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Vietnam. Hát Chèo, opéra populaire. Spectacle

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Évènement

Titre

Vietnam. Hát Chèo, opéra populaire. Spectacle

Sous-titre

Théâtre National Hát Chèo du Vietnam

Date

2012-03-16

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

Le hát chèo est un art populaire né dans les villages du delta du Fleuve Rouge (Tonkin), depuis 3000 ans berceau de la civilisation de riziculture du peuple vietnamien. À la fin des récoltes, les paysans organisaient des festivités pour se divertir et pour remercier les dieux de les avoir aidés. Contrairement à l'opéra de Pékin, au drame noh japonais ou au théâtre classique tuông vietnamien, il ne doit donc rien au théâtre traditionnel chinois.
Le chèo actuel puise ses origines dans la musique et la danse populaires du Xe siècle, et plus précisément dans le trò nhai (sketches satiriques sous forme de mimes simples). Progressivement, des écrivains assemblèrent en longues pièces unifiées les histoires courtes de chèo, basées sur ces saynètes. Au XVe siècle, le roi Lê Thanh Tông, qui était profondément pétri de confucianisme, décida de suspendre les représentations de chèo dans sa cour. Sans patronage royal, le chèo retourna vers ses amateurs d'origine, les paysans. Il eut recours aux histoires nôm, qui étaient des poèmes narratifs vietnamiens écrits en caractères chinois modifiés. Cette forme de chèo prit, au XVIIIe siècle, une importance prépondérante et continua de se développer pour atteindre son apogée à la fin du XIXe siècle.
Bien que la qualité de vie se soit très nettement améliorée au Vietnam depuis le début de la "Rénovation" entamée en 1986, les arts traditionnels en général et le chèo en particulier commencèrent à faire sale vide dans les années 1990. Les recettes insuffisantes obligèrent les directeurs de théâtre à réduire les pièces à de simples extraits. Même les villages, d'où est originaire le chèo, se trouvèrent dans l'incapacité d'attirer le public. La situation devint si critique que la ville de Ha Long (avant-port de Hanoi) décida de réagir en organisant le premier festival de chèo national traditionnel, du 13 au 15 octobre 2001. Plus de 700 artistes issus de quatorze compagnies de chèo y participèrent au cours de quinze représentations. Depuis cet événement, le chèo connaît une renaissance, attirant jeunes artistes et jeune public dans tout le pays.

Les pièces de chèo, à la fois émotionnelles et amusantes, connaissent un dénouement heureux.
Elles content des épisodes de la vie quotidienne des gens ordinaires de la campagne, donnant la voix aux aspirations paysannes à une vie paisible au coeur d'une société féodale injuste.
C'est pourquoi, le bien triomphe toujours dans sa lutte contre le mal. Les étudiants, doux et sympathiques, réussissent leurs examens et deviennent mandarins (administrateurs locaux).
Les paysannes travaillent dur et se sacrifient souvent pour les autres. Les épouses sont fidèles.
Les marâtres doivent aimer les enfants de leur mari. Les belles-mères et les belles-filles doivent vivre en bonne intelligence. Les amis doivent se traiter l'un l'autre comme s'ils étaient membres d'une même famille. Tous ces messages du chèo reflètent l'altruisme du bouddhisme et les vertus du confucianisme. Les personnages de chèo sont donc conventionnels. Leur personnalité et leur psychologie n'évoluent pas durant la pièce : hommes ivres, enseignants peu impliqués dans leur travail, hommes aisés, fonctionnaires, femmes enclines au flirt, bouffons, etc.
Les oeuvres de chèo ne sont pas figées dans leur structure car les artistes aiment à improviser à partir d'un stock de dialogues, de chants, de danses et de pièces instrumentales qu'on évalue à plus de 200. L'interprétation, elle-même, autorise des modifications pour mieux transmettre les émotions demandées par le rôle. En plus des techniques spéciales de respiration, d'élocution, de chant, de manière de se déplacer, etc., les artistes maîtrisent tout un langage des postures du corps et attachent une grande importance à la torsion des mains, des poignets et des bras.
Dans la très ancienne culture de cette région d'Asie, les tambours de bronze étaient battus pour obtenir des dieux la pluie indispensable à la croissance du riz. C'est pourquoi, il n'est pas surprenant que l'orchestre de chèo soit aujourd'hui commandé par le joueur de tambour.
Les musiciens sont installés sur la scène de part et d'autre de l'espace central occupé par les chanteurs. On y retrouve le nguyêt (luth en forme de lune) et le dàn nhi (vièle à deux cordes), ainsi qu'une flûte traversière en bambou sáo trúc. Pour renforcer la tension dramatique, diverses percussions y sont adjointes.
Yves Defrance

