Ressource précédente
Ressource suivante

Japon. Honkyoku, musique zen pour shakuhachi. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Japon. Honkyoku, musique zen pour shakuhachi. Spectacle

Sous-titre

Yoshio Kurahashi

Date

2008-04-07

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Lundi 7 avril 2008, Maison des Cultures du Monde

Dans le cadre du 150e anniversaire des relations franco-japonaises
Avec le soutien de Air Nippon Airlines

Le shakuhachi descend d'une flûte venue de Chine à l'époque de la dynastie Tang (618-907). Introduit avec la musique de cour gagaku ('musique raffinée'), le shakuhachi est retiré de cet orchestre à la fin du XIe siècle, mais on rapporte qu'entretemps, des moines chinois ont été invités à venir enseigner la pratique d'une flûte à des moines japonais. Ceux-ci réalisent que l'apprentissage de cet instrument exigeant peut servir à former les jeunes moines aux techniques de respiration nécessaires à la méditation. Au XIIIe siècle, les moines substituent le shakuhachi à la psalmodie des soutras.
L'époque d'Édo (1603-1867) est la première véritable période de paix que connaît le Japon depuis fort longtemps. Le shakuhachi est alors l'apanage des komusos (moines du néant ou moines du vide) ; ces moines mendiants de la secte zen Fuké quémandent en jouant du shakuhachi et en portant sur la tête un panier de paille qui représente leur renonciation à la matérialité humaine et manifeste l'absence d'ego. Cette secte aurait été mise en place par le shogunat au XVIIe siècle. La secte Fuké possède alors environ 30 temples à travers le Japon, chacun développant son propre style de jeu de shakuhachi. Au XVIIIe siècle, Kinko Kurosawa (1710-1771), un moine du temple Ichigetsuji ' le temple maître de la secte à Édo (aujourd'hui Tokyo) ', établit un répertoire de 36 pièces appelé honkyoku (pièces originales) et commence à enseigner le shakuhachi à la population, en dehors du cercle de sa secte. Le honkyoku sera le répertoire de base de l'école Kinko, reconnue aujourd'hui comme l'école traditionnelle du shakuhachi. Au XXe siècle, le moine Nyodÿ Jin compilera auprès de différents temples pas moins de 140 pièces de honkyoku pour la plupart anonymes.
Des ronins, les samouraïs sans maître, se faisant passer pour des komusos et servant parfois d'espions pour le shogun, vont ternir la réputation des komusos. En 1871, quelques années après le transfert du pouvoir à l'Empereur par le shogun (en 1868), le gouvernement abolit la secte Fuké. Des moines commencent alors à enseigner le shakuhachi à la population.
Au XIXe siècle, le musicien Kodÿ Araki II (1823-1908) établit un doigté universel pour le jeu du shakuhachi qui est introduit à la place de la vièle kokyu dans le trio de musique de chambre sankyoku aux côtés du luth à manche long shamisen et de la cithare koto. À la fin du XIXe siècle, le shakuhachi subit de nouvelles transformations importantes.
Jusqu'à cette époque, la perce de la flûte était brute, le son rauque. Les fabricants de shakuhachi égalisent la perce avec du plâtre et de la laque, rendant ainsi le son plus pur et plus puissant afin qu'il puisse rivaliser avec les instruments occidentaux.
Junsuké Kawasé I (1870-1959) établit la première notation pour le shakuhachi. Le moine Tozan Naoko I (1876-1956), dans un esprit de modernisation du shakuhachi, délaisse le style de jeu traditionnel pour créer son propre style, modifie la fabrication du shakuhachi et développe une nouvelle méthode d'enseignement, créant ainsi l'école Tozan qui est aujourd'hui la plus populaire parmi les Japonais. À partir des années 1960, des Occidentaux commencent à marquer leur intérêt pour cette flûte particulière et séjournent au Japon pour s'initier à sa pratique et à sa fabrication. Les Occidentaux préfèrent généralement le style de l'école Kinko, plus traditionnel, au style de l'école Tozan qui dénote une influence occidentale évidente et rejette l'apprentissage des pièces traditionnelles. On estime à plusieurs milliers le nombre d'étrangers étudiant le shakuhachi. Le nombre de ceux obtenant leur shi-han (licence d'enseignement dans les arts traditionnels japonais) croît de jour en jour, leur permettant ainsi d'enseigner en Occident. Le shakuhachi est sans contredit l'instrument de musique japonais le plus populaire en Occident, en raison de sa sonorité unique et de ses racines bouddhistes.

