Azerbaïdjan. Ashiq, Bardes des provinces occidentales. Spectacle
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Évènement
Titre
Azerbaïdjan. Ashiq, Bardes des provinces occidentales. Spectacle
Sous-titre
Musiques du monde de l'islam
Date
2009-03-29
Artistes principaux
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
avec Altay Mamedli, chant et luth saz
Qazanfar Quliyev, hautbois balaban
Samira Aliyeva, chant et luth saz
Ramin Qarayev, chant et luth saz
Neymat Qasimli, luth saz
Pour devenir ashiq et voyager de par le monde,
Il faut une grande connaissance,
Il faut se bien comporter,
Il faut être poli et respectueux.
Il faut connaître la valeur des mots,
Il faut avoir de l'éloquence,
Il faut savoir s'exprimer par images
Comme le font nos gouvernants.
Ashiq Alasgar (1821-1926)
L'art des ashiq est certainement la forme d'expression artistique la plus appréciée du peuple azerbaïdjanais, soit environ cinquante millions de personnes parlant le turc azéri et réparties entre le Sud-Caucase, l'Iran et la Russie (Dagestan).
Le ashiq est un poète, un compositeur et un joueur de luth à manche long, le saz. Il est aussi narrateur, acteur improvisateur et parfois danseur. Certains se distinguent comme poètes populaires, d'autres combinent un talent de poète et de compositeur avec la maîtrise du jeu de saz, enfin les derniers sont de simples interprètes.
On compte aujourd'hui environ 400 ashiq en République d'Azerbaïdjan mais d'après les spécialistes, il y en aurait près de 2 000 dans le monde pour la seule tradition azerbaïdjanaise.
Ce patrimoine musical et poétique relève exclusivement de la tradition orale mais il n'est pas pour autant anonyme : l'usage veut que le ashiq énonce son nom ou son pseudonyme dans les derniers vers du poème. Ce savoir se transmet donc de maître à élève au cours d'un long processus d'apprentissage direct.
Aujourd'hui, il s'enseigne également dans les écoles de musique, au conservatoire supérieur et même à l'université.
Art professionnel il est aussi pratiqué en amateur, particulièrement dans les provinces occidentales : Qazakh, Tovuz, Kalbajar, Gedabey, Aqstafa, Samakha, Qobustan, Borchaly (enclave azerbaïdjanaise en Géorgie) et Göycha (ancienne enclave azérie en Arménie).
Le public des ashiq se compose surtout de villageois ou de gens qui ont quitté la campagne pour s'établir en ville. Mais entre le XVIe et le XVIIIe siècle, il était très répandu en ville et même au palais.
Cette musique prend son origine dans l'art des ozan turcs dont le chef-d'oeuvre, le Livre de Dede Qorqud, fut composé voici 1 300 ans. Les ozan, chanteurs, narrateurs, joueurs de luth qopuz, gardiens de la langue turque, de l'épopée et plus largement de la culture turque en général, disparurent au XVIIe siècle après la popularisation, dans le monde turc, de l'islam, de la langue arabe et d'une culture tournée vers les valeurs islamiques entre le XIIe et le XVe siècle.
Leur héritage constitue le socle commun de l'art bardique dans toute l'Asie centrale.
La tradition des ashiq d'Azerbaïdjan naît aux XVe-XVIe siècles. Shah Ismaïl a pris le pouvoir en Iran et fondé la dynastie safavide. Il transfère sa capitale à Tabriz et impose l'azéri comme langue officielle. Poète à ses heures, il favorise le développement d'une langue littéraire azérie permettant ainsi l'éclosion de la poésie ashiq et sa prolifération en formes et genres poétiques divers. L'héritage de
Dirili Qurbani (XVIe), Sari Ashiq,
Abbas Tufarganli (XVIIe), Khasta
Qasim, Abdalqülably Valeh (XVIIIe),
Dilgam, Ali Alasgar, Hüssein Shamkirli,
Hüssein Bozalqanli, Molla Djüma (XIXe)
pour n'en citer que quelques uns, constitue le coeur du répertoire des ashiq modernes.
Des centaines de dastan, ces longs récits musicaux et poétiques aux thèmes héroïques ou romantiques comme Koroglu ou Abbas et Qülqaz voient le jour aux XVIIe-XVIIIe siècles. Quelques-uns sont même consacrés à des ashiq célèbres : Ashiq Qarib.
Le XIXe représente l'apogée de cet art, tant du point de vue musical que poétique mais aussi en raison de sa diffusion géographique. Sur tout le territoire où l'on parle l'azéri, presque chaque village possède sa tradition (école) de ashiq avec un style de jeu, un mode d'accompagnement instrumental et un répertoire de pièces et de dastan.
