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Japon. Nô de Kurokawa, Théâtre rituel Momijigari "Contemplation des feuilles d'automne". Spectacle

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Évènement

Titre

Japon. Nô de Kurokawa, Théâtre rituel Momijigari "Contemplation des feuilles d'automne". Spectacle

Date

2008-03-12

Date de fin

2008-03-14

Artistes principaux

Direction artistique

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

12-14 mars 2008, Maison des Cultures du Monde.
Par la troupe Shimo-Za sous la direction de Yoshibu Ueno
Avec le soutien de la Fondation du Japon
Dans le cadre du 150e anniversaire des relations franco-japonaises

Le village de Kurokawa, à une dizaine de kilomètres de la ville de Tsuruoka dans le département du Yamagata, est situé au coeur de la plaine du Shonaï, bordée par la mer du Japon d'un côté, le massif des monts du Déwa de l'autre. Isolé au milieu des rizières, ce petit village a été préservé de l'industrialisation massive qui a envahi le reste du pays durant le XXe siècle. Ainsi, les villages et les bourgs du Yamagata perpétuèrent leurs traditions agraires et les coutumes rurales continuent, aujourd'hui encore, de marquer l'année agricole.

Le spectacle et son contexte rituel
Depuis le XVe siècle, le nouvel an s'inscrit dans la vie sociale de Kurokawa par le retour de fêtes, de processions, de mascarades, de banquets, de libations, de danses de purification, de compétitions rituelles, de représentations de Nô : ce sont les célébrations du kami Ôgi, divinité du panthéon shintô. Ces rites de renouveau, qui marquent le passage d'une année à l'autre, se déroulent chaque année du 3 janvier au 3 février et sont l'occasion pour la communauté villageoise de se rassembler pardelà les rigueurs de l'hiver et l'épaisse couche de neige qui recouvre en cette période le village de Kurokawa. Au sommet d'une colline située au centre du village, un temple shintô abrite le coeur de la vie spirituelle et religieuse du village. Le matsuri ' culte des divinités patronales ' célébré autour du kami Ôgi est une offrande religieuse au dieu éponyme dans l'espoir de riches moissons et de bonnes récoltes, de bonheur et de prospérité. Les visiteurs du nouvel an, kamis venus d'un pays lointain et merveilleux, sont l'une des plus anciennes manifestations de la religion populaire japonaise.
Dans ce contexte, la communauté rituelle de Kurokawa est divisée en deux parties : kami-za et shimo-za. Kami-za désigne la troupe d'acteurs du haut du village,
shimo-za la troupe d'acteurs du bas du village.
Chacun des deux za est sous la tutelle d'un responsable, le nô-dayû. Cette fonction, héréditaire, est transmise de père en fils à l'intérieur de deux familles : les Kenmochi pour le "haut ", les Uéno pour le "bas ".
Dépositaire de la tradition, le nô-dayû forme les acteurs, organise les répétitions, met en scène les pièces de Nô ; sa maison est un lieu sacré où sont conservés les costumes et tous les éléments constitutifs de la représentation.
Chaque année, deux hommes sont choisis au sein du kami-za et du shimo-za, pour accueillir chez eux le shintaï, réceptacle de l'essence divine du kami Ôgi, l'invité de la fête devant lequel se déroulent les différents rites ainsi que les représentations de Nô.
Le matin du 1er février, deux processions conduisent chacune un shintaï du temple aux fermes des deux hommes choisis par la communauté rituelle. Jusqu'au matin du 2 février, moment où chaque shintaï sera reconduit au temple, ces deux hommes assurent le rôle de prêtre et leur ferme, dite " en fonction ", devient un temple provisoire où ont lieu, dans la nuit du 1er au 2 février, des représentations de Nô. Le 2 février, les deux troupes, kami-za et shimo-za, sont réunies au temple et exécutent alternativement deux pièces de Nô chacune.

Présentation du Nô de Kurokawa
OEuvre littéraire, musicale et chorégraphique, le Nô met en scène hommes et divinités.
Interprété par deux acteurs, un choeur et un petit ensemble composé d'une flûte fué, d'un tambour taiko, d'un tambour de hanche otsuzumi et d'un tambour à aisselle kotsuzumi, ce poème lyrique s'inscrit dans le contexte des rites populaires du solstice d'hiver.
Instruments d'un langage imaginaire, les masques, les costumes, les gestes, les cris véhiculent une esthétique de l'herméneutique. Ni mimesis, ni catharsis, ni même intrigue. Ce qui est représenté sur la scène s'apparenterait plutôt à un moment en train d'advenir, moment qui se révèle par le jeu de l'acteur principal, le shité, personnage masqué, mystérieux, venu de loin, d'abord présenté sous les traits d'un homme de ce monde. Un interlude durant lequel est jouée une pièce d'aï-kyogen lui permet de changer de costume et de masque. Il réapparaît alors dévoilant sa véritable identité de kami ou de démon. Le waki, personnage secondaire, n'a pas une fonction dramaturgique telle que nous la connaissons dans le théâtre occidental.
Medium entre les mondes terrestre et céleste, il permet au shité de se révéler.
Hiératique et raffiné, le Nô de Kurokawa réactualise chaque année un corpus de croyances populaires. Une scénographie de l'intensité et du vide révèle la présence de la divinité Ôgi dont l'essence et la puissance sont contenues dans les masques.
La tradition du Nô de Kurokawa s'est transmise oralement au sein de la communauté cultuelle du village et diffère sensiblement du Nô pratiqué par les cinq familles ' Kanze, Kongo, Hosho, Kita, Konparu ' dépositaires de la tradition de Zeami (1363 ' 1443).
Dans le Nô de Kurokawa, les attaches du masque sont cachées sous la perruque du shité. Les supports matériels du masque étant rendus invisibles, le masque crée l'illusion d'être le véritable visage de l'acteur.
Les gestes sont plus accentués, l'ouverture des bras plus large et l'index du shité tendu à la différence du dégradé que l'on observe dans le positionnement des doigts de la main des acteurs de Nô classique.
Si dans la tradition des cinq écoles, les personnages féminins portent leur kimono ouvert afin de laisser apparaître les couleurs des vêtements du dessous, à Kurokawa, les kimonos des personnages féminins sont entièrement fermés. L'accent des acteurs de Kurokawa diffère de celui des acteurs de Nô classique conférant au Nô de Kurokawa une déclamation et une intonation spécifiques.

