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Inde. Kathâkali. La Partie de Dés et L'Exécution de Dussasana, épisodes du Mâhabhâratâ. Spectacle

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Évènement

Titre

Inde. Kathâkali. La Partie de Dés et L'Exécution de Dussasana, épisodes du Mâhabhâratâ. Spectacle

Sous-titre

drame dansé interprété par l'Ensemble Satvikam Kalasadanam, direction Sadanam K. Harikumar

Date

2007-03-30

Date de fin

2007-04-01

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

30-31 mars, 1 avril 2007

Acteurs-danseurs :
Sadanam K. HARIKUMAR, Bheema
Tarayil Kuttan Pillai GOPALAKRISHNANNAIR, Sakuni
DivaKaran KAVUNKAL UCHANATHIL, Dussasana
Krishnadasan KARUTHEDATH, Yudhishtira
Manikandan AZHAKAPATH, Duryodhana
Mohanakumar PUTHAN VEETTIL KULANGARA, Arjuna
Sreenathan SREENATHAMANDIRAM, Draupadi
Pratheebukumar CHENGANAKATTIL, Nakula
Puligara BHASI, Krishna

Musiciens :
Devadasan VATTAPOTTA, maddalam
Ramakrishnan KARIMPUZHA PADMALAYAM, chenda
Sreekumar VALIYA VEEDU, chenda

Chanteurs :
Nedumpully Narayanan RAMAMOHANAN
Sudhish Kumar KAIMAZATH SURESH BABU

Maquilleurs :
Satheesan MARAVANCHERI THEKKEMANA
Saju PUTHEN PARAMBIL JOHNSON

Maquilleur - habilleur
Karthik Menon AIKKARRA

Equipe technique :
Régie lumière : Alain Bô
Habilleuse : Séverine Vincent
Son : Yoann Laurens
Vidéo : Willy Parussolo
Régie : Jean-Pierre Ruiz

Pour permettre au public d'assister au maquillage rituel des artistes, la salle est ouverte 3 h avant le début du spectacle.

Le texte chanté sera surtitré en français.
Durée 2h15 environ.

Le Kathâkali.
Le drame dansé du Kerala, région située dans le Sud-Ouest de l'Inde, appelé kathâkali ("jeu d'histoire" de katha, histoire et kali, jeu), s'affirme comme un création relativement récente, mais pourtant gardienne de toutes les expressions traditionnelles millénaires du sud du continent indien.
Né au XVIIe siècle, grâce au rêve d'un maharaja lettré*, il se nourrit des rituels de sanctuaires de forêts (teyyam, mudhiyettu), de spectacles de temples (kuttiyattam et de pratiques d'art martial (kalaripayat). Il devient, en son temps, une dramaturgie qui se démarque à la fois des formes populaires et aborigènes et du grand classicisme du théâtre religieux En effet, les idiomes utilisés, les sanscrit (langue classique aristocratique) et le malayalam (langue vernaculaire du Kerala) se juxtaposent dans le texte chanté.
* Une nuit de l'année 1657, un raja du Kerala, fit un rêve. Il reçu en songe les formes et les codes de cet art (costumes, maquillages, et répertoire). Cet esthète en se fondant sur différentes expressions rituelles et populaires de la région, donna ainsi naissance au kathâkali.

