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Malaisie. Mak Yong et Manora, Danses rituelles du Kelantan. Spectacle

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Évènement

Titre

Malaisie. Mak Yong et Manora, Danses rituelles du Kelantan. Spectacle

Date

2007-03-09

Date de fin

2007-03-11

Artistes principaux

Direction artistique

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

9-11 mars 2007
Théâtre Équestre Zingaro

Les formes spectaculaires de Malaisie, notamment celles du Kelantan, sont enracinées dans des concepts métaphysiques comme ceux du moi, de l'individu et de la communauté. Les deux concepts d'angin et de semangat sont essentiels non seulement pour les arts spectaculaires, mais aussi pour l'équilibre de la société. Angin (litt. vent) ou le souffle détermine le tempérament de l'individu, son caractère, il est donc essentiel pour maintenir son équilibre. Le concept de semangat réfère à l'esprit, à l'âme, à la force de vie, il est aussi le moteur de la mémoire.
Tout déséquilibre dans l'angin provoque une maladie chez l'individu, et quand il ne se porte pas bien, il devient dangereux pour la communauté. L'équilibre de chaque individu est important afin que la communauté puisse progresser en harmonie. C'est là où les représentations spectaculaires traditionnelles jouent leur rôle. Elles sont un espace au sein duquel la communauté essaie de rétablir l'équilibre de l'individu.
Dans le contexte traditionnel malais, les présentations de formes spectaculaires sont organisées à des fins rituelles différentes, comme le salut aux maîtres (sembah guru), l'équilibre du "souffle" (semah angin) ou bien le rappel ou le renforcement de l'esprit (semangat).
Les anciens mythes et légendes de la Malaisie péninsulaire font remonter les origines des formes spectaculaires traditionnelles directement aux dieux et aux esprits, ce qui les enveloppe d'une aura de mysticisme et en font un genre spirituel. Ces croyances ont des sources multiples, animisme, bouddhisme, hindouisme et islam ; ces différentes influences sont tellement imbriquées et ont tant et si bien fusionné qu'il est difficile aujourd'hui de démêler cet écheveau.

Mak Yong
On trouve dans l'État de Kelantan d'innombrables mythes liés aux femmes, parmi lesquels ceux évoquant la destinée tragique de reines et de princesses. Le sentiment de la perte, l'élégie et la lamentation imprègnent le Mak Yong.
À la fois danse et théâtre, cette tradition centrée sur les femmes compte parmi les formes les plus anciennes de représentations rituelles chez les Malais du Kelantan. On y trouve des influences animistes mais aussi, très clairement, la conception soufie de l'individu et de sa personnalité. Les croyances locales le font remonter à une origine divine mais il serait plus vraisemblable de penser que le Mak Yong serait apparu dans l'ancien royaume malais de Patani, devenu aujourd'hui un district du sud de la Thaïlande. Son histoire est enveloppée d'un halo de mythes qui évoquent avant tout la mort, la perte, la nostalgie et les aspirations de l'âme.
Les femmes jouent tous les rôles principaux du Mak Yong, y compris celui du premier personnage masculin, Pak Yong. Les hommes tiennent les rôles secondaires de peran (à la fois assistant et bouffon) et de musiciens.
Le Mak Yong se compose de douze récits principaux qui racontent les exploits de différentes créatures mythiques. La lutte allégorique entre le bien et le mal ainsi que les vicissitudes de l'existence sont des thèmes fréquents. Le principal récit qui est toujours joué en premier est celui de Dewa Muda, le prince qui, s'envole sur un cerf-volant (important symbole dans le Kelantan, où il est considéré comme un lien entre la terre et le ciel) et rencontre la princesse du ciel dont il tombe amoureux. Dewa Muda se transforme en souris pour pouvoir s'approcher d'elle, mais il est débusqué et la souris est poignardée, Dewa Muda meurt et retombe sur terre. Deux guérisseurs hermaphrodites le ramènent à la vie. Dewa Muda repart à la recherche de la princesse. À partir de là, la tradition propose deux possibilités pour l'épilogue : Dewa Muda et la princesse découvrent qu'ils sont en réalité frère et soeur, ou bien ils se marient et vivent heureux.
Le Mak Yong se distingue par une gestuelle stylisée, avec des mouvements raffinés des bras et des mains, des pas lents et des tours gracieux ; cette forme est accompagnée de chants qui imitent gémissements et plaintes. Le passage le plus élaboré du Mak Yong, intitulé Menghadap Rebab (face au rebab), comporte le Lagu Menghadap Rebab (chant face au rebab). Le rebab, vièle à archet, est le principal instrument mélodique dans l'ensemble de percussions. D'après la légende, il fut fabriqué à l'origine avec un os d'Adam : le mythe fait ainsi remonter cette tradition à l'aube de l'humanité. Le rebab est extrêmement important car il est considéré comme le guru asal, le maître originel, il est aussi le lieu où se trouve ce maître invisible.
Les autorités du Kelantan ont interdit le Mak Yong en 1991.
L'ensemble Rombongan Mak Yong Pusaka regroupe quelques unes des dernières et des plus grandes interprètes de ce style. Il est mené par Mek Jah binti Derih, la meilleure porte-parole du Mak Yong, héritière d'une lignée dévouée à cette tradition. Elle et le reste de l'ensemble habitent le Kelantan et vivent de l'agriculture ou de la pêche.