Argument de MOMIJIGARI (Contemplation des feuilles d'automne)
Alors que Tairano Koremochi est parti chasser le cerf à Shinano, il rencontre en chemin un groupe de femmes qui se réjouissent à la pensée d'aller admirer les feuilles d'automne. Tairano Koremochi est invité à se joindre à elles pour partager un repas de fête. Fasciné par la danse de l'une de ces femmes, il s'endort une coupe à la main. Pendant qu'il rêve, un dieu se manifeste et lui révèle la véritable nature de la femme qui n'est autre qu'une démone'

Le Festival de l'Imaginaire tient à remercier la Fondation du Japon, la Maison de la Culture du Japon, la Ville de Tsuruoka, Asia/Pacific Cultural Center for Unesco - ACCU, Koichi Makise, Masateru Nagakawa et Misako Ohnuki.

PETIT GLOSSAIRE
-Aï-kyogen: interlude entre les première et deuxième parties d'une pièce de Nô durant lequel un acteur de kyogen dialogue avec le waki tandis que le shité change de costume.
-Kami : divinités, dieux, esprits, entités du shintô.
-Kan.ami : célèbre acteur et auteur de Nô. Issu d'une famille d'acteurs de sarugaku et chef de la troupe de sarugaku de Yamato, Kan.ami fut appelé à la cour du shôgun en 1374. Il créa son propre répertoire de sarugaku-no-nô, bientôt appelé simplement Nô. Son fils Zéami poursuivit son oeuvre.
-Matsuri : grande fête, manifestation du culte des kami
-Nô-dayu : " maître de nô ". Ce titre est porté à Kurokawa par celui qui est chargé de maintenir la tradition, d'enseigner et former les acteurs, de composer les programmes, de mettre en scène et représenter les pièces du répertoire à l'occasion de la fête d'Ôgi. Ce titre se transmet de père en fils aîné. Le nô-dayu conserve chez lui les archives, les livrets, les masques et les accessoires de Nô.
-Ôgi : kami visiteur de la fête du jour de l'an de Kurokawa. Le kami passe dans un réceptacle appelé shintai.
-Shintaï : " corps " d'un kami, réceptacle.
-Shintô : " la voie des kami ". Religion autochtone du Japon.
-Shité : acteur principal d'une pièce de Nô. Il est masqué, danse, chante et récite.
-Waki : deuxième personnage d'une pièce de Nô. Il n'est pas masqué, il ne danse pas.
-Zéami : (1363-1444) fils de Kan.ami. Il codifia et théorisa le genre du Nô.

12 et 14 mars AVEC
Yoshibu UENO, shité
Motomi UENO, assistant du shité
Katsuhiko SEIWA, assistant du shité
Yoshimasa HEISHIN, assistant du shité
Eiichi TAKOI, waki
Naoki KOBAYASHI, assistant du waki
Naoshi AKIYAMA, aï-kyogen
Shigemi UENO, chef du choeur
Hatsuo UENO, choeur
Fumio AKIYAMA, choeur
Kaoru ENDO, choeur
Hisaki AKIYAMA , choeur
Masami SAITO, choeur
Shigekazu ENDO, choeur
Masayoshi ENDO, choeur
Masaru SEIWA, joueur de tambour taiko
Yoshihiko UENO, joueur de tambour otsuzumi
Masashi TAKOI, joueur de tambour kotsuzumi
Yoshikazu KOBAYASHI, joueur de flûte fué
Takayoshi ENDO, assistant du shité
Iemon TAKOI, habilleur
Takeshi AKIYAMA, habilleur
Mitsugu KOBAYASHI, représentant du Kasuga Jinja

13 mars AVEC
Tsutomu SEIWA, shité
Motomi UENO, assistant du shité
Katsuhiko SEIWA, assistant du shité
Yoshimasa HEISHIN, assistant du shité
Taira SAITO, waki
Naoki KOBAYASHI, assistant du waki
Naoshi AKIYAMA, aï-kyogen
Shigemi UENO, chef du choeur
Hatsuo UENO, choeur
Fumio AKIYAMA, choeur
Kaoru ENDO, choeur
Hisaki AKIYAMA , choeur
Masami SAITO, choeur
Shigekazu ENDO, choeur
Masayoshi ENDO, choeur
Masaru SEIWA, joueur de tambour taiko
Yoshihiko UENO, joueur de tambour otsuzumi
Masashi TAKOI, joueur de tambour kotsuzumi
Yoshikazu KOBAYASHI, joueur de flûte fué
Takayoshi ENDO, assistant du shité
Iemon TAKOI, habilleur
Takeshi AKIYAMA, habilleur
Mitsugu KOBAYASHI, représentant du Kasuga Jinja

Contributeurs

Origine géographique

Japon

Mots-clés

Date (année)

2008

Cote MCM

MCM_2008_JP_S1

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