Parfois appelé à tort, opéra du sud de l'Inde, le kathâkali représente un théâtre dissocié à la manière du théâtre bunraku japonais. Les musiciens chantent le poème et accompagnent la danse et la gestuelle des acteurs-danseurs qui n'émettent pas un son (...). Les acteurs-danseurs se présentent frontalement entre les musiciens et la "langue de Kali" (haute lampe de cuivre aux multiples mèches trempant dans l'huile), qui établit une frontière symbolique entre la monde humain, qui regarde, et le monde des rois et des dieux, qui démontre son existence. Sous forme de figures somptueuses, les acteurs-danseurs (exclusivement des hommes, même pour l'interprétation des rôles féminins), le visage dissimulé par un épais maquillage, semblent disparaître dans un costume qui les noie et change les proportions de leur corps*. Chacun des aspects visuels correspond à un code. Le maquillage définit cinq types de caractères. La coiffe, le mudhi, caractérise le rang du personnage. Les couleurs du vêtement, des parures et de la crinoline renforcent les précisions sur les appartenances mythiques. La danse, qui se développe selon deux styles - style lashya (doux et féminin) et tandava (fort, viril) - concorde avec les définitions dramaturgiques.
* Au cours de ce rituel, les proportions de la tête sont augmentées : en largeur par les barbes de pâte de riz et en hauteur par des coiffes-tour rutilantes. L'acteur se pose sur la cornée une graine d'aubergine ou se verse une goutte de beurre fondu, qui a pour effet de rendre le blanc de l'oeil sanglant.

Bien que le répertoire se base sur le Mâhabhâratâ, le Râmayanâ ' les deux épopées de l'hindouisme ' et les Purâna, histoires mythiques fondatrices de la religion, le kathâkali ne fait pas partie des expressions sacrées. Il participe, cependant, au même titre que les religions dramatiques antérieures, au renforcement du système des castes et à la légitimation des pouvoirs de l'autorité en place. S'il se déroule, au cours de longues nuits, dans les prémices des temples, il ne procure aucun état de conscience modifié, mais gratifie le public indien de moments réputés bénéfiques.
Les acteurs-danseurs, les musiciens, les maquilleurs, les costumiers, tous des professionnels, sortent d'écoles qui leur fournissent un enseignement d'une durée de dix à quinze ans. (Trois grandes écoles se développent encore dans le Kerala : le Margi de Trivandrum, le Kalamandalam de Teruturuty et le Sadanam de Palghat qui est accueilli cette saison à l'Amphithéâtre Bastille) Au cours de cette dure période de réclusion, ils choisissent, sous la conduite de maîtres, la danse, la musique ou la préparation de l'acteur.
Ils doivent mémoriser des textes de plusieurs milliers de vers ainsi que les raga (mélodies) les tala (rythmes) sur lesquels évolueront les personnages et les bhava (expressions).
La préparation physique d'un acteur-danseur, ponctuée de pratiques quotidiennes douloureuses, telles que l'étirement des muscles, les pressions sur les articulations et les massages profonds, rend son corps à la fois malléable et endurant. L'utilisation de mudra (mouvements des doigts et des mains) et d'abhinaya (mouvement des yeux et de tous les muscles du visage) exige un apprentissage précis. La physiologie se modifie. Ainsi, la surface de l''il d'un acteur-danseur double, au bout de plusieurs années d'exercice.
Le récit, interprété par séquences, se répète trois fois au cours du jeu. Dans la première version, seuls les musiciens et les deux chanteurs livrent le texte, généralement en sanscrit. Dans la deuxième partie qui s'enchaîne, le même texte est chanté en malayalam, la langue du Kerala et les acteurs-danseurs ne se livrent qu'à des indications gestuelles signifiantes. La troisième partie, plus particulièrement consacrée à la danse, reprend la même narration, mais en insistant sur les rythmes, produits par un mridangam (tambour horizontal à deux peaux), un ou deux chenda (tambour vertical), des kartal (petites cymbales de cuivre), un gong et les glissements entre les passages mélodiques. Cette phase, généralement très attendue par les spectateurs indiens, leur permet de goûter le talent et la sensibilité des acteurs-danseurs et des musiciens, après une attente préparatoire délectable.


