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Ouzbékistan. Voix de divas. Spectacle

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Évènement

Titre

Ouzbékistan. Voix de divas. Spectacle

Sous-titre

Zamira Suyunova, Mahfuza Karimova, Klara Turaeva

Date

2011-05-14

Date de fin

2011-05-15

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

14 et 15 mai

En mars 1985, la Maison des Cultures du Monde accueillait, sans doute pour la première fois en France, un ensemble de shash-maqâm, la tradition classique ouzbèke que l'on entendra aujourd'hui. Depuis, elle a poursuivi cette exploration des traditions d'Asie centrale avec des chanteuses qui mènent depuis une carrière internationale : Munajat Yultchieva, Matlubeh Dadabayeva, Nadira Pirmatova.
Le titre "Voix de divas" n'a pas été choisi au hasard. En effet, Zamira Suyunova et Mahfuza Karimova sont adulées dans leur pays et il était donc justice que le Festival de l'Imaginaire les fasse découvrir à son public. Elles sont accompagnées par leur élève Klara Turaeva qui, à 24 ans, incarne une jeunesse attachée à son héritage culturel.
En juillet 2010, ces trois artistes se sont produites ensemble pour la première fois à Al Ain (Emirat d'Abu Dhabi), à l'initiative du Centre d'Al Ain pour les musiques dans le monde de l'islam, lors d'un colloque sur le rôle des femmes dans la transmission du patrimoine musical dans le monde islamique. La musicologue ouzbèke Iroda Dadadjanova a sélectionné les artistes et les musiciens et préparé le programme de ce concert.
En effet, Zamira Suyunova, Mahfuza Karimova et Klara Turaeva appartiennent à trois générations et forment entre elles une chaîne de transmission d'un art, le maqâm classique, dont les méthodes de pédagogie orale et individuelle prévalent encore aujourd'hui, jusque dans les conservatoires.

Zamira Suyunova est originaire d'un petit village de la région de Kashkadarya. Elle se passionne très jeune pour la musique, aussi son père décide-t-il de l'emmener à Tashkent où elle suivra ses premiers cours. Aujourd'hui âgée de cinquante-deux ans, elle a enregistré plus de deux cents chansons, dont une trentaine de sa composition, et acquis une réputation qui dépasse largement les frontières de son pays. Elle enseigne au Conservatoire d'État d'Ouzbékistan.

Mahfuza Karimova est née à Marghilan, dans la vallée de Fergana, haut-lieu des traditions classique et populaire ouzbèkes. Elle est venue à la musique en écoutant les disques de Zamira et est devenue son élève au Conservatoire d'État où désormais elle enseigne à son tour.

Tout comme Zamira Suyunova, Klara Turaeva est née dans la région de Kashkadarya. Âgée de 24 ans, elle termine ses études au Conservatoire où elle est l'élève de Zamira Suyunova et de Mahfuza Karimova.

Ces chanteuses sont accompagnées par deux instrumentistes réputés :
Abdurahman Kholtadjiev au qanun, cette cithare sur table arabo-ottomane qu'il a adoptée car elle lui offre plus de possibilités que le tchang, le tympanon ouzbek, et
Abdulahat Abdurashidov à la flûte traversière nay.

Quatre musiciens de la nouvelle génération complètent l'ensemble :
Dilmurod Musaev au luth à manche long robab (cet artiste versatile est aussi un pilier de la pop ouzbèke),
Maribjon Artikov à la vièle à pique ghijak,
Rahmatilla Nurillaev au luth dotâr et
Shavkatjon Usmanov au tambour sur cadre doira.

