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Italie, Sardaigne – Espagne, Baléares. Gara poetica et glosa : joutes poétiques. Spectacle

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Évènement

Titre

Italie, Sardaigne – Espagne, Baléares. Gara poetica et glosa : joutes poétiques. Spectacle

Date

2009-03-14

Date de fin

2009-03-15

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Samedi 14 mars à 20h30
Dimanche 15 mars à 18h
Maison des Cultures du Monde

Dimanche 15 mars à 15h00 - entrée libre
Rencontre-Débat avec les poeti et les glosadors animée par Bernard-Lortat Jacob (CNRS), Maria Manca (Université Paris 7) et Jaume Ayats (Université de Barcelone)

SARDAIGNE
Bruno Agus, poète
Giuseppe Porcu, poète
Raimondo Pidia, bassu
Giovanni Pirisi, contra
Carmelo Pirisi, mesa boghe
et Francesco Pirisi, boghe (soliste)

MAJORQUE
Mateu Matas "Xurí", glosador
Antònia Nicolau "Pipiu", glosadora
Macià Ferrer "Macià", glosador

MINORQUE
Esteve Barceló "Verderol", glosador
Moisès Coll "Moisès", glosador
Ismael Moll "Pele", guitare

GLOSADORS DES BALEARES
Saint Antoine,
protégez-nous de la parole des glosadors qui,
tout comme un peintre, utilisent la même couleur
pour dépeindre le saint et le démon.

Une fête, quelque part dans une île des Baléares. Tout-à-coup une voix, un chant, s'élève. Mais pas n'importe quelle voix, chacun en est conscient. Car ce chanteur qui surgit de la foule est un glosador. Son rôle ? Traduire en paroles rimées ce que les autres vivent et ressentent. Il souhaite tout d'abord la bienvenue à tous, chante les louanges des couples, célèbre la beauté, le printemps' Mais bientôt cette expression bucolique cède la place à l'humour et à la satire, à la critique des comportements de chacun. Cela prend même un tour politique ; porte-parole de l'opinion collective, il brocarde les institutions et les « pouvoirs ».
C'est un instant unique, une mise en scène singulière de la collectivité où la légitimité de la parole se fonde sur le charisme et la finesse langagière.
Autrefois, seuls les hommes pouvaient être glosador. Leur attitude exhibitionniste et provocatrice collait à l'image que l'on se faisait de la virilité. Aujourd'hui, les changements sociaux qui affectent les relations entre sexes permettent aux femmes de participer à cette expression musicale et poétique.
Le glosador commence par les louanges de rigueur, il s'excuse à l'avance de ce qu'il va dire, se prétend maladroit et, petit-à-petit, en arrive aux transgressions verbales attendues de tous. S'il fait allusion à quelqu'un, celui-ci ne peut s'en offusquer ou alors il lui faut répondre de la même manière. Dans ce temps particulier et indispensable de la fête, les faux-semblants s'effacent pour laissser place à une parole claire et directe.
À Majorque le glosador improvise a cappella sur une mélodie unique et qui lui est propre, sa signature en quelque sorte. Son timbre et ses tournures vocales rappellent les mélodies des chants de travail.
On se souvient encore des cafés où des couples de glosadors joutaient avec une virulence qui, en d'autres circonstances, eût été impardonnable. Tout sujet leur était bon et le public pouvait leur proposer n'importe quelle thématique, fût-elle même absurde.
À Minorque le chant dialogue toujours avec la guitare. Les mélodies, ornementées et entrecoupées de passages à la guitare solo, se déploient lentement, laissant le temps aux glosadors d'élaborer leurs vers et leur expression mélodique dans un style "élégant".
Sous la dictature franquiste, ces séances de glosa avaient perdu toute fonction critique. Le retour à la démocratie a permis un réel regain mais ces chants se sont soumis aux nouvelles valeurs de la culture dite traditionnelle : l'ancien, l'authentique et le singulier. La force sociale du chant s'efface derrière sa valeur esthétique et le besoin de perpétuer un passé teinté de nostalgie. Ce qui était autrefois une pratique courante et nécessaire à la vie sociale est devenu un « patrimoine culturel » qu'il faut préserver, précisément parce qu'il n'est plus indispensable.
Cependant, dans la société actuelle, ce discours vif et direct sur la place publique conserve une force sociale importante et on le voit ressurgir chez les jeunes.
Jaume Ayats


GARA POETICA DE SARDAIGNE

Terra di poesia
C'est par cette expression que les Sardes eux-mêmes désignent leur île. La poésie est d'abord pour eux un art familier : dans chaque village, chaque famille, on trouve des hommes ou des femmes qui connaissent des vers par coeur et sont capables d'en composer. Mais cette poésie trouve sa célébration dans la gara poetica (la joute poétique) qui est offerte au Saint Patron du village lors des fêtes en son honneur. À cette occasion, deux ou trois poètes professionnels sont invités à se produire sur une estrade pour débattre, trois heures durant, sur des thèmes tirés au sort comme : « l'Art et la Nature » ou « l'OEil, la Langue et la Main ». Ces poètes-improvisateurs, qui chantent des huitains d'endécasyllabes rimés (ottavas) sur une mélodie propre à chacun (traggiu), sont accompagnés par un petit choeur composé de trois hommes modulant un accord consonnant sur un jeu de syllabes sans signification (« Bim-bom », « Birimbim, bom », etc.)

Une parole ritualisée
La gara poetica sarde a la grande particularité d'être un rituel de la parole. En effet : 1) elle se tient à date, heure et lieu fixes ' sur la place du village, près de l'église et du Saint, le jour de sa fête ; 2) c'est une création collective où interagissent les poètes, le choeur et le public. Ce dernier, très averti, applaudit, sourit ou fait la moue, évaluant les poètes tel un jury informel. Il anticipe les vers et est capable de mémoriser des strophes voire des passages entiers d'une joute pour la comparer à d'autres qui l'ont précédée; 3) sur ce fond d'improvisation, tout est cependant rigoureusement codifié: déroulement de la joute en trois temps (exorde, thèmes et hagiographie chantée du Saint), parcours obligé des arguments du thème, mais aussi des vers de la strophe, comportement, postures et gestuelle des poètes, etc.

La joute comme figuration du destin
En tirant au sort leur thème, les poètes doivent le défendre et s'identifier à lui : ils deviennent l'Amour, la Haine, la Richesse ou la Pauvreté. Si bien que ce qu'ils donnent à voir et à entendre aux gens rassemblés sur la place sous le regard du saint, c'est le jeu de destins simulés que le hasard leur a assigné par tirage au sort, et qu'ils doivent assumer le temps de la gara.
Maria Manca, Bernard Lortat-Jacob

Programme
Glosa de Majorque *
Glosa de Minorque *
Gara poetica de Sardaigne *
Tenore, Sardaigne

* traduction surtitrée simultanée :
Felip Munar et Jaume Ayats (Baléares)
Maria Manca et Fabrizio Giuffrida (Sardaigne)
Compte-tenu des difficultés inhérentes au surtitrage en direct d'une parole improvisée, nous sollicitons l'indulgence du public pour les erreurs ou omissions qui pourront être commises.

Textes

Contributeurs

Origine géographique

Italie
Espagne

Mots-clés

Date (année)

2009

Cote MCM

MCM_2009_EUR_S1

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