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Los Torres. Enregistrements de terrain

Collection

Titre

Los Torres. Enregistrements de terrain

Artistes

Type de document

Audio édité

Cote MCM

CO.4470

Date de parution

2010-01-08

Origine géographique

Colombie

Langue

Français

Description

08/01/2010

Los Torres
Enregistrements de terrain

CD
1. Bambuco viejo
2. Arrullo
3. Del cielo callo una bomba (Arrullo)
4. Patacoré
5. Arrullo del mono (Arrullo)
6. Brilla el sol, brilla la luna (Arrullo)
7. Vienen bajando (Arrullo)
8. Alli van los monos, caé caé (Arrullo)
9. Caramba (Torbellino)
10. Ao y Ae (Arrullo)
11. Bambuco viejo
12. Maria del Carmen (Bunde)
13. Bambuco con estribillo (Bambuco viejo)
14. Coron coro (Rumba)


La famille des Torres

La famille des Torres est très connue à Guapi (département du Cauca, Colombie), mais aussi dans les villes importantes de la Colombie, comme Cali ou Bogota, car l'un d'entre eux, Jose Antonio Torres, surnommé Gualajo, est devenu l'un des plus célèbres joueurs de marimba de Colombie. Cette famille est connue pour la qualité de fabrication et d'interprétation des instruments propres à la musique du Pacifique colombien. Leur maison était un lieu de rituel où les currulaos, jugas, arrullos, danzas et cantos se prolongeaient pendant plusieurs jours. Cela attirait les natifs ainsi que les étrangers qui, attrapés par le charme singulier des rythmes, interrompaient leurs activités ou leurs chemins pour venir faire partie de ces grandes célébrations. C'est grâce à leur notoriété que je suis arrivée chez eux. Deux des frères de Gualajo m'ont accueillie pour mon premier séjour à Guapi, en décembre 2008, ce sont Francisco, surnommé Pacho, et Genaro Torres, l'ainé.

Le groupe des TORRES est composé de musiciens de la famille des Torres, tels que deux des frères Torres; Genaro (à la marimba et à la voix) et Francisco (au bombo arrullador et à la marimba), Conrado Torres (au cununo), le fils de Genaro, ainsi que leur cousine,la cantadora Eulalia Torres (à la voix et au guasá). D'autres musiciens viennent compléter le groupe, c'est le cas d'Evaristo Lerma (au bombo golpeador) et Carmelina Montaño (à la voix et au guasá). Les familles Lerma et Montaño sont très proches de la famille Torres. Ces musiciens ne sont pas des musiciens professionnels bien qu'ils soient payés dans certains cas car il sont reconnus localement. A Guapi, tout ce qu'ils jouent est fait pour danser, mis à part les airs pour les défunts (alabaos).

Les enregistrements

On peut constater que dans ce cd le nombre d'arrullos est supérieur au nombre d'autres rythmes présents (bambuco viejo, patacoré, torbellino, bunde et rumba). Ceci n'est pas dû à une sélection de ma part mais à une représentation de ce que l'on entend à Guapi. Les enregistrements que j'ai faits le 8 janvier 2010 (lors de mon deuxième séjour à Guapi), sont des enregistrements hors-situation que Los Torres ont accepté de faire pour moi. Toutefois ce sont des morceaux qu'ils jouent la plupart du temps pendant les fêtes religieuses, c'est le cas des arrullos et des bundes.

On entend plus d'arrullos que d'autres rythmes à Guapi car l'arrullo est le rythme de la louange. Il est utilisé lors de célébrations religieuses telles que les Adorations à l'enfant Jésus, la célébration de la fête des Rois, la neuvaine de Noël et les fêtes des saints patrons. L'arrullo est un air de type responsorial où une cantadora chante un vers et les autres (respondedoras) répondent selon le vers chanté par la voix principale : c'est le respondido. l'arrullo ci-dessous ne comporte qu'un seul respondido. Sa structure de base, selon le texte est la suivante :


Exemple de l'Arrullo « Pío pío pollito » de Genaro Torres (CD plage 2).


Les deux premiers vers sont toujours chantés par la voix principale:


Pío pío pollito (Piu piu petit poussin)
Delen agua al pajarito. (Donnez de l'eau au petit oiseau)


Les deux vers suivants vont être chantés de la façon suivante:

Pío pío pollito (Piu piu petit poussin) (voix principale, texte variable)
Delen agua al pajarito. (Donnez de l'eau au petit oiseau) (respondedoras, toujours le même texte)


Les autres instruments ne rentrent que lorsque l'alternance s'est clairement établie et que le joueur de marimba a trouvé la lame de son instrument pour accompagner la voix.


