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Guyane Française. Wayapi, musiciens danseurs du Haut Oyapock. Spectacle

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Évènement

Titre

Guyane Française. Wayapi, musiciens danseurs du Haut Oyapock. Spectacle

Date

2011-05-28

Date de fin

2011-05-29

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Une culture amazonienne d'aujourd'hui
Les hommes qui se présentent devant vous ce soir viennent du haut Oyapock, ce fleuve qui forme la frontière entre le Brésil et la Guyane française. Des découvertes archéologiques, des relevés de chroniques, certains traits de leur musique aussi, démontrent que leur peuple, les Wayãpi, vécut jusque vers 1700 sur le bas Xingu, un affluent sud de l'Amazone. Amazone qu'ils durent traverser sous la pression de la colonisation portugaise, pour remonter vers le nord dans une grande migration-conquête qui les mena sur le plateau des Guyanes.
Ce fut alors le XIXe siècle et ses hécatombes : épidémies de grippe et de variole, villages entiers de squelettes effondrés dans des hamacs. Comme pour les trois Amériques, la « découverte du nouveau monde » par les Européens s'est transformée en invasion mortifère. La population est tombée de 6000 à 600.
Depuis 1970 cependant, la démographie des Wayãpi ' ils sont aujourd'hui 2000 ' et leurs expressions culturelles témoignent d'une vitalité retrouvée. Des chants, des danses qu'on croyait disparus refleurissent à côté des sound systems alimentés par des groupes électrogènes. Leur langue est le wayãpi, qui appartient à la famille tupi-guarani. Ils parlent aussi le français, le créole de Guyane, et un peu de portugais du Brésil.
Vivant dans la grande forêt pluviale, dans des villages qui se succèdent au bord du fleuve, les Wayãpi se préservent une relative indépendance grâce aux jardins que les femmes cultivent et aux produits (gibier, poisson, fruits) que les hommes rapportent de la forêt. Ils circulent sur l'Oyapock et ses affluents dans des canots en aluminium poussés par des moteurs hors-bord. Certains ont des emplois salariés, tandis que la plupart bénéficient d'allocations diverses. Le gouvernement français entretient écoles et dispensaires dans les gros villages. Tous sont de nationalité française, votent pour leur conseil municipal et à toutes les consultations françaises et européennes. Chaque village se choisit aussi un tuwiyã, un représentant qui oeuvre à son unité et oriente ses relations extérieures. Les jeunes gens portent volontiers des shorts, des T-shirts, des casquettes et des baskets, ils aiment le foot, le reggae et le ragga. À l'âge adulte, avec le mariage et les enfants, ils abandonnent peu à peu ces signes de la jeunesse : ils laissent pousser leurs cheveux, portent le pagne et dansent peu sur les musiques qui ne sont pas wayãpi.

Musique
La musique wayãpi est immense. Les hommes et les femmes de ce peuple pourraient chanter des heures de suite, des jours entiers sans épuiser leur répertoire qui, de strophe en strophe, de chant en chant, célèbre les poisssons, les oiseaux, le maïs, la libellule' Cette étendue du répertoire vocal ou instrumental est une valeur affirmée par les Wayãpi qui considèrent la musique comme une de leurs productions les plus prestigieuses.
De plus, l'esthétique musicale, comme celle d'autres arts wayãpi, est fondée sur un principe explicite de répétition : ici comme ailleurs en Amazonie, musiciens et auditeurs trouvent leur plaisir d'abord dans la durée et la répétition.
Sur l'Oyapock, les musiques wayãpi se répartissent schématiquement en trois grands ensembles et le spectacle s'agence selon ce même triptyque.

1. Jeu de flûtes en solo
' 4 pièces de yemi'akwamã, flûte à encoche en bambou, par Jacky Pawe
' 2 pièces de so'okãnge, flûte à encoche en os de daguet, par Pascal Yawalou

Les musiques jouées ou chantées en solo, intimes, sont associées au délassement à la maison ou en bordure du village, hors de la place du village et de ses jeux sociaux et ne sont donc jamais jouées en situation publique.
Ce sont des hommes jeunes, en principe non mariés qui interprètent ce répertoire lié à la séduction, aux histoires d'amour. Les thèmes s'échangent entre amis, tandis que la liberté d'exécution et l'improvisation y ont une place reconnue. Ces airs de flûte parlent d'animaux eux-mêmes individualisés, liés chaque fois à une petite histoire particulière (rendez-vous amoureux, voyage').

2. Ensemble de clarinettes tule : Suite de l'anaconda mythique Alalawayu
Les tule sont de grandes clarinettes constituées d'une anche en roseau fixée dans un tuyau en bambou. Répandues dans toute l'Amazonie, ces grandes clarinettes y sont jouées soit par paires soit, comme chez les Wayãpi, en formation pouvant rassembler jusqu'à une quinzaine de musiciens. Remarquables par leur timbre très riche en harmoniques, elles n'ont pas de trous de jeu, et chacune n'émet en principe qu'une seule hauteur de son. Les thèmes des différentes pièces musicales sont donc réalisés par l'alternance ou la superposition des différentes parties orchestrales, chacune jouée par un ou plusieurs instruments.
Ainsi le danseur de tête joue la partie ta'i (« le petit »),
il est suivi de celui qui joue yakãngapiya (« le répondant »), le danseur jouant la partie mãmã est en dernière position tandis que ceux qui sont responsables de la partie mite (« le milieu ») sont au centre.

