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Yémen. Chants soufis du Yémen. Spectacle

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Évènement

Titre

Yémen. Chants soufis du Yémen. Spectacle

Sous-titre

Avec la confrérie d'Ibn 'Alwan

Date

2011-04-09

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Musique du monde de l'Islam

Confrérie d'Ibn 'Alwan
'Arif Al-Adîmi, soliste

et
Fuad Al-Adîmi
Mohammed Al-Sabri
Al-Harath Al-Shameri
Sabri Al-Zubairi
Ebrahim Ahmed Hasan
Mohammed Abdullah Hendi
Ahmed Al-Mansob
Yahya Al-Dheani

La troupe des chantres de Taez, dirigée par 'Arif al-Adîmî, est l'héritière d'une longue tradition de soufisme (tasawwuf, tazkiya) qui remonte au poète et mystique Ahmed Ibn 'Alwân (disparu en 1256 ou 1267). La mention de son nom est toujours précédée par la formule respectueuse "le Connaissant en Dieu" (al-'Arif bi-llah). Ibn 'Alwân est l'auteur de plusieurs ouvrages importants : Le livre des conquêtes spirituelles, L'unification supérieure, Le festival, La recherche de l'étrange (traduction délicate, en raison de la distance qui nous sépare de l'auteur, et en raison du sens spirituel, qui est souvent métaphorique).
Ibn 'Alwân était un contemporain et un disciple d'Ibn 'Arabî (m. 1240), le "plus grand maître" de l'islam ésotérique.

"Nos chers amis de Jayrûn 1
Comme vous me manquez
Mes yeux pleurent, je suis en grande tristesse
Affolé mais pas fou"

Le mausolée d'Ibn 'Alwân est situé à Yafrus, à une vingtaine de kilomètres de Taez. C'est un lieu de pèlerinage important et le siège de la confrérie locale qui, plus récemment, a fait allégeance à la confrérie shâdhiliyya, du nom du sheykh égyptien Abû al-Hassan al-Shâdhilî.
Pour les mystiques yéménites, le soufisme est une aspiration à "s'élever au delà des limites de la matière". Aussi le chant est-il pour eux "le guide des âmes vers la posture de bienfaisance" (ilâ maqâm al-'ihsân), non pas d'une manière moraliste, mais dans une optique d'éveil intérieur, où chacun est responsable de ses actes dans cette vie ici bas :

"Ô toi qui es oublieux, n'est-ce pas chez toi de l'orgueil ?
Si tu dois ÊTRE, maintenant, fais-le avec excellence !
Il n'y a pas de vie noble sans actes
Ce qu'il te reste à vivre, fais-en vraiment quelque chose !"

Sur le plan historique, l'essor du soufisme remonte, au Yémen, à l'époque des gouverneurs Ayyoubides puis des rois Rasoulides, qui étaient sunnites et dominaient toute la partie ouest et sud du pays. Ils patronnaient aussi les sciences, l'agriculture, la littérature et la musique.
Ils bâtirent les villes de Zabid, Taez et Aden. Ces souverains éclairés n'étaient pourtant pas exempts de défauts, et Ibn 'Alwân ne s'interdisait pas de leur adresser, dans certains de ses poèmes, des critiques sur les injustices sociales :

"Regarde-les ! Et que l'oeil de Dieu les voit aussi,
Ils sont en sécurité, et le souverain est rassuré
Honte à eux : de belles maisons érigées
Et les sujets, leurs masures sont faites de torchis
(') Ils ne sont pas égaux : un roi qui s'amuse avec son royaume,
Et celui qui souffre l'injustice et que ne quitte pas les soucis matériels"

