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Syrie. Zikr Qadiri Khalwati, chants soufis d'Alep. Spectacle

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Évènement

Titre

Syrie. Zikr Qadiri Khalwati, chants soufis d'Alep. Spectacle

Date

2008-03-18

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Cérémonie, rituel

Description de la pratique

18 mars 2008
Dans le cadre du cycle 'Musiques de l'invisible et du silence'

Avec Mohammad Hakim, munshid (chantre)
Et les membres de la "Zawiya Hilaliya" d'Alep
Mohanad ALWAN
Mohamad MANJOUNE
Bakri BASAL
Anwar SAMMAN
Firas BILOUNI
Mahy Eddin MOSALLI
Mohamad Fateh ABO ZID
Ahmad MASHAEL
Abdulrahman HALLAK
Abdullah RIHAWI

Le soufisme est la mystique de l'islam. Il s'agit de la principale voie de réalisation spirituelle propre à cette religion. Le soufisme se fonde sur le Coran, la parole divine matérialisée dans un livre sacré, ainsi que sur la sunna ou pratique du prophète Muhammad, le modèle par excellence de tout musulman et l'Homme Parfait pour le mystique. Le soufisme a parfois été mis en opposition avec la religion formelle, attachée à la lettre, à l'aspect extérieur de la révélation, et qui constitue l'écorce de l'islam. En fait, il en est le complément, comme religion du coeur et de l'esprit, et comme dimension intérieure de l'islam. Le soufisme constitue la voie qui conduit de l'écorce au noyau, c'est-à-dire de la loi religieuse commune à tous les croyants (sharî'a) à la réalité, à la vérité transcendante, terme de la quête mystique. C'est une voie initiatique qui ne s'adresse qu'à ceux qui sont prêts à renoncer au monde objectif, elle implique une mort suivie d'une renaissance, un dépouillement du moi en vue de laisser la place au seul Soi divin (en arabe : Huwa, "Lui"). Cette voie des derviches, c'est la tarîqa, à la fois chemin et confrérie, qui offre les moyens d'atteindre l'union avec Dieu. Le rattachement à une tarîqa s'effectue à travers la personne du shaykh, le maître qui en assure la direction spirituelle. Celui-ci doit avoir franchi toutes les étapes du périlleux voyage intérieur, afin de pouvoir à son tour guider ses derviches après les avoir initiés, c'est-à-dire leur avoir transmis la baraka, la grâce divine. Pratiquement, la technique centrale de toute voie contemplative repose sur l'invocation, l'oraison, et le soufisme n'échappe pas à cette règle. Sa méthode est basée sur le dhikr ou mention, souvenir, remémoration ' sous-entendu de Dieu ' conformément à l'injonction coranique : « Ô vous qui croyez, invoquez souvent le nom de Dieu ! Louez-le matin et soir ! » (33, 41-42). Le terme dhikr dérive du syriaque dhukrana, ce qui indique que le principe existait avant l'islam. Les soufis, cependant, en ont fait une méthode tout à fait originale dont la pratique systématique est attestée dès le IXe siècle. La récitation des formules du dhikr s'appuie sur diverses techniques qui mettent en oeuvre le souffle et les mouvements du torse et de la tête. Il en résulte notamment une hyperventilation qui engendre un état de stupeur ou d'obnubilation qui favorise la concentration mentale.
Le dhikr consiste en la répétition incessante du Nom suprême, Allah, généralement accompagnée de la récitation d'autres noms désignant des qualités divines, tels que Hayy (le Vivant) et Qayyûm (le Subsistant). Il résume toute la voie : en s'immergeant totalement dans la répétition du nom divin, le derviche s'assimile à Lui, de sorte que l'invocant (dhâkir), l'Invoqué (madhkûr) et l'invocation (dhikr) ne font plus qu'un. L'identité suprême est alors réalisée, transcendant toute dualité, toute limite, et réintégrant la nature primordiale et parfaite de l'être. La conférie Qâdiriya
Né en 1077 dans une petite ville proche de la Mer Caspienne, 'Abd al-Qâdir al-Jîlâni s'établit à Bagdad à l'âge de dix-huit ans dans l'intention d'étudier le droit musulman. Quand il a terminé ses études, il disparaît pendant trente-trois ans. La légende dit qu'il passe toutes ces années à méditer, retiré dans le désert. Il réapparaît à Bagdad vers 1127 où ses disciples lui construisent une habitation à l'endroit où il enseigne et ce lieu devient le premier ribât (couvent), le premier centre qâdiri de Bagdad. Ses sermons attirent aussi bien des juifs, des chrétiens que des musulmans. Ils ont été consignés dans un livre intitulé La Conquête du Divin, qui demeure le principal ouvrage étudié au sein de la confrérie. 'Abd al-Qâdir al-Jîlâni meurt en 1166 à l'âge de quatre- vingt neuf ans et il est enterré dans son ribât, qui devient alors un lieu de pèlerinage encore très fréquenté de nos jours. Ses deux fils perpétuent son enseignement et lui donnent la mesure d'un véritable mouvement.
Au XVe siècle, cette confrérie est présente en Irak, en Syrie, en Égypte et dans toute l'Afrique du nord. La qâdiriya est aujourd'hui la plus grande confrérie du monde musulman. Elle se subdivise en de multiples branches portant chacune le nom de son fondateur. Celle qui nous intéresse ici est la khâlwatiya, fondée par al-Khâlwatî (mort en 1397). Elle se répandit en Syrie et eut une grande renommée au XVIIe siècle. Plus connue sous son nom turc de Halvéti, elle se distingue par une retraite (khâlwa) de quarante jours afin de favoriser et de faciliter l'introspection, l'amour de Dieu, mais aussi l'éducation des âmes des murîdin ou apprentis mystiques.