Ces écoles locales se regroupent en écoles régionales comme le Shirvan (Est), Ganjabasar, Göycha et Borchaly (Ouest), l'Azerbaïdjan iranien (Sud) avec Tabriz, Qaradag, Orumiye, Zanjan et Sava. En raison de la richesse des répertoires et des styles propres à ces différentes aires, ce concert se limite aux traditions de l'ouest. Une prochaine édition du Festival de l'Imaginaire présentera celles du Shirvan, assez différentes.
Malgré leurs différences, toutes ces écoles constituent une tradition unifiée par une langue commune, un répertoire poétique et musical et un instrument, le luth à manche long saz, attribut permanent du ashiq. Parfois, celui-ci est accompagné par le balaban, un hautbois au timbre velouté.
Une des particularités de cette musique réside dans le fait que la mélodie et le poème sont indissociables. Le poème est conçu pour être chanté et accompagné au saz et, à l'inverse, la mélodie se fonde toujours sur une matrice poétique. Ces matrices sont apparues successivement au fil des siècles mais elles sont toujours strophiques. Chaque strophe peut contenir quatre, cinq ou plus rarement six vers. Les formes utilisant des quatrains sont les plus courantes : bayati, geraily, goshma, tejnis, divani et leurs variantes.
Le bayati se compose d'heptasyllabes, le geraily d'octosyllabes, le goshma d'hendécasyllabes, le divani d'hexamètres. Les mükhemmes (quintils) et les müseddes (sizains) ont été empruntés à la poésie classique. À chaque mélodie est donc attachée une forme poétique.
Ensuite, le ashiq est libre de choisir le texte qu'il veut dès lors qu'il respecte cette forme. C'est pourquoi nombre de mélodies portent les noms de formes ou de genres poétiques. Mais ce peuvent être aussi des toponymes, des ethnonymes, des noms de personnages historiques ou d'ashiq célèbres. Il est difficile d'évaluer l'importance du répertoire car, avec le temps, les mélodies changent de nom, peuvent avoir plusieurs titres ou se décliner en diverses versions selon les régions. On peut cependant estimer ce corpus à environ 150 dastan et plus de 200 mélodies.
Les cinq ashiq invités pour ce concert représentent divers styles de l'ouest de l'Azerbaïdjan :
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev appartiennent à l'école de Ganjabasar réputée pour l'exubérance de ses ashiq qui parfois dansent aux sons du saz et du hautbois balaban ;
le jeune Ramin Qarayev de l'école de Borchaly, une enclave azerbaïdjanaise en Géorgie, illustre un style plus introverti qui met l'accent sur la beauté du chant et la finesse du jeu de saz ;
Neymat Qasimli, au saz solo, nous propose ses interprétations très personnelles des anciennes mélodies de Gedabey ;
enfin Samira Aliyeva, une star dans son pays, montrera comment les femmes ont réussi à s'imposer dans une tradition qui demeura longtemps l'apanage des hommes.
Sanubar Baghirova
Programme du concert
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev, chant, saz et balaban
Shahsevani (poème d'Ashiq Alasgar, XIXe siècle)
Göycha gülü (poème d'Abbas Tufarqanly, XVIIIe siècle)
Neymat Qasimli, saz
Orta Sarytel
Samira Aliyeva, chant et saz
Jalili (poème d'Osman Saryvelli, XXe siècle)
Naxchivani (poème de Mikail Azafly, XXe siècle)
Ramin Garayev, chant et saz
Ruhani (poème de Novras Iman, XIXe siècle)
Misri (extrait de l'épopée de Koroqlu, XVIIe siècle)
Samira & Altay, chant et saz
Deyishme Afshari (poème de Zelimkhan Yaqub)
Neymat Qasimli, saz
Kerem gözellemesi
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev, chant, saz et balaban
Janqi Koroqlu (extrait de l'épopée de Koroqlu, XVIIe siècle)
Samira Aliyeva, chant et saz
Azafly dubeyti (poème d'Ashiq Shamshir, XXe siècle)
Ramin Garayev, chant et saz
Osmanly divanisi (poème d'Ashiq Kamandar, XXe siècle)
Neymat Qasimli, saz
Yanyq Keremi
Ensemble
Pasha köchdü (poème de Samad Vurqun, XXe siècle)
À écouter
ANTHOLOGIE DES ASHIQ
Bardes d'Azerbaïdjan un double album INEDIT/Maison des Cultures du Monde
Qazanfar Quliyev, hautbois balaban
Samira Aliyeva, chant et luth saz
Ramin Qarayev, chant et luth saz
Neymat Qasimli, luth saz
Pour devenir ashiq et voyager de par le monde,
Il faut une grande connaissance,
Il faut se bien comporter,
Il faut être poli et respectueux.