À cette époque, l'usage des instruments de musique pour accompagner le chant religieux commençait à se diffuser dans les mosquées, pour y pratiquer le samâ', à tel point qu'il suscita une violente réaction des théologiens qui l'interdirent.
Depuis, les soufis n'accompagnent leur voix qu'au grand tambour sur cadre, târ ou daff, et ils sont réticents à pratiquer la litanie sacrée, le dhikr, en public. À Taez, le "concert spirituel", samâ', est composé d'une alternance de poèmes chantés en solo et collectivement, de prières et de litanies, wird, qui sont le support de la méditation spirituelle.
La poésie d'Ibn 'Alwân est surtout en arabe classique. D'autres poèmes lui ont été également attribués, qui sont plus populaires, tout en étant aussi de la mouvance mystique. Ainsi, le célèbre

"Aynî 'alâ ghayr jamâlikum lâ tanzuru" :
"Je n'ai d'yeux que pour Votre beauté,
Personne d'autre que Vous ne me vient à l'esprit
J'ai fait patienter mon coeur, qui Vous réclamait, il m'a répondu
Je n'ai plus de patience, je n'y tiens plus"

Dans ce poème également chanté dans la musique profane, le discours de l'amour
fou peut être interprété aussi bien d'une manière terrestre que d'une manière
mystique, montrant ainsi toute la profondeur de la mystique en islam.
Jean Lambert


1 Jayrûn est le nom d'une porte de la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas. Ibn 'Alwân fait sans doute allusion ici à Ibn 'Arabî, qui est enterré à Damas.


Extraits de poèmes chantés par la troupe des chantres de Taez

Vers Dieu s'élève notre prière.
Douloureusement, nous Le réclamons.
Nous l'invoquons en chaque instant par la
bouche et d'un coeur ardent.


Par la porte de Taha [surnom du prophète], entre le Bien-aimé.
Tout commence par Lui, tout finit en Lui.
Il est le chemin, Il est le but, Il est ma destinée.


J'invoque une maison dont l'enceinte abrite
les êtres doués de discernement.
Je m'approche, avec amour et compassion,
sans promesse et sans masque.
Lorsqu'au couchant s'élève le croissant de lune
Les éclairs de mondes supérieurs font
pleuvoir une eau bienfaitrice,
Comme une pluie d'été dont les gouttes
seraient des perles.
Dieu est l'éclair, Il est l'été, Il est cette pluie
qui fait vivre les hommes.
Un souffle fait poindre une clarté et ranime les vivants,
C'est le don prodigué par Celui qui créa
Jésus et Muhammad.


Muhammad, oeil de miséricorde.
L'entendant appeler, je me suis approché de
la maison de Leïla [Dieu].
Sa voix admirable, je voudrais qu'elle ne se
taise jamais.
Elle m'a attiré, elle m'a accepté, elle m'a
pris sous sa protection.

Quand mes désirs se sont laissé emporter par
le souffle de la voix et de la parole
Le navire de mon âme a pris la mer
Devenu tonnerre, je tressaillais de la tête aux pieds
Que faire quand se déchaînent les vagues du désir ?
Un navire peut-il jeter l'ancre dans une telle tempête ?


Louange à Dieu à qui nous devons
l'écriture et le calame
Maître du savoir, grand et généreux,
dispensateur d'innombrables bienfaits
C'est à Lui que nous devons toutes choses
passées et à venir.


Priez et saluez
Ô gens de Safi et de Dana
Nous sommes heureux par vous
Vous êtes heureux par nous
Ce qui nous advient est chez vous
Ce qui vous advient est chez nous
Celui qui vient de chez nous vous parle
Celui qui vient de chez vous nous parle.

Mustafa, Taha, l'aimé.
Le bien-aimé est né,
Ses joues sont roses
Et répandent la lumière.
Le bien-aimé est né
Et il n'a pas son pareil.
Le bien-aimé est né, sa joue est rose.
Il est né celui sans qui on n'aurait pu aimé
la pureté.

Contributeurs

Origine géographique

Yémen

Mots-clés

Date (année)

2011

Cote MCM

MCM_2011_YE_S1

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