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Corée. Bongsan Talchum. Théâtre dansé et masqué. Spectacle

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Évènement

Titre

Corée. Bongsan Talchum. Théâtre dansé et masqué. Spectacle

Date

2012-03-09

Date de fin

2012-03-11

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Description de la pratique

Avec le soutien du Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme de Corée, du Arts Council Korea et du Centre culturel coréen à Paris

Vendredi 9 mars à 20h30
Samedi 10 mars à 20h30
Dimanche 11 mars à 17h
Maison des Cultures du Monde, Paris 6e

par la Bongsan Mask Dance Drama Preservation Society

Avec les acteurs :
Kim Ae Sun, la jeune chamane, la musicienne
Chang Yong Il, Chwibari le libertin
Kim Jong Yop, le vieux mari, un vieux moine
Park Sang Uoon, le vendeur de chaussures, un vieux moine
Kim Sung Hae, le valet Malttuggi, un vieux moine
Kim Jong Hae, le vieux prêtre
Ryu Dong Chul, un vieux moine
Song In Hyun, un vieux moine
Kim Eun Joo, un jeune moine
Ha Sang Hwa, la concubine, un jeune moine
Park Won Muk, un vieux moine
Jung Yoon Sik, un vieux moine
Weon Yu Suk, le lion, un vieux moine, le vieillard
Lee Eun Soon, un jeune moine
Son Byung Man, le lion, un vieux moine
Park Mi Jin, un jeune moine, la jeune danseuse, le singe, la vieille femme


et les musiciens :
Kim Ho Seok, hautbois piri
Park Yong Ho, flûte daegum
Kim Nam Eun, vièle haegum
Choi Young Jin, tambour janggn

Surtitrage en français : Han Yumi et Hervé Péjaudier


Les théâtres masqués talchum de Corée tirent leur origine d'anciennes pratiques animistes et chamaniques qui remontent à plus de mille ans. Dans cette société d'agriculteurs, le peuple révérait les dieux de la nature et célébrait des rituels agraires accompagnés de danses, de chants et d'acrobaties auxquels participaient les chamanes. L'introduction du bouddhisme au IVe siècle qui devint religion d'État sous la dynastie Goryeo (936-1391) puis celle du néo-confucianisme sous la dynastie Joseon (1391-1906) n'entamèrent pas la vitalité de ces traditions et c'est sous les Joseon que les théâtres masqués coréens prirent la forme qu'on leur connaît aujourd'hui.
Représentés à l'origine lors de l'anniversaire du Bouddha, le huitième jour du quatrième mois lunaire, ces spectacles rituels prirent part à partir du XIXe siècle à la fête de Dano qui clôt la période des semailles, célèbre la divinité du ciel et le retour du printemps. Destinés à chasser les mauvais esprits, ils se sont vite empreints d'une fonction libératrice.
Entre magie, sacré et satire sociale, ces drames dansés nous livrent, en une succession de saynètes, une image de la société rurale coréenne et de son histoire. Ils permettent au peuple d'exprimer librement ses frustrations par une inversion des rôles qui, le masque aidant, autorise toutes les audaces. Une fois travesti, le domestique Malttugi peut tourner les aristocrates en dérision et leur donner des ordres, contrarier les amours d'un riche noble et de sa jeune concubine ou jouer des tours à des bonzes dépravés. Cependant, loin d'un spectacle débridé, les danses conservent une majesté qui rappelle leurs origines rituelles.
La vulgarité et l'indécence de certaines paroles sont ainsi contrebalancées par la solennité et la gravité des chants, la majesté de la musique et le rythme des percussions.
Aujourd'hui, plusieurs de ces formes sont encore pratiquées en Corée comme le yangju pyol sandae, le hahoe pyolshin gut et le bongsan talchum. À chacune son style, ses histoires, sa facture de masques.

Le terme talchum se compose des mots chum, danse, et tal, masques. Le bongsan talchum naquit au XVIIIe siècle dans la petite ville florissante de Bongsan au nord de la province de Hwanghae (actuellement en Corée du nord). Cette ville abritait alors une foire réputée et comme elle se trouvait sur le chemin des missions diplomatiques chinoises en route pour la capitale, elle attirait des musiciens, des danseurs et des baladins qui étaient encouragés par la population à monter des troupes et présenter des spectacles. À l'origine, les masques de bongsan étaient en bois, mais ils furent rapidement remplacés par du papier mâché, un support plus facile à travailler et qui facilita l'essor de ce théâtre et son rayonnement à travers la province. Après la partition de la Corée en 1948, plusieurs détenteurs du bongsan talchum s'installèrent dans la région de Séoul où ils continuèrent de le pratiquer. À l'époque de la dictature en Corée du Sud, nombre d'étudiants eurent recours au Bongsan Talchum afin de critiquer le régime. Aujourd'hui, le Bongsan Talchum est incontournable pour tous les acteurs contemporains travaillant sur des techniques de mouvement et de gestuelle.
En 1967, cette forme fut inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel coréen comme Bien culturel important n°17 et sa sauvegarde confiée à la Bongsan Mask Dance Drama Preservation Society. Celle-ci est présidée par Madame Kim Ae Sun, Trésor national humain, dont le père, originaire de la ville de Bongsan, s'est installé en Corée du Sud avec sa famille. La jeune Kim Ae Sun était alors agée de 8 ans.