Il faut connaître la valeur des mots,
Il faut avoir de l'éloquence,
Il faut savoir s'exprimer par images
Comme le font nos gouvernants.
Ashiq Alasgar (1821-1926)
L'art des ashiq est certainement la forme d'expression artistique la plus appréciée du peuple azerbaïdjanais, soit environ cinquante millions de personnes parlant le turc azéri et réparties entre le Sud-Caucase, l'Iran et la Russie (Dagestan).
Le ashiq est un poète, un compositeur et un joueur de luth à manche long, le saz. Il est aussi narrateur, acteur improvisateur et parfois danseur. Certains se distinguent comme poètes populaires, d'autres combinent un talent de poète et de compositeur avec la maîtrise du jeu de saz, enfin les derniers sont de simples interprètes.
On compte aujourd'hui environ 400 ashiq en République d'Azerbaïdjan mais d'après les spécialistes, il y en aurait près de 2 000 dans le monde pour la seule tradition azerbaïdjanaise.
Ce patrimoine musical et poétique relève exclusivement de la tradition orale mais il n'est pas pour autant anonyme : l'usage veut que le ashiq énonce son nom ou son pseudonyme dans les derniers vers du poème. Ce savoir se transmet donc de maître à élève au cours d'un long processus d'apprentissage direct.
Aujourd'hui, il s'enseigne également dans les écoles de musique, au conservatoire supérieur et même à l'université.
Art professionnel il est aussi pratiqué en amateur, particulièrement dans les provinces occidentales : Qazakh, Tovuz, Kalbajar, Gedabey, Aqstafa, Samakha, Qobustan, Borchaly (enclave azerbaïdjanaise en Géorgie) et Göycha (ancienne enclave azérie en Arménie).
Le public des ashiq se compose surtout de villageois ou de gens qui ont quitté la campagne pour s'établir en ville. Mais entre le XVIe et le XVIIIe siècle, il était très répandu en ville et même au palais.
Cette musique prend son origine dans l'art des ozan turcs dont le chef-d'oeuvre, le Livre de Dede Qorqud, fut composé voici 1 300 ans. Les ozan, chanteurs, narrateurs, joueurs de luth qopuz, gardiens de la langue turque, de l'épopée et plus largement de la culture turque en général, disparurent au XVIIe siècle après la popularisation, dans le monde turc, de l'islam, de la langue arabe et d'une culture tournée vers les valeurs islamiques entre le XIIe et le XVe siècle.
Leur héritage constitue le socle commun de l'art bardique dans toute l'Asie centrale.
La tradition des ashiq d'Azerbaïdjan naît aux XVe-XVIe siècles. Shah Ismaïl a pris le pouvoir en Iran et fondé la dynastie safavide. Il transfère sa capitale à Tabriz et impose l'azéri comme langue officielle. Poète à ses heures, il favorise le développement d'une langue littéraire azérie permettant ainsi l'éclosion de la poésie ashiq et sa prolifération en formes et genres poétiques divers. L'héritage de
Dirili Qurbani (XVIe), Sari Ashiq,
Abbas Tufarganli (XVIIe), Khasta
Qasim, Abdalqülably Valeh (XVIIIe),
Dilgam, Ali Alasgar, Hüssein Shamkirli,
Hüssein Bozalqanli, Molla Djüma (XIXe)
pour n'en citer que quelques uns, constitue le coeur du répertoire des ashiq modernes.
Des centaines de dastan, ces longs récits musicaux et poétiques aux thèmes héroïques ou romantiques comme Koroglu ou Abbas et Qülqaz voient le jour aux XVIIe-XVIIIe siècles. Quelques-uns sont même consacrés à des ashiq célèbres : Ashiq Qarib.
Le XIXe représente l'apogée de cet art, tant du point de vue musical que poétique mais aussi en raison de sa diffusion géographique. Sur tout le territoire où l'on parle l'azéri, presque chaque village possède sa tradition (école) de ashiq avec un style de jeu, un mode d'accompagnement instrumental et un répertoire de pièces et de dastan.
Ces écoles locales se regroupent en écoles régionales comme le Shirvan (Est), Ganjabasar, Göycha et Borchaly (Ouest), l'Azerbaïdjan iranien (Sud) avec Tabriz, Qaradag, Orumiye, Zanjan et Sava. En raison de la richesse des répertoires et des styles propres à ces différentes aires, ce concert se limite aux traditions de l'ouest. Une prochaine édition du Festival de l'Imaginaire présentera celles du Shirvan, assez différentes.
