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Royaume de Bahreïn. Chants des pêcheurs de perles et musique de luth. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Royaume de Bahreïn. Chants des pêcheurs de perles et musique de luth. Spectacle

Sous-titre

Ensemble Qalali

Date

2011-05-07

Date de fin

2011-05-08

Artistes principaux

Direction musicale

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Ce programme a pu être réalisé grâce au soutien du Ministère de la Culture du Royaume de Bahreïn.

Le royaume de Bahrein ' "les deux mers" ' occupe un petit archipel du Golfe Persique situé entre l'Arabie Saoudite et la péninsule du Qatar. Ce "jardin d'Eden" aux nombreuses sources et oasis, antique Dilmun pourvoyeuse en bois, cuivre et pierres précieuses, Tylos des Grecs et des Séleucides, fut de tout temps au coeur des échanges commerciaux et culturels reliant le Moyen-Orient, l'Inde et la corne de l'Afrique.
Bahrein fut aussi l'un des plus grands producteurs d'huitres perlières de la région. Jusque dans les années 1940, pas moins de trois cents boutres embarquaient de juin à septembre plongeurs, matelots et parfois armateurs et marchands vers les bancs d'huitres à la recherche des précieuses larmes d'Aphrodite. Un métier pénible et dangereux que le chant aidait à supporter.
Chaque bateau enrôlait un ou deux chanteurs appelés nahham qui avaient pour mission d'encourager les travailleurs de la mer : les pêcheurs de perles, ghêis, leurs aides, un ou deux apprentis, un cuisinier et enfin le capitaine qui commandait cet équipage de trente-cinq à quarante personnes. Dans son ouvrage Music in Bahrain, Poul Rovsing Olsen rapporte que la voix idéale du nahham devait être aiguë, souple, à la fois douce comme du miel et pénétrante. Les hommes répondaient par de longues notes graves et parfois gutturales, soutenues par des claquements de mains, des tambours et des cymbales. De temps à autre, le nahham entonne le chant sur une autre échelle que le choeur, ce qui peut être déroutant pour un auditoire non averti.

Le répertoire des pêcheurs de perles est à la fois d'une grande richesse et d'une diversité étonnante. Il se divise en chants de travail et en chants de divertissement.
Les chants de travail comprennent des mawwal et des kharrati.
Les mawwal sont des improvisations vocales sur des textes composés par des poètes locaux où revient plusieurs fois l'expression Yâ mâl (Ô richesse) qu'il convient de prendre dans un sens mystique.
Les kharrati sont accompagnés par un tambour à deux peaux lacées tabl et une paire de cymbales tus. Ils se subdivisent en plusieurs sous-genres selon leur cycle rythmique : besseh ou khatfa (16 temps), jib (32 temps), dawwari (48 temps syncopé), makhmus (48 temps régulier), nattari (8 temps) et suriyya (24 temps).
À la nuit tombée, sur le bateau ou à terre, on se délassait en chantant des fijiri (littéralement, chants du crépuscule) en s'accompagnant en polyrythmie sur des tambours tabl et mirwas, des tambours sur cadre târ, des jarres jahla et des cymbales tus. Selon des lettrés Bahreinis, les rythmes utilisés et l'usage de la jarre jahla illustrent une forte influence indienne et cinghalaise. De fait, les perles de Bahrein alimentaient le marché indien et nombre de marchands et de pêcheurs de perles firent le voyage du Malabar et de Ceylan.

Une légende propose cependant une version plus savoureuse. Trois amis aimaient à se rencontrer pour chanter ensemble. Mais comme il était interdit de chanter en public, ils se donnaient rendez-vous la nuit dans une vieille mosquée sur une plage proche de Diraz. Deux d'entre eux étaient de Manama,
le troisième de l'île de Muharraq. Une nuit, alors qu'ils arrivaient à la mosquée, ils entendirent des clameurs étonnantes qui s'interrompirent brusquement. Surmontant leur peur, ils pénétrèrent dans la mosquée et virent une assemblée d'êtres étranges, mi-hommes mi-ânes. Incontestablement, c'étaient des jinn. Celui qui semblait être le chef leur demanda : "Qui êtes-vous, des jinns ou des humains ?"
Il craignait que les trois hommes ne prononcent le nom d'Allah qui les ferait immédiatement disparaître.
Les trois amis répondirent : "Nous sommes humains, mais nous ne vous ferons pas de mal." ' "Alors restez et écoutez, mais ne chantez jamais ces chants devant quiconque, sinon vous mourrez." Les trois hommes passèrent donc la nuit à chanter et danser avec les jinn. Puis ils rentrèrent chez eux et leur vie durant ils honorèrent leur promesse. Des années plus tard, les deux hommes de Manama moururent.
Le dernier était vieux et se désolait que ces chants disparaissent avec lui. Aussi, voyant son heure venir, il appela ses amis et leur enseigna les fijiri. Bien sûr, il mourut aussitôt, mais les chants des jinn avaient enfin trouvé leur place dans le monde des humains.

Tout comme les kharrati, les fijiri se subdivisent en plusieurs genres dont les principaux sont le bahri et le 'adsani (tous deux sur des cycles de 32 temps), le haddadi, ancien chant de forgeron à 12 temps, et le mkholfi à 8 temps reconnaissable à ses claquements de mains alternés. Les autres fijiri sont le dan, un sous-genre du mkholfi, et le hassawi et le zumayyah à 6 temps que l'on dit originaires du continent. De temps à autre, un ou plusieurs membres du choeur se lèvent et, tout en dansant, font de grands sauts genoux pliés, tournent sur eux-mêmes ou font trembler leurs épaules.

