc interdire la poursuite de son voyage. Il épousa une jeune fille tâlesh, s'établit tout d'abord dans la ville de Kargânrud (appelée
aujourd'hui Tâlesh) puis à Rezvândeh (aujourd'hui Rezvânshahr). Son tombeau, situé à Rudbârsarâ, est devenu un des sanctuaires de l'ordre. Son fils Sayyed Jamâl-oddin-e, âgé d'une cinquantaine d'années, est aujourd'hui le grand maître de la naqshbandiye de Tâlesh.
La naqshbandiye est largement répandue désormais dans la province de Gilân et ses deux grands centres sont Rezvânshahr, d'où viennent les chantres du groupe, et Asâlem.
L'éducation des adeptes peut suivre deux voies : par la relation directe entre l'adepte morid et son maître morad ou par le contact spirituel avec l'esprit d'un maître défunt. Comme beaucoup d'autres ordres soufis, les naqshbandi se réfèrent à un texte présentant la généalogie des maîtres de l'ordre et leur relation avec le prophète Muhammad.
Comme dans toute confrérie soufie, le rituel central des naqshbandi est le zekr (remémoration) au cours duquel les adeptes se rassemblent pour invoquer Dieu, le prophète et les grands maîtres soufis. Le zekr peut prendre deux formes :
-le zekr djali (dévoilé) qui est chanté à pleine voix et
-le zekr khafi (secret) qui est récité à voix basse ou mentalement.

La musique des naqshbandi de Gilân comprend deux répertoires principaux : les azkâr ou chants de zekr, qui sont des invocations à Dieu, au prophète et aux chefs spirituels, et les mowludi khâni, chants de célébration de l'anniversaire du prophète.
Les azkâr se subdivisent à leur tour en quatre catégories :
1. Tahlilât ou zekr-e tahlile ou encore khatm-e tahlile, qui comprennent plusieurs chants basés sur la profession de foi : lâ elâh-a ella allâh (il n'est d'autre Dieu qu'Allah), et sur un autre credo, le salavât. Ces chants intègrent également des éléments généalogiques des maîtres de l'ordre.
2. Do'âye tarâvih ou zekr-e Tarâvih, qui sont chantés lors d'une des prières quotidiennes du mois de Ramadan, tarâvih, qui comprend 21 parties et est exécutée sous forme responsoriale par le maître et ses disciples.
3. Azkâr-e madihe : chants d'éloge du prophète et des maîtres de l'ordre.
4. Me'râj-nâme, version naqshbandi de la vie du prophète Muhammad sous forme d'anadiplose (le dernier mot d'un vers et repris au début du vers suivant).
Les mowludi khâni appartiennent à une ancienne tradition des sunnites d'Iran consacrée à l'anniversaire du prophète. Cette cérémonie se tient à la mosquée, dans des lieux saints ou parfois dans les maisons.
Chez les habitants de Tâlesh, les mowludi khâni prennent aussi la forme de voeux, dans l'espoir que Dieu exaucera leurs prières et sont l'occasion de faire des offrandes de fruits, de noix et de pâtisseries recouvertes de tissus multicolores. Ces offrandes sont apportées en procession, accompagnées par les chanteurs, généralement non professionnels.
Les mowludi khâni ne sont pas spécifiques aux naqshbandi mais sont chantés par tous les sunnites de Tâlesh. De plus, on peut y sentir l'influence des Kurdes qui se manifeste d'une part par leur forte présence dans la région et d'autre part par le fait que nombre de maîtres naqshbandi ont été formés dans des écoles religieuses du Kurdistan. Si ces chants, à bien des égards, sont proches du chant classique persan, ils constituent néanmoins un répertoire de mélodies spécifiques. La plupart des chants de la région de Tâlesh sont interprétés sur un tempo lent et sont richement ornementés. Certains sont même des chants longs (dénués de rythme), tandis que les autres ont pour la plupart un rythme à 6/8.
Les chanteurs se réunissent par groupe de trois, cinq ou plus. Le soliste chante le poème et les autres lui répondent en choeur en reprenant l'un des vers.
Dans la mesure où l'interprétation laisse une place assez grande à l'improvisation et qu'elle ne se fonde pas sur des compositions musicales rigoureuses (l'inspiration du moment commande le choix des poèmes et des mélodies), le groupe doit donc faire preuve d'une grande cohésion que les naqshbandi interprètent comme une véritable connivence spirituelle et mystique. Car en définitive, la musique n'a pas vraiment d'importance en soi, elle est l'instrument qui permet d'atteindre l'essence divine, ce qui se traduit parfois par des cris spontanés.