La création de la troupe Satvikam Kalasadanam répond aux mêmes objectifs artistique et politique que la création du kathâkali.
Lorsque Late Sri Sadanam Kumaran rencontre Gandhi, immédiatement séduit par son discours, il se range à ses côtés, devient un freedom fighter (combattant de la liberté), milite contre l'occupant anglais et partage avec lui quelques mois de prison. À la mort de Gandhi, il fonde une école de kathâkali à Palghat, suivant ainsi les consignes de l'homme politique pour fortifier le patrimoine de l'Inde. Il ajoute à son nom celui de Sadanam.
Son fils, Sadanam Harikumar, enfant très doué de la région, qui chante, peint, mime, pratique aussi bien la danse natya que la danse abstraite nrita, et profite des enseignements donnés par les maîtres de l'école.
Dans l'exécution du drame-dansé kathâkali, il maîtrise ainsi la pratique de l'acteur, du vocaliste, du maquilleur, de l'habilleur et connaît tous les codes des signifiants.
Il part au Bengale et fréquente la grande université de Shantiniketan, fondée par Rabindranath Tagore. Quelques années plus tard, dans cette même université, il devient professeur et enseigne, en bengali et en anglais, le théâtre et la musicologie.
À la mort de son père, dans les années 90, il devient directeur de l'école Sadanam à Palghat, ainsi que le chef de la troupe de kathâkali, sans pour autant renoncer à l'interprétation de grands rôles, tels que celui de Bhima, un des cinq frères Pandava du Mâhabhâratâ.

La partie de dés et l'exécution de Dussasana.
Résumé

Deux camps en présence, dans le palais : celui des cinq frères Pandava et des cent frères Kaurava, tous membres de deux familles royales aux origines divines et cousins. Représentés par leurs chefs respectifs, ils s'affrontent au cours d'une partie de dés (souvent, en Inde, le jeu remplace l'affrontement guerrier).
Yudhishtira, l'aîné et chef des Pandava, un bon souverain, ne possède qu'un seul défaut : celui de ne pas pouvoir résister au jeu. Pour tenter de freiner sa passion, il entraîne ses frères avec lui : Bhima, le plus fort, Arjuna, le plus élégant, Nakula et Sahadeva, les jumeaux célestes. De son côté, Duryodhana, aîné et chef des Kaurava, se fait entourer lui aussi par ses frères, dont le plus proche est Dussasana, réputé pour sa violence. Il appelle auprès de lui, l'oncle Sakuni, qui connaît tous les trucs pour tricher.
Yudhishtira perd successivement sa fortune, tous ses éléphants, ses chevaux, ses terres, ses palais, son royaume, ses frères, et, désespéré, finit par miser Draupadi, l'épouse commune des cinq frères, qu'il perd également.
Les Pandava sont devenus esclaves des Kaurava, Dussasana envoie chercher Draupadi pour la violer devant ses maris. La jeune femme tente en vain de résister et implore le dieu Krishna. Dussasana cherche à la dénuder mais l'étoffe de soie de son sari s'allonge indéfiniment, comme s'il se formait autour de ses hanches. Dussasana comprend que les Pandava, malgré leur échec, bénéficient d'une protection divine. Duryodhana renonce alors à les soumettre à l'esclavage et les exile pour douze années pendant lesquelles ils devront vivre dans l'anonymat complet. Draupadi fait le serment de ne pas laver sa chevelure, ni de la démêler avant de la tremper dans le sang de Dussasana.

Treize ans passent avec de multiples péripéties qui ne sont pas exposées dans le présent spectacle.

Les Pandava, qui souhaitent récupérer leurs biens et leur royaume, délèguent Krishna pour négocier avec les Kaurava. Ceux-ci refusent toutes les propositions et la guerre éclate entre les deux familles.
De nombreuses batailles se déroulent. Elles ne font ni vainqueur ni vaincu.
Bhima devient alors furieux et fourbissant ses armes de géant, dont une massue, il se précipite sur les Kaurava. Il met en pièces Dussasana, lui déchire le ventre et lui sort les entrailles. Puis il appelle Draupadi qui, vengée, baigne sa chevelure dans le sang de celui qui l'outrageât.
Les Pandava élèvent alors leur chant de reconnaissance envers Krishna. Et celui-ci bénit les spectateurs qui viennent d'assister à ce fragment d'épopée.
Françoise Gründ

Contributeurs

Origine géographique

Inde

Mots-clés

Date (année)

2007

Cote MCM

MCM_2007_IN_S1

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