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Algérie. Beihdja Rahal, Musique Arabo-Andalouse d'Alger. Spectacle

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Évènement

Titre

Algérie. Beihdja Rahal, Musique Arabo-Andalouse d'Alger. Spectacle

Date

2008-04-01

Date de fin

2008-04-02

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

1-2 avril 2008, Maison des Cultures du Monde.

AVEC
Beihdja Rahal, chant et luth kwîtra
Nadji Hamma, luth 'ûd
Noureddine Aliane, mandoline
Amokrane Boussaid, alto
Rabah Azzoug, flûte nây
Hocine Soudani, tambourin târ
Sofiane Bouchafa, darbukka

La nûba (litt. "tour de rôle" et par extension "séance de musique") constitue le coeur de la tradition musicale citadine maghrébine et l'expression la plus classique de la musique arabo-andalouse qui s'est répandue au travers d'écoles régionales aux styles divers du Maroc jusqu'à la Libye. Dire que cette musique est une création de l'Espagne musulmane ' Al Andalus ' introduite au Maghreb par les émigrants andalous où elle aurait pris différentes formes selon leurs origines (école de Séville, de Cordoue, de Grenade, de Saragosse...) serait très simplificateur. Si l'on peut considérer le poète-musicien Ziryâb comme le fondateur de la nûba andalouse à Cordoue au IXe siècle, on ne peut ignorer l'apport des grandes villes du Maghreb, de Kairouan jusqu'à Fès, dans la constitution de ce patrimoine musical et l'élaboration de ses différents styles régionaux.
La nûba est une suite vocale et instrumentale composée sur des modes mélodiques qui déterminent son caractère expressif et sur des cycles rythmiques qui en structurent le déroulement. Elle est interprétée par un chanteur ou une chanteuse, ou bien même un choeur, accompagnés par un petit ensemble instrumental.
Toutes les traditions arabo-andalouses ont évolué dans un contexte strictement oral. À Alger, ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que des manuscrits permettent aux ma'alem, les maîtres de la musique andalouse, d'entamer un travail de recensement et de classement qui sera parachevé au début du XXe siècle grâce aux travaux de musicologues occidentaux et des ma'alem sous la conduite de Mohamed Ben Ali Sfindja (1844-1908). Un recueil, le diwan Yafil, est publié en 1904. Cette période est également marquée par l'émergence d'un mouvement associatif animé d'une volonté d'affirmation de l'identité algérienne; ce mouvement va jouer un rôle essentiel dans la pratique, la transmission et la préservation de ce patrimoine. Des orchestres verront également le jour, notamment à la Radio d'Alger, ainsi qu'un conservatoire. De cette époque de l'entre-deux-guerres date la véritable dissociation entre les trois écoles algériennes : Tlemcen, Alger et Constantine.
Le répertoire d'Alger, la San'a, réunit douze nûba portant chacune le nom de son mode principal (ici Zîdân et Hsîn). La nûba algéroise se compose d'une ouverture, de cinq grandes phases vocales au milieu desquelles s'insère une belle improvisation vocale et instrumentale, et peut se conclure par un chant populaire. De nos jours, l'ouverture instrumentale tûshiya est souvent remplacée par un inqilab. Ce chant ne fait pas vraiment partie de la nûba, même si sa facture lui est comparable. Commence ensuite la nûba proprement dite, avec la pièce maîtresse du msaddar. Son tempo lent sur un rythme binaire lui confère un style solennel. Entre les parties chantées s'intercalent des ritournelles instrumentales, les kursi. Suit un btâyhi, assez semblable au msaddar mais joué sur un tempo plus alerte. Après le btâyhi on peut insérer un istikhbâr, interlude vocal improvisé et non mesuré, entrecoupé d'improvisations instrumentales. Le poème de l'istikhbar vient confirmer le thème général de la nûba ou au contraire assurer une transition thématique. Dans la nûba Zîdân, centrée sur le thème de la séparation des amants, Beihdja interprète un poème de la célèbre poétesse andalouse Wallada bint al-Mustakfi (XIe s.) adressé à son amant Ibn Zeydoun. La première partie de la nûba se termine par un darj, encore plus rapide, et dans lequel apparaissent des ruptures rythmiques. Avec l'insiraf, on passe à un rythme ternaire dans lequel certaines frappes plus courtes provoquent un effet de claudication. On en joue généralement deux ou trois. On termine enfin par un ou plusieurs khlas (litt. "final"), plus rapides encore que l'insiraf. Il est d'usage de faire suivre les khlas d'un postlude populaire, une qadriyya par exemple.
Selon les nûba, la mélodie reste dans le mode principal ou peut d'une pièce à une autre passer dans des modes secondaires. La nûba Hsîn par exemple, exploite le mode hsîn mais aussi les modes jârka et 'irâq. Autre caractéristique importante, chaque nûba comprend un corpus important de pièces à l'intérieur duquel il revient aux musiciens de choisir celles qu'ils interpréteront. Ce choix des mélodies, associé à celui des textes poétiques, permet ainsi de générer plusieurs versions différentes de la même nûba. Ce principe du répertoire à géométrie variable est d'ailleurs un trait commun à la plupart des traditions du monde islamique.
Beihdja Rahal interprète au cours de ces deux concerts deux grandes nûba : Zîdân et Hsîn, qu'elle vient de publier dans la collection de disques INÉDIT. Elle terminera chaque concert par des pièces au caractère léger et entraînant. Ces hawzi et 'arûbi, quoiqu'arabo-andalous, ne font pas partie du répertoire des nûba. Dans ces chants aux thèmes bacchiques, la voix aérienne de Beihdja Rahal quitte le registre sérieux et entraîne son public dans une véritable jubilation.
Beihdja Rahal est née en 1962 à Alger dans une famille de mélomanes et de musiciens. Elle étudie le chant et le jeu de la kwîtra, le luth emblématique de l'orchestre andalou algérien, avec les grands maîtres de l'époque, notamment Mohammed Khaznadji et Abderrezzak Fakhardji et complète sa formation au sein des associations algéroises les plus prestigieuses, El Fakhradjia et Es-Soundoussia. Ces associations se caractérisent cependant par de gros effectifs instrumentaux et choraux. Soucieuse d'un retour à la tradition, Beihdja Rahal rompt avec cette approche symphonique et opte pour le chant en solo accompagné par une petite formation de chambre comprenant la kwîtra, le luth 'ûd, le violon ou l'alto, la mandoline, la flûte nây, le petit tambourin à sequins târ et la darbukka. L'interprétation y gagne en liberté, en flexibilité et en complicité, et permet surtout un retour à l'hétérophonie, ce chevauchement des lignes musicales qui est un des fondements de l'esthétique musicale maghrébine.
Pierre Bois