Le dhikr de la Zawiya Hilaliya
À Jalloum, quartier populaire de la vieille ville d'Alep, le vendredi après-midi, avant la prière du couchant, les marchands et chalands du bazar se retrouvent pour un moment unique : le dhikr. Là, dans la salle de prière de la Zawiya Hilaliya, ils célèbrent ensemble le divin. Fondée en 1680 par le Shaykh Hilal Ramî Hamdani, cette zawiya a toujours été dirigée par ses descendants inhumés dans la cour. Aujourd'hui, elle est dirigée par le Shaykh Jamal Eddine al-Hilali.
Tout au long des différentes phases qui constituent la cérémonie, les formules scandées forment un socle sonore impressionnant sur lequel viennent se superposer les chants d'invocation et de louanges du munshîd, le chantre Muhammad Hakim. Son chant obéit aux règles de la tradition des modes, des rythmes et des formes musicales du Proche-Orient : mûwashshah, qad, shghul sûfi. Muhammad Hakim, élevé depuis sa plus tendre enfance dans un milieu mystique, a fait des études de théologie et appris les mûwashshahat (poèmes chantés de tradition savante) ainsi que le répertoire religieux avec les plus grands maîtres alépins. Il est devenu l'un des principaux chantres de la Zawiya Hilaliya.

ORDRE DU DHIKR DE LA ZAWIYA HILALIYA
1-Glorification du Sublime / Ouverture du dhikr.
Cette première partie constitue la mise en place du cadre religieux du rituel. Après une litanie sur la profession de foi : Il n'y a de dieu que Dieu, prononcée par les officiants avec emphase, les adeptes chantent des louanges à Dieu, au prophète et aux fondateurs d'ordres soufis. Glorification du Sublime / Rakza. La première partie se poursuit par un intermède musical avec tambours sur cadre daf qui a pour fonction de consolider la construction du dhikr. Le munshîd chante des muwashshahat, une qasîda et des louanges (mada'eh) pour préparer les officiants à l'extase.

2-Musaddar
C'est ici que commencent les mouvements qui vont aider les derviches à entrer en extase. Le titre de cette partie dérive du mot sadar (poitrine) en raison du mouvement de torse des officiants qui s'inclinent en cadence.

3-Maqsûm (partagé, réparti)
Les officiants répètent Allahumma (Ô mon Dieu), expression qui regroupe à elle seule les 99 noms de Dieu.
Le mouvement de torse des officiants va de la droite vers la gauche, exprimant l'idée de partage, d'où le terme de maqsum.

4-At-taraqqî (élévation, ascension)
Les officiants répètent un vers sur l'éternité de Dieu, infini et préexistant à toute chose, et une prière :
"Ô Toi qui réponds à celui qui t'implore, nous te supplions d'exaucer notre prière".

5-As-sawi (d'après le nom d'un des Shaykh de la tarîqa)
Répétition du nom d'Allah avec accompagnement des tambours daf. Le soliste improvise dans le style du hadi (chant de stimulation des chameaux dans le désert) afin de mener les officiants vers la source.

6-Khammari (litt : envahi par la fièvre, bouillonnant, faire lever la pâte)
Les officiants répètent : "Ô mon Dieu, nous implorons ta clémence dans nos épreuves. Ta bienveillancedissipera les malheurs". C'est dans cette étape que les officiants atteignent en principe le summum de la pureté spirituelle, le wajd.

7-Dandana (bourdonnement)
Les officiants répètent le nom d'Allah en se balançant alternativement d'avant en arrière, puis terminent le dhikr par la profession de foi (il n'y a de dieu que Dieu).

À écouter
ZIKR QADIRI KHALWATI, Zawiya Hilaliya d'Alep
CD INÉDIT W 260109

Photo : MCM / M.N. Robert
Amphithéâtre Bastille :
Représentation : le mardi 18 mars 2008 à 20h
Durée du spectacle : 1 heure et 15 minutes, sans entracte

Équipe technique Amphithéâtre Bastille
Régisseur général : Jean-Pierre Ruiz
Lumière : Alain Bô
Son : Christian Coquillaud

Origine géographique

Syrie

Mots-clés

Date (année)

2008

Cote MCM

MCM_2008_SY_S1

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Syrie. Zikr Qadiri Khalwati, chants soufis d'Alep. Vidéos Syrie 2008-03-18 Vidéo numérique
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12e Festival de l'Imaginaire 2008