Manora
Tirée du Jataka, recueil de contes bouddhiques, la fable narrant les amours de la princesse-oiseau céleste Manora et d'un homme, le prince Phra Suton, sert de trame théâtrale au Manora. Originaire du sud de la Thaïlande, le Manora s'est répandu dans les Etats du nord de la Malaisie, en particulier le Kelantan, dont il a croisé et adopté le dialecte, les mythes et les contes. C'est ainsi qu'est apparue une forme très raffinée et originale mêlant rituels thaïs bouddhiques à une narration et une musique malaises musulmanes.
Elaboré dans l'enceinte des wats, les temples bouddhiques qui parsèment cette région majoritairement musulmane, le Manora a conservé ses racines religieuses tout en produisant une forme plus improvisée de divertissement théâtral qui, à son apogée, était très appréciée de la population locale.
Dans son cadre rituel et traditionaliste, le Manora est joué à l'occasion de fêtes religieuses bouddhiques et lors des rites d'initiation et de passage à l'âge adulte d'un danseur. Invocations et transes sont alors courantes, contrairement à ce qui se passe lors de mariages et de fêtes profanes où l'accent est plutôt mis sur le divertissement et la cohésion de la communauté villageoise. Mêlant danse stylisée, chant, comédie et tragédie, la tradition du Manora se distingue par une grâce profonde. Doigts recourbés vers l'arrière, bras étendus et gestes raffinés, accompagnés de pas rapides et complexes, caractérisent les parties dansées. L'orchestre comporte des percussions et un instrument à anche, le serunai, instrument mélodique principal dont on dit qu'il provoque la transe.
Le Manora a été interdit en 1991 par le gouvernement du Kelantan, issu du Parti islamique, au motif qu'il est d'une nature culturellement hybride.
Eh Chom Eh Kuan est l'interprète le plus en vue de la tradition du Manora au Kelantan. Descendant direct d'une lignée de danseurs de Manora, il a mené très jeune une vie de reclus dans un temple bouddhique où il a reçu une éducation conforme à la tradition. Il a créé dans les années 1960 l'ensemble Rombongan
Manora Cahaya Bulan. Connu pour son charisme et son autorité, il a inspiré quantité de légendes locales. En dépit de l'interdiction officielle, il incarne aujourd'hui la tradition du Manora. Il vit dans son village natal où il est également réputé en tant que bomoh, guérisseur.
Eh Chom se produit en France pour la première fois. Il est ici accompagné de son fils auquel il transmet son savoir.
Eddin Khoo