Malgré leurs différences, toutes ces écoles constituent une tradition unifiée par une langue commune, un répertoire poétique et musical et un instrument, le luth à manche long saz, attribut permanent du ashiq. Parfois, celui-ci est accompagné par le balaban, un hautbois au timbre velouté.
Une des particularités de cette musique réside dans le fait que la mélodie et le poème sont indissociables. Le poème est conçu pour être chanté et accompagné au saz et, à l'inverse, la mélodie se fonde toujours sur une matrice poétique. Ces matrices sont apparues successivement au fil des siècles mais elles sont toujours strophiques. Chaque strophe peut contenir quatre, cinq ou plus rarement six vers. Les formes utilisant des quatrains sont les plus courantes : bayati, geraily, goshma, tejnis, divani et leurs variantes.
Le bayati se compose d'heptasyllabes, le geraily d'octosyllabes, le goshma d'hendécasyllabes, le divani d'hexamètres. Les mükhemmes (quintils) et les müseddes (sizains) ont été empruntés à la poésie classique. À chaque mélodie est donc attachée une forme poétique.
Ensuite, le ashiq est libre de choisir le texte qu'il veut dès lors qu'il respecte cette forme. C'est pourquoi nombre de mélodies portent les noms de formes ou de genres poétiques. Mais ce peuvent être aussi des toponymes, des ethnonymes, des noms de personnages historiques ou d'ashiq célèbres. Il est difficile d'évaluer l'importance du répertoire car, avec le temps, les mélodies changent de nom, peuvent avoir plusieurs titres ou se décliner en diverses versions selon les régions. On peut cependant estimer ce corpus à environ 150 dastan et plus de 200 mélodies.
Les cinq ashiq invités pour ce concert représentent divers styles de l'ouest de l'Azerbaïdjan :
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev appartiennent à l'école de Ganjabasar réputée pour l'exubérance de ses ashiq qui parfois dansent aux sons du saz et du hautbois balaban ;
le jeune Ramin Qarayev de l'école de Borchaly, une enclave azerbaïdjanaise en Géorgie, illustre un style plus introverti qui met l'accent sur la beauté du chant et la finesse du jeu de saz ;
Neymat Qasimli, au saz solo, nous propose ses interprétations très personnelles des anciennes mélodies de Gedabey ;
enfin Samira Aliyeva, une star dans son pays, montrera comment les femmes ont réussi à s'imposer dans une tradition qui demeura longtemps l'apanage des hommes.
Sanubar Baghirova
Programme du concert
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev, chant, saz et balaban
Shahsevani (poème d'Ashiq Alasgar, XIXe siècle)
Göycha gülü (poème d'Abbas Tufarqanly, XVIIIe siècle)
Neymat Qasimli, saz
Orta Sarytel
Samira Aliyeva, chant et saz
Jalili (poème d'Osman Saryvelli, XXe siècle)
Naxchivani (poème de Mikail Azafly, XXe siècle)
Ramin Garayev, chant et saz
Ruhani (poème de Novras Iman, XIXe siècle)
Misri (extrait de l'épopée de Koroqlu, XVIIe siècle)
Samira & Altay, chant et saz
Deyishme Afshari (poème de Zelimkhan Yaqub)
Neymat Qasimli, saz
Kerem gözellemesi
Altay Mamedli et Qazanfar Quliyev, chant, saz et balaban
Janqi Koroqlu (extrait de l'épopée de Koroqlu, XVIIe siècle)
Samira Aliyeva, chant et saz
Azafly dubeyti (poème d'Ashiq Shamshir, XXe siècle)
Ramin Garayev, chant et saz
Osmanly divanisi (poème d'Ashiq Kamandar, XXe siècle)
Neymat Qasimli, saz
Yanyq Keremi
Ensemble
Pasha köchdü (poème de Samad Vurqun, XXe siècle)
À écouter
ANTHOLOGIE DES ASHIQ
Bardes d'Azerbaïdjan un double album INEDIT/Maison des Cultures du Monde
Contributeurs
Origine géographique
Azerbaïdjan
Mots-clés
Date (année)
2009
Cote MCM
MCM_2009_AZ_S1
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Azerbaïdjan | 2009-03-29 | Vidéo numérique | |
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Azerbaïdjan | 2009-03-29 | Photo numérique |
Titre | Localisation | Date | Type | |
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2009 |