Ressource précédente
Ressource suivante

Azerbaïdjan. Aygun Baylar. La nouvelle voix du Mugam. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Azerbaïdjan. Aygun Baylar. La nouvelle voix du Mugam. Spectacle

Date

2007-03-20

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

20 mars 2007, 20h30
Aygun Baylar, chant et tambour sur cadre daf
Zahid Rzayev, vièle kamanche
Roushan Gurbanov, luth târ

La République caucasienne d'Azerbaïdjan s'est construite sur les anciennes provinces du nord de l'Araxe que l'empire perse dut céder à l'empire russe en 1813. Elle est prolongée au sud par la province iranienne d'Azerbaïdjan dont la capitale est Tabriz. Population de langue turque, incorporée des siècles durant à l'empire perse, les Azéris ont vécu une véritable osmose avec la culture persane. La séparation de l'Azerbaïdjan en deux provinces, russe et iranienne, va certes apporter des changements dans leurs évolutions culturelles respectives, mais elle ne transformera pas fondamentalement les patrimoines musicaux. Si, du côté russe, l'introduction de la musique occidentale, la construction de conservatoires et de salles de concerts vont modifier les méthodes de transmission de la musique traditionnelle, permettre l'émergence de compositeurs "nationaux" et de formes hybrides comme l'Opéra-Mugam, les Azerbaïdjanais sauront établir une frontière assez claire entre ce qu'il convient de considérer comme la pure tradition savante du Mugam et ses formes acculturées.
Depuis une trentaine d'années, cet art, qui était essentiellement réservé aux hommes, s'ouvre enfin aux femmes. Certaines s'y tailleront une grande réputation : Sakine Ismaïlova, Gandab Gulieva, Melek Khanom Eyubova, Simara Imanova' et aujourd'hui Aygun Baylar.

Le Mugam
Comme toutes les musiques savantes du Moyen-Orient, d'Asie centrale et de l'Inde, la musique d'Azerbaïdjan est monodique et modale. L'importance du mode musical appelé mugam (de l'arabe maqâm) est telle que le terme sert aussi à désigner le répertoire canonique et les suites vocales et instrumentales qui le composent. Chaque suite, comme dans le répertoire classique persan, est constituée d'une succession de mélodies-cadres (gushe ou shobe) qui laissent au chanteur une relative liberté d'improvisation et d'adaptation du texte poétique. Ces mélodies alternent avec des pièces vocales rythmées de caractère plus populaire, les tesnif, et des morceaux instrumentaux (reng). En plus du mode principal qui lui donne son nom (ex. Mugam Shur, Mugam Chargah, Mugam Rast, etc.), le Mugam exploite plusieurs modes secondaires selon un ordre rigoureusement déterminé, qui apportent à l'oeuvre des éclairages expressifs nouveaux.
Tel un fleuve proposant à chacun de ses méandres la contemplation d'un paysage sonore et émotionnel inédit, le Mugam offre une unité et une diversité exemplaires. Unité dans le sens où toutes les parties se succèdent sans interruption, comme en fondu-enchaîné. Et diversité dans l'alternance des improvisations et des compositions, des rythmes libres et mesurés, des modes gais et mélancoliques, des couleurs sonores tantôt chatoyantes, tantôt en demi-teintes.
Les poèmes, choisis par les interprètes, sont composés sur le modèle du ghazal persan (poème composé de plusieurs distiques et soumis à un modèle métrique spécifique). Ce sont les oeuvres de grands poètes classiques qui vécurent en Iran, en Azerbaïdjan et en Iraq entre le XIVe et le XXe siècle : Nizâmi, Fuzûlî, Shirvâni, Tabrizi, Vahid pour ne citer que les principaux ; ils parlent avec pathétisme de l'amour, de l'attrait de l'être aimé, du déchirement de la séparation ou de l'inconstance de l'amant, de la beauté d'un paysage ou encore de la splendeur de Dieu. Ces poèmes, totalement intégrés à la musique, éclatent littéralement dans le discours musical, du fait de l'introduction de vocalises, d'intermèdes instrumentaux et des multiples modulations qui jalonnent le parcours du Mugam. Les techniques vocales utilisées pour exprimer les divers états d'âme du poète sont spectaculaires : chant sotto voce, quasi murmuré, explosions vocales, yodel, vocalises et glissandi ; les chanteurs azéris les portent à un paroxysme qui laisse l'auditeur pantois.

Les instruments
Le chanteur ou la chanteuse s'accompagne au tambour sur cadre daf. Les deux autres instruments sont le târ et la kemânche.
Le târ est un luth à manche long. Il diffère légèrement du târ persan tant par sa facture que par son jeu. Plus petit, il comporte un plus grand nombre de cordes (11 en tout) et au lieu de reposer sur la cuisse, il est tenu très haut contre la poitrine ('sur le coeur' disent les Azéris), le musicien lui imprimant parfois de brusques mouvements qui renforcent les effets de vibrato.
La kamanche est une petite vièle à pique. Les quatre cordes en acier jouées tantôt à l'archet, tantôt en pizzicato, peuvent aussi bien produire des sons plaintifs que scander gaiement le chant du soliste.
Ces deux instruments sont indispensables à toute exécution de Mugam. Ils peuvent aussi jouer en solo des petites pièces semi-improvisées, reprenant les étapes essentielles de tel ou tel Mugam.

Aygun Baylar
Après Alim Qâsimov, cette jeune chanteuse ' elle a tout juste trente ans ' est en passe de devenir la nouvelle "coqueluche" du chant azéri. Tout comme lui, mais bien des années plus tard (en 2005), elle a remporté le grand prix du concours international Sharg Taranalari à Samarcande, ex-aequo avec une autre artiste invitée cette année par le Festival de l'Imaginaire : l'Ouzbèke Nadira Pirmatova.
Fille d'un joueur de târ, Aygun Humbatova débute à l'âge de sept ans en s'initiant au jeu des nagara, ces petites timbales que l'on utilise un peu partout au Moyen-Orient. Dix ans plus tard, Baylar Guliyev fait sa connaissance et l'invite à rejoindre son groupe. Il devient son maître et c'est pour honorer sa mémoire qu'Aygun adoptera son nom de scène : Aygun Baylar. Elle entre à l'Académie nationale de musique de Bakou pour parfaire sa formation musicale et entame une carrière de mugamiste fulgurante, puisqu'en 2002, le Président de la République d'Azerbaïdjan lui décerne le titre d'artiste émérite.

Programme
1 - Mugam Rahab
2 - Mugam Bayâti Shirâz

A écouter:
Anthologie du Mugam d'Azerbaïdjan en 8 volumes
Collection INÉDIT / Maison des Cultures du Monde

Contributeurs

Origine géographique

Azerbaïdjan

Mots-clés

Date (année)

2007

Cote MCM

MCM_2007_AZ_S1

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Azerbaïdjan. Aygun Baylar. La nouvelle voix du Mugam. Vidéos Azerbaïdjan 2007-03-20 Vidéo numérique
Azerbaïdjan. Roushan Gurbanov, luth târ. Photos Azerbaïdjan 2007-03-20 Photo numérique
Azerbaïdjan. Aygun Baylar. La nouvelle voix du Mugam. Photos Azerbaïdjan 2007-03-20 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
11e Festival de l'Imaginaire 2007