Yoshio Kurahashi
Né à Kyoto en 1949, Yoshio Kurahashi débute l'apprentissage du shakuhachi à l'âge de dix ans auprès de son père, Kurahashi Yodo (1909-1980). Il complète ses études auprès de Matsumura Homei (1929-) avec lequel il étudie les répertoires de honkyoku, de jiuta-mai et de sankyoku. Son premier récital à Osaka en 1976 lui vaut le Grand prix du Festival culturel d'Osaka et son premier concert à l'étranger a lieu à New York en 1981. Depuis lors il se produit un peu partout, en Asie, en Europe, au Canada et aux États-Unis où il se rend deux fois par an pour enseigner et donner des concerts.
Il s'illustre également dans le répertoire contemporain, au sein du Kyoto Hogaku Group ou en solo, et crée nombre d'oeuvres en première mondiale. Il reçoit en 1999 le Grand prix de l'Association des arts et de la culture de Kyoto. Yoshio Kurahashi a été formé au sein de l'école Kinko, mais selon un style que lui a enseigné son père lui-même disciple d'un des plus grands maîtres du shakuhachi du XXe siècle : Nyodÿ Jin (1891-1966). De ce maître, Yoshio Kurahashi hérite un style où prime le dépouillement et un attachement fidèle à la pensée zen :
Ichi on Jo Butsu ( ) : Par un seul son, nous pouvons atteindre l'illumination bouddhique.
Suizen Ichi Nyo ( ) : Souffler et méditer sont un seul et même geste.
Bruno Deschênes


PROGRAMME
Mukaiji (Son d'une flûte provenant d'une mer brumeuse)
Le légendaire moine zen Kyochiku (XIIIe siècle) est considéré comme le premier grand maître japonais du shakuhachi. Un soir, il entendit en rêve le son d'une mélodie jouée à la flûte qui semblait venir de la brume flottant sur l'océan. Il la mémorisa et l'appela Mukaiji.

Kyorei (La cloche vide)
Cette pièce originaire du temple Fudaiji serait la plus ancienne du répertoire de honkyoku. Selon la légende, elle imite les sons produits par une crosse bouddhique.

Takiochi (Chute d'eau)
Le temple Rogenji de la secte Fuké avait été bâti près de la cascade d'Asahi. Les moines qui y résidaient vivaient dans le bruit de la chute d'eau. Cette pièce, dont le compositeur est inconnu, provient de ce temple aujourd'hui disparu.

Shika no Tône (Le brame lointain du cerf)
C'est la pièce la plus célèbre du répertoire de honkyoku. À travers l'évocation d'un cerf en rut bramant au loin après une biche, elle exprime une passion empreinte d'érotisme.

Kumoijishi (Nuages blancs dans un ciel bleu)
Cette pièce vient du temple Icchoken. Les komuso (moines du néant ou moines du vide) la jouaient pour le plaisir avant de travailler plus sérieusement leur instrument. Son titre, qui fait aussi référence au nom de la gamme japonaise kumoi, évoque assez bien cette mise en condition de l'interprète.

Tsukiyo (Clair de lune)
Composition de Bruno Deschênes
Yoshio Kurahashi encourage les compositeurs contemporains japonais ou occidentaux familiers du shakuhachi à écrire pour cet instrument.
C'est le cas du musicologue et compositeur canadien Bruno Deschênes qui pratique également le shakuhachi depuis de nombreuses années.
"Les pièces pour shakuhachi solo illustrent des aspects du bouddhisme ou sont des représentations de la nature. J'ai essayé ici de me mettre dans l'état d'esprit d'un moine qui tente d'exprimer en musique ce qu'il ressent en contemplant un superbe clair de lune" (Bruno Deschênes).

Tsuru no Sugomori (La nidification de la grue)
Il existe plus de dix pièces différentes portant le titre Tsuru no Sugomori. Cette version provient des temples Rempoken et Kizenken de la ville de Fukushima, dans le nord-est du Japon. Elle décrit un cycle de la vie d'un couple de grues japonaises qui arrive du grand nord pour faire son nid et élever sa famille. Le moment venu, les oisillons quitteront le nid familial. Les grues remercieront alors le Ciel et la Terre.

Disponible à la sortie du concert :
Japon
YOSHIO KURAHASHI
Honkyoku, musique zen pour shakuhachi
un CD INÉDIT/Maison des Cultures du Monde

Composition musicale, arrangements

Contributeurs

Origine géographique

Japon

Mots-clés

Date (année)

2008

Cote MCM

MCM_2008_JP_S2

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Japon. Honkyoku, musique zen pour shakuhachi. Vidéos Japon 2008-04-07 Vidéo numérique
Titre Localisation Date Type
12e Festival de l'Imaginaire 2008