Le Théâtre National Hát Chèo du Vietnam a été fondé en 1951. Sa mission est de restaurer, préserver et pratiquer le chèo traditionnel mais aussi de développer, à partir de ce dernier, des formes théâtrales plus modernes. Ce centre dramatique regroupe une centaine d'artistes qui se produisent non seulement au Vietnam mais également à l'étranger, ainsi qu'une académie qui forme des étudiants et des troupes venant des différentes provinces du Vietnam.

Vu Thúy Ngan, interprète du rôle-titre, est devenue actrice de chèo à l'âge de 18 ans. Elle est spécialisée dans des rôles de personnage positif. Depuis 2004 elle enseigne aussi le chèo à l'Académie de théâtre et de cinéma de Hanoï.

Tran Thi Quyên est une des plus célèbres actrices de chèo. Fine connaisseuse du rôle de Thi Mau qu'elle a interprété des milliers de fois, elle rend avec beaucoup de sincérité et de naturel le caractère léger, fourbe et finalement tragique de ce personnage assoiffé d'amour et de liberté.
Elle se produit régulièrement au Vietnam et a joué aussi en Chine et en Europe.

Nguyên Thi Bich Ngoan, plus connue sous son nom de scène, Thanh Ngoan, est également un grand nom du théâtre vietnamien. À l'âge de neuf ans, elle chantait déjà des mélodies de chèo. Sa large palette d'expressions lui permet de jouer toutes sortes de rôles, positifs ou négatifs. Ici, elle incarne deux personnages : la belle-mère acariâtre, puis une villageoise maligne et rebelle. Elle se produit souvent à l'étranger, notamment en Europe et au Canada.
Elle est actuellement directrice adjointe du Théâtre National Hát Chèo.

Ces trois grandes artistes ont reçu le titre d'"artiste émérite" du Vietnam.

La pièce
Thi Kinh est une pièce anonyme du XVe-XVIe siècle qui illustre le rôle du théâtre vietnamien dans la transmission de la culture bouddhique.
Thi Kinh est une jeune femme vertueuse. En butte à l'injuste courroux de son mari et des parents de celui-ci, elle est chassée de chez elle. Humiliée, elle se déguise en homme et entre en religion dans un temple bouddhiste sous le nom du moine novice Kinh Tam. Thi Mau, une jeune fille délurée, tombe amoureuse du novice, mais sans succès. De dépit, Thi Mau se donne au valet de ferme de son père, tombe enceinte et, plutôt que de reconnaître la vérité, accuse le novice d'être le père. Chassé du temple, Kinh Tam se voit confier l'enfant et contraint de mendier pour le nourrir. Sa santé décline peu à peu et il meurt devant l'entrée du temple, laissant une lettre. La vérité éclate lors de la préparation du corps : le novice Kinh Tam était une jeune femme qui donna sa vie pour un enfant qui n'était pas le sien.
Par son sacrifice, Thi Kinh força l'admiration de tous et l'on en fit une incarnation du bodhisattva Quan Âm, la Déesse de la Compassion, sous le nom de Quan Âm Thi Kinh.
La pièce comprend onze scènes tantôt sérieuses ou dramatiques tantôt comiques et satiriques.
Les scènes 3 et 4 n'étant pas essentielles à la compréhension de la pièce, elles ont été supprimées pour des raisons de durée et d'effectif. Elles relatent le retour de Thi Kinh chez son père après qu'elle a été chassée par sa belle-famille et son entrée en religion sous les traits du novice Kinh Tam.
La Maison des Cultures du Monde tient à remercier tout particulièrement :
M. Jean-François girault, ambassadeur de France au Vietnam
Mme Ngyuyen Thi Bich Ngoan, directrice adjointe du Théâtre National Hát Chèo
M. Yves Defrance, ethnomusicologue, directeur du CFMI - Université Rennes 2
Mme Nguyen Thuy Tien, ethnomusicologue à l'Institut vietnamien de musicologie

Contributeurs

Origine géographique

Vietnam

Mots-clés

Date (année)

2012

Cote MCM

MCM_2012_VN_S1

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