Aujourd'hui, le pétrole a évincé la périlleuse activité de la pêche aux perles. Elle est cependant si ancrée dans la mémoire collective que les chants des pêcheurs de perles continuent de survivre dans les dâr, les maisons de musique, grâce à des associations villageoises comme l'ensemble Qalali.
Mais les dâr sont aussi le lieu privilégié de la musique de 'ûd, le luth arabe. Musiciens et mélomanes s'y retrouvent pour écouter les poèmes chantés par un luthiste accompagné de tambours et de claquements de mains. À la fin du XIXe siècle, la morale wahhabite condamnait les divertissements musicaux, au point que le grand luthiste de cette époque, Muhammad Fares, encourut des peines de prison et dut se cacher pour pratiquer son art. Dépourvues de fenêtres, souvent enterrées dans le sol, ces maisons de musique protégeaient les musiciens des oreilles indiscrètes.
La musique de luth à Bahrein est pour l'essentiel l'héritage de Muhammad Fares. Ce grand musicien bahreini de la fin du XIXe siècle fut formé par Abd al-Rahim al-Asiri, un musicien yéménite fameux. Mais, curieux de nature, Fares s'imprégna de toutes les traditions de sawt qu'il put entendre ici et là, y compris les compositions originales d'Abdallah Muhammad al-Faraj, un marchand de perles koweitien qui, suite à des revers de fortune, avait passé plusieurs années en Inde et s'était mis à composer de la musique sur des mélodies locales.

Le sawt de Bahrein se compose de courtes suites vocales et instrumentales débutant par un prélude improvisé, parfois suivi d'un mawwal puis d'une série de chants strophiques, les sawt. Dans la plupart des pays du Golfe, les sawt sont des chants à danser. À Bahrein, c'est une musique savante et sérieuse, dont le répertoire se répartit entre plusieurs genres appelés 'arubi, shami, yamâni, san'âni, hijâzi, etc. selon leur forme, leur rythme ou leur origine.
L'ensemble Qalali est un des plus anciens du pays. Il fut fondé au début du XXe siècle par les habitants du village de Qalali à l'est de l'île de Muharraq, à une époque où la pêche aux perles était encore florissante. Depuis lors, une fois par semaine, les musiciens se retrouvent dans un dâr pour chanter ces chants de la mer et ces sawt et les transmettre aux nouvelles générations.

La Maison des Cultures du Monde exprime ses plus vifs remerciements à Son Excellence Shaikha Mai Bint Mohammad Al Khalifa, Ministre de la Culture du Royaume de Bahreïn.
La Maison des Cultures du Monde remercie également Messieurs Qassim Haddad et Ahmed Al Ghanem.

Programme détaillé

1. Nattari. Chant de travail du genre kharrati (rythme à 8 temps).
2. Bahri. Chant de divertissement du genre fijiri (32 temps).
Solistes : Sa'ad et 'Issa al-Jaffal.
3. Sawt shami. Chant et luth, Yaqub 'Ali Abu Jaffal, accompagné par l'ensemble.
4. Haddadi. Chant de divertissement du genre fijiri (12 temps).
Solistes : Sa'ad et 'Issa al-Jaffal.
5. Makhmus. Chant de travail du genre kharrati (48 temps).
Solistes : Sa'ad et 'Issa al-Jaffal.
6. Mkholfi. Chant de divertissement du genre fijiri (8 temps).
Solistes : Sa'ad et 'Issa al-Jaffal.
7. Khatfa. Chant de travail du genre kharrati (rythme à 16 temps).
Solistes : Sa'ad et 'Issa al-Jaffal.

Présentation des artistes

Avec l'Ensemble Qalali
Sa'ad Ahmad al-Jaffal, maître-chanteur nahham, directeur de l'Ensemble Qalali
'Issa 'Ali Muhammad al-Jaffal, maître-chanteur nahham
Khalifa Yusuf Sa'ad al-Jumari, chant et 'ûd
Yaqub 'Ali Abu Jaffal, chant et 'ûd
Muhammad Anwar 'Ali Jasim Ahmad, chant, 'ûd et percussions
Danse:
Isma'il Muhammad Mesfer Sa'ad, Ahmad al-Qattan
Danse, choeur et percussions:
'Abdallah Mubarak Jawher Mubarak al-Doseri, 'Abdallah Jawher Tarrar Jawher Meftah
Choeur et percussions:
Shawqi Abdulla Sabt Sa'ud, Faraj Muhammad Mesfer Sa'ad, Muhammad 'Issa al-Madhi, Ahmad Saleh Muhammad al-Shaban, Muhammad Anwar 'Ali Ahmad, Idris Rabi'a Bakhit, Yusuf Anwar Musa Ibrahim, Ahmad Jufa Othman al-Husain, Khaled Sa'ad Salim Rashid, Khaled 'Ali Muhammad al-Jaffal, 'Ali Husain Ahmed Husain al-Tamimi,

Auteur du programme

Origine géographique

Bahreïn

Mots-clés

Date (année)

2011

Cote MCM

MCM_2011_BH_S1

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