La musique d'art en Ouzbékistan
Après le démantèlement de l'empire fondé par Tamerlan, quelques cités prospères dominent la région : Boukhara, Samarkand, Qoqand, Khiva, Fergana, Khojand (aujourd'hui au Tadjikistan)' Dans ces centres urbains, fleurit dès le XVe siècle une musique d'art appelée maqâm, qui obéit aux principes
techniques et esthétiques alors en vigueur dans tout le monde musulman : une suite de chants et de pièces instrumentales composées sur un mode mélodique qui lui donne son nom (maqâm dugâh, maqâm navâ, etc.) ; une organisation précise de la forme, des mètres, des rythmes, toujours identique
quelle que soit la suite ; une progression du lent vers le rapide, de la gravité vers la légèreté ; une mélodie qui part du registre grave puis progresse lentement vers l'aigu, tout en gagnant en intensité, pour atteindre enfin un point culminant, aux accents pathétiques, avant de redescendre dans le grave.
Ce cadre permet aux interprètes de choisir dans un vaste corpus littéraire les poèmes qu'ils adaptent, sur le champ, aux différents airs. Ainsi le chanteur ou la chanteuse sont-ils tout à la fois interprète, arrangeur, improvisateur. Tout comme les instrumentistes qui doivent les suivre pas à pas ou au contraire anticiper ce qu'ils vont faire. Aussi cette musique ne peut véritablement se goûter que lorsqu'elle est jouée en petit effectif. Chaque musicien, chaque chanteur dispose alors de toute une palette d'ornements, variations, soupirs, retards, décalages, syncopes, etc. dont ils usent pour exprimer le sens profond du poème chanté.
Une musique, un univers d'émotions, mais aussi un jeu et une promesse de renouvellement car rien n'est écrit, rien n'est figé.
Les poèmes célèbrent généralement l'amour, profane ou mystique, l'amitié, le vin, ils louent la beauté des femmes, de la nature ou de jardins allégoriques. Ils sont l'oeuvre d'aristocrates ou de roturiers, de soufis, de savants, forcément cosmopolites car l'on est au carrefour des routes de la soie, une région qui fut dominée par les Grecs, les Arabes, les Perses, les Mongols, les Turcs. On ne saurait tous les citer : Hodja Ahmad Yasavi (1105-1165) fondateur d'un ordre soufi qui porte son nom, Husseïni (1438-1506) sultan du Khorasan, Alisher Navâi (1441-1501), le plus grand de tous pour les Ouzbeks, son contemporain Babûr Shah (1438-1530), fondateur de l'empire moghol, puis Baba Rahim Mashrab (1653-1711), Nodira (1792-1842), Ogakhi (1809-1874), mais aussi d'autres poètes turcophones comme l'Azerbaïdjanais Fuzuli (1483-1556).
À partir du XVIIIe siècle les répertoires se cristallisent : dans les khanat de Boukhara et de Samarkand, le shash-maqâm avec ses six suites, plus à l'ouest, dans le Khorezm, le alti yarim maqâm de Khiva, et à l'est le chahar-maqâm de Qoqand et de Fergana.
Pendant la période soviétique, peut-être en raison de son passé de musique de cour, le maqâm ouzbek connaît des années difficiles. Les grandes suites sont détaillées en morceaux choisis. Les ensembles à petit effectif qui offraient de la souplesse dans l'interprétation sont remplacés par de froids et académiques orchestres folkloriques qui mélangent tous les genres. De rares musiciens, réunis dans des cercles discrets autour de quelques vieux maîtres, tentent de maintenir la mémoire de cet art. Après la dislocation de l'URSS, quelques-uns s'attacheront à reconstituer ces suites telles qu'elles s'étaient transmises pendant des siècles de tradition orale.

La Maison des Cultures du Monde remercie Iroda Dadadjanova, musicologue.
Ce concert a été créé au Centre pour les musiques dans le monde de l'islam à Al Aïn (E.A.U).

Programme détaillé

"Gulbahâr va Tanâvâr"
Pièce classique instrumentale

Sawti Chârgâh
Extrait du shash-maqâm de Boukhara. Poème de Saraymi (XIXe siècle) par Zamira Suyunova
Chaque suite du maqâm ouzbek comprend une quarantaine de pièces ou plus exactement de séquences mélodiques et rythmiques qui suivent un ordre canonique. Chacune porte un titre générique qui identifie la forme, le mètre ou le rythme et parfois le mode utilisé. Ainsi Sawti Chârgâh est une séquence du Maqâm Dugâh, elle est chantée dans le mode chârgâh sur un rythme à cinq temps.

Farghânachai Shahnaz
Extrait du chahar-maqâm de Fergana. Poème de Muqimi (1850-1903) par Mahfuza Karimova

Qashqarchai Mughulchai Dugâh
Extrait du shash-maqâm de Boukhara. Poème de Fuzuli (1483-1556) par Klara Turaeva

"Nasrullay"
Pièce classique instrumentale

"Nazmi hâl tanuvâr"
Chant populaire par Zamira Suyunova, Mahfuza Karimova et Klara Turaeva

Feruz II
Extrait du alti yarim maqâm de Khiva (Khorezm). Poème d'Ogakhi (1809-1874) par Zamira Suyunova

Hâjiniyaz I
Extrait du chahar-maqâm de Fergana. Poème de Furqat (1858-1909) par Mahfuza Karimova

Chârgâh II
Extrait du chahar-maqâm de Fergana. Poème de Furqat (1858-1909) par Klara Turaeva

Yâvvâyi Ushshâq
Extrait du chahar-maqâm de Fergana. Poème de Muqimi (1850-1903) par Zamira Suyunova

Qashqarchai - Sâqinâmai Sawti Kalân
Extraits du shash-maqâm de Boukhara. Poèmes de Avaz Otar (1884-1919) et de Bâbur (1438-1530) par Mahfuza Karimova et Klara Turaeva

"Yol bolsin"
Chant populaire par Zamira Suyunova, Mahfuza Karimova et Klara Turaeva

Sâqinâmai Bayât
Extrait du chahar-maqâm de Fergana. Poème d'Alisher Navâi (1441-1501) par Zamira Suyunova, Mahfuza Karimova et Klara Turaeva

Présentation des artistes

Zamira Suyunova
Mahfuza Karimova
Klara Turaeva
et
Abdurahman Kholtadjiev, cithare qanun
Abdulahat Abdurashidov, flûte traversière nay
Rahmatilla Nurullaev, luth dutar
Dilmurod Musaev, rubâb, luth robab
Maribjon Artikov, vièle ghijak
Shavkatjon Usmanov, tambour doira

Origine géographique

Ouzbékistan

Mots-clés

Date (année)

2011

Cote MCM

MCM_2011_UZ_S1

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Titre Localisation Date Type
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Titre Localisation Date Type
15e Festival de l'Imaginaire 2011
Titre Localisation Date Type
Ouzbékistan. Tambours sur cadre Doyra Ouzbékistan 2011-01-01 Collection d’objet