Un tule, c'est aussi une suite de pièces unies par des caractéristiques musicales communes et par un sujet exprimé dans le titre de la suite : ce soir, l'on entendra quelques pièces de la suite Alalawayu, nom d'un anaconda mythique.
Les Wayãpi, grands spécialistes de ces suites orchestrales dansées, ont un répertoire de plus de douze de ces suites.
Un tule, c'est enfin la séance, la soirée musicale où est présentée une de ces suites. Cette soirée se fonde sur des libations : le kasili, la bière de manioc préparée et servie par les femmes.

3. Les grands chants dansés : la danse du poisson paku
Ceux-ci constituent un répertoire hautement valorisé par les habitants de ces villages. C'est une musique très prestigieuse, pouvant être l'occasion de grandes cérémonies célébrant les êtres de la rivière et de la forêt. Lors de ces fêtes, les femmes servent à tout le monde, y compris elles-mêmes, de très grandes quantités de bière de manioc. Les danseurs qui sont eux-mêmes chanteurs et musiciens, font alterner régulièrement des strophes chantées et des séquences instrumentales. Là encore, l'orchestre n'est composé que d'instruments à vent (auxquels s'ajoute l'appui rythmique des sonnailles portées aux jambes).
Ils ont choisi de présenter un fragment de la danse du poisson paku : magnifi que poisson de ces rivières, plat et rond, argenté et puissant, il peut être capturé selon différentes techniques (à la ligne, en jetant l'épervier, en le fléchant). C'est aussi un met très apprécié, grillé ou cuit dans du jus de manioc.
Cette danse que l'on peut considérer comme « l'hymne » des Wayãpi de l'Oyapock, s'orchestre de la manière suivante :
Jacky Pawe qui mène la chaîne des danseurs, souffle dans un instrument exceptionnel, une grande clarinette kõõkõõ contenant un faisceau de plusieurs anches.
Les autres soufflent dans des flûtes à conduit d'air avec ou sans résonateur (ipilãylaãnga, pilalaãnga).
Enfin, certains soufflent parfois dans de fines trompes yemi'apuku qui fanfaronnent au dessus de l'ensemble.

Comme les autres danses des poissons, celle du paku est une danse de jour. Mais elle doit être introduite par un prélude nommé payekea qui, lui, se chante la nuit précédente.
Les musiciens disent que les grandes danses constituent un répertoire très stable, qui se transforme lentement, et cela est valorisé : « Jacky connaît bien, il chante comme nos anciens ». En revanche, les morceaux joués à la flûte solo sont plus labiles, s'échangent entre copains, et la nouveauté y est appréciée.
Entre ces deux types de musique, les suites pour clarinettes tule associent stabilité et improvisation, ancienneté et échanges.
Presque tous les instruments sont confectionnés avec des éléments végétaux verts, frais (bambou, roseau, tronc d'arbre). Ils ont ainsi une durée de vie relativement brève. Ces instruments et les capes en écorce (liber d'arbre) portées lors de la danse du paku ont été fabriqués spécialement pour ce spectacle, ce qui a demandé aux musiciens trois jours de travail accompagnés de libations.
La plupart des musiciens que vous allez entendre et voir se présentent pour la première fois sur scène. Ce ne sont pas des musiciens professionnels, ni mêmes des spécialistes. La musique et la danse sont un art qu'ils ajoutent à leurs multiples savoir-faire. Jouer ici devant vous, vous rendre visite à Paris est pour ces danseurs d'abord un plaisir, mais aussi un acte diplomatique. Une manière de se faire connaître aux « alliés » de France en présentant une production prestigieuse, leur musique.

POUR ALLER PLUS LOIN :
Jean-Michel Beaudet
Souffles d'Amazonie. Les orchestres tule des Wayãpi
Nanterre, Société d'Ethnologie, 1997, 212 pages + 1 CD encarté.

Jean-Michel Beaudet en collaboration avec Jacky Pawe
Nous danserons jusqu'à l'aube. Essai d'ethnologie mouvementée en Amazonie
Paris, Editions du CTHS, Collection Le regard de l'ethnologue n°23, 2010, 207 pages.

La Maison des Cultures du Monde remercie pour leur participation à ce programme : M. Jean-Michel Beaudet, ethnomusicologue, Mme Marion Trannoy et MM. Jean-Michel Miso, Jérémie Mata, Michel Huet (Parc Amazonien de Guyane), M. Michel Collardelle et Mme Aurore Wakselman (DRAC Guyane), et pour leur confiance et leur soutien : M. Daniel Maximin, commissaire en charge de l'année des Outre-Mer et Mme Caroline Bourgine, conseiller artistique.

Programme détaillé

Projections de films
Samedi 28 mai à 18h15 & dimanche 29 mai à 14h45 (entrée libre)
Les gardiens de la forêt de Michel Huet et Eric Pagès, 52 mn, 2010
suivi de Regards sur les Wayãpi de Michel Huet, 20 mn, 2011
Dans le cadre de « 2011, Année des Outre-Mer »
Avec le soutien de la région Guyane, de la Direction régionale des affaires culturelles de Guyane et du Parc Amazonien de Guyane.

Présentation des artistes

Jacky Pawe, chef de la danse
Charles Miso
Laurent Pilaouloukou
Max Oulapilé
Renault Sakeu
Pascal Yawalou
Roland Zidock
Gaëtan Lassouka
Frédéric Lassouka
Jean-Louis Miso

Auteur du programme

Contributeurs

Origine géographique

Guyane Française

Mots-clés

Date (année)

2011

Cote MCM

MCM_2011_GF_S1

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