La Maison des Cultures du Monde remercie : L'Ambassade de Malaisie en France et tout particulièrement Monsieur l'Ambassadeur Dato' S. Thanarajasingam ; The Ministry of Culture, Arts and Heritage Malaysia ; Malaysia Airlines System ; The Office of the Member of Parliament of Kota Bharu, Malaysia ; Datuk Mohd. Zaid Ibrahim ; M. Eddin Khoo, directeur de Pusaka ; Mme Pauline Fan, Pusaka

Mak Yong
avec
Mek Jah binti Deris, Pak Yong
Che Sulaiman Bin Che Soh, rebab
Che Rabiatul Adawiah binti Che Musa, danseuse
Dzawiah binti Kassim, danseuse
Norliza binti Mat Nor, danseuse
Wan Muhamad bin Wan Abdullah, voix
Mat Nor bin Yusof, voix
Ab Rahman bin Jusoh, gendang
Ismail bin Harun, gendang
Wan Samat bin Derahman, canang
Awang Isa bin Sulong, gong
Haron bin Muda, geduk

Les séquences du Mak Yong :
Introduction musicale
Entrée du Pak Yong et des danseuses qui l'accompagnent
Lagu Menghadap Rebab (salutation au rebab) et chants
Danses
Chant du souvenir


Manora
avec
Eh Chom Eh Kuang, danseur de manora principal
Vi Chai Eh Chom, danseur de manora
Mek Eek ap Chau Rok, dayang (danseuse)
Vi Chian al Eh Chom, gedumbok
Awang bin Salleh, serunai
Ab Rahman bin Jusoh, gendang
Ismail bin Harun, gendang
Wan Samat bin Derahman, canang
Awang Isa bin Sulong, gong
Haron bin Muda, geduk
Yu Wan ap Chau Rok, bambous
Nisaa Eh Chom, bambous

Les Séquences du Manora :
Entrée du danseur de Manora (Eh Chom)
Salutation au maître
Manora prend son envol, la danse commence
Manora joue avec la dayang ou concubine
Danse (dayang et Vi Chai Eh Chom, fils de Eh Chom)
Solo de Manora

Extrait des chants du Mak Yong
Je vais raconter une histoire, celle d'un roi et d'un royaume.
Nous choisissons différents vêtements, des pantalons pour protéger nos jambes,
des vêtements pour couvrir nos corps, nous enroulons un sarong pour couvrir notre sexe,
et nous nouons les écharpes autour de nos tailles.
Je lance à mon frère aîné un appel mélancolique. Nous ne voulons pas parler longuement,
ni nous égarer dans les détails.
Yong we, yong we (lamentation)
Le python mue et son fardeau tombe à terre,
La feuille de l'arbre se fane alors qu'elle s'éloigne emportée par le vent,
La pousse de bambou emporte nos peines.

Extrait des chants du Manora
Salutation au maître
Nous nous souvenons de toi
Notre coeur est lourd comme l'eau sur la terre
Nous cherchons tes bénédictions
Nous ne cesserons jamais de penser à toi
Avec dix doigts nous jouons pour toi
Nous mettons nos mains sur nos fronts
En souvenir éternel de toi

Contributeurs

Origine géographique

Malaisie

Mots-clés

Date (année)

2007

Cote MCM

MCM_2007_MY_S2

Ressources liées

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Titre Localisation Date Type
Malaisie. Mak Yong et Manora, Danses rituelles du Kelantan. Vidéos Malaisie 2007-03-09 Vidéo numérique
Malaisie. Danse rituelle Mak Yong du Kelantan. Photos Malaisie 2007-03-09 Photo numérique
Malaisie. Danse rituelle Manora du Kelantan, avec le grand maître Eh Chom Eh Kuan. Photos Malaisie 2007-03-09 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
11e Festival de l'Imaginaire 2007