Le spectacle comprend 7 actes ou gwajang qui mêlent le chant, la musique, des dialogues et la danse. Chaque acte constitue une entité narrative dans laquelle les masques font ressortir le caractère stéréotypé des personnages traités sous l'angle de la satire. Le déroulement hétéroclite de la représentation, avec ses scènes de danse pure, ses pantomimes et ses pièces dialoguées témoigne des origines multiples de cette forme ' chamanisme, bouddhisme, danse et théâtre populaire sandae dogam ' dont les éléments se sont sédimentés au fil des générations. C'est peut-être la musique qui donne sa véritable unité au spectacle, une musique basée sur des mélodies et des rythmes populaires interprétée par un petit ensemble instrumental composé des quatre principaux instruments traditionnels coréens : le hautbois piri, la flûte traversière en bambou daegeum, la vièle à deux cordes haegeum et le tambour en forme de sablier janggu auxquels s'adjoignent parfois les gongs kkwaenggwari frappés par les danseurs.


Les sept gwajang :
1. Quatre jeunes moines saluent les divinités des quatre points cardinaux.
2. Entrée des huit bonzes qui se lamentent tour à tour sur le sort et décident de chanter et danser au lieu d'accomplir leurs devoirs monastiques.
3. Une danseuse sadang apparaît. Elle est suivie par sept saltimbanques, les gosa, qui se mettent à chanter et danser avec elle.
4. Au cours d'une séquence entièrement mimée et dansée, un vieux prêtre dont la vie fut jusque-là exemplaire, regarde avec concupiscence une jeune chamane danser et en tombe amoureux. Entrent alors un vendeur de chaussure et son singe. Il essaie de vendre au vieux prêtre une paire de vieilles sandales tout en critiquant sa conduite. Le libertin Chwibari surgit en se pavanant et dispute au prêtre les faveurs de la jeune chamane. Le prêtre ne fait pas le poids et doit céder la place. Mais voilà que la jeune chamane tombe enceinte des oeuvres du libertin. Elle lui abandonne le bébé et le bonheur un peu béat de la paternité.
5. Un lion, animal réputé chasser les mauvais esprits dans le bouddhisme, sème la terreur parmi les huit moines et le vieux prêtre. Un des moines en appelle à son pardon, promettant que désormais ils rentreront tous dans le droit chemin.
6. Le valet Malttuggi, dans un dialogue plein de sous-entendus, ridiculise trois jeunes nobles et transforme à leur insu leur logis en parc à cochons.
7. Une vieille entre en scène, à la recherche de son mari. Avisant un musicien elle lui décrit le vieux sous les traits les plus horribles qui soient. Une fois sortie, c'est son mari qui entre, lui aussi à la recherche de sa vieille qu'il décrit au musicien. Celui-ci lui dit qu'elle vient de passer et qu'il n'a qu'à l'appeler. Mais lorsque le couple se retrouve, l'épouse avise une jeune concubine qui se cache derrière son mari. Fureur de la vieille, dispute, bagarre, la vieille femme est tuée. L'homme célèbre alors un rituel chamanique pour le repos de l'âme de son épouse.

Chaque mouvement de danse du bongsan est codifié. Le cercle de la main autour de la tête s'appelle oe-sawi, les cercles de la main devant le visage puis derrière la tête, gop-sawi ; le kkaekki chum, un cercle au-dessus de la tête suivi d'un posé de la main droite sur l'épaule tandis que la main gauche se balance, est typique du personnage du libertin. De même, chaque personnage a une démarche spécifique : la vieille épouse marche en zig-zag (kaljija-kolum) ou bien se déhanche (kungkungi chum) tandis que le libertin se pavane (kodurum). Les costumes soyeux aux couleurs chatoyantes, avec leurs longues manches, accentuent la beauté des mouvements et font un contrepoint étonnant avec les figures grimaçantes des masques.
Ceux-ci sont façonnés sur des formes en bois avec des bandes de papier mâché superposées puis peintes. Pour accentuer l'effet grotesque mais aussi prémunir le village contre les maladies de peau, nombre de masques portent les stigmates de la variole, du vitiligo (tâches blanches), de la lèpre ou de la gale. La corruption des moeurs se traduit par la multiplicité des rides sur le front, l'ivrognerie par de grosses verrues' C'est sans doute une des raisons pour lesquelles les masques de bongsan étaient brûlés après la représentation au cours d'un rite d'exorcisme.
Pierre Bois

La Maison des Cultures du Monde tient à remercier tout particulièrement :
Monsieur Lee Jong-Soo, Directeur du Centre culturel coréen à Paris.
Monsieur Kim Young-San, Art Policy general, Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme de Corée.
Monsieur Jang Yong Suk, Directeur du département de la coopération et des échanges, Arts Council Koree.
Monsieur Junho Choe, Madame Han Yumi et Monsieur Hervé Péjaudier, Monsieur Kim Sun-Kook.

Contributeurs

Origine géographique

Corée

Mots-clés

Date (année)

2012

Cote MCM

MCM_2012_KR_S1

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