Programme du 1er avril 2008
NÛBA ZÎDÂN
La nûba Zîdân est, dans la classification des modes, la septième nûba du répertoire algérois. Selon les anciennes croyances cosmogoniques liées aux modes, elle était associée à la nuit. La version que nous propose Beihdja Rahal est entièrement consacrée au thème de la séparation des amants, avec notamment un émouvant istikhbar sur un texte de la poétesse andalouse Wallada bint al-Mustakfi (XIe siècle) à son amant Ibn Zeydoun.

Prélude
Inqilâb : "Ya rashâ fattân"

Première phase
Msaddar : "Tahiyâ bi-kum"

Deuxième phase
Btâyhî : "Lâsh yâ 'âdhâb al-qulub"

Improvisations vocale et instrumentales
Istikhbâr : "Alâ hal la-nâ min ba'di al-tafarruqi"

Troisième phase
Darj : "Al-luzu fatah"

Quatrième phase
Insirâf 1 : "'Âtir al-anfâs"
Insirâf 2 : "Min hubbî hadh al-ghazâla"
Insirâf 3 : "Dir al'uqâr yâ sâqi wa-s'qinî"

Cinquième phase
Khlâs 1 : "Amâ tattaqî Allah"
Khlâs 2 : "Salli humumak"

Postlude
Qâdriya : "Mamhun man alli hjarni"

Pièces populaires citadines
'Arûbi : "Men ibet ira'i lah'beb"
Hawzi : "Âshqi fezzin ensaha"

Programme du 2 avril 2008
NÛBA HSÎN
La nûba Hsîn est la troisième du répertoire. Ses cinquante et quelques mélodies de référence en font la plus riche du répertoire et permettent d'en générer un grand nombre de versions différentes. Elle offre également un large éventail de thèmes : le vin et l'ivresse, la célébration de l'être cher, les flâneries au crépuscule, les feux de la passion et enfin les retrouvailles, mystiques ou profanes.

Prélude
Inqilâb jârka : "Yâ farîd al-'asri ahyaf"

Première phase
Msaddar hsîn : "Raqib buka-l-muzni"

Deuxième phase
Btâyhî hsîn : "Ayyuhâ l-mujâwir"

Improvisations vocale et instrumentales
Istikhbâr 'irâq : "'Âynu al-lati 'âddabat"

Troisième phase
Darj hsîn : "Al-wardu yaftah fi-l-khudud"

Quatrième phase
Insirâf hsîn 1 : "Qad bashsharat bi qudumi-kum"
Insirâf hsîn 2 : "Ya man la'îbet bi-hi ash-shamulu "
Insirâf hsîn 3 : "Zad al-hubbu wajdi "

Cinquième phase
Khlâs hsîn 1 : "Sharibna wa tab sharbuna "
Khlâs hsîn 2 : "Way 'âshiya "

Postlude
Qâdriya 'irâq : "Mahla wusulak"

Pièces populaires citadines
'Arûbi : "Men ibet ira'i lah'beb"
Hawzi : "Âshqi fezzin ensaha"

Contributeurs

Origine géographique

Algérie

Mots-clés

Date (année)

2008

Cote MCM

MCM_2008_DZ_S1

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