Nowruz khâni
Cette tradition, appelée nabruza khâni dans le dialecte local, est l'une des plus anciennes et des plus représentatives de Tâlesh. Il s'agit là encore de chants responsoriaux composés de plusieurs strophes séparées par un refrain appelé jigir (litt. "chant collectif").
Les nowruz khâni n'exigent pas de compétence professionnelle et peuvent être chantés par quiconque a un peu de talent.
À partir du 15 du mois d'Esfand (6 mars) et pendant les deux semaines qui suivent jusqu'à la fête de Nowruz, le nouvel an iranien, des chanteurs arpentent les rues et les chemins en chantant des poèmes religieux. Ils sont considérés par la population comme les messagers du printemps et des symboles de bonheur et de renaissance qui y sont associés. Si cette tradition tombe en désuétude dans les villes, elle demeure bien vivante dans les villages et jusqu'à une époque récente, les habitants leur distribuaient des cadeaux, un peu d'argent, des fruits et des noix. Cette pratique se transmettait de père en fils, de sorte que bien souvent le mot nowruzi était attaché au nom des chanteurs, comme c'est le cas ici pour Moharramali de Tâlesh Dulâb et pour Leisollah de Rezvanshahr

Programme :
Litanies de la naqshbandiye de Resvanshahr
- Mowludi khâni, chants pour l'anniversaire du prophète
- Azkâr-e madihe, chants d'éloge au prophète et aux maîtres de la naqshbandiye
- Me'raj nâme, récit de vie du prophète
Nowruz khâni, chants du nouvel an iranien de Tâlesh Dulâb
Deux chants de Tâlesh Dulâb et de Mâsâl accompagnés au luth tanbûr.

Fariborz Rostami

Qesmat Khâni, 63 ans, est un des chanteurs les plus connus de la région de Tâlesh et un élève du maître Ruhân Qâsemi. Il est surtout réputé pour sa connaissance des chants de nowruz dans leur forme la plus authentique et des répertoires populaires de Tâlesh Dulâb et de Mâsâl, ainsi que pour un style vocal original qui dans la région s'est vu donner le nom de"Qesmatkhâniyahavâ" ou de "Qesmatiyalaja".

Leysollâh Nowruzi est un chantre réputé de la naqshbandiye de Rezvanshahr. Il tient généralement la partie soliste dans le mowludi khâni et les azkâr.
Lui aussi possède un style vocal propre qui a reçu le nom de "Leysiyahavâ". Il est accompagné par deux autres membres de l'ordre, Firuz Amâni et Tâleb Amâni, connus dans toute la région comme les "frères Amani".

Moharramali Nowruzi, 50 ans, appartient à une longue lignée de chanteurs de nowruz khâni. Il est aussi connu pour ses chants d'éloges à l'imam Hussein.

Fariborz Rostami Jaliliyân est ethnomusicologue et musicien. Il a effectué plusieurs travaux de recherche sur la pratique du luth tanbûr dans la province de Kermanshâh et sur la musique des naqshbandi de Kermanshah, du Kurdistan et de Gilân.

Contributeurs

Origine géographique

Iran

Mots-clés

Date (année)

2007

Cote MCM

MCM_2007_IR_S4

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