Pour revenir au contexte dans lequel j'ai fait ces enregistrements, il est nécessaire pour moi d'expliquer à quel moment de leur calendrier religieux je suis arrivée. C'était la semaine de la célébration de la fête des Rois. Il semblerait que cette fête n'est pas célébrée partout en Colombie, où la plupart de la population est chrétienne. En tous cas, je ne la connais qu'au sein des communautés afro-descendantes vivant dans la région du Pacifique colombien ou venant de cette région-là. A Guapi, où se situe mon terrain de recherche, la célébration de la fête des Rois est préparée par une famille différente chaque année. Ces habitants disent qu'après avoir reçu l'Enfant, l'année précédente, lors de la cérémonie de la remise de l'enfant Jésus à la famille élue, il faut préparer soigneusement la célébration de la fête des Rois du 6 janvier. C'est une sorte de parrainage et un honneur pour la famille qui reçoit l'Enfant. Ce parrainage est actuellement inspecté par la Maison de la Culture de Guapi. Ainsi, seules les cantadoras choisies lors de réunions le long de l'année avec la personne chargée de la Maison de la Culture ont le droit de chanter lors de la cérémonie. Ces cantadoras, sont inscrites, depuis 2008, à la liste de la Red de Cantadoras del Pacifico Sur. Le soir de la célébration, on n'aurait dû voir chanter que celles qui ont participé aux réunions. Mais la réalité est toute autre, les cantadoras qui considèrent connaître assez bien l'arrullo qui va être chanté, ou bien qui ont envie de lancer un arrullo, le font sans tenir compte du critère de sélection. Celles-ci sont les plus âgées et les plus expérimentées. Doña Carmelina Montaño dit : « Si on essaye de leur dire qu'il faut respecter le critère de sélection (être présente aux réunions), c'est pour s'énerver par la suite. Elles pensent que l'on ne veut pas qu'elles chantent parce qu'elles ne savent pas le faire, [or, on les connaît bien et on sait qu'elles savent chanter] ». La célébration de la fête des Rois ne commence qu'à partir de 20 heures. Par contre, les enfants et les jeunes se lèvent tôt le matin pour se déguiser en cholito, en esclave ou bien en costume de leur personnage préféré de la télévision. En l'occurrence, le 6 janvier 2010 au matin, je n'ai pas vu seulement des enfants déguisés en cholitos ou en esclave mais aussi en « El Capo », avec des costumes blancs, des chapeaux blancs et des pistolets en plastique, des machettes, des faux fusils en bois, comme l'image qu'ils ont des narcotrafiquants. Les enfants sortent à partir de 8 heures du matin et font le tour des commerces en chantant différentes chansons selon leur déguisement. Les cholitos chantent et demandent de l'argent dans les différents commerces (magasins, boulangeries, boutiques, restaurants, hôtels). Cet argent sera utilisé par eux-mêmes le soir pour faire un repas collectif entre tous les membres du groupe. Par ailleurs, ceux qui sont déguisés en esclaves chantent et font le même parcours que les cholitos mais dans un ordre différent pour ne pas gêner ceux qui sont passés avant eux ou ceux qui passeront après eux.
Finalement, le soir, les cantadoras, qui, avec la coordination de la directrice de la maison de la culture de Guapi, se sont préparées toute l'année chantent les arrullos du soir lors de la célébration de la fête des Rois. Vers 20 heures, le parc central, devant l'église de la municipalité commence à se remplir de personnes qui attendent les cantadoras. Quant à elles, elles se sont toutes réunies chez l'une d'entre elles pour sortir ensemble avec les musiciens qui les accompagnent à la marimba, aux bombos et aux cununos, en l'occurrence des hommes. Depuis 20 heures, elles chantent seulement des arrullos. Ceux-ci sont dédiés à l'enfant Jésus, aux Rois, à la vierge Marie et à Saint Joseph. Quelques arrullos sont aussi des histoires de la vie quotidienne, mais dans les paroles on retrouve les noms des saints ou de la vierge Marie ou de l'enfant Jésus. Cette célébration s'est terminée vers 23 heures.Pendant la semaine de la fête des Rois à Guapi, plusieurs arrullos se succèdent avant et après le 6 janvier. La communauté est dans une ambiance de bonheur et de fête, et comme les habitants de Guapi doivent cela aux différents personnages de leur vie religieuse (l'enfant Jésus, la vierge Marie, les Rois mages et les saints patrons), ils passent la semaine à chanter des arrullos pour eux. Pour cette raison j'ai trouvé la famille des Torres et leurs amis (qui conforment leur groupe de musiciens) très heureux et généreux lorsque je leur ai demandé de jouer pour moi dans un cadre moins festif où je puisse les enregistrer correctement. Les autres rythmes qui sont dans le cd sont de rythmes de fête en général (mis à part le bunde qui est un rythme de louange). Ces autres rythmes sont joués lors des événements de la vie quotidienne non religieuse, anniversaires principalement mais aussi pour le simple plaisir de se réunir avec les autres, à la maison où se trouve une marimba, pour danser et boire.

Durée

72'

Support physique

Audio - CD

Type d'évènement

Musique

Type de captation

Terrain

Mots-clés

nombre de